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Pedro Arruebo

Pedro Arruebo ou Pedro de Arruebo, nĂ© en 1608 Ă  Tramacastilla de Tena, dans la vallĂ©e de Tena, municipalitĂ© de Sallent de Gallego, province de Huesca (Aragon, Espagne) est un paysan, laboureur et Ă©leveur aragonais qui fut l’objet d’un important procĂšs en sorcellerie entre 1637 et 1640.

Pedro Arruebo
La hĂȘtraie de Betato, sur les pentes de la Peña Telera, prĂšs de Tramacastella, oĂč eurent lieu de grands sabbats de sorciĂšres
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Condamné pour

Historique

La sorcellerie se manifeste au XVIIe siĂšcle dans cette partie du Haut Aragon, oĂč un grand nombre de femmes sont dites possĂ©dĂ©es du dĂ©mon. La justice ordinaire promulgue des sortes d’état d’exception afin de poursuivre les sorciers et sorciĂšres. De fait, il existe trois juridictions pour traiter ces cas : la justice Ă©piscopale, la justice ordinaire, et la justice royale[1], selon la qualification des chefs d’accusation. Cinq grandes affaires de sorcelleries se produisent en Aragon, parmi lesquelles le cas de Pedro Arruebo est le plus emblĂ©matique.

Entre 1637 et 1643, des cas de possession se produisent dans deux villages de la vallĂ©e de Tena, Tramacastilla et SandiniĂ©s, impliquant 62 femmes. Le responsable et instigateur de cette Ă©pidĂ©mie serait Pedro de Arrueba, un laboureur et Ă©leveur aisĂ©, installĂ© sur la pardina (exploitation agricole) de Lartosa ou La Artosa (aujourd’hui engloutie sous les eaux du barrage hydro-Ă©lectrique de BĂșbal) et accusĂ© d’ĂȘtre un sorcier.

Intelligent, rusĂ©, audacieux, mais surtout attirĂ© par les femmes et la boisson, il commence par fuir devant une premiĂšre accusation. En 1637, il revient incognito, menace de mort les filles de ses ennemis et les contraint Ă  des relations sexuelles sous la menace de les ensorceler. Les cas de possession diabolique de femmes se multiplient dans les environs. Le diable apparaĂźt Ă  de nombreuses reprises sous des formes variĂ©es, dont celle d’un prĂȘtre ou d’un « Français ». Au point que le roi Philippe III d’Aragon envoie sur place l’Inquisiteur gĂ©nĂ©ral, BartolomĂ© Guijarro y Carrillo. Celui-ci meurt au cours de son enquĂȘte, et Pedro Arruebo est suspectĂ© d’avoir provoquĂ© cette mort « par malĂ©fices ». Les procĂšs reprennent. Au total il aura comparu devant le tribunal de l’Inquisition Ă  Saragosse entre les annĂ©es 1635 et 1640. Parmi ses complices principaux figurent deux de ses compagnons de dĂ©bauche, Miguel GuillĂ©n, un tailleur, et Juan de Larrat, un chirurgien d’origine bĂ©arnaise, ainsi qu’un nommĂ© Lucas Aznar et sa sƓur.

Les rigueurs de l’Inquisition se sont attĂ©nuĂ©es et les peines de mort, frĂ©quentes au siĂšcle prĂ©cĂ©dent (la derniĂšre condamnation Ă  mort par l’Inquisition en Aragon remonte Ă  1537), ne sont plus appliquĂ©es. Cependant, par l’arrĂȘt du tribunal de l’Inquisition, Pedro Arruebo, pour avoir « mis le dĂ©mon en de nombreux lieux, et donnĂ© au diable plus de mille six cents femmes[2] » (ce chiffre sera ramenĂ© Ă  un peu plus de deux cents), est condamnĂ© Ă  200 coups de fouet et est envoyĂ© pour quelques annĂ©es aux galĂšres royales[3], ce qui signifie, Ă©tant donnĂ© les conditions de vie sur les galĂšres, la mort Ă  plus ou moins court terme.

AprĂšs le procĂšs, ce sont prĂšs de deux cents femmes qui sont rĂ©unies pour une grande sĂ©ance d’exorcisme devant l’église de Tramacastillo, oĂč l’on fait Ă©galement un autodafĂ© des amulettes et du matĂ©riel de sorcellerie.

La trace de Pedro Arruebo est alors perdue. Un document signale sa prĂ©sence Ă  Madrid, ce qui pourrait laisser penser soit qu’il s’est Ă©vadĂ©, soit que sa peine a Ă©tĂ© remise en contrepartie d’un pĂšlerinage Ă  Rome.

Ces faits furent relatĂ©s par Blasco de Lanuza dans un livre paru en 1653 : Patrocinio d'anchels y combate de demonios (« protection d’anges et combat de dĂ©mons »).

Notes

  1. Angel Gari Lacruz, Variedad de competencias en el delito de brujeria en Aragon (1600-1650)
  2. 
porque metió demonios en muchos lugares con quien tenia odio, y endemonió mas de mil y seiscientas personas, Pellicer, Avisos históricos, 4 juin 1640 (Valladares, Semanario Erudito, XXXI, p 173, cité in H. C. Lea, Materials Toward a History of Witchcraft, Pat III
  3. Revue des Deux Mondes, 1844, tome VII, Wikisource

Voir aussi

Bibliographie

  • Ángel Gari-Lacruz, BrujerĂ­a e InquisiciĂłn en el Alto AragĂłn en la primera mitad del siglo XVII, DGA, Saragosse, 1991 ; rĂ©Ă©d. Delsan, Saragosse, 2007.

Liens externes

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