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Pétroglyphes d'Angono

Les pétroglyphes d'Angono sont des gravures rupestres de la fin du Néolithique philippin, soit au plus tard de 2000 av. J.-C., à Angono, dans l'île de Luçon aux Philippines ; ils représentent 127 figures humaines et animales stylisées. Il s'agit de la plus ancienne œuvre d'art préhistorique connue aux Philippines[1] - [2].

Pétroglyphes d'Angono
Image illustrative de l’article Pétroglyphes d'Angono
Localisation
Pays Drapeau des Philippines Philippines
Province Rizal
Coordonnées 14° 31′ 58″ nord, 121° 11′ 12″ est
Géolocalisation sur la carte : Philippines
(Voir situation sur carte : Philippines)
Pétroglyphes d'Angono
Pétroglyphes d'Angono
Histoire
Époque Néolithique

Le site figure sur la liste indicative du patrimoine mondial de l'UNESCO[3], sur la liste de l'inventaire mondial de l'art rupestre en 1985 et il fait partie depuis 1996 des sites historiques de l'Observatoire des monuments mondiaux (World Monuments Watch)[4] et du Fonds mondial pour les monuments[5]. Il a été classé trésor culturel national par le Musée national des Philippines en 1973[6]. Selon l'archéologue John Miksic, l'authenticité du site a pu être contestée[7] ; selon l'UNESCO toutefois, cette authenticité est bien établie[1].

Le site

Les pétroglyphes Angono, considérés comme la plus ancienne forme d'art aux Philippines datent de la fin du Néolithique.
Un gros plan des gravures rupestres des pétroglyphes Angono.

L'abri sous roche est situé sur une colline au sud-est de la ville de Manille, dans la province de Rizal, à trois kilomètres de la ville d'Angono et à 235 mètres d'altitude[1].

La grotte s'est formée dans un sol volcanique un gisement du tuf connu sous le nom de Guadalup Tuff[8]. Elle est peu profonde. Sa largeur est de 63 mètres, sa profondeur de 8 mètres, sa hauteur maximale de 5 mètres. Elle s'est formée à la fin du Pléistocène, au début de l'Holocène[1].

L'existence de l'abri sous roche a été signalée en 1965 par l'artiste national des Philippines Botong Francisco[5] - [9] - [10].

Les pétroglyphes

Description

Les 127 pétroglyphes occupent une zone de la paroi rocheuse mesurant 25 mètres, sur une hauteur de 3 mètres[1]. Ils dessinent pour la plupart une figure avec une tête arrondie sur un cou étroit, un corps rectangulaire composé d'un cône inférieur (le torse est en forme de «V») , un membre fléchi[1]. Parmi les représentations animales, on discerne des images de grenouilles et de lézards. Seuls 51 des 127 dessins sont distincts, l'érosion, due à l'humidité, ayant partiellement détérioré les autres.

Le tuf volcanique est suffisamment friable[11] pour être travaillé avec un morceau de pierre plus dense. Rien n'indique que des couleurs aient jamais été incorporées dans les dessins ; les pétroglyphes d'Angono diffèrent en cela d'autres exemples d'art préhistorique[10].

Graveurs

En raison de la complexité et de la pluralité des dessins, on pense que ces dessins rupestres n'ont pas été créés uniquement par un seul individu.

En 2018, Jalandoni & Taçon ont émis l'hypothèse selon laquelle la composition des pétroglyphes s'est déroulée en deux phases et que ces gravures ont été créées par différentes cultures. Pendant la phase 1, la plus ancienne, auraient été dessinées environ 51 formes géométriques, dont 11 formes de vulve représentées sous forme de triangles ou d'ovales coupés en deux, de petits trous et au moins une figure humaine aux coudes et genoux pliés. La phase 1 serait l’œuvre de chasseurs-cueilleurs australo-mélanésiens (Negrito) utilisant des outils en pierre[12].

Pendant la phase 2, les pétroglyphes de la phase 1 auraient été modifiés : des membres, des têtes et des torses auraient été ajoutés aux figures humaines en bâton précédentes. Certaines figures sont alors représentées avec des coiffes en forme de corne ou de forme rectangulaire ; trois d'entre elles tiennent des objets courbes. Quatre des formes humaines ont une forme de quille de bowling, trois ont un corps ovale et une a une «queue de poisson» à la place des jambes. La phase 2 est beaucoup plus récente, avec des bords et des lignes beaucoup plus nets, et pourrait avoir été gravée par des chasseurs-cueilleurs austronésiens[12].

Les graffitis modernes contaminent également le site, et il est possible que la phase 2 comporte des figures gravées par les forces de guérilla philippines cachées dans les grottes pendant la Seconde Guerre mondiale[12].

Fonction

On suppose que les personnages ont été dessinés à des fins de guérison ; le site aurait été un dambana (en) (un lieu saint favorisant la communication avec le monde des esprits). Ils auraient été conçus comme un moyen de transférer la maladie d'un enfant sur le mur rocheux, et de guérir ainsi l'enfant de ses maux[5].

Fouilles archéologiques

Les fouilles archéologiques en 1965 dirigées par Alfredo Evangelista[10] ont permis de découvrir dans l'abri sous-roche, outre les pétroglyphes, des fragments de faïence, deux morceaux d'éclats d'obsidienne, deux chailles, des outils en pierre sur éclats, et une herminette en pierre polie avec un bord émoussé. Ces découvertes suggèrent que le site a été utilisé vers la fin de l'époque néolithique ; le Néolithique philippin s'étend de 6000 av. J.-C. à 2000 av. J.-C[1] - [5].

Sites comparables

Un seul autre ensemble de pétroglyphes un peu plus tardif, daté au plus tôt de 1500 avant J.-C. a été découvert aux Philippines à Alab, dans Mountain Province ; ces pétroglyphes sont gravés dans des rochers au sommet de promontoires[1].

Les Philippines comptent par ailleurs deux types de sites de pictogrammes : les peintures au fusain noir de Penablanca dans la province de Cagayan[13] et dans les grottes de Singnapan à Palawan ; les peintures rouges (couleur provenant de l'hématite) dans la péninsule d'Anda de la province de Bohol[14].

Gestion

Le site a le statut de division locale du Musée national des Philippines ; pour valoriser le site, le Musée national a créé en 1998 un musée local présentant le patrimoine culturel et artistique de la province de Rizal ; ses collections comptent des restes de tortues géantes, des fossiles, des molaires d'Elephas sp, des céramiques[10].

La préservation et le développement des pétroglyphes d'Angono résultent d'un effort collectif du Musée national des Philippines, du ministère du Tourisme, du World Monuments Fund[15].

Il a été ouvert au public pour la première fois en 1989, avec une clôture en fer peinte en vert et un mur de béton bas séparant la paroi rocheuse des spectateurs[12]. Une plate-forme d'observation a été installée par le Musée national en 1997[12].

Références

  1. « Angono Petroglyphs », UNESCO (consulté le )
  2. (en) Philippine Quarterly of Culture and Society, University of San Carlos., (lire en ligne)
  3. Macaraig, « Angono petroglyphs, PHL’s oldest artworks, in danger of disappearing », GMA News, (consulté le )
  4. « Angono Petroglyphs », World Monuments Fund (consulté le )
  5. « The Angono-Binangonan Petroglyphs », Artes de las Islas Filipinas (consulté le )
  6. « Presidential Decree No. 260 August 1, 1973 », The Lawphil Project – Arellano Law Foundation (consulté le )
  7. (en) John N. Miksic, Geok Yian Goh et Sue O'Connor, Rethinking Cultural Resource Management in Southeast Asia: Preservation, Development, and Neglect, Anthem Press, (ISBN 978-0-85728-389-4, lire en ligne), p. 194
  8. (en) Rachel Holsteen Bruyere et Kenneth Befus, « WERE THE VOLATILE CONTENTS OF YELLOWSTONE CALDERAS LAVA CREEK TUFF THE SAME? », ?, Geological Society of America, , p. 214 (DOI 10.1130/abs/2018sc-310171, lire en ligne, consulté le )
  9. Lito Zulueta, « Jose Blanco, Angono folk muralist, dies; 76 », Philippine Daily Inquirer, (lire en ligne, consulté le )
  10. « Angono Petroglyphs », National Museum of the Philippines (consulté le )
  11. Maria Cristina P. Paterno, A Study of the Weathering of Volcanic Tuffs in a Tropical Environment, Including the Evaluation of a Consolidant. (Masters Thesis). University of Pennsylvania, Philadelphia, PA, 1999, p.20.
  12. Jalandoni et Taçon 2018.
  13. (en) Marie Faylona, « Re-examining pictograms in the caves of Cagayan Valley, Philippines », Rock Art Research, (lire en ligne)
  14. (en) Noel Tan, « Rock Art Research in Southeast Asia: A Synthesis », Arts, vol. 3, no 1, , p. 73–104 (ISSN 2076-0752, DOI 10.3390/arts3010073, lire en ligne, consulté le )
  15. « Petroglyphs » [archive du ], Municipality of Angono, Rizal (consulté le )

Bibliographie

  • (en) Andrea Jalandoni et Paul S.C. Taçon, « A new recording and interpretation of the rock art of Angono, Rizal, Philippines », Rock Art Research, vol. 35, no 1, , p. 47–61 (lire en ligne)
  • G. Barretto-Tesoro, A review of the Angono petroglyphs. Test Pit 2008, 13, 19–24.
  • Maria Cristina P. Paterno, «A Study of the Weathering of Volcanic Tuffs in a Tropical Environment, Including the Evaluation of a Consolidant». (Masters Thesis). University of Pennsylvania, Philadelphia, PA, 1999

Voir aussi

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