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Noël Felici

Noël Joseph Felici est un physicien français né le à Marseille et mort le à Grenoble. Brillant normalien, docteur en 1940 avec une thèse sur la supraconductivité, il est orienté vers Louis Néel et Frédéric Joliot-Curie. Louis Néel et Noël Felici commencèrent, en 1942, à travailler, à Grenoble, sur des prototypes de machines électrostatiques de grande puissance, à faible encombrement et bon rendement[1] dont l'intérêt pour la physique nucléaire est évident.

Noël Felici
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  94 ans)
Grenoble
Nationalité
Formation
Activité
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Distinctions

Le générateur électrostatique de Felici

L'étude systématique des machines électrostatiques a conduit Noël Felici à fabriquer le générateur de Felici, machine électrostatique du XXe siècle au même titre que le générateur de Van de Graaff.

C'est une variante de la machine Ă  courroie (le gĂ©nĂ©rateur Van de Graaff) qui est bien adaptĂ©e Ă  la production de tension de 50 kV Ă  MV, avec des intensitĂ© jusqu'Ă  50 mA. La courroie est remplacĂ©e par un cylindre isolant Ă  parois minces (quelques millimètres) tournant Ă  grande vitesse autour d'un stator cylindrique lĂ©gèrement conducteur, laissant un interstice très faible (fraction de millimètre). La charge et la dĂ©charge du cylindre sont assurĂ©es par des lames minces d'acier, disposĂ©es Ă  l'extĂ©rieur du cylindre, parallèlement Ă  son axe, et influencĂ©es par des inducteurs mĂ©talliques se trouvant Ă  l'intĂ©rieur du stator. La machine peut ĂŞtre multipĂ´laire (jusqu'Ă  16 pĂ´les) c'est pourquoi elle peut donner des courants relativement intenses. L'hydrogène sous pression (15 Ă  25 atmosphères) facilite le phĂ©nomène de charge, rĂ©duit les frottements, amĂ©liore le refroidissement. La puissance et le rendement sont relativement Ă©levĂ©s (jusqu'Ă  plusieurs watts par centimètre carrĂ© et 95 %). La forme cylindrique assure une excellente dĂ©finition gĂ©omĂ©trique de la machine qui est ainsi très compacte[2].

Un véritable problème pour l'histoire des sciences se profile dans la difficulté de sauvegarder les quelques exemplaires encore fonctionnels de ces machines. Leur maintenance est onéreuse. Les générateurs multiplicateurs de tension à diodes et condensateurs en cascades les ont remplacées progressivement.

La S.A.M.E.S : Société Anonyme des Machines Électrostatiques

Louis NĂ©el situe l'origine de la SAMES (Grenoble) en , « FrĂ©dĂ©ric Joliot, estimant que la construction de gĂ©nĂ©ratrices Ă©lectrostatiques dĂ©passait les moyens du CNRS, jugea indispensable de crĂ©er une sociĂ©tĂ© d'exploitation qui construirait, notamment, celles dont il avait besoin pour les accĂ©lĂ©rateurs de particules de son laboratoire d'Ivry »[3]. 1946 est la date de naissance officielle de la SAMES, crĂ©Ă©e pour porter au stade industriel et commercialiser les gĂ©nĂ©rateurs Ă©lectrostatiques de Felici, et qui commence Ă  produire des prototypes. Ces gĂ©nĂ©rateurs de haute tension continue (de 150 Ă  850 kV) se sont rapidement imposĂ©s dans la plupart des centres de recherche (mais aussi dans l'industrie) en raison de leurs performances exceptionnelles et de leur sĂ©curitĂ©. La sociĂ©tĂ© a Ă©tĂ© aussi le fournisseur de nombreux centres mondiaux de physique nuclĂ©aire, comme le Brookhaven National Laboratory aux États-Unis. La sociĂ©tĂ© a fourni 50 gĂ©nĂ©rateurs de 600 kV au CERN Ă  Genève, puis a dĂ©veloppĂ© des accĂ©lĂ©rateurs de particules, le plus connu Ă©tant un proton synchrotron dĂ©livrĂ© au centre de recherche nuclĂ©aire de Karlsruhe (Allemagne). L'activitĂ© de la SAMES s'est ensuite concentrĂ©e sur les applications de l'Ă©lectrostatique Ă  la pulvĂ©risation de peintures liquides (1958) et en poudre (1961). La fabrication des matĂ©riels scientifiques a Ă©tĂ© abandonnĂ©e vers la fin des annĂ©es 1970.

Le futur des générateurs électrostatiques

Un renouveau de l'électrostatique s'est fait jour, à la fin des années 1930, avec le générateur à courroie (Van de Graaff). Noël Felici a pu améliorer la théorie électrostatique en reconsidérant l'outil mathématique. Enfin il a pu porter jusqu'au stade industriel ses découvertes théoriques et technologiques (le générateur à cylindre).

