Monastère Notre-Dame-de-Bourbon d'Auzon
Le prieuré de bénédictines mitigées dit le monastère de Notre-Dame-de-Bourbon d’Auzon[1] est un ancien couvent de femmes situé à Auzon (Haute-Loire), dépendant du monastère Notre-Dame de la Déserte de Lyon, construit au XVIIe siècle sur le site castral d'Auzon près de l'ancienne porte de l'enceinte urbaine. Cette institution prendra rapidement le nom de Sainte-Marie de la Bénédiction[2]. Il est écrit que l'emplacement et les matériaux d'une construction mémorable vraisemblablement d'origine publique, furent employés pour son édification[3]. La documentation disponible laisse entrevoir une existence se déroulant entre deux marqueurs historiques : la Contre-Réforme catholique et la Révolution. Après cette dernière époque, le monastère fut relativement transformés.
Monastère Notre-Dame-de-Bourbon | |
Présentation | |
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Culte | Catholique romain |
GĂ©ographie | |
Pays | France |
RĂ©gion | Auvergne-RhĂ´ne-Alpes |
DĂ©partement | Haute-Loire |
Ville | Auzon |
Les origines
L’Auvergne sortait meurtrie des guerres de Religion qui venaient de la ravager pendant de nombreuses années. Dans tout le pays de multiples églises et monastères étaient alors ruinés et de nombreux châteaux démolis. Auzon sous la haute garde des Polignac et des Clermont-Chaste[4], ayant pris le parti des Royalistes, ne fut peut être pas tout à fait épargné. Ses seigneurs fort occupés dans le Velay n'ont vraisemblablement pas pu empêcher les nombreux troubles que la châtellenie eut à subir en ces temps de guerre. Déjà sous le gouvernement de Gaspard de Montmorin Saint-Hérem, de lourdes dissensions s’étaient fait sentir dans les rangs de l'aristocratie auvergnate.
Pour réimposer son autorité, la politique royale mise sur une réorganisation des structures au sein de la noblesse. De 1633 à 1634 un grand nombre de forteresses et de châteaux, surtout royaux, sont démilitarisés (Usson, Nonette)[5]. Nul doute qu'une œuvre de reconstruction eût été ici nécessaire.
Il est dit que dans la plupart des grandes entreprises religieuses de ce siècle se manifestent l'inspiration de femmes de haute noblesse et d'abbesses réformatrices. Ainsi, dès 1637 à Saint-Martin-Valmeroux, siège du bailliage de Haute-Auvergne, dans lequel la famille Saint-Martial de Drugeac possédait l'un des châteaux (Chastel Del Peuch), une ancienne institution monacale était supprimée et Louise de Polignac, veuve de François de Saint-Martial, s'employa à remplacer cette communauté[6] par un couvent de Bernardines[7]. Parallèlement à Auzon, après avoir reçu du vicomte de Polignac sa maison et chasteau Bourbon[8], elle fonda le en ce lieu "un nouvel établissement" [9]. En , le consentement de l'évêque de Saint-Flour lui fut accordé [9] et elle plaça la communauté sous l'autorité de Marguerite de Quibly (nièce de l'Abbesse Mme de Chaponay[10], entrée enfant à Notre-Dame de la Déserte de Lyon[11]). Cette abbesse réformatrice fut instituée avec cinq religieuses et mise en possession du couvent en 1643[12] et se consacra à la mise en place de la règle bénédictine à Auzon. Il en fut de même à l'Abbaye Saint-André-le-Haut de Vienne. Ces services furent fortement demandés pour les réformes de communautés[13], elle envoya à sa place ses religieuses à Arles, à Millau et à Saint-Jean-du-Buis dans les faubourgs d'Aurillac.
La constitution qu'elle donna à ces religieuses s'inspire de celle du Val-de-Grâce et de Montmartre[14] d'autant plus proche que les parents de Louise de Polignac avaient indifféremment contracté mariage avec les Clermont-Chaste, famille qui venait de donner une abbesse à ce monastère de bénédictines. Citons aussi l'exemple de restauration religieuse observée à Lyon dans le monastère de bénédictines de Saint-Pierre par Marguerite de Véni d'Arbouze qui eut Catherine de Clermont-Chaste comme abbesse et inspira certainement Marguerite de Quibly. Pour mener à bien sa première fondation, Louise de Polignac avait reçu l'aide des religieuses du couvent de Notre-Dame-du-Rhône, un établissement qui fut détruit en 1567 par les protestants et fraichement relevé des ruines d'un ancien couvent de bénédictines situé hors des murailles du castrum, de Chateauvieux à Viviers.
