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Pacte de Rome

Le Pacte de Rome était un pacte signé pendant la Seconde Guerre mondiale entre les représentants des principaux partis italiens, avec lequel le syndicat italien Confédération générale italienne du travail (Confederazione Generale Italiana del Lavoro - CGIL) a été formellement créé.

Il soulignait l'unité de tous les travailleurs italiens, indépendamment de leurs opinions politiques et de leurs croyances religieuses, et constituait une victoire importante pour la politique de coopération entre les partis antifascistes[1].

Histoire

Les dirigeants de la CGIL unie Oreste Lizzadri (PSI), Achille Grandi (DC) et Giuseppe Di Vittorio (PCI) en 1945.

Le pacte est signĂ© le 9 juin 1944 par Giuseppe Di Vittorio pour le Parti communiste italien (Partito Comunista Italiano - PCI), Achille Grandi pour la DĂ©mocratie chrĂ©tienne (Democrazia Cristiana - DC) et Emilio Canevari pour la composante socialiste ; l'ancien secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale du travail (Confederazione Generale del Lavoro - CGdL), le syndicaliste socialiste Bruno Buozzi, qui avait participĂ© dĂšs le dĂ©but aux nĂ©gociations pour sa prĂ©paration, ne peut le signer. ArrĂȘtĂ© par les Allemands et emprisonnĂ© dans la tristement cĂ©lĂšbre prison de Via Tasso, lors de l'Ă©vasion des SS de Rome, il est extrait de la prison avec treize autres prisonniers dans la nuit du 3 juin 1944 et transfĂ©rĂ© par camion sur la Via Cassia ; dans l'aprĂšs-midi du 4 juin, Ă  La Storta, Ă  quelques kilomĂštres de Rome, il est abattu avec ses camarades d'une balle dans la tĂȘte (un acte sanglant entrĂ© dans l'histoire comme le massacre de La Storta). Pour honorer sa mĂ©moire, la date du 3 juin 1944 a Ă©tĂ© apposĂ©e sur le texte du Pacte, date que l'on croyait initialement ĂȘtre le dernier jour de la vie de Buozzi[2] - [3].

Le texte

Les représentants des principaux courants syndicaux des travailleurs italiens - communiste, démocrate-chrétien et socialiste - aprÚs un large échange de vues sur le problÚme syndical dans l'Italie libérée de l'envahisseur allemand et de ses complices fascistes ;

Convaincus que l'unitĂ© syndicale de tous les travailleurs, sans distinction d'opinion politique ou de foi religieuse, est l'instrument le plus efficace pour renforcer l'organisation du travail, afin d'assurer la dĂ©fense la plus efficace des intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et moraux des travailleurs eux-mĂȘmes et de garantir leur contribution la plus efficace Ă  l'immense tĂąche de reconstruction du pays (tĂąche qui reposera nĂ©cessairement sur les forces du travail), ils dĂ©clarent, d'un commun accord, que

1) réaliser l'unité syndicale par la constitution, à l'initiative commune, d'un organisme confédéral unique pour tout le territoire national, appelé CONFEDERAZIONE GENERALE ITALIANA DEL LAVORO (Confédération générale italienne du travail) ; d'une fédération nationale unique pour chaque branche d'activité productive ; d'une Chambre confédérale du travail unique dans chaque province ; d'un syndicat local et provincial unique pour chaque branche ou catégorie d'activité productive ;

2) laissant sans préjugé toutes les autres questions relatives à l'orientation générale de l'organisation, à sa structure définitive et à l'élaboration du projet de statut (questions à examiner avec une large participation des militants syndicaux de tous les courants et avec les dirigeants du mouvement syndical libre déjà actif dans le Sud de l'Italie), l'unité syndicale a été immédiatement réalisée sur les points généraux suivants

(a) la C.G.I.D.L. fondĂ©e sur le principe de la plus large dĂ©mocratie interne. Tous les mandats sociaux, Ă  tous les niveaux de l'organisation, doivent donc ĂȘtre Ă©lus de bas en haut, respectivement par l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du syndicat local et les assemblĂ©es de dĂ©lĂ©guĂ©s dĂ»ment Ă©lus. La participation proportionnelle des minoritĂ©s doit ĂȘtre assurĂ©e dans chacun des organes directeurs, du sommet Ă  la base.

b) Dans toutes les organisations du C.G.I.D.L., une libertĂ© d'expression maximale doit ĂȘtre assurĂ©e pour tous les membres et le respect mutuel de toutes les opinions politiques et croyances religieuses doit ĂȘtre pratiquĂ©.

c) Le C.G.I.D.L. est indĂ©pendant de tous les partis politiques. Elle s'associe, chaque fois qu'elle le juge opportun, Ă  l'action des partis dĂ©mocratiques qui sont l'expression des masses laborieuses, tant pour la sauvegarde et le dĂ©veloppement des libertĂ©s populaires que pour la dĂ©fense de certains intĂ©rĂȘts des travailleurs et du pays.

