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Paradoxe d'Abilene

Le paradoxe d’Abilene, exposé par le sociologue Jerry B. Harvey (en), concerne la relation à la prise de décision au sein d'un groupe et est le résultat d'un phénomène de pensée de groupe.

Présenté dans son ouvrage The Abilene Paradox and Other Meditations on Management[1], il est une illustration de la difficulté d’un groupe à prendre une décision et gérer collectivement son accord.

Dans la fable que propose Jerry Harvey, aucun des quatre membres d'un groupe ne souhaitait se rendre à Abilene mais, par crainte de s’offenser et de se contredire mutuellement, ils y finissent tous.

Énoncé

« Par une chaude après-midi, un jeune couple est en visite chez les parents de la femme Ă  Coleman, au Texas. La famille joue tranquillement aux dominos sous le porche, jusqu’au moment oĂą le beau-père propose d’aller dĂ®ner Ă  Abilene, Ă  80 kilomètres de lĂ . La femme dit : "Ça paraĂ®t une bonne idĂ©e." Le mari est plutĂ´t rĂ©servĂ© car le trajet sera long et chaud, mais il croit que ses prĂ©fĂ©rences divergent de celles du groupe et dit : "Ça me semble bien. J'espère juste que ta mère en a envie." La belle-mère dit alors : "Bien sĂ»r que j’en ai envie. Ça fait longtemps que je ne suis pas allĂ©e Ă  Abilene."

Le trajet est effectivement torride, poussiéreux et long. Quand ils arrivent à la cafétéria, la nourriture est aussi mauvaise que la route. Ils rentrent chez eux quatre heures plus tard, épuisés.

L'un d'eux dit, sans sincĂ©ritĂ© : "C'Ă©tait une super balade, hein ?" La belle-mère dit qu'en fait elle aurait prĂ©fĂ©rĂ© rester Ă  la maison mais qu'elle a acceptĂ© puisque les trois autres Ă©taient si enthousiastes. Le mari dit : "Je n'Ă©tais pas ravi. Je n'y suis allĂ© que pour vous autres." La femme dit : "J'ai acceptĂ© pour te faire plaisir. Il aurait fallu que je sois folle pour avoir envie de sortir par cette chaleur." Le beau-père dit alors qu'il n'avait fait cette proposition que parce qu'il pensait que peut-ĂŞtre les autres s’ennuyaient.

Le groupe est tout déconcerté par le fait qu'ils ont décidé ensemble de faire quelque chose dont aucun d'eux n’avait envie. Chacun aurait préféré rester tranquillement là, mais ne l'a pas reconnu quand il était encore temps de profiter de l'après-midi. »

Cette anecdote sert de base à des enseignements sur les dynamiques de groupe, ainsi que sur le management décisionnel. La principale leçon à en tirer est que dans certaines conditions, un groupe non structuré peut entériner des décisions par consensus alors qu'en fait, aucun des participants ne soutenait la proposition initiale (et aucun n'aurait voté pour par bulletins secrets).

Notes et références

  1. San Francisco : Jossey-Bass, 1988.

Voir aussi

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