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Nous trois (roman)

Nous trois est le sixième roman de Jean Echenoz paru en aux éditions de Minuit.

Nous trois
Image illustrative de l’article Nous trois (roman)
Lancement d'une navette spatiale

Auteur Jean Echenoz
Pays France
Genre roman
Éditeur Minuit
Date de parution
Nombre de pages 218
ISBN 9782707314284

Résumé

À une date indéterminée, le narrateur, DeMilo, évolue dans le domaine du spatial. Entre deux missions, il retourne chez lui à Paris où il vit seul avec son impavide chat Titov et court les femmes, dont Lucie qu'il connait depuis des années et — faute de mieux et malgré ses assauts répétés — n'est devenue qu'une amie à laquelle régulièrement il fait des avances et qui, tout aussi régulièrement, fait comme si de rien n'était. Louis Meyer — Polytechnicien divorcé depuis des années de Victoria, souffrant son absence, mais n'ayant aucun mal à séduire et se consoler dans des bras de passage — s'occupe quant à lui de l'ingénierie des composants en céramique des moteurs de lanceurs orbitaux. Mais là, Meyer a réussi à imposer à son patron Blondel une semaine de vacances malgré l'imminence d'un nouveau projet de lancement. Il part pour quelques jours de repos à Marseille rejoindre une ancienne amie lorsque sur son trajet il dépanne une jeune femme flamboyante, visiblement tranquille et inconsciente, dont la Mercedes prend feu et finit par exploser. Il lui propose de la conduire dans la cité phocéenne, sans réussir à décrocher un regard, un mot, pas même un merci. Énervé, il la dépose au premier arrêt de taxi lui arrachant tout de même un sourire qui, malgré tout, est loin de le laisser indifférent.

Après s'ĂŞtre perdu dans les alentours de la ville, au milieu d'animaux plus ou moins paniquĂ©s par un temps bizarre, Meyer arrive chez son amie Nicole. Il s'installe et participe Ă  une soirĂ©e durant laquelle il hĂ©site entre deux femmes Ă  sĂ©duire, opte pour Marion, passe la nuit avec elle et le lendemain part faire des courses en ville. La chance le fait rencontrer Ă  nouveau « Mercedes » — qu'il baptise ainsi faute d'avoir pu obtenir la veille un dĂ©but de phrase — dans l'ascenseur d'un centre commercial. La malchance veut qu'au mĂŞme moment un puissant tremblement de terre ravage Marseille. Meyer parvient Ă  s'extraire de l'ascenseur, entraine « Mercedes » par le poignet et, fuyant la proximitĂ© de la mer, tous deux remontent vers le quartier Saint-BarnabĂ©. Après une pause, ils dĂ©cident de rentrer ensemble Ă  Paris, et malgrĂ© la confusion rĂ©gnante, rĂ©ussissent Ă  acquĂ©rir une voiture. Après une halte pour la nuit Ă  Eyzin-Pinet, durant laquelle Meyer ne rĂ©ussit toujours pas Ă  tirer un mot, un nom, un sourire, de cette femme qui l'agace autant qu'elle l'attire, les deux rescapĂ©s arrivent Ă  Paris oĂą ils se sĂ©parent sur le trottoir de la rue Cortambert toujours sans le moindre Ă©change. DĂ©sormais vexĂ© en plus d'ĂŞtre Ă©nervĂ© au plus haut point, incrĂ©dule de la situation, Meyer rĂ©cupère des Ă©vènements de deux derniers jours et recontacte son patron. Blondel lui annonce qu'Ă  la suite du sĂ©isme de Marseille, l'État a dĂ©cidĂ© de dĂ©bloquer dans l'urgence les fonds pour mettre sur orbite Sismo, une satellite de surveillance des plaques terrestres ; il faut des spĂ©cialistes pour mener une sĂ©rie d'expĂ©riences, il manque un Ă©quipier, Meyer avait des annĂ©es auparavant postulĂ© (et oubliĂ©) pour un tel poste ; c'est un peu contraint et forcĂ© que Blondel le convainc de s'envoler Ă  bord d'une navette spatiale amĂ©ricaine de seconde main prĂŞtĂ©e pour l'occasion.

