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Morice Lipsi

Morice Lipsi (né Israel Moszek Lipchytz le à Pabianice, alors en Royaume du Congrès, Empire de Russie ; mort le à Küsnacht-Goldbach, Suisse) était un sculpteur français d'origine polonaise. Durant la période suivant la Seconde Guerre mondiale il fut l'un des plus importants créateurs de sculptures abstraites et monumentales en pierre.

Morice Lipsi
Morice Lipsi en 1963
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  88 ans)
KĂĽsnacht
Nationalité
Formation
Activité
Autres informations
Distinction

Biographie

En 1912, Morice Lipsi, Ă  14 ans, quitte sa patrie polonaise pour rejoindre son frère Ă  Paris. Il s'installe Ă  la citĂ© d'artistes La Ruche, cĂ´toyant beaucoup d'artistes internationaux – Marc Chagall, Chaim Soutine, Amedeo Modigliani, Ossip Zadkine et Guillaume Apollinaire. En 1927 il fait la rencontre Ă  Paris de Hildegard Weber (1901-2000), peintre suisse ; ils se marient trois ans plus tard. En 1933 Lipsi devient citoyen français et s'installe Ă  Chevilly-Larue près de Paris[1]. En 1942 ses origines juives l'incitent Ă  se rĂ©fugier en Suisse. Après la guerre il retourne Ă  Chevilly-Larue, son principal domicile et lieu de travail durant les prochaines dĂ©cennies. En 1983 ses mĂ©rites lui valent d'ĂŞtre dĂ©corĂ© Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres. En 1984, le prĂ©sident François Mitterrand le nomme chevalier de l'ordre national de la LĂ©gion d'honneur. En 1982 il s'installe Ă  KĂĽsnacht-Goldbach près de Zurich, oĂą il meurt en 1986[2].

Évolution artistique

Jeunesse et l'entre-deux-guerres

Groupe de deux femmes (1939), emplacement : Parc Montsouris, Paris.

Dès l'enfance, Lipsi montre un grand talent pour le dessin. Ă€ partir de 1912 son frère Samul Lypchytz (1875-1942), de beaucoup son aĂ®nĂ©, lui apprend le mĂ©tier de sculpteur sur ivoire. Dès 1916 il Ă©tudie brièvement Ă  l'Ecole des Beaux-Arts, Paris, ses professeurs Ă©tant Jules Coutan, Antonin MerciĂ© et Jean-Antoine Injalbert. Après cela, Lipsi travaille la sculpture en autodidacte, dĂ©veloppant son propre style. Le succès vient lentement. En 1922 il expose pour la première fois en solo ses sculptures sur ivoire Ă  la Galerie HĂ©brard Ă  Paris.  D'autres expositions Ă  Paris suivent bientĂ´t, Ă  la Galerie d'art contemporain (1927) et la Galerie Druet (1935). En 1930 il expose pour la première fois Ă  l'Ă©tranger, au ZĂĽrcher Kunstsalon du Dr. Störi. En 1931 il prend part Ă  l'exposition internationale de sculpture au Kunsthaus de Zurich. Pour l'Exposition universelle de 1937 Ă  Paris Lipsi est chargĂ© de crĂ©er un pignon en relief au-dessus du portail d'entrĂ©e Pont Alexandre III, et un relief dans le Pavillon du club des architectes[2].

Durant cette première période, il crée des statues rappelant Auguste Rodin et des travaux proches de l'art déco. Malgré ses relations amicales avec Ossip Zadkine et Henri Laurens et ses contacts avec d'autres avantgardistes comme Alberto Giacometti, Constantin Brancusi et Fernand Léger, ses sculptures n'ont encore rien d'abstrait. Il fait régulièrement des visites d'étude à la cathédrale de Chartres, parfois avec Henri Laurens. A côté des sculptures sur ivoire, il sculpte aussi le bois, le ciment, le plâtre, la pierre calcaire, la terre cuite et le bronze. Durant les premières années de la guerre Lipsi gagne sa vie en Charente grâce à des commandes régionales. Ce sont surtout des motifs religieux, interprétés dans un style antiquisant et strictement figuratif[1]. En 1945 on trouve Lipsi à la Kunsthalle Bern en compagnie de Marino Marini, Germaine Richier, et Fritz Wotruba.

