NĂ©el
Le patronyme français Néel prend un accent et se prononce [ne'ɛl](né-èl) cf. l'adjectif réel. Cependant, certains se font appeler Neel [ni:l] (nil) sans accent. Ainsi Alexandra David-Néel qui n'ignorait rien de la réalité de son nom d'épouse, avait coutume de l'écrire Neel et de le prononcer [nɛl] (nèl)[1].
Étymologie
À l'origine, Néel est un prénom normand bien attesté dans la généalogie des familles nobles de Normandie. Comme de nombreux prénoms, il devient aussi nom de famille (patronyme) à partir du XIIIe siècle (voir les patronymes français les plus répandus Martin, Bernard, Thomas, Gérard, etc.). Il est surtout fréquent dans le Cotentin, le pays de Caux et le Calvados en Normandie. Il a souvent été latinisé de manière erronée en Nigellus « petit noir » dans les textes anciens[2], d'où le prénom anglais Nigel qui traduit précisément Néel au Moyen Âge. En réalité le prénom est issu du vieux norrois Njáll (illustré par la saga de Njáll le Brûlé), variante scandinave du nom de personne gaélique irlandais Niall[3] - [4] d'étymologie discutée (vieil irlandais nél « nuage » ou vieil irlandais niadh « champion », etc.)[5]. En dépit du bon sens, des sources, anciennes ou non spécialisées, évoquent comme origine l'ancien français neel « émail noir, nielle », ce qui en ferait un surnom d'émailleur, hypothèse non pertinente pour un ancien prénom normand répandu dans les familles nobles d'origine scandinave. Cependant, il est possible que le patronyme Néel établi dans le Lyonnais ait cette origine par le franco-provençal neel « émail noir, nielle », car la présence d'un foyer de ce nom de famille dans cette dernière région demeure obscure.
En outre, l’anthroponyme Neel se retrouve sans doute comme élément de toponyme dans deux communes de la Manche et une de la Seine-Maritime, départements dans lesquels le patronyme est le plus fréquent historiquement. Il s'agit respectivement de Néville-sur-Mer (Neevilla XIIe siècle, Nigevilla, idem)[6], de Néhou (Nigelli Humo 1159 -1181, Nealhou vers 1210, Neauhou, sans date)[7] et de Néville (Nevilla en 1032 - 1035, un R. Neel tenait un fief à Néville en 1210)[8]. Il existe en outre de nombreux hameaux et lieux-dits en Normandie contenant ce nom de personne cf. Néauville, hameau à Blainville-sur-Mer; Niauville (« Le Haut Lion ») hameau à Lion-sur-Mer : Nealvilla 1188, Neauvilla 1219.
Prénom normand
- Néel Ier de Saint-Sauveur (parfois mal latinisé en Nigel), baron normand ;
- NĂ©el II de Saint-Sauveur, baron normand ;
- NĂ©el d'Ouilly (en), dit Nigel D'Oyly en anglais, chevalier normand ;
- NĂ©el d'Aubigny (en), dit Nigel d'Aubigny en anglais, noble normand ;
- Néel d'Ely, dit Nigel of Ely en anglais, évêque d'Ély au XIIe siècle ;
- Néel de Longchamps, dit Nigel de Longchamp ou Wireker, poète anglo-normand du XIIe siècle.
Nom de famille français
- Franck Neel, acteur français (né en 1965) ;
- Julien Neel, auteur de bandes dessinées (né en 1976) ;
- Louis Néel, physicien français (1904-2000), Prix Nobel de physique qui a donné son nom à la température de Néel ;
- Alexandra David-Néel, féministe et exploratrice française (1868-1969) ;
- Jean-Pierre NĂ©el (Saint Jean-Pierre NĂ©el 1832-1862).
Nom de famille d'autres nationalités
En anglais, le nom se prononce [ni:l] (nil) :
- Andrew Neel (1978-), réalisateur américain.
- Janet Neel (1940-), femme de lettres britannique, auteure de roman policier.
Prénom d'origine indienne
En revanche, le prénom indien se prononce [ni:l] (nil) :
Variante
Notes et références
- Elle l'explique elle-même dans une lettre à son éditeur Brockhaus datée du 8 mars 1935 : « La prononciation correcte est Néel...Quant à moi, j'écris Neel sans accent, mais je prononce Nèl »
- Marianne Mulon, Origine et histoire des noms de famille. Essais d'anthroponymie, Éditions Errance, Paris, 2002.
- Marianne Mulon, op. cit.
- Dominique Fournier, NĂ©el dans Digulleville, Wikimanche (lire en ligne)
- Nordic Names : étymologie de Njáll
- François de Beaurepaire (préf. Yves Nédélec), Les Noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, Paris, A. et J. Picard, , 253 p. (ISBN 2-7084-0299-4, OCLC 15314425), p. 168
- Ibid., p. 167.
- François de Beaurepaire (préf. Marianne Mulon), Les Noms des communes et anciennes paroisses de la Seine-Maritime, Paris, A. et J. Picard, , 180 p. (ISBN 2-7084-0040-1, OCLC 6403150), p. 116