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Palette de Narmer

La palette de Narmer ou grande palette de Hiérakonpolis est une palette à fard datée du XXXIIe siècle avant notre ère comptant parmi les plus anciens hiéroglyphes connus. Les inscriptions relatent de la fin de l'unification de la Haute et de la Basse-Égypte par le roi Narmer. Cette unification avait probablement déjà été débuté avant lui, vers la fin de la dynastie 0. Elle est conservée au musée égyptien du Caire.

Reproduction dans un ouvrage de Gaston Maspero et Agnes Johns, de 1914.

Découverte

Cet objet de cérémonie a été découvert en 1898 dans un dépôt d'objets rituellement enfouis près d'un ancien temple du dieu faucon Horus, sur le site de Hiérakonpolis. Elle fut découverte presque intacte en 1898 par l'archéologue anglais James Quibell lors d'une fouille des résidences royales de Nekhen (aujourd'hui Hiérakonpolis), l'ancienne capitale de la Haute-Égypte (la capitale de l'Égypte pendant la période pré-dynastique[1]). C'est le plus grand objet cérémoniel venant de l'aube de la civilisation égyptienne. Il était en compagnie de la tête de la massue du roi Scorpion et la tête de massue de Narmer.

Description

La palette en schiste vert mesure 64 cm de haut et 42 cm de large[2] La pièce est aujourd'hui exposée au musée égyptien du Caire.

Au sommet des deux côtés de la palette, un premier registre est composé d'un serekh contenant les symboles nˁr (poisson-chat) et mr (ciseau) à l'intérieur, représentant l'inscription en hiéroglyphes du nom du roi Narmer[3]. Le serekh est flanqué de chaque côté par une paire de têtes de bovins avec des cornes très courbées, censée représenter la déesse vache Bat, qui était la divinité protectrice du septième nome de Haute-Égypte[4].

Recto

La palette de Narmer (recto).

2e registre

En dessous des têtes de bovins, il y a ce qui semble être une procession, avec Narmer représenté de la hauteur du registre (une représentation traditionnelle artistique mettant l'accent sur son importance) vêtu de la couronne rouge de Basse-Égypte. Il tient une masse et un fléau, deux symboles traditionnels de la royauté.

Devant le pharaon un homme aux cheveux longs marche, précédé d'une paire de hiéroglyphes, interprétée comme étant son nom : Ṯt (Tyet).

En avant de cet homme, quatre porte-drapeaux brandissent une peau d'animal (ou étendard du placenta royal), un chien et deux faucons.

À l'extrême-droite de la scène sont étendus dix cadavres décapités, victimes des conquêtes de Narmer. Les bras sont ligotés au corps au niveau du coude. Selon une publication de 1998[5], les cadavres décapités sont également émasculés, leur pénis déposé sur leur tête, à l'exception du premier où le membre viril est bien visible sur de bonnes photos. Selon les auteurs cités, l'omission de ce détail lors de la publication de la description de la palette à l'époque victorienne s'expliquerait par la pudibonderie. L'exception du seul ennemi non-émasculé reste une énigme. Cependant, les auteurs soulignent que la décapitation et l'ablation des pénis étaient destinées « à faire périr définitivement la victime dans ce monde, mais aussi dans l'au-delà, privée de parties vitales de son corps et ne pouvant renaître ». Ce dernier message est clair : « qui s'oppose à Pharaon reçoit une mort éternelle ».

Au-dessus on peut distinguer les symboles d'un navire, un faucon et un harpon, qui ont été interprétés comme représentant les noms des villes conquises.

3e registre

Sous le cortège, deux hommes tiennent des cordes attachées aux cous entrelacés de deux serpopards[6]. Le cercle formé par leurs cous forme la partie centrale de la palette destinée à contenir des cosmétiques.

Si l'ensemble de la palette de Narmer est communément accepté comme la représentation de l'union de la Haute et de la Basse-Égypte, on peut penser que les proportions utilisées pour représenter les différents éléments permettent de les hiérarchiser par ordre d'importance. Dans ce sens les serpopards affrontés seraient la représentation du Nil[7].

4e registre

Au bas de la palette un bovin abat les murs d'une ville tout en foulant aux pieds un ennemi tombé. En raison de la tête baissée de l'animal, on interprète la scène comme une présentation du roi terrassant ses ennemis ; le Taureau de sa Mère est une épithète commune donnée aux rois égyptiens comme étant fils de la déesse vache[8].

Verso

La palette de Narmer (verso).

2e registre

Le verso de la palette représente le roi portant la couronne blanche de Haute-Égypte, menaçant d'une massue piriforme (à l'extrémité en forme de poire) un homme à genoux. Une paire de hiéroglyphes apparaissent à côté de sa tête (wˁš / ouach), indiquant peut-être son nom, ou la région d'où il venait. Au-dessus de ce prisonnier, il y a un faucon qui représente Horus, perché au-dessus d'un ensemble de fleurs de papyrus, le symbole de la Basse-Égypte. Derrière le roi, et à l'arrière-plan, est figuré un serviteur qui porte les sandales du roi.

3e registre

Sous les pieds du roi, deux hommes barbus, nus, sont soit en cours d'exécution ou de soumission, soit morts sur le sol. À la gauche de la tête de chaque homme, un signe hiéroglyphique représente, pour le premier un édifice fortifié, pour le second un ciseau de barbier, le personnage ayant le sexe dessiné, tandis qu'il est absent pour le premier.

Notes et références

  1. (en) Kin Narmer's Palette
  2. Alessandro Bongioanni, Maria Sole Croce, Guide illustré du Musée égyptien du Caire, p. 28, Publishers Stars, 2001.
  3. (en) David Wengrow, The Archaeology of Ancient Egypt, Cambridge University Press, (ISBN 978-0521835862) p. 207, [lire en ligne]
  4. (en) Richard H. Wilkinson, The Complete Gods and Goddesses of Ancient Egypt, p. 172, Thames & Hudson, 2003, (ISBN 0-500-05120-8)
  5. op. cit. V. Davies & R. Friedman 1998, p. 22
  6. Créatures mythologiques, au corps de lionne et tête de serpent. Une chimère.
  7. Sylvain Vassant, Les civilisations-mères et leurs énigmes, p. 40, UPblisher, 2021 (ISBN 978 2 7599 0348 1).
  8. James Henry Breasted, Ancient Records of Egypt, Chicago, 1906

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (en) Vivian Davies et Renée Friedman, « The Narmer Palette : A forgotten Member », Nekhen News : published by The Friends of Nekhen, vol. 10, , p. 22 (lire en ligne)
  • Christian Jacq, Comment est née l'Égypte pharaonique. Paris : XO éditions, 2010, 64 p, tirage limité, hors commerce.
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