La période suivant la Seconde Guerre mondiale

0céanique I (1963), situé dans la carrière, Atami, Japon.

Peu de temps après la guerre, l'œuvre de Lipsi se tourne vers l'abstraction. Il crée des sculptures en pierre de plus en plus abstraites par le procédé de taille directe, c'est-à-dire en taillant directement dans la pierre, uniquement à la main. Dès 1955 c'est le travail dans la pierre de lave qui l'intéresse particulièrement. Le format de ses nouvelles oeuvres évolue vers le monumental. Ces oeuvres attirent un public tout à fait nouveau et l'attention internationale. D'innombrables expositions dans des galeries et des musées d'art s'ensuivent.

En 1959, Lipsi participe Ă  la documenta 2 Ă  Cassel et la cĂ©lèbre galerie parisienne Denise RenĂ© lui dĂ©die une exposition. Au cours des annĂ©es 1963, 1964 et 1976, Lipsi prend part Ă  des symposiums internationaux de sculpture au Japon, en SlovĂ©nie (alors encore en Yougoslavie) et en France (prĂ©sidence). Les Ĺ“uvres OcĂ©anique I  et Ouverture dans l'espace (douze mètres de haut) marquent l'apogĂ©e de cette pĂ©riode, exposĂ©es en plein air aux jeux olympiques de Tokyo (1964) et Grenoble (1968) – respectivement devant le stade olympique de Tokyo et Ă  une entrĂ©e nord de Grenoble[3] oĂą elle est toujours installĂ©e (au bord de la route nationale 481, une des principales routes d'accès Ă  la ville)[2].

Durant les années suivantes Lipsi est l'un des créateurs plastiques de l'espace public les plus recherchés, accumulant des commandes publiques à travers la France, celle d'un cadeau d'État de la France à l'Islande, et des achats de l'Allemagne et d'Israël. Il est l'un des principaux représentants de la grande sculpture en pierre de la fin de l'après-guerre[1] À partir de 1979, pour raisons de santé, il travaille surtout le dessin. Depuis sa mort, des œuvres de Lipsi continuent à faire l'objet d'expositions dans des galeries et des musées.

Œuvres dans les musées

La collection Lipsi (Sammlung Lipsi) à Hadlikon-Hinwil près de Zurich offre la meilleure vue d'ensemble du parcours créateur et des œuvres de Lipsi. D'importants musées dans divers pays possèdent des oeuvres de l'artiste[2]:

Ĺ’uvres dans l'espace public

On peut voir plusieurs créations de Lipsi dans l'espace public[2].

