Ordonnateur en France
En France, un ordonnateur est un agent d'autoritĂ© placĂ© Ă la tĂȘte d'un ministĂšre, d'une collectivitĂ© territoriale, d'un Ă©tablissement public ou d'un service qui a, outre ses fonctions d'administrateur, la compĂ©tence du pouvoir de dĂ©cision financiĂšre. Cependant, selon le principe d'indĂ©pendance entre les ordonnateurs et les comptables, il n'a pas la compĂ©tence de manier directement les deniers publics[1].
La qualité d'ordonnateur est réservée à de hautes autorités administratives et politiques[2] et est définie à la section 1 du chapitre II du titre Ier du décret relatif à la gestion budgétaire et comptable publique (articles 10 à 12) [3].
Les ordonnateurs peuvent ĂȘtre :
- Principaux :
- Ministres pour le budget de l'Ătat ;
- Directeurs de services pour les budgets annexes ;
- Directeurs d'Ă©tablissements publics ;
- Présidents de conseil régional, présidents de conseil départemental, maires pour les collectivités territoriales ;
- Conseillers régionaux, conseillers départementaux et conseillers municipaux sur délégation du président de la collectivité ou du maire.
- Secondaires (préfets ou ordonnateurs spécifiques pour certains services déconcentrés).
« [Ils] peuvent dĂ©lĂ©guer leur signature ou se faire supplĂ©er en cas d'absence ou d'empĂȘchement », selon l'article 10 du dĂ©cret GBCP[4].
Histoire
Sous l'Ancien Régime, un commissaire ordonnateur des guerres ou de la marine était un administrateur chargé d'ordonnancer les dépenses de l'armée, de la marine.
Au temps de la RĂ©volution, entre 1789 et 1800, l'administrateur d'un port Ă©tait dĂ©nommĂ© successivement Ordonnateur, Principal chef, Agent maritime, et de nouveau Ordonnateur pour enfin ĂȘtre remplacĂ© par PrĂ©fet maritime[5]. Dans cette pĂ©riode ordonnateur est un titre.
Régime de responsabilité de l'ordonnateur
En vertu de l'article 12 du DĂ©cret relatif Ă la gestion budgĂ©taire et comptable publique, la responsabilitĂ© de l'ordonnateur peut ĂȘtre engagĂ©e pour tout maniement irrĂ©gulier des fonds publics - gestion de fait en recette ou dĂ©pense. Ce rĂ©gime de responsabilitĂ© disciplinaire, engagĂ©e devant la cour de discipline budgĂ©taire et financiĂšre (CBDF) instituĂ©e en 1948, est critiquĂ© pour sa faible opĂ©rationnalitĂ©, son manque de transparence et la faiblesse des sanctions pĂ©cuniaires possibles[6] - [7]. L'article 41 du projet de loi des finances pour l'annĂ©e 2022, votĂ© par l'assemblĂ©e nationale en 1Ăšre lecture, autorise alors le gouvernement Ă rĂ©former par ordonnance les rĂ©gimes de responsabilitĂ© des ordonnateurs et comptables[8].
Article connexe
Bibliographie
- Victor de Swarte, Essai sur l'histoire de la comptabilité publique en France, in: Journal de la société française de statistique, Tome 26 (1885) p. 317-352. [lire en ligne]
- Bernard Lutun, Notices ordonnance, ordonnancement et ordonnateur préparées pour le Dictionnaire historique de la comptabilité publique (2010) [lire en ligne]
- Jean Milot, Ăvolution du Corps des Intendants Militaires (des origines Ă 1882), in: Revue du Nord 198, 1968 p. 381-410 [lire en ligne]
- Le Guide Ă l'usage du maire, ordonnateur de la commune, 2003.
Notes et références
- La responsabilité des ordonnateurs et des comptables, Le politiste
- La séparation ordonnateur / comptable sur la sellette !, site web de la CGT
- Décret n°2012-1246 relatif à la gestion budgétaire et comptable publique
- Qui sont les ordonnateurs, site web Vie publique.
- Marie-Odile Woytt, De l'Ordonnateur au Préfet maritime ou l'Administrateur du port de Toulon de 1789 à 1800, Provence historique, université d'Aix-en-Provence, 1971
- ActeursPublics, « Olivier Dussopt : âLe principe de sĂ©paration ordonnateur-comptable doit ĂȘtre maintenuâ | Ă la une | Acteurs Publics », sur Olivier Dussopt : âLe principe de sĂ©paration ordonnateur-comptable doit ĂȘtre maintenuâ | Ă la une | Acteurs Publics (consultĂ© le )
- « Responsabilité des gestionnaires publics : la Cour rappelle trois grands principes », sur Cour des comptes (consulté le )
- Assemblée Nationale, « Projet de loi de finances pour 2022 », sur Assemblée nationale (consulté le )