Mais Noël Felici est pessimiste quant à l'avenir de la génération électrostatique, même si quelques espoirs sont, un moment, venus de la propulsion spatiale, et maintenant des nanotechnologies (mais là il n'est question que de nanomoteurs électrostatiques).

Son argument principal est le suivant : la technologie n'a pas été jusqu'au bout des possibilités de l'électrostatique. La faiblesse énergétique des générateurs électrostatiques les exclura encore longtemps - sinon toujours - des applications réclamant une très grande puissance. Le facteur peut-être le plus décisif dans la stagnation des générateurs électrostatiques, c'est le fait que la question n'attire qu'un très petit nombre de personnalités et que les progrès réalisés sont le fait d'individualités isolées. Ce qui sera décisif pour l'avenir de la génération électrostatique sera la prise de conscience du fait que ce problème est encore tout neuf, qu'il pourrait avoir un immense avenir devant lui, qu'il ne s'agit pas d'étudier les générateurs électrostatiques comme des solutions particulières convenant à quelques problèmes isolés, mais d'en faire dans la réalité concrète ce qu'ils auraient toujours du être dans l'enseignement de l'électricité, un des deux types fondamentaux de machines électriques, conformément au principe de dualité. L'idée même d'une symétrie, théorique ou pratique, entre les machines électrostatiques et les machines électromagnétiques, est restée jusqu'à présent totalement étrangère, non seulement aux ingénieurs praticiens, mais même à tous les professeurs d'électricité ou d'électrotechnique.

Distinctions

  • NoĂ«l Felici Ă©tait titulaire de la chaire d'Ă©lectrostatique Ă  la FacultĂ© des Sciences de Grenoble.
  • Conseiller scientifique au Centre d'Études nuclĂ©aires de Grenoble.
  • Directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Laboratoire d’électrostatique et diĂ©lectrique, CNRS, Chemin des Martyrs, BP 166, F-38042 Grenoble Cedex 09.
  • Directeur historique du LEMD dont la fusion avec le LEG et le LMN a donnĂ© naissance au G2ELab (2007)

Notes

  1. Michel Pinault, Frédéric Joliot - Curie, Éditions Odile Jacob, avril 2000, p. 227
  2. Daniel Boussard, Les accélérateurs de particules, 1968, PUF, Collection Que sais-je no 1316, p. 30
  3. Michel Pinault, Frédéric Joliot-Curie, Éditions Odile Jacob, avril 2000, p. 228

Bibliographie

  • N. Felici, Journal de Physique et le Radium, sĂ©rie 8, tome 8,
  • N. Felici, Machines Ă©lectrostatiques puissantes (Journ. Phys. VIII -Tome IX, fĂ©vr. 1948).
  • N. Felici, Machines Ă©lectrostatiques, Atomes no 36,
  • N. Felici, Machines Ă©lectrostatiques puissantes (Journ. Phys. VIII - Tome X, ).
  • N. Felici, Les Surfaces Ă  champ Ă©lectrique constant, Revue GĂ©nĂ©rale de l'Ă©lectricitĂ©, 1950.
  • N. Felici, Ten years of research on electrostatics at the University of Grenoble 1942-1952, British Journal of Applied Physics, Volume 4, Issue S2, pp. S62-S67 (1953).(en)
  • N. Felici, E. Gartner, Contribution Ă  l'Ă©tude des gĂ©nĂ©ratrices Ă©lectrostatiques Ă  transporteurs isolants. Revue GĂ©nĂ©rale de l'Ă©lectricitĂ©, 1963
  • N. Felici, Annales des TĂ©lĂ©communications, tome 9, no 2,
  • N. Felici, Électrostatique et Électronique, L'Onde Ă©lectrique,
  • N. Felici, Elektrostatische Hochspannungsgeneratoren, G. Braun, Karlsruhe, 1957.(de)
  • N. Felici, Recent Developments and future Trends in Electrostatique Generation, Direct Current, December, 1959, Vol. 4, no 7.(en)
  • N. Felici, AccĂ©lĂ©rateurs de particules et progrès scientifique, Dunod, Paris, 1960, 161 pages
  • N. Felici, L'avenir de la gĂ©nĂ©ration Ă©lectrostatique - colloques du CNRS, Grenoble, 1960
  • N. Felici, L'Ă©lectrostatique, nouvelle branche de l'Ă©lectrotechnique (Conf. Palais DĂ©couverte, ).
  • N. Felici, La haute tension il y a un siècle ; Machines Ă  influence contre bobines d'induction de 1870 Ă  1900, Histoire de l'Ă©lectricitĂ©, 1880-1980 un siècle d'Ă©lectricitĂ© dans le monde, p. 189 -194, Paris 15-, PUF, 1987 (ISBN 2-905821-03-5)
  • L. NĂ©el, Un siècle de physique , 1991, Odile Jacob, 365 pages

Liens externes

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