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Notation de la parenté

L'expression système de notation ou notation de la parenté désigne dans les études de parenté, l'ensemble des symboles qui permettent de visualiser ou de décrire de façon précise et exhaustive les termes et les relations qui unissent un échantillon de personnes apparentées ou les positions qu'elles occupent les unes par rapport aux autres. En d'autres termes, ce sont des codes conventionnels en usage dans le champ des études de la parenté, qui servent à modéliser ce que l'on nomme, dans la culture occidentale, les relations familiales ; et dans le langage anthropologique, les relations de parenté.

Deux formes de notations différentes et complémentaires se sont imposées : une notation graphique par laquelle on peut construire des diagrammes de parenté et une notation alphabétique qui permet de décrire n'importe quelle position généalogique.

L'anthropologie et les études de parenté

La notation de parenté est avant tout un outil pour l'anthropologue, mais bien peu pour le généalogiste : en effet ce dernier s'intéresse davantage aux individus qui composent la parenté plutôt qu'au sens que peut prendre la structure des relations. Cet outil privilégie en particulier les relations de filiation et d'alliance, considérées par les anthropologues comme la base de toute autre relation au sein de la famille. Il faut donc garder à l'esprit que ces notations ne sont possibles que par une simplification arbitraire. À ce titre, cet outil est vivement critiquable, et c'est pour cette raison qu'il reste très modulable et flexible en fonction des besoins de l'analyse.

En tout état de cause, c'est un outil qui rend aisé la manipulation de l'objet « structure de parenté », devenant beaucoup plus simple à cerner intellectuellement. Il est dès lors intéressant de focaliser son regard sur les positions relatives des individus entre eux et sur les relations qui les lient. Ainsi, pourra-t-on traiter des mariages spécifiques tel celui « kabyle » décrit par Pierre Bourdieu, ou tenter de résoudre le cas du mariage avec la cousine croisée matrilatérale (MBD), à la cousine parallèle patrilatérale (FBD).

En définitive, on peut considérer cet outil comme universel, car il permet de décrire le système de parenté de n'importe quelle société ; cognitif parce qu'il met au jour la signification des relations qui est invisible aux yeux des acteurs ; modélisant dans le sens où sa validité n'est que théorique.

Terminologie générale

Avant même de recourir à des systèmes de notation, les anthropologues usent d'un certain nombre de termes simples destinés à désigner les traits caractéristiques de telle relation, ou de tel système de parenté.

  • Ego. On appelle Ego l'individu-rĂ©fĂ©rence du système. Pour le dire autrement, c'est de cette manière que l'on dĂ©signe l'individu au centre de l'analyse. Par exemple, quand il sera Ă©voquĂ© la fille du frère de la mère, je saurai que c'est de la « cousine » d'Ego dont il est question.
  • MatrilatĂ©ral - patrilatĂ©ral. Toute relation passant par le père d'Ego est dite patrilatĂ©rale. De la mĂŞme façon, est matrilatĂ©rale toute relation du cĂ´tĂ© de la mère d'Ego. Par exemple : le frère de la mère est l'oncle matrilatĂ©ral d'Ego.
  • PatrilinĂ©aire. Toute transmission (identitaire, culturelle, foncière, patronymique...) d'une gĂ©nĂ©ration Ă  l'autre, se faisant par l'intermĂ©diaire des hommes de la lignĂ©e. De mĂŞme, est matrilinĂ©aire toute transmission se faisant par l'intermĂ©diaire des femmes de la lignĂ©e. Par exemple en France, la transmission du nom de famille est de type patrilinĂ©aire ; ou quand c'est la filiation mĂŞme qui est matrilinĂ©aire, cela signifie qu'Ego est membre de façon exclusive de la famille de sa mère.
  • Cousinage parallèle. On appelle cousins parallèles, les cousins dont les parents par l'intermĂ©diaire desquels la relation se fait, sont de mĂŞme sexe. Exemple : la fille du frère du père d'Ego, ou la fille de la sĹ“ur de sa mère.
  • Cousinage croisĂ©. On appelle cousins croisĂ©s, les cousins dont les parents par l'intermĂ©diaire desquels la relation se fait, sont de sexes diffĂ©rents. Exemple : le fils du frère de la mère d'Ego.

Système de notation graphique

Lorsqu'un chercheur tente de conceptualiser un système de parenté particulier, il éprouve d'abord le besoin de reproduire à plat l'ensemble du schéma généalogique, afin de pouvoir appréhender d'un seul regard l'ensemble de la structure de parenté. Il existe pour cela un certain nombre de symboles universels qui permettent cette visualisation graphique.