En France

Colonne olympique : Ouverture dans l'espace (1967) matérialisant la limite entre Grenoble et Saint-Martin-le-Vinoux.
  • Paris, Parc Montsouris: Groupe de deux femmes, 1939
  • Eglise de Brillac (Charente):  La vierge Ă  l'enfant, 1941
  • Abzac (Charente), Place Morice Lipsi: Le berger et ses moutons, 1941
  • Eglise d'Adriers (Vienne): L'ange musicien, 1941
  • Chevilly-Larue (Val de Marne), Maison de la Culture: Dominante incise, 1957-58
  • Port-Barcarès (PyrĂ©nĂ©es-Orientales), MusĂ©e du sable: Atlantique, 1961
  • Ladiville (Charente): Saint Christophe, 1961-62
  • Nevers (Nièvre), Ă©glise Sainte-Bernadette-Banlay: fonts baptismaux, deux autels, tabernacle, 1966
  • Grenoble (Isère), N481: Colonne olympique : ouverture dans l'espace, 1967[4]
  • Grenoble (Isère), locaux de l'Institut d'Ă©tudes politiques de Grenoble: L'Adret, 1967
  • Marly-Frescaty (Moselle), Collège Jean-Mermoz: La percĂ©e-regard vers le haut, 1970-71
  • Chalon-sur-SaĂ´ne (SaĂ´ne et Loire), Maison de la Culture: Sur pivot III, 1971
  • Lannion (CĂ´tes-d'Armor), LycĂ©e national: Dialogue de la tangente et de la verticale, 1971-72
  • Plan de Canjuers (Var), camp militaire: Canjuers haut dans le ciel, 1974-75
  • Rostrenen (CĂ´tes-d'Armor), Collège d'E.T.: Sculpture spatiale, 1974-75
  • Vitry-sur-Seine (Val de Marne), zone piĂ©tonne: sculpture de fontaine, 1975
  • Clouange-Vitry (Moselle), C.E.S.: Clouange-Vitry, 1975
  • MontĂ©limar (DrĂ´me), LycĂ©e d'E.T. (ch des Catalins): MontĂ©limar, haut dans le ciel, 1976
  • Grenoble (Isère), parc du musĂ©e de Grenoble: La grande vague, 1978
  • Chevilly-Larue (Val de Marne), rond-point Av. Ch. de Gaulle: Hieros, 2010 (moulage en bronze de l'original de 1963)

Au-delĂ  de la France

Das Rad (1964) situé Ludwigsplatz à Mannheim.
  • Mannheim (Allemagne), Friedrichsplatz près du château d'eau: Das Rad, 1960
  • Tokyo (Japon): stade olympique: OcĂ©anique II, 1963
  • VyšnĂ© RuĹľbachy (Slovaquie): Au Tatra, 1966
  • Tel Aviv (IsraĂ«l), Bd.Ben Gurion: La Kabbalistique, 1966
  • Querceta-Lucca (Italie), MusĂ©e en plein air: Rencontre dans l'espace, 1969
  • Reykjavik (Islande), Place de France:  Complexe en Ă©lĂ©vation II, 1969

Notes et références


Annexes

Bibliographie

  • Nieszawer et Princ, Histoires des artistes Juifs de l'École de Paris, 1905-1939, (DenoĂ«l, 2000 - Somogy, 2015) Les Ă©toiles Ă©ditions, 2020, p. 259-261.
  • Gabrielle Beck-Lipsi, Morice Lipsi 1898-1986. ItinĂ©raire d'un sculpteur abstrait au XXe siècle, Neuchâtel, Editions du Griffon, .
  • Sandra Brutscher: Morice Lipsi (1898–1986). Das bildhauerische Werk. Verlag Dr. Kovac, Hamburg 2018 (Schriften zur Kunstgeschichte; Band 71) (Dissertation, Universität des Saarlandes SaarbrĂĽcken, 2012).
  • Martina Ewers-Schultz: Auf den Spuren Marc Chagalls, JĂĽdische KĂĽnstler aus Russland und Polen, Ausstellungskatalog Kunstmuseum Ahlen, 2003 and Kulturspeicher WĂĽrzburg, 2004.
  • L'École de Paris, 1904-1929. La part de l'Autre. MusĂ©e d'art moderne de la Ville de Paris, 2000. Paris: Paris-MusĂ©es, 2000.
  • Jeanine Warnod: La Ruche & Montparnasse, le chapitre «Moryce Lipsi et Paul MaĂŻk, joyeux et infatiguables», ExclusivitĂ© Weber, Genève/Paris, 1978.
  • Roger van Gindertael: Morice Lipsi, Neuchâtel, ed. du Griffon, 1965.
  • Heinz Fuchs: Morice Lipsi. Kunsthalle Mannheim, Mannheim, 1964.
  • Roger van Gindertael: Lipsi, Paris, coll. Prisme, H. Hofer, 1959.
  • Catalogue de l'exposition documenta 2 (1959) Ă  Cassel : II.documenta'59. Kunst nach 1945. Katalog: Band 1: Malerei; Band 2: Skulptur; Band 3: Druckgrafik; Textband. Cassel/Cologne 1959.

Liens externes

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