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Musée de la Reine Bérengère

Le musée de la reine Bérengère est un bâtiment regroupant des collections ethnologiques de la ville du Mans et de la région du Maine.

Musée de la reine Bérengère
La grille d'entrée du musée, la nuit
Informations générales
Ouverture
Fermeture
Visiteurs par an
58 000/an[1]
Site web
Collections
Collections
Collections ethnologiques, peintures régionales et photographies
Bâtiment
Protection
Localisation
Pays
Région
Commune
Adresse
7-13 rue de la Reine-Bérengère
Coordonnées
48° 00′ 32″ N, 0° 11′ 52″ E
Carte

Le bâtiment date du XVe siècle et demeure dans un état de conservation remarquable. Il se situe en plein centre des rues étriquées de la cité Plantagenêt. Son nom est tiré de Bérengère de Navarre, épouse de Richard Cœur de Lion. Elle fut douairière du Mans, où elle fonda l'abbaye de l'Épau, et vécut avec son mari au palais des comtes du Maine, l'actuel hôtel de ville. Le lieu possède le label musée de France.

Localisation et constitution

Le musée se situe sur l'ancienne Grande Rue qui desservait au Moyen Âge toute la cité médiévale, qu'il s'agisse des demeures canoniales et aristocratiques, ou bien des ruelles de « bas quartier ». Le musée est composé de trois maisons à pans de bois. La croyance populaire veut que la reine ait rendu l'âme dans une de ces maisons, demeure tout à fait bourgeoise pour l'époque, en 1230. La maison fut entièrement reconstruite par de riches marchands manceaux, les Véron, à la fin du XVe siècle. Au numéro 9, la maison dite « de l'Annonciation » possède une architecture spécifique. Son nom provient d'ailleurs de cette façade toute particulière qu'elle possède. Y sont sculptées des statuettes représentant la Vierge et l'ange Gabriel. Le style y est très clairement italien avec des vases, des arabesques ou des enroulements végétaux. Puis la maison du drapier au numéro 7 possède elle, une très importante sablière sculptée d'un bélier déroulant sa toison dans des ondulations sur lesquelles apparaissent des personnages divers. Le bâtiment est classé au titre des monuments historiques[2].

Histoire

Au XIXe siècle, les maisons étaient à l'abandon lorsque l'État les classe « monuments historiques » et qu'elles sont rachetées par un certain Adolphe Singher (1836-1910). À la base, ce sont ses collections personnelles d'œuvre d'art qui résident dans les trois bâtiments. Puis la ville acquiert l'ensemble pour en faire une première salle de présentation, ouverte au public en 1924.

Dessin de la maison de la reine Bérengère par Louis Moullin en 1855

Avant et après la Seconde Guerre mondiale, la ville travaille à faire du musée un lieu de mémoire locale, notamment par la collecte et l'entreposage d'objets céramiques dont les découvertes sont abondantes au cours de nombreuses fouilles archéologiques dans les départements de la Sarthe et de la Mayenne. Les œuvres du chirurgien-potier Pierre-Innoncent Guimonneau de La Forterie, datant du XVIIIe siècle (1726-1794) ou encore les pichets artisanaux de Louis-Léopold Thuiland sont les fers de lance d'une collection nombreuse. Puis il faut sélectionner le mobilier « typiquement sarthois », qui permettra l'évocation de la vie rurale de la Sarthe, surtout au XIXe siècle, période d'essor du département. Les tableaux de bataille, comme celui de la place de la République, ou encore les portraits et les scènes de genre viennent petit à petit remplir la collection. Apparaissent également des œuvres sorties de nulle part, mais incroyables de réalisme comme des vues pittoresques du vieux Mans ou les rives de la Sarthe et les quais urbanisés du Mans des XVIIIe et XIXe siècles, alors remplies de bateaux lavoirs.

La maison au XIXe siècle

Bien avant la naissance du musée, la réhabilitation de la demeure répondit à un engouement dix-neuvièmiste du temps des troubadours. La maison fut redécouverte sous un autre angle grâce à une lithographie d'Alexandre Boyot, reprographiée dans un ouvrage du nom de Moyen Âge pittoresque. À l'époque ce qui est censé être l'ancien logis de la reine n'est qu'une simple boutique. Les antiquaires de passage furent nombreux à détériorer la maison à moindre coût : en 1836, l'un d'eux achète huit des somptueuses statuettes extérieures de la demeure pour en faire... des pieds de table ! Néanmoins, la ville du Mans commença déjà à négocier avec les propriétaires des vieilles demeures pour préparer une collection ethnologique du Maine. Mais en 1852 par exemple, c'est le musée de Cluny qui obtient deux cheminées mancelles du début du XVe siècle. Devant cette mutilation sans précédent du quartier historique, le maire d'alors, Louis Cordelet décide de prendre des mesures. mais celles-ci sont tardives. les deux maisons qui forment aujourd'hui le musée ne sont classées aux monuments historiques que le . Les demeures protégées, le mauvais sort s'acharne de nouveau sur l'édifice puisqu'un feu involontaire attaque l'arrière de la maison Renaissance ainsi qu'une tourelle en bois. Le propriétaire d'alors, mythomane au possible, nomme sa demeure le « palais de la Reine Bérengère ». Plus ou moins chassé par les instances de la ville, il la cède à l'architecte Bastard avant que celui-ci ne la revende à Adolphe Singher, directeur des Mutuelles du Mans, en .

