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Paul BĂ©nichou

Paul Bénichou, né le à Tlemcen (Algérie) et mort le à Paris 13e[1], est un universitaire français, spécialiste de l'histoire de la littérature.

Biographie

Origines familiales

Paul Isaac Bénichou est issu d'une famille séfarade, présente depuis des siècles en Afrique du Nord[2].

Formation et débuts professionnels

Élève du lycée d'Oran[3], il fait de brillantes études secondaires, marquées par l'obtention d'un prix au concours général. Bachelier en 1924[4], il entre en classe préparatoire au lycée Louis-le-Grand, où il est condisciple de Maurice Merleau-Ponty et de Ferdinand Alquié[5]. Il est admis à l'École normale supérieure en 1926 (section Lettres) et reçu 7e à l'agrégation des lettres en 1930[6].

Il devient professeur de l'enseignement secondaire, occupant successivement des postes à l'École alsacienne, au lycée de Beauvais, puis au lycée Janson-de-Sailly[7].

La Seconde Guerre mondiale

Il est mobilisé en 1939. Après l'armistice de , il reste en zone non occupée, à Bergerac, où il achève Morales du grand siècle[8], puis à Lyon.

En , il est doublement victime des mesures antisémites du régime de Vichy : en tant que juif, il lui est interdit de rester dans l'enseignement, et, en tant que juif d'Algérie, il perd la nationalité française[9], ayant désormais le statut colonial d'« indigène israélite d'Algérie ». Il vit notamment de leçons particulières.

En 1942, il quitte la France pour l'Algérie[10], puis pour l'Argentine, grâce à une invitation à occuper un poste à l'université de Mendoza[11] ; par la suite, il obtient un poste à l'Institut français de Buenos Aires, dirigé par Roger Caillois et rallié à la France libre[12]. À cette époque, il rencontre Jorge Luis Borges et travaille sur la littérature espagnole.

L'après-guerre

Morales du grand siècle, présenté en 1946 à un professeur de la Sorbonne, est jugé insuffisant pour devenir une thèse[13] ; sa publication en 1948 lui assure cependant une grande réputation dans le monde intellectuel, sans que cela lui donne accès à l'Université française.

De retour en France en 1949, il redevient professeur du secondaire, au lycée Condorcet jusqu'en 1958 ; il est aussi attaché de recherches au CNRS[14]. Il connaît la consécration académique aux États-Unis en devenant, de 1959 à 1979, professeur titulaire de littérature française à l'université Harvard, à raison d'un semestre par an ; au sein du département de Langues et littératures romanes, il enseigne la littérature française classique, mais aussi la poésie espagnole[15].

Postérité

Paul Bénichou est l'auteur d'œuvres multiples qui, en marge des différents courants critiques de son temps, étudient les rapports entre l'écrivain et la société dans laquelle il se trouve. Il a aussi fait des traductions de l'espagnol, notamment de textes de Jorge Luis Borges.

Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (10e division).

Il est l'oncle du journaliste Pierre Bénichou[16] et le père de Sylvia Roubaud-Bénichou, qui fut un temps l'épouse de l'écrivain Jacques Roubaud[17].

En 2003, sa fille Sylvia Roubaud-Bénichou fait don de ses archives à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet.

Publications

Ouvrages en français

  • Morales du grand siècle, Paris, Gallimard, 1948, 313 p. (plusieurs rĂ©Ă©ditions).
  • L'Écrivain et ses travaux, Paris, Corti, 1967, 368 p.
- Prix Émile Faguet 1968 de l’Académie française
  • Nerval et la chanson folklorique, Paris, Corti, 1970[18]
  • Le Sacre de l'Ă©crivain, Paris, Corti, 1973, 492 p.
  • Le Temps des prophètes : doctrines de l'âge romantique, Gallimard, 1977, 589 p.
- Prix Bordin 1978 de l’Académie française
  • Les Mages romantiques, Paris, Gallimard, 1988, 553 p.
- Prix d’Académie 1988 de l’Académie française
  • L'École du dĂ©senchantement : Sainte-Beuve, Nodier, Musset, Nerval, Gautier, Paris, Gallimard, 1992, 615 p.
    • Romantismes français, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 2003-2004 : cet ouvrage (en 2 volumes) rassemble les quatre livres prĂ©cĂ©dents. Quelques photographies se trouvent en fin de volume I.
  • Selon MallarmĂ©, Paris, Gallimard, 1995, 420 p.

