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OGCh

OGCh (du russe : Orbital'noi Golovnoi Chasti c'est-à-dire « tête orbitale ») ou en anglais FOBS (Fractional Orbital Bombardment System c'est-à-dire « système de bombardement orbital fractionné ») désigne un système soviétique d'arme nucléaire pouvant être déployé sur une orbite terrestre basse. L'OGCh pouvait déclencher la rentrée atmosphérique de la tête nucléaire emportée par le satellite au moment propice pour frapper n'importe quel site à portée de l'orbite du satellite. Dans le contexte de la guerre froide entre l'Union soviétique et les États-Unis, l'objectif de ce système d'arme était de pouvoir contourner le système radar de détection d'attaque nucléaire américain, constitué dans les années 1950 par un réseau de radars déployé au nord de son territoire. L'OGCh devait être placé en orbite par une version spécifique du missile balistique intercontinental R-36. Le système est entré en service le . Le développement d'un système d'alerte avancé nommé le Defense Support Program par les États-Unis au début des années 1970, capable de détecter la mise en orbite de ces armes, puis l'accord de désarmement SALT 2 interdisant le déploiement d'armes nucléaires en orbite entraina le retrait des satellites OGCh par l'Union soviétique en 1983.

Tir d'une fusée Dnepr développée à partir d'un R-36.

Historique

Le développement du missile balistique intercontinental R-36

En , le gouvernement soviétique décide de développer la deuxième génération de missile balistique intercontinental avec comme objectif de pallier les insuffisances des missiles de première génération, les R-16 (SS-7 Saddler) et R-9 (SS-8 Sasin). La réalisation de quatre types de missile est planifiée. Le bureau d'études SKB-586 de Mikhail Yanguel développe à l'origine le R-38 qui est abandonné par la suite pour que les ingénieurs puissent se concentrer sur la conception du missile lourd R-36 (SS-9 Scarp)[1] - [2].

Faille du système de défense américain

Dans les années 1960, la guerre froide entre l'Union soviétique et les États-Unis bat son plein. Les deux nations se livrent à une course aux armements en développant des armes nucléaires lancées par des missiles balistiques. En cas de conflit nucléaire, la localisation des lancements de missiles balistiques ennemis puis le calcul de leur trajectoire et de leur cible constituent des objectifs vitaux pour le système de défense de chaque superpuissance. En connaissant ces paramètres, il est en effet possible de monter une riposte adaptée à l'attaque et détruire à bon escient les silos encore occupés. Les responsables soviétiques savent que la génération de radars américains déployés à l'époque peut uniquement détecter les missiles qui suivent une trajectoire directe passant par le pôle Nord. Cette limitation permet, par une attaque passant par le Sud, de décapiter le commandement américain et, avec suffisamment de missiles, de détruire les principales installations de lancement avant que les américains prennent conscience de la menace.

Développement d'une arme nucléaire orbitale

Pour exploiter cette faille les responsables soviĂ©tiques dĂ©cident de dĂ©velopper un système d'armes constituĂ© de tĂŞtes nuclĂ©aires associĂ©es Ă  un module de propulsion placĂ©es en orbite permettant de procĂ©der Ă  une attaque surprise sous un angle imprĂ©vu. En 1962 l'OKB-1 procède au dĂ©veloppement du missile GR-1 dont le rĂ´le est d'emporter une charge orbitale. Ce dĂ©veloppement n'est pas menĂ© jusqu'au bout mais on fait croire que le missile est opĂ©rationnel dès 1964. Le système d'arme effectivement utilisĂ© ne devient opĂ©rationnel que beaucoup plus tard. Il repose en fait sur le missile R-36 dont une version, R-36orb, capable de placer 1,8 tonnes en orbite, est mise au point. Un satellite baptisĂ© OGCh (code OTAN : SS-9 Mod 3 SCARP ou SS-9 FOBS) emporte une ogive d'une masse de 1 700 kg ayant une puissance, selon les sources, de 2,3 Ă  environ 5 mĂ©gatonnes[3].

Les premiers tests ont lieu en . Après des essais balistiques décevants, le système est testé de bout en bout à une vingtaine de reprises entre 1966 et 1969. Le système d'armes est déclaré opérationnel le . 12 missiles sont installés dans des silos implantés sur le cosmodrome de Baïkonour en 1970 puis 18 à partir de 1971[4].

Le développement d'un système d'alerte avancé par les États-Unis au début des années 1970 capable de détecter la mise en orbite de ces armes puis l'accord de désarmement SALT 2 interdisant le déploiement d'armes nucléaires en orbite entraine le retrait des satellites OGCh en 1983.

Le , le président russe Vladimir Poutine déclare que le missile balistique RS-28 Sarmat alors en développement possède cette capacité[5].

Caractéristiques techniques

Le satellite OGCh, d'une masse de 1,7 tonne, est composĂ© de deux sous-ensembles : la tĂŞte nuclĂ©aire logĂ©e dans un vĂ©hicule de rentrĂ©e de forme conique et un Ă©tage de manĹ“uvre chargĂ© d'assurer la navigation de manière autonome et de freiner le satellite au moment choisi. Ce dernier comprend un système de navigation inertielle et un radar altimètre pour mesurer l'altitude de l'orbite. La rĂ©trofusĂ©e chargĂ©e de freiner le satellite pour dĂ©clencher sa rentrĂ©e atmosphĂ©rique et donc le lancement de l'arme nuclĂ©aire, est constituĂ©e par un moteur-fusĂ©e Ă  ergols liquides RD-854 brĂ»lant un mĂ©lange hypergolique de peroxyde d'azote et de UDMH. Le moteur dĂ©veloppĂ© par Yanguel a une poussĂ©e dans le vide de 7,7 tonnes. 2 groupes de 4 propulseurs, utilisant les gaz produits par la turbine associĂ©e au moteur-fusĂ©e, sont chargĂ©s de contrĂ´ler l'orientation. Il est prĂ©vu qu'en cas de conflit les satellites OGCh soient placĂ©s une orbite polaire passant par l'hĂ©misphère sud et permettant de frapper les États-Unis en venant du sud prenant Ă  contre-pied les dĂ©fenses de NORAD tournĂ©es vers le nord.

Notes et références

  1. (en) Pavel Podvig et Oleg Bukharin, Russian strategic nuclear forces, Cambridge, Mass, MIT Press, , 692 p. (ISBN 978-0-262-16202-9 et 0-262-28170-8, OCLC 51969872).
  2. (en) Steven J. Zaloga, The Kremlin's nuclear sword : the rise and fall of Russia's strategic nuclear forces, 1945-2000, Washington, Smithsonian Institution Press, coll. « history of aviation », , 296 p. (ISBN 978-1-58834-007-8 et 1-588-34007-4, OCLC 47297757)
  3. (en) Miroslav Gyűrösi, « The Soviet Fractional Orbital Bombardment System Program », sur Air Power Australia, (consulté le )
  4. (en) Pavel Podvig, « The Window of Vulnerability That Wasn’t - Soviet Military Buildup in the 1970s », sur Russian strategic nuclear forces, (consulté le )
  5. Anthony Berthelier, « Russie: ce que l'on sait des nouvelles armes "invincibles" de Vladimir Poutine », sur Le HuffPost (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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