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Paul Royet

Paul Royet né Paul Ferdinand Emile Royet le à Saint-Étienne et mort le à Nice est un industriel français. Créateur de la SEM il sera le principal producteur de reflex bi-objectifs français avec les divers modèles de Semflex.

Paul Royet
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  92 ans)
Nice
Nom de naissance
Paul Ferdinand Émile Royet
Nationalité
Formation
Activité

Biographie

Né à Saint-Étienne d'un père horloger il embrasse la même profession après avoir fait ses études à l'école d'horlogerie de Cluses dont il sort en 1927. Il commence par travailler dans la boutique de son père. Marié avec la fille d'un photographe il prend son indépendance[1].

Sous la raison sociale Micromécanic il répare des montres bien sûr mais aussi des stylos et des appareils photos, d'abord pour son beau-père puis de façon plus conséquente. Ayant déterminé son tarif standard des réparations courantes il envoie son fascicule de tarifs aux revendeurs français d'appareils photos qui lui envoient par la poste les appareils à réparer. Rapidement il abandonne montres et stylos et se spécialise dans la réparation des appareils photos[1].

Devant la difficulté à obtenir certaines pièces de rechange il contacte d'anciens condisciples de Cluses qui les lui fabriquent. Les volumes pour lancer ces fabrications de manière économique étant trop élevés pour un réparateur indépendant il propose ses pièces à ses collègues réparateurs[1].

Mobilisé en 1939, il obtient une affectation spéciale au sein de l'usine de Jean Cros qui fabrique pour la défense nationale[1].

Démobilisé après l'armistice il reprend son activité de réparateur[1].

Constructeur

Cependant, Ă  Paris, la maison Cornu est en butte Ă  des difficultĂ©s avec les occupants allemands qui font obstacle Ă  la construction de son 24 Ă— 36 mm le Reyna. La solution semblant ĂŞtre une fabrication en zone libre un accord de licence est passĂ© avec M. Jean Cros qui, en 1942, contacte Paul Royet pour assurer la production. M. Royet accepte Ă  condition de pouvoir retoucher la conception. Les deux hommes crĂ©ent les Établissements Modernes de MĂ©canique (EMM)[2].

La maison Gitzo qui fournissait les obturateurs du Reyna ayant été fermée par l'occupant Paul Royet étudie l'obturateur Micromécanic pour remplacer les Gitzo. De même, les optiques "parisiennes" Berthiot sont remplacées par des objectifs "Cros" en fait fabriqués par Angénieux à quelques kilomètres de Saint-Étienne[2].

Bien que peu performant, le nouvel appareil baptisé Reyna Cros puis Reyna Cross se vend bien, principalement à cause de l’extrême pénurie en matériel neuf[3].

M. Cros quitte l'entreprise vers la fin de la guerre. La raison sociale passe en 1946 à Société des Établissements Modernes de Mécanique (SEMM) qui sera rapidement abrégée en SEM[3].

Ă€ la libĂ©ration, la maison Cornu reprend la fabrication du Reyna Ă  Paris pendant que la SEM continue de produire sa version sous le nom de Sem Kim. L'appareil est toujours simpliste mais il va assez rapidement Ă©voluer avec les Orenac et les livraisons de 24 Ă— 36 mm dureront jusqu'en 1964[4].

En 1947 la SEM déménage de Saint-Étienne vers Aurec-sur-Loire en Haute-Loire. L'ingénieur Claude Forge est embauché dès la fin de ses études pour développer l'Orec, un obturateur plus performant et fiable que le Micromécanic. L'Orec sera en partie fabriqué sur des machines saisies en tant que réparation de guerre chez Alfred Gauthier à Calmbach[5].

Semflex

Quelques appareils SEM

Le marché du 24 x 36 étant dominé en France par O.P.L. Foca, M. Royet préfère se tourner vers la fabrication de 6 x 6 reflex à deux objectifs. Les Rolleiflex et Ikoflex allemands produits au compte goutte et bloqués par des taxes élevées laissent le marché français quasiment libre (hormis quelques autres marques françaises qui tenteront la même approche avec moins de réussite)[4].

La première version du Semflex annoncée en mai 1948, très ambitieuse, ne sera pas fabriquée car Paul Royet est pressé de prendre pied sur le marché du 6 x 6 quitte à le faire avec un appareil simple (réglages vitesse et ouverture autour de l'objectif et avancement manuel en surveillant les numéros dans la fenêtre rouge au dos) plutôt que d'arriver trop tard avec un appareil plus perfectionné[6].

Les Semflex I et II seront livrés à partir de juillet 1948 le I avec un objectif à trois lentilles ouvert à 1/4.5 et un obturateur Orec montant au 1/300, le II avec un objectif à quatre lentilles ouvrant à 1/3.5 sur un Orec au 1/400[7].

