Nerf (théorie des catégories)
En mathématiques, et plus particulièrement en théorie des catégories, le nerf d'une petite catégorie est un ensemble simplicial construit à partir des objets et des morphismes de . La réalisation géométrique de cet ensemble simplicial est un espace topologique, appelé l'espace classifiant de la catégorie . Ces objets étroitement liés peuvent fournir des informations sur certains catégories familières et utiles à l'aide de la topologie algébrique, le plus souvent la théorie de l'homotopie.
Motivation
Le nerf d'une catégorie est souvent utilisé pour construire des versions topologiques d'espaces de modules. Si est un objet de , ses espaces de modules devrait d'une certaine manière encoder tous les objets isomorphes à et garder une trace des différents isomorphismes entre tous les objets de cette catégorie. Cela peut devenir assez compliqué, surtout si les objets ont beaucoup d'automorphismes différents de l'identité. Le nerf fournit une manière combinatoire d'organiser ces données. Depuis que les ensembles simpliciaux ont une bonne théorie de l'homotopie, on peut se poser des questions sur la signification des différents groupes d'homotopie . On espère que les réponses à ces questions fournissent des informations intéressantes à propos de la catégorie d'origine , ou sur des catégories reliées.
La notion de nerf est une généralisation directe de la notion classique d'espace classifiant d'un groupe discret ; voir ci-dessous pour plus de détails.
Construction
Soit une petite catégorie. Il y a un 0-simplexe de pour chaque objet de . Il y a un 1-simplexe pour chaque morphisme dans . Supposons que et sont des morphismes dans . Alors il y a également leur composition .
Le diagramme suggère notre ligne de conduite : ajouter un 2-simplexe pour ce triangle commutatif. Tous les 2-simplexes de proviennent d'une paire de morphismes composables de cette façon.
En général, est composé des -uplets de morphismes composables
de . Pour achever la définition de comme un ensemble simplicial, on doit également spécifier les applications faces et dégénérescences. Elles sont aussi fournies par la structure de en tant que catégorie. Les applications faces
sont donnés par la composition des morphismes au e objet (ou par le retrait de du e objet de la suite, lorsque vaut ou ). Cela signifie que envoie le -uplet
sur le -uplet
C'est-à-dire, l'application compose les morphismes et en le morphisme , ce qui donne un -uplet pour chaque -uplet.
De même, les applications dégénérescences
sont données par l'insertion d'un morphisme identité à l'objet .
Les ensembles simpliciaux peuvent également être considérées comme des foncteurs Set, où est la catégorie des ensembles finis totalement ordonnés et des morphismes préservant l'ordre. Chaque ensemble partiellement ordonné donne une (petite) catégorie dont les objets sont les éléments de et avec un unique morphisme de à lorsque dans . On obtient ainsi un foncteur de la catégorie à la catégorie des petites catégories. Nous pouvons maintenant décrire le nerf de la catégorie comme étant le foncteur Set
Cette description du nerf rend la fonctorialité transparente ; par exemple, un foncteur entre deux petites catégories et induit une application d'ensembles simpliciaux . En outre, une transformation naturelle entre deux foncteurs induit une homotopie entre les applications induites. Cette observation peut être considérée comme le début du principe de la théorie des catégories supérieures. Il s'ensuit que des foncteurs adjoints induisent des équivalences d'homotopie. En particulier, si admet un objet initial ou final, son nerf est contractile.
Références
- Blanc, D., W. G. Dwyer, et P. G. Goerss. "The realization space of a Π-algebra: a moduli problem in algebraic topology." Topology 43 (2004), no. 4, 857–892.
- Goerss, P. G., and M. J. Hopkins. "Moduli spaces of commutative ring spectra." Structured ring spectra, 151–200, London Math. Soc. Lecture Note Ser., 315, Cambridge Univ. Press, Cambridge, 2004.
- Segal, Graeme. "Classifying spaces and spectral sequences." Inst. Hautes Études Sci. Publ. Math. No. 34 (1968) 105–112.
- Nerve sur ncatlab.org