Nácia Gomes
Nácia Gomes (ou encore Gomi), de son vrai nom Maria Inácia Gomes Correia, née le 18 juillet 1925, morte le 4 février 2011, est une chanteuse traditionnelle capverdienne de batuque et de finaçon. Elle commence à chanter à l'âge de 17 ans, enregistre plusieurs albums et singles tout au long de sa carrière, en artiste solo, ou pas. Elle se produit également dans des festivals au Cap-Vert et à l'étranger. Un livre sur elle a été publié en 1985. Elle a été peu mise en avant, représentant une partie de la population particulièrement modeste de l’île, ayant peu d’accès à l’éducation (elle-même était analphabète), avec des chants souvent critiques, mais à sa mort, compte-tenu de sa popularité, une journée de deuil national a été décrétée.
Biographie
Nácia Gomes naît Maria Inácia Gomes Correia le 18 juillet 1925[1] - [2], dans la municipalité de São Miguel, sur l'île capverdienne Santiago[3] - [4]. Elle est le dixième enfant dans une fratrie qui en compte douze, d'une famille très modeste vivant dans une région où les conditions de vie sont souvent misérables[3] - [5]. Bien que Gomes n'ait pas reçu d'éducation formelle et soit analphabète[2], elle interprète un genre de musique capverdienne appelé batuque ou finaçon (le batuque est à la fois un genre musical et un rassemblement dansé, et théoriquement, le finaçon n'est que le chant final, sur l’île de Santiago tout au moins, de ce type de rassemblement festif)[5] - [6]. Dès l'âge de 17 ans, elle commence à chanter lors de mariages, de baptêmes, de fêtes et d'autres événements communautaires dans la ville de Tarrafal[2] - [3]. Elle se produit également dans des festivals de musique traditionnelle séculaires[3]. Elle est surnommée la Rainha di Finason (la Reine du Finaçon)[2].
Les spectacles qui en résultent la rendent célèbre sur l'île de Santiago[1], et ses chants évoquent fréquemment les conditions économiques et sociales de son environnement. L'une de ses chansons fait l'éloge de l'indépendance en rappelant toutefois à ses dirigeants que sans nourriture ni abri, la population mourrait[3]. D'autres thèmes abordés dans ses chansons étaient les responsabilités sociales des jeunes et l'amour[3]. Comme elle était analphabète, elle n'écrivait pas ses propres chansons, qui étaient improvisées et enregistrées. Elle récitait également de la poésie, racontait des histoires et l'histoire du Cap-Vert[7] - [8]. L'écrivain et spécialiste de la culture capverdienne Tomé Varela da Silva a publié sur elle en 1985 un livre en crioulo intitulé Finasons Di Nha Nasia[3].
Elle avait épousé un ouvrier et immigrant à Sao Tomé-et-Principe, Paulino Correia De Oliviera, et ils ont eu quatre enfants[3]. En dehors des îles capverdiennes, elle s'est produite notamment à l'Exposition universelle de 1992 de Séville[9], à un festival organisé au Smithsonian Museum aux États-Unis en 1995[2], et à l'Expo '98 au Portugal[9]. En 1999, elle s'est rendue aux États-Unis pour enregistrer Rei di Tabanka aux côtés de Ferro Gaita, et a enregistré l'année suivante un CD huit pistes intitulé Nha Nácia Gomi Cu Sê Mocinhos[2]. Son dernier album, Finkadu na Raiz, a été enregistré en partenariat avec Ntoni Denti d'Oro en 2005[2] - [4] - [7] . En tout, Gomes a enregistré trois albums au cours de sa vie[8] - [10]. Elle a enregistré aussi de nombreux singles[9] et a participé à des films tels que The Journey of Cape Verde : In Search of Cape Verdianity de Guenny K. Pires[3].
Gomes a été admise à l'unité de soins intensifs de l'hôpital Agostinho Neto de Praia le soir du 1er février 2011 pour hypertension et accident vasculaire cérébral[1]. Elle est morte, trois jours plus tard, le 4 février, âgée de 85 ans[3] - [9]. Le gouvernement cap-verdien a déclaré une journée de deuil national et les drapeaux des institutions publiques du pays ont été mis en berne en son honneur de Gomes[1] - [2].
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Nácia Gomes » (voir la liste des auteurs).
- (pt) Eduardo LobĂŁo, « Cabo Verde: Nácia Gomi, "mĂŁe" do "finançon" morreu hoje », SIC NotĂcias,‎ (lire en ligne)
- (pt) Chissana Magalhães, « Rainha do Finason faria 93 anos a 18 de Julho », Expresso das Ilhas,‎ (lire en ligne)
- (en) Terza Silva Lima-Neves, « Gomes, Nácia », dans Emmanuel K. Akyeampong et Henry Louis Gates, Jr., Dictionary of African Biography, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-538207-5, lire en ligne), p. 486-487
- (pt) « Maria Inácia Gomes Correia (Nácia Gomi) », sur Cabo Verde
- Vladimir Monteiro, Les musiques du Cap-Vert, Chamdeigne, (ISBN 9782906462489, lire en ligne), « Batuque & Finaçon », p. 58-59
- Véronique Mortaigne, « Dani, 28 ans, marchand de musique et cap-verdien », Le Monde,‎ (lire en ligne)
- (pt) Jorge Marmelo, « Nha Nácia Gomi », Público,‎ (lire en ligne)
- (pt) « Codé di Dona e Nácia Gomi inauguram Ciclo Musical "Mestres" », A Semana,‎ (lire en ligne)
- (pt) « Deixou-nos Nácia Gomi, a rainha do finaçon », Diário Liberdade,‎ (lire en ligne)
- (pt) « A 25ÂŞ edição do Festival da Gamboa homenageia "rainha do Finaçon", Nácia Gomi », NotĂcias do Norte,‎ (lire en ligne)