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Orphelinat de Cempuis

L'orphelinat de Cempuis est un orphelinat créé au début des années 1860 en région parisienne par Joseph-Gabriel Prévost. Il est connu pour avoir été dirigé de 1880 à 1894 par Paul Robin qui en fit le premier établissement expérimental d'éducation libertaire, où il mit en application ses principes sur l'éducation intégrale. Cet établissement fut la première école mixte française, et fit scandale à ce titre[1]. Après avoir été géré par la Ville de Paris, il dépend aujourd'hui de la Fondation des Orphelins Apprentis d'Auteuil.

La création par Prévost

L'orphelinat fut créé par Joseph-Gabriel Prévost, un philanthrope, dans son village natal de Cempuis[2]. Prévost était lié avec Ferdinand Buisson[1], alors membre du Comité de secours et de patronage pour les orphelins de Paris. Celui-ci l'amena à signer, en 1871, un accord avec cette organisation philanthropique protestante afin de confier à l'orphelinat des enfants choisis par le comité.

Toujours sous l'influence de Ferdinand Buisson, Gabriel Prévost légua son œuvre et la totalité de ses biens au département de la Seine, pour entretenir son orphelinat de Cempuis en lui conservant son caractère d'établissement laïque ; il nomma Ferdinand Buisson pour son exécuteur testamentaire. Après le décès de Prévost, en 1875, et le règlement de sa succession, Ferdinand Buisson confia la direction de l'établissement à Paul Robin en 1880.

Les pratiques d'éducation intégrale sous la direction de Robin

Paul Robin mit en pratique Ă  Cempuis, sur un nombre important d'enfants, les thĂ©ories sur l'Ă©ducation intĂ©grale qu'il avait formulĂ©es dès 1869-1870. Cette Ă©ducation, basĂ©e sur la conviction de l'Ă©galitĂ© de tous pour l'accès Ă  l'Ă©ducation, voulait donner aux enfants des classes dĂ©favorisĂ©es, notamment, une Ă©ducation complète s'adressant aussi bien Ă  leur corps et Ă  leurs sens (pratique du sports et apprentissage manuel) qu'Ă  leur intelligence et leur sensibilitĂ© (pratique de la musique notamment). Elle se caractĂ©risait en outre, en raison du parcours personnel de Paul Robin, lui-mĂŞme ancien Internationaliste, par son caractère athĂ©e et a-patriotique. Un autre aspect très novateur de l'Ĺ“uvre que Robin accomplit Ă  Cempuis, Ă©tait la « coĂ©ducation des sexes Â» qui Ă©duquait filles et garçons ensemble, en mixitĂ©[3], comme dans les familles naturelles.

La fin de l'expérience

En 1894, une campagne de presse très virulente fut menée contre Paul Robin par la Libre Parole. Octave Mirbeau prit alors sa défense et dénonça la collusion liberticide entre Cartouche (les politiciens républicains corrompus) et Loyola (l'Église catholique rétrograde). Si Paul Robin dut quitter la direction de l'orphelinat, son œuvre lui survécut sous la direction de maîtres et disciples formés par lui.

Bibliographie

  • Christiane Demeulenaere-Douyère, « Cempuis. Un idĂ©al d’éducation libertaire », Barricade, no 4, , p. 32-34.
  • Christiane Demeulenaere-Douyère, « Cempuis ou l’éducation libertaire aux champs (1880-1894) », dans Arnaud BaubĂ©rot et Florence Bourillon (dir.), Urbaphobie. La dĂ©testation de la ville aux XIXe et XXe siècles, Conseil gĂ©nĂ©ral du Val-de-Marne-CRHEC-Éditions Bière, 2009, p. 183-194.
  • Christiane Demeulenaere-Douyère, « Buisson et l’Orphelinat PrĂ©vost de Cempuis », dans Laurence Loeffel (dir.), Ferdinand Buisson. Fondateur de la laĂŻcitĂ©, militant de la paix, actes du colloque commĂ©morant le 70e anniversaire de la disparition de Ferdinand Buisson, Grandvilliers, Oise (), Amiens, CRDP, 2004, p. 89-96.
  • Christiane Demeulenaere-Douyère, Paul Robin (1837-1912). Un militant de la libertĂ© et du bonheur, Paris, Publisud, 1994.
  • Nathalie Bremand, Cempuis, une expĂ©rience d’éducation libertaire Ă  l’époque de Jules Ferry. 1880-1894, Éditions du monde libertaire, 1992.
  • Renaud Violet, RĂ©gĂ©nĂ©ration humaine et Ă©ducation libertaire. L’influence du nĂ©o-malthusianisme français sur les expĂ©riences pĂ©dagogiques libertaires avant 1914, mĂ©moire de maĂ®trise, Strasbourg, 2002.
  • Les anarchistes en France 1880-1910 AndrĂ© Nataf, Hachette, 1986.
  • Gabriel Giroud, Cempuis : Ă©ducation intĂ©grale.--CoĂ©ducation des sexes, d'après les documents officiels et les publications de l'Ă©tablissement, Paris, Schleicher frères,

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Articles connexes

Notes et références

  1. Martine Brunet, "L'unité d'une vie", in Ferdinand Buisson, Souvenirs et autres écrits, Théolib, 2011, p. 119-170
  2. Ferdinand Buisson et l'innovation pédagogique : l'exemple de l'Orphelinat Prévost de Cempuis par Christiane Demeulenaere-Douyère sur le site Ressources numériques en histoire de l'éducation
  3. Odile Roynette, « La mixité : une révolution en danger ? », L'Histoire n°455, janvier 2019, p. 12-19.
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