Ouvrages en espagnol

  • El tiempo de los profetas: Doctrinas de la Ă©poca romántica, MĂ©xico, Fondo de Cultura EconĂłmica, 1984[19]
  • La coronaciĂłn del escritor 1750-1830. Ensayos sobre el advenimiento de un poder espiritual laico en la Francia moderna, MĂ©xico, Fondo de Cultura EconĂłmica, 1981[20]
  • Romances judeo-españoles de Marruecos, Buenos-Aires, Instituto de FilologĂ­a, 1946[21]
  • CreaciĂłn poĂ©tica en el romancero tradicional, Madrid, Gredos, 1968[22]

Articles et chapitres d'ouvrage (sélection)

  • « PoĂ©tique et mĂ©taphysique dans trois sonnets de MallarmĂ© », dans Jean-Luc Marion (dir.), La passion de la raison. Hommage Ă  Ferdinand AlquiĂ©, Paris, Presses Universitaires de France, 1983, p 407-428.
  • « Formes et significations dans la Rodogune de Corneille », Le DĂ©bat, volume 4, numĂ©ro 31, 1984, p. 82-102.
  • « Un GethsĂ©mani romantique : “Le Mont des Oliviers” de Vigny », Revue d'histoire littĂ©raire de la France, volume 3, numĂ©ro 98, 1998, p. 429-436.

DĂ©corations

Bibliographie

Livres

  • Sylvie Romanowski et Monique Bilezikian, Homage to Paul BĂ©nichou, Birmingham (Alabama), Summa Publications, 1994 [ (ISBN 0-917786-98-X)][24]
  • Marc Fumaroli et Tzvetan Todorov (dir.), MĂ©langes sur l'Ĺ“uvre de Paul BĂ©nichou, Paris, Gallimard, 1995 [ (ISBN 2-07-074136-2)]

Articles

  • « Paul BĂ©nichou, critique littĂ©raire et historien des idĂ©es », dans Archives Juives, 2/2006 (Vol. 39), p. 122-124, disponible en ligne sur le site Cairn
  • « Paul BĂ©nichou Memorial Minute Â», Harvard Gazette, 2005
  • Sylvia Roubaud-BĂ©nichou, « Paul BĂ©nichou et la littĂ©rature orale Â», dans Cahiers de l'Association internationale des Ă©tudes françaises, 2004, no 56, p. 245–261, disponible en ligne sur le site PersĂ©e. Contient de nombreuses indications biographiques.

Notes et références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Cf. Archives juives, 2006 : la famille de son père, Samuel Bénichou, y est depuis « des temps immémoriaux » ; la famille de sa mère, Rachel Serfati, est issue de juifs espagnols expulsés en 1492.
  3. Encyclopedia Universalis.
  4. Ibidem.
  5. Cf. Romantismes français, Quarto, vol. I, p. 487 : photographie de la classe d'hypokhâgne en 1925.
  6. André Chervel, « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1950 », sur Ressources numériques en histoire de l'éducation (consulté le ).
  7. Archives juives, 2006.
  8. Cf. la mention en page finale de l'ouvrage : « Bergerac, août 1940 ». Sylvia Roubaud-Bénichou, 2004 indique que le livre a été commencé en 1935.
  9. Le décret Crémieux (1870) accordant la nationalité française aux indigènes juifs d'Algérie est aboli par Vichy en octobre 1940.
  10. Cf. Romantismes français, Quarto, vol. I, p. 488 : photographie prise à Oran de la famille Bénichou avec Albert Camus en 1942. L'Algérie est sous contrôle de Vichy jusqu'en novembre 1942.
  11. Cf. Harvard Gazette, 2005.
  12. Quarto I, p. 488 : photographie de Paul Bénichou avec Roger Caillois lors d'une cérémonie à Buenos Aires en 1943.
  13. Harvard Gazette.
  14. Son dossier de carrière au CNRS est conservé aux Archives nationales à Fontainebleau sous la cote 20070296/37.
  15. Harvard Gazette. Cf. bibliographie 1968 : Creacion....
  16. (fr) Europe1 - On va s'gĂŞner, Pierre Benichou Ă©voque son oncle
  17. Cf. un texte de Jacques Roubaud, en ligne sur le site de l'ENSSIB, p. 6. Le père de Jacques Roubaud, Lucien, était à l'ENS avec Paul Bénichou.
  18. Cf. Notice SUDOC
  19. (en) « Fondo de Cultura Económica », sur elfondoenlinea.com (consulté le )
  20. (en) « Fondo de Cultura Económica », sur elfondoenlinea.com (consulté le )
  21. Cf. Notice SUDOC. La notice SUDOC permet de localiser l'ouvrage dans les BU françaises.
  22. Cf. Notice SUDOC
  23. Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.
  24. Cf. Notice SUDOC.

Liens externes

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