Adolphe Singher devient un amoureux transi de l'architecture de la Renaissance. Son ambition est de redonner au logis son aspect des XVe et XVIe siècles. Pour ce faire, des travaux importants sont entrepris, dont les premiers concernent les dégâts du dernier incendie, ainsi que la charpente de la maison Renaissance. afin de regarnir la façade sur rues, il retrouve les statues arrachées, rachetées à prix d'or dans un château de l'Orne. Le plus gros problème demeure pour la cheminée, puisqu'il est impossible de priver le musée de Cluny de ses deux cheminées gothiques. Singher finit par obtenir un moulage reproduisant l'une d'elles. Les cercles spécialisés font l'éloge de telles restaurations, à commencer par L'Art pour tous qui offre à ses lecteurs en 1893, deux planches détaillant toute la maison. Adolphe Singher publie en 1898 le catalogue de ses collections : celui-ci fait pas moins de 70 pages. Déjà Singher aime à faire visiter ses collections à qui lui demande. Ce sont là les prémices du musée. La maison devient définitivement celle d'un seigneur âgé de cinq siècles.

La première ouverture et la première collection

Le musée de la Reine Bérengère ouvrit le , jour de fête nationale, à 10 heures du matin. De nombreux objets viennent d'un don généreux de la part de madame Liger, veuve d'un grand collectionneur manceau dont la statue orne la cour. les premières collections se composent au rez-de-chaussée d'un grand banc seigneurial sur lequel se trouve un dais comme on n'en fait plus. Les coffres de la première pièce regorgent de statues médiévales en tous genres. Se trouve également une vierge de pierre datant du XIVe siècle. En face du banc seigneurial, se trouve une tapisserie de grande ampleur: longue de 4 mètres quarante elle occupe tout un banc de la pièce. Cette vaste tenture date de Louis XII et présente la salle à coucher d'un noble où se trouvent pas moins de 26 convives. Sur le lit nuptial, une femme est sur le point de mourir. La tapisserie trouve parfaitement sa place dans la maison de Bérengère, elle qui aurait tant voulu mourir avec son mari à ses côtés.

À l'étage se trouve dans une partie l'oratoire du seigneur, de l'autre la chambre seigneuriale; ces deux parties sont séparées l'une de l'autre par une authentique cloison en bois de panneau gothique. En face de la cheminée, un retable espagnol original datant du XVe siècle prend place. Au centre de la salle, un pupitre présente un authentique livre de chants grégoriens. Dans la chambre du seigneur, on trouve le parfait attirail du chevalier. Au deuxième étage, la grande chambre présente deux cheminées et est la plus représentative de la demeure féodale du XVIe siècle. Au centre de la pièce, un poutre bourguignonne ainsi qu'un lit à colonne cannelée. Le troisième étage est bien sûr réservé aux objets de petite taille. Il faut dire que le troisième étage est celui de la charpente. Cette pièce sera pendant longtemps conservée comme le bureau du collectionneur manceau avec grande table, fauteuil et orfèvrerie exposée.

Collections actuelles

Peintures

L'historique Bataille du Mans, peinte par Jean Sorieul

On trouve notamment quatre tableaux du peintre manceau Théodore Boulard, né en 1887. Ce dernier a peint avec un grand réalisme l'atmosphère paysanne propre à l'agriculture du Nord du Mans. Les travaux des champs ou le passage des saisons sont ses thèmes favoris. On trouve ainsi au musée trois huiles sur toile du premier tiers du XXe siècle : La Soupe du soir, Avant la partie de Trut et le Couple de paysans à l'église. Enfin une donation du maire du Mans est survenue en 2006 pour restituer au musée une huile sur carton nommée À la fenêtre. On peut également trouver une huile sur toile d'Émile-Valentin Berthelemy datant de 1893 : Après le café.

On trouve également dans l'ensemble "peintures", une salle spécialement dédiée à la coiffe sarthoise, toute spécifique. La "gouline" est la seule coiffe non représentée sur les tableaux présents. Cependant, on trouve notamment un portrait de Lucie de Loyac, marquise d'Agout peinte par Félicité Hervé. Puis deux portraits de femmes âgées ou de servantes sont notables, par Julien Chappée de 1896 (Portrait de Madeleine Morans) et Théodore Boulard (La Soupe du soir).