Au total ce sont 170 000 Semflex qui seront commercialisĂ©s dans une nuĂ©e de versions. Entre le système d'avancement par lecture des numĂ©ros sur le papier protecteur du film ou automatique, les objectifs, les types d'obturateurs, la position de la synchronisation flash, les types de dĂ©polis, la forme des fenĂŞtres rouges au dos, les diffĂ©rents boutons de mise au point et l'aspect du fronton "Semflex", Patrice-HervĂ© Pont recense cinquante six versions pour une pĂ©riode de production de 1948 Ă  1976[7].

Les plus marquantes de ces versions sont :

  • le Sem Studio sorti en 1953 destinĂ©s aux photographes faisant du portrait en studio ou les objectifs de 75 mm sont remplacĂ©s par des tĂ©lĂ©objectifs de 150 mm de focale[8].
  • Le Sem Flash sorti en 1954. Cet appareil initialement destinĂ© uniquement Ă  la location a Ă©tĂ© le premier appareil muni d'un flash Ă©lectronique fixĂ© Ă  demeure et d'un système facilitant le rĂ©glage du flash en affranchissant l'utilisateur des Nombres guides. L'idĂ©e Ă©tant de pousser les clients des photographes Ă  faire des photos mĂŞme par temps sombre et en intĂ©rieur. La plupart des revendeurs pratiquaient d'ailleurs plutĂ´t le prĂŞt et se "payaient" sur le volume de travaux de laboratoire supplĂ©mentaires[9].
  • Le Sem "Joie de vivre" dont les rĂ©glages simplifiĂ©s Ă©taient censĂ©s attirer une clientèle d'amateurs aisĂ©s mais rĂ©fractaires Ă  la technique photographique. Les ventes ont Ă©tĂ© dĂ©cevantes[10].

Autres appareils

Pendant un voyage en 1958 il constate que les fabricants japonais vendent les appareils le même prix que les fabricants européens vendent les sacs et il pressent la crise à venir et envisage une riposte[11].

Parallèlement Ă  la production des Semflex et des 24 x 36 Paul Royet lancera la fabrication en 1964 d'appareils en plastique faisant des vues de 4 Ă— 4 cm sur des rouleaux 127 les Sem Colorado et Sem Challenger. Sortant un an après les premiers Instamatic de Kodak tellement plus faciles Ă  utiliser il se vendront mal[11].

Tentant de se diversifier il lancera l'étude d'une caméra mm nommée Veronic dont il confie le design à Roger Tallon. La sortie simultanée du format Super huit de Kodak ruinera les espoirs (et les quatre vingt millions investis dans le développement). Il dira : "Quand notre caméra est sortie, Kodak proposait la sienne, mais en Super 8. Nous étions foutus"[12].

Paul Royet confie alors l'usine d'Aurec à son fils et reprend la direction de l'usine Simas ou il fabriquait les sacs pour les appareils. Il réoriente la production de l'usine vers la bagagerie. Il dépose le 2 novembre 1972 un brevet pour la valise à roulettes[13].

Le format 6 x 6 cĂ©dant de plus en plus devant les assauts du 24 x 36 soutenu par la mode des diapositives montĂ©s dans des cadres de 5 Ă— 5 cm les ventes et la production dĂ©croissent au cours des annĂ©es 1970. Le dernier Semflex est fabriquĂ© en 1976. ParticularitĂ© unique : il est marquĂ© "Paul Royet" et non Semflex. Il est offert Ă  Paul Royet[14].

En 1985 Paul Royet prend sa retraite et s'installe à Nice[15] ou il décédera le 30 décembre 2001[16].

Bibliographie

  • Patrice-HervĂ© Pont, SEM et les Semflex : en tĂŞte des 6 x 6 français, Neuilly, P.-H. Pont, , 142 p. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Patrice-HervĂ© Pont, 100 appareils lĂ©gendaires, PĂ©cari, (ISBN 2-912848-11-3). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Notes et références

  1. Collectif, Prestige de la photographie N°4, Paris, EPA, , 164 p., p. 53
  2. Pont 1995, p. 13.
  3. Pont 2001, p. 368.
  4. Pont 2001, p. 378.
  5. Jean-Paul Francesch, « Claude Forge (le concepteur du Semflex », Bulletin du club Niepce Lumière,‎ , p. 77
  6. Pont 1995, p. 47.
  7. Pont 1995.
  8. Pont 2001, p. 371.
  9. Pont 2001, p. 375.
  10. Pont 2001, p. 381.
  11. Pont 1995, p. 15.
  12. Paul Royet|Prestige de la photographie N°4 page 55
  13. « Notice », sur bases-brevets.inpi.fr (consulté le )
  14. Pont 2001, p. 382.
  15. Pont 1995, p. 16.
  16. « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
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