Remise à niveau express, et pénible, dans un centre de la région parisienne, prise de contact avec la moitié de l'équipage commandé par Bégohnès, composé DeMilo, d'un passager-civil Molino député de son état, et du docteur Blanche déjà sur place, avant de s'envoler vers la Guyane pour la base de lancement de Kourou. Les derniers préparatifs sont en cours lorsque, rejoint par le docteur Lucie Blanche, DeMilo s'enthousiasme de passer une semaine avec celle-ci — qui vient de plus de lui annoncer sa séparation — et Meyer pâlit en constatant que c'est de sa « Mercedes » qu'il s'agit. Stupéfaction réciproque. La jeune femme affiche un degré supplémentaire de froideur, ce qui n'arrange pas l'état d'énervement de Meyer qui finit, après plusieurs jours, par lui arracher une explication lors d'un tête à tête au cours duquel, pour la première fois, elle manifeste une émotion et s'effondre dans ses bras. À Marseille, Lucie rejoignait secrètement un amant qui a péri dans le désastre et à Paris elle retournait vers son compagnon officiel avant de s'embarquer pour la mission. Désormais célibataire et « veuve joyeuse » bien que secouée, Louis Meyer est là pour la consoler et de toute façon la mission prime. Durant sept jours à 300 km d'altitude, tout se passe comme prévu : Bégohnès commande, DeMilo assure d'un œil la mise en orbite des satellites et de l'autre constate celle du couple Meyer-Lucie, ceux-ci mènent leurs expériences scientifiques, et Molino vomit. De retour sur Terre mais toujours en apesanteur, Meyer accueille Lucie qui finit par s'installer chez lui, impasse du Maroc. Rapidement cette dernière semble donner des signes de lassitude, autant que ce dernier commence à s'absenter le soir. Lucie appelle DeMilo pour venir diner chez lui alors que, pour la première fois, le placide chat Titov donne d'évidents signes de panique.

RĂ©ception critique

Pierre Lepape dans Le Monde — toujours enthousiaste pour les romans de Jean Echenoz — Ă©crit qu'avec Nous trois, le romancier fait montre une nouvelle fois de « ses dons de virtuose de la langue, de slalomeur surdouĂ© de la conjugaison, de jongleur un peu pitre de la grammaire » pour produire une Ĺ“uvre complexe qui n'est pas qu'un simple « divertissement » de lecture, comme cela pourrait paraĂ®tre au premier abord, mais une troisième voie entre, schĂ©matiquement, les deux approches littĂ©raires que sont d'une part le travail d'Ă©criture allant au-delĂ  de « la rĂ©alitĂ© par les mots ou au contraire [consistant] Ă  la nier » considĂ©rant in fine que l'Ă©crivain joue de tous les rapports « variables » qui s'installent entre « l'auteur, le livre et le lecteur » quitte Ă  perturber ce dernier[1]. Olivier Barrot considère le roman comme le plus singulier de la rentrĂ©e littĂ©raire 1992 et son « histoire [comme] la plus distrayante » des derniers mois de parution de cette pĂ©riode[2] ».

Éditions

  • Éditions de Minuit, 1992 (rĂ©Ă©d. 1995), (ISBN 9782707314284).
  • Coll. « Double » no 66, Les Éditions de Minuit, 2010, (ISBN 978-2-7073-2129-9).

Notes et références

  1. « Une esthĂ©tique du malaise », Pierre Lepape dans Le Monde du 28 aoĂ»t 1992 ; consultable sur le site des Ă©ditions de Minuit.
  2. Nous trois par Olivier Barrot pour Un livre, un jour sur FR3 le 2 octobre 1992 ; sur le site de l'INA.

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