3) Les courants syndicaux désignés constituent la Direction provisoire de l'organisation, qui se compose comme suit : un Comité directeur provisoire de 15 membres, 5 pour chacun des trois courants ; un Secrétariat général provisoire avec pouvoirs exécutifs, de trois membres, un pour chacun des trois courants.

Cet ExĂ©cutif provisoire sera Ă©largi aux reprĂ©sentants du mouvement syndical libre opĂ©rant dans le Mezzogiorno et ensuite aux reprĂ©sentants des rĂ©gions Ă  libĂ©rer - en maintenant la proportion Ă©gale entre les trois courants - et restera en fonction jusqu'au premier congrĂšs confĂ©dĂ©ral qui se tiendra le plus tĂŽt possible. Les directions provisoires des fĂ©dĂ©rations nationales et des C.C.D.L. provinciaux seront formĂ©es selon le mĂȘme critĂšre. Dans les provinces et les catĂ©gories oĂč il existe d'autres courants syndicaux ayant une audience effective dans les masses, il sera fait appel Ă  une reprĂ©sentation de ceux-ci pour former la Chambre provisoire et les Directions fĂ©dĂ©rales. Ces directions restent en fonction jusqu'au premier congrĂšs de l'organisation respective.

Ont été nommés Secrétaires généraux : M. Emilio Canevari, M. Giuseppe Di Vittorio, M. Achille Grandi, qui ont pris leurs fonctions immédiatement.

La direction provisoire du C.G.I.D.L. s'est fixé les objectifs immédiats suivants :

  • 1. promouvoir l'organisation et l'encadrement du mouvement syndical dans toutes les rĂ©gions libĂ©rĂ©es, en liaison avec la dĂ©fense vigoureuse des intĂ©rĂȘts urgents des travailleurs ;
  • 2. Ă  soutenir de toutes ses forces la guerre de libĂ©ration nationale afin de hĂąter la libĂ©ration totale du pays, condition prĂ©alable Ă  la rĂ©alisation des postulats des travailleurs.
  • 3. d'assurer une liaison maximale avec les masses laborieuses des rĂ©gions occupĂ©es afin de les aider avec des moyens adĂ©quats dans leur lutte.
  • 4. d'Ă©tudier toutes les initiatives visant Ă  prĂ©parer et Ă  rĂ©aliser la reconstruction du pays dans la pleine reconnaissance des droits du travail
  • 5. d'Ă©laborer un plan de reconstruction du mouvement coopĂ©ratif, inspirĂ© par les nouvelles exigences de la situation
  • 6. prĂ©parer un plan de transformation du systĂšme et des institutions de sĂ©curitĂ© sociale, en rĂ©clamant leur gestion Ă  la C.G.I.D.L ;
  • 7. revendiquer et assumer la propriĂ©tĂ© de tous les biens ayant appartenu aux organisations fascistes dissoutes.
  • 8. demander Ă  l'État une compensation pour les fonds pris par les fascistes aux anciennes organisations libres, Ă  prĂ©lever sur le produit de la confiscation des avoirs illicites des anciens dirigeants fascistes.

La direction de la CGIL unie

L'honorable Emilio Canevari est alors remplacĂ© par Oreste Lizzadri, qui reprĂ©sente la composante socialiste au sein de la CGIL unitaire jusqu'en juin 1947, date Ă  laquelle il est remplacĂ© par Fernando Santi Ă  la tĂȘte des syndicalistes socialistes. Grandi reste au secrĂ©tariat de la CGIL unie jusqu'Ă  sa mort le 28 septembre 1946. Di Vittorio est rĂ©Ă©lu Ă  plusieurs reprises secrĂ©taire de la CGIL, tant au sein du syndicat unitaire - lors du 1er congrĂšs national Ă  Florence du 1er au 7 juin 1947 et du 2e congrĂšs national Ă  GĂȘnes du 4 au 9 octobre 1949 - qu'au sein de la CGIL aprĂšs la scission de 1950, jusqu'Ă  sa mort le 3 novembre 1957.

Note

  1. Vincenzo Saba: Il "Patto di Roma". Dichiarazione sulla realizzazione dell'unitĂ  sindacale, 3 giugno 1944, 1994, aux Ă©ditions Edizioni Lavoro, Rome
  2. Carlo Vallauri: Storia dei sindacati nella societĂ  italiana, 2008, aux Ă©ditions Ediesse, Rome
  3. Marianna De Luca: Nel rispetto dei reciproci ruoli. Lineamenti di storia della contrattazione collettiva in Italia, 2013, aux Ă©ditions Vita e Pensiero, Milan

Source

Articles connexes


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