Codes et normes

Il n'existe pas dans ce domaine une table de symboles qui soit officiellement reconnue par l'ensemble de la communauté scientifique. Ceci s'explique simplement par l'extrême diversité des structures de parenté dans le monde, ce qui rend nécessaire la flexibilité de la notation. C'est pour cette raison que seuls quelques symboles font l'objet d'une norme, puis il est d'usage de compléter toute illustration par une légende concernant les symboles spécifiques.

  • Normes de reprĂ©sentation des individus :
Sexe indifférencié Individu décédé
Sexe masculin Ainé +
Sexe féminin Cadette –
  • Normes de reprĂ©sentation des relations :
RelationsSymboleExempleCommentaire
Relation d'alliance ou ou par exemple la relation existant entre un mari et son Ă©pouse
Relation de germanité par exemple la relation existant entre frères et sœurs
Relation de filiation | par exemple la relation existant entre des enfants et leurs parents
Relation d'alliance interrompue par exemple un divorce
Seconde relation d'alliance ou par exemple une polygamie, ou un remariage

Applications

À l'aide de cette notation graphique, il est possible facilement de modéliser sous la forme d'un diagramme n'importe quel système de parenté, du plus simple au plus complexe. En voici quelques exemples :

Système de notation alphabétique

La notation par le langage graphique, décrite précédemment, révèle cependant certaines limites évidentes. Par exemple, il est impossible pour le chercheur de nommer de façon simple et concise une relation avec le fils du frère de la mère. Pour cela, il a été mis au point un système simple de notation à partir du langage alphabétique, destiné à nommer exclusivement des relations. Celle-ci se décline en une version française, et une version anglo-saxonne beaucoup plus universelle.

Individu(fr)(en)Individu(fr)(en)
Frère (Brother) Fr B Père (Father) Pe F
Sœur (Sister) So Z Mère (Mother) Me M
Mari (Husband) Ma H Fils (Son) Fs S
Épouse (Wife) Ep W Fille (Daughter) Fl D
Remarque : ces huit relations se limitent à celle de la forme nodale de la famille. En effet, seules les relations d'alliance et de filiation sont considérées comme pertinentes ici.
Remarque : dans cet article, comme dans la majorité des études de parenté, c'est le système international qui est privilégié pour des raisons d'universalité.

Dès lors on peut positionner n'importe quel individu dans sa relation à Ego. En effet, il suffit d'être vigilant quant au génitif saxon ('s) de la langue anglaise : l'appartenant est situé avant l'appartenu, contrairement à la langue française.

  • dans la gĂ©nĂ©ration des grands parents d'Ego :
MM = mother's mother = mère de la mère = grand-mère maternelle
FM = father's mother = mère du père = grand-mère paternelle
MF = mother's father = père de la mère = grand-père maternel
FF = father's father's = père du père = grand-père paternel
  • dans la gĂ©nĂ©ration des parents d'Ego :
MZ = mother's sister = sœur de la mère = tante maternelle
FZ = father's sister = sœur du père = tante paternelle
MB = mother's brother = frère de la mère = oncle maternel
FB = father's brother = frère du père = oncle paternel
  • dans la gĂ©nĂ©ration d'Ego :
MZD = mother's sister's daughter = fille de la sœur de la mère = cousine maternelle (ou cousine parallèle matrilatérale)
MBD = mother's brother's daughter = fille du frère de la mère = cousine maternelle (ou cousine croisée matrilatérale)
MZS = mother's sister's son = fils de la sœur de la mère = cousin maternel (ou cousin parallèle matrilatéral)
MBS = mother's brother's son = fils du frère de la mère = cousin maternel (ou cousin croisé matrilatéral)
FZD = father's sister's daughter's = fille de la sœur du père = cousine paternelle (ou cousine croisée patrilatérale)
FBD = father's brother's daughter's = fille du frère du père = cousine paternelle (ou cousine parallèle patrilatérale)
FZS = father's sister's son's = fils de la sœur du père = cousin paternel (ou cousin croisé patrilatéral)
FBS = father's brother's son's = fils du frère du père = cousin paternel (ou cousin parallèle patrilatéral)

Voir aussi

Ressources bibliographiques

  • Maurice Godelier, MĂ©tamorphose de la parentĂ©, Paris, Fayard, .
  • Robert Deliège, Anthropologie de la parentĂ©, Paris, Armand Colin, .
  • Robin Fox, Anthropologie de la parentĂ© : une analyse de la consanguinitĂ© et de l'alliance, Paris, Gallimard, .
  • Christian Ghasarian, Introduction Ă  l'Ă©tude de la parentĂ©, (rĂ©impr. 1996), 276 p. (ISBN 978-2-02-024701-6 et 2-02-024701-1).

Articles connexes

Pour celles et ceux qui désirent approfondir les cas et jeux de la Parenté, se reporter à l'article Relation de parenté, présentant des idéaux et systèmes concrets, au regard de l'article de la Parenté et de ses connexes.

Liens externes

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