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Miles de Norry

Miles de Norry [Milles de Norry, de Noury] est un maître d’école, précepteur, poète et mathématicien né à Chartres vers 1532 et mort après 1586, peut-être à Paris. Il a été actif à Lyon et puis à Paris.

Miles de Norry
Biographie
Naissance
Décès
Après
Activités

Biographie

La première trace qu’on a de lui de 1567, lorsqu’il abjure le protestantisme à Lyon – la ville sortait alors d’une domination protestante très affirmée[1]. Il est aussi cité en 1571 comme « Emile de Noury, maître d’école » dans un registre des taxes perçues au nom du roi[2] puis en 1572, taxé pour 10 comme « Milles de Norry, maître d’école[3]. À la même époque il fut le précepteur de Justinien Pense, un fils de la puissant famille Pense, active dans le commerce international avec Anvers, notamment. