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Mille Plateaux

Mille Plateaux (Paris, Éditions de Minuit, 1980) est le second des deux volumes ayant pour sous-titre Capitalisme et schizophrénie issu de la collaboration entre le philosophe Gilles Deleuze et le philosophe et psychanalyste Félix Guattari. Cet ouvrage continue à explorer par des voies inédites — en s'attaquant notamment à une série d'erreurs afférentes selon les auteurs à l'arborescence, à l'État, à l'immanence, au langage, au nomade… — la question déjà avancée dans L'Anti-Œdipe (premier volume) d'une ontologie révolutionnaire des devenirs (« presque imperceptibles ») qui ne cessent de défaire l'histoire des identités (« primauté des lignes de fuite ») et de produire des « coups » imprévisibles au sociologue et au militant.

Mille Plateaux
Auteur Gilles Deleuze et FĂ©lix Guattari
Genre Théorie politique
Éditeur Minuit
Collection Critique
Date de parution 1980
Nombre de pages 645
Chronologie

Il s'agit sans doute de l'Ĺ“uvre politique la plus importante de Deleuze et Guattari : leur conception originale du pluralisme et du rhizome (l'individu n'y est pas conçu comme fondement de l'organisation sociale : les subjectivitĂ©s sociales sont toujours au-dessus ou en dessous du niveau de l'individu, composant et dĂ©composant des collectivitĂ©s de toutes sortes), amène Ă  l'injonction de « dĂ©faire le visage Â» pour « devenir comme tout le monde Â» ; il faut Ă©chapper Ă  l'identitĂ©, la visagĂ©itĂ©, pour « se rĂ©duire Ă  une ou plusieurs lignes abstraites qui vont se continuer et se conjuguer avec d'autres, pour produire immĂ©diatement, directement, un monde[…][1] Â».

Citations

« On est devenu soi-même imperceptible et clandestin dans un voyage immobile. Plus rien ne peut se passer, ni s'être passé. Plus personne ne peut rien pour moi ni contre moi. Mes territoires sont hors de prise, et pas parce qu'ils sont imaginaires, au contraire : parce que je suis en train de les tracer. Finies les grandes ou les petites guerres. Finis les voyages, toujours à la traîne de quelque chose. Je n'ai plus aucun secret, à force d'avoir perdu le visage, forme et matière. Je ne suis plus qu'une ligne. Je suis devenu capable d'aimer, non pas d'un amour universel abstrait, mais celui que je vais choisir, et qui va me choisir, en aveugle, mon double, qui n'a pas plus de moi que moi. On s'est sauvé par amour et pour l'amour, en abandonnant l'amour et le moi. On n'est plus qu'une ligne abstraite, comme une flèche qui traverse le vide. Déterritorialisation absolue. On est devenu comme tout le monde, mais à la manière dont personne ne peut devenir comme tout le monde. On a peint le monde sur soi, et pas soi sur le monde. »

— Mille Plateaux, « Trois nouvelles ou Qu'est-ce qui s'est passĂ© ? Â», p. 244

« La jeune fille et l'enfant ne deviennent pas, c'est le devenir lui-même qui est enfant ou jeune fille. L'enfant ne devient pas adulte, pas plus que la jeune fille ne devient femme ; mais la jeune fille est le devenir-femme de chaque sexe, comme l'enfant le devenir-jeune de chaque âge. Savoir vieillir n'est pas rester jeune, c'est extraire de son âge les particules, les vitesses et lenteurs, les flux qui constituent la jeunesse de cet âge. Savoir aimer n'est pas rester homme ou femme, c'est extraire de son sexe les particules, les vitesses et lenteurs, les flux, les n sexes qui constituent la jeune fille de cette sexualité. C'est l'Âge même qui est un devenir-enfant, comme la Sexualité, n'importe quelle sexualité, un devenir-femme, c'est-à-dire une jeune fille. »

— Mille Plateaux, « Devenir-intense, devenir-animal, devenir-imperceptible Â», p. 340

Introductions, essais et prolongements

Voir aussi

Notes et références

  1. Mille plateaux. CitĂ© dans Erik Bordeleau, « La Chine et la ligne Â», dans Giroux, Lemieux, ChĂ©nier (dir.), Contr'hommage pour Gilles Deleuze, Presses de l'UniversitĂ© Laval, 2009.
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