Brioude vit au XVIIe siècle la floraison d'une multitude de communautés de religieuses et de charité. Il est intéressant de constater que ce fut l'ancien palais comtal que l’administration royale choisit pour l'installation les religieuses de Fontevraud. Également, de 1650 à 1670 plusieurs communautés s’ installent à Arlanc, à Sauxillanges, ainsi que dans l’hôpital de Saint-Bonnet-le-Chastel.
Le bâtiment actuel toujours cintré de murailles domine la ville et semble être protégé de fossés. Le nom même du Vallat, quartier jouxtant le monastère, conserve le souvenir du système défensif : la signification primitive du terme renvoie justement aux fossés ou aux remparts et marque la limite de l'importante citadelle. Ce nom de formation latine remonte certainement aux plus anciennes strates toponymiques du Moyen Âge. Il peut dans une certaine mesure, renseigner l'historien sur la chronologie des fortifications ainsi que sur la compréhension des relations qui lie ce site au noyau seigneurial. Il n'est pas déraisonnable de penser que ce fut ce site qui accueillit aux XIIIe siècle le siège de la prévôté d'Auzon.
Notre-Dame-du-Portail
Au pied de l'imposant bâtiment près de l'emplacement de l'une des anciennes portes fortifiées de la cité se trouve un petit sanctuaire faisant l'objet d'une dévotion à Marie. Cette chapelle jusqu'en 1862 abritait l'original d'une statue du même nom. Considérée aujourd’hui comme un joyau de l'art gothique, cette œuvre illustre pour certains l’influence de grand mécène qu'a exercée Jean de Berry sur certaines prévôtés royales dans lesquels les palais furent réaménagés (Riom, Usson, Nonette et peut être Auzon). D'autres historiens de l'art pensent que cette Vierge à l'enfant est plus précisément attribuable aux travaux des maîtres André Beauneveu[15] ou Perrin Beauneveu[16]. Cependant, Pierre Cubizolles propose une tout autre origine. Il évoque Michel Colombe et le réseau d'Anne de France. Il propose ainsi une datation plus tardive de l’œuvre au tout début du XVIe siècle[9].
Notes et références
- Preuves de la maison de Polignac.
- Oraison funebre de Madame Marguerite de Quibly, abbesse du Monastere Royal de NostreDame de la Deserte de la ville de Lyon, Ordre de saint Benoist ; Prononcée dans l'Église du même Monastère le 15 Iuillet 1675, Chez Iean Grégoire, 1675.
- Jean-Joseph Expilly, Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, Desaint et Saillant, 1770, Volume 6, p. 322 ; Abbé Henri Virat, L'église et les chapelles d'Auzon, 1924, Copie du manuscrit, Association Vivre à Auzon.
- Histoire des guerres religieuses en Auvergne pendant les XVIe et XVIIe siècles, André Imberdis, p. 383.
- Antoine François de Paule Le Fèvre d' Ormesson, Mémoire sur l'état de la Généralité de Riom en 1697: dressé pour l'instruction du duc de Bourgogne par l'intendant Lefèvre d'Ormesson, Presses Univ Blaise Pascal, 1er janvier 1970, p. 159.
- Dictionnaire statistique: Histoire, description et statistique du département du Cantal, Volume 2,p. 160
- Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand, Volume 23, p. 194
- (?) de Burgum Bonum= Bourg Bon; (?) ou en mémoire d'une possession de la famille de Bourbon.
- Pierre Cubizolles, Auzon, Ville royale fortifiée : Une des treize « bonnes villes » d’Auvergne, Créer, , 462 p. (ISBN 2-909797-56-2, lire en ligne)
- Notes et documents pour servir Ă l'histoire de Lyon, 1838-1867, p. 30
- Les anciens couvents de Lyon, 1895, p. 123
- arch. Nat. , 0 621; Répertoire topo-bibliographique des abbayes et prieurés.
- Abbaye des Dames de l'Abbaye Saint-Andoche d'Autun, le prieuré de bénédictine de Blie, l'Abbaye Saint-Césaire d'Arles, où l'Abbesse appliqua la règle de la Deserte
- Revue Mabillon : archives de la France monastique, 1922/01,p. 204
- Marie en Auvergne, Bourbonnais et Velay, Anne Courtillé.
- La sculpture flamboyante en Auvergne, Bourbonnais, Velay, Jacques Baudoin, p. 112