Cheminée bourgeoise traditionnelle

Enfin la vie mancelle et sarthoise du siècle dernier s'articule autour de la mécanisation et de l'industrialisation de la région. Paul Soyer (1823-1903) avait peint toutes les différentes activités d'une fonderie typique du dix-neuvième siècle et ce d'une manière très figée. Le tableau Intérieur de la fonderie Chappée à Antoigné a été racheté à l'ancienne collection Chappée en 1964. L'huile sur toile aurait été peinte entre 1880 et 1885. On peut trouver divers portraits avec notamment un Autoportrait de Julien Chappée peint en 1917. Il fut lui-même le fils du directeur de la fameuse usine Chappée, peinte par Soyer. Il fit de lui-même don du tableau à la ville. Enfin l'œuvre de Charles Eugène Morancé 1872-1935, artiste portraitiste,], représente un Vieil ouvrier manceau. Cette huile sur toile fut peinte cinq ans seulement avant sa mort, soit en 1930.

Mobilier et objets

Le ligron ou métier à tisser

Le musée s'est efforcé de regrouper divers objets caractéristiques du mobilier sarthois du XIXe siècle. Cette collection est visible tout en hauteur dans les maisons du premier au troisième étage. Le dernier étage est réservé à la travailleuse de fil, conservée en état parfait. Cela permet également d'admirer la charpente de la maison. La reconstitution ethnographique ne se veut pas précise mais évocatrice. L'artisanat du bois occupe une place importante expliquée par la grande présence de forêts dans la région du Maine : Bercé, Perseigne, Vibraye. On trouve ainsi d'anciens sabots, des parapluies ou de la boissellerie et de la tonnellerie. De manière générale, le musée possède beaucoup de mobilier en guignier et de chêne. Une création reste typiquement sarthoise : le basset, petite armoire d'environ 1,20 m de haut. Outre le mobilier dix-neuvièmiste, on trouve une pièce conservée dans le style Louis XV à laquelle sont adjointes quelques pièces de style directoire. Dans la « chambre à feu » typique du Maine, on trouve de manière quasi systématique le buffet deux corps et le fameux basset. Finalement, le décor est discret, traité en marqueterie ou en faible relief. Le « style du Maine » est proche du normand mais moins exubérant avec seulement quelques rosaces, des rameaux ou des guirlandes sveltes décorant les corbeilles.

Parmi les objets trouvables au musée, on voit particulièrement : des maies en chêne de la fin du XVIIIe, des buffets deux-corps en chêne de la même époque, des armoires à deux portes et buffets deux-corps créés vers 1850 mais possédant un style composite Louis XV et Directoire.

La visite moderne par étages

Au premier étage, se trouve la salle des étains. Il s’agit d’objets médicaux, religieux ou civils. Les céramiques de Ligron y sont également présentes. Parmi les céramiques se trouvent celles de Pierre Innocent Guimonneau, chirurgien de son état. Sur ces objets, étaient représentés les habitants de son village, dans des scènes de vie quotidienne.

Au deuxième étage, sont exposées de nombreuses photographies et peintures du Mans, datant le plus souvent du XIXe siècle. On peut ainsi admirer la cathédrale Saint-Julien, ou bien la maison de la Reine Bérengère, ainsi que la maison des Deux Amis, la maison de Scarron, la fontaine Saint-Julien ou encore les anciennes Halles du Mans. À cet étage, une salle est consacrée au monde du travail, et surtout à dominante rurale, dans les champs et usines sarthoises. Comme dit précédemment, de nombreux tableaux (huiles sur toile) sont présentés.

Au troisième et dernier étage, on peut découvrir une riche collection d’épis de faitage de Ligron. À l’origine, cet objet était destiné à recouvrir le poinçon d'une charpente dépassant d’un toit, et ce, afin de garantir son étanchéité. Il est formé d’un bulbe et d’une pointe ou bien de plusieurs éléments emboités. Dans le Maine, ces épis étaient en terre cuite. Rapidement, ces objets sont devenus décoratifs, synonymes de pouvoir et de richesse. Ils ont aujourd’hui complètement disparu.

Quand un grand photographe rencontre l'oeuvre d'un humble potier sarthois

Explorant vers 1970 les musées de province avec un certain Jacques Dubois, Robert Doisneau y découvrit ce qu'il appela "le petit tintamarre ocre et vert des pots de Thuylant (il s'agit de Louis Léopold Thuilant (1862-1916), potier à Prévelles) pichets ventrus ceinturés d'un bas-relief représentant les gestes professionnels et les outils de ceux à qui ils étaient destinés. Trente pots, trente citoyens d'un village au travail. L'ensemble rayonnait d'amitié. Sur l'anse parfois une signature : Thuylant fils 1886. Tout concourait à rendre irrésistible le désir de révéler aux foules ignares le travail de ce Douanier Rousseau de la poterie" (A l'imparfait du subjonctif - Souvenirs et portraits, Belfond, p. 167); ses photos illustrèrent un article publié dans "Connaissance des Arts" en 1973.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Étienne Bouton, Le premier musée de la reine Bérengère in Maine Découvertes no 51, -janvier/.
  • Triger Robert, La maison dite de la Reine Bérengère au Mans. In: Bulletin Monumental, tome 58, année 1893. pp. 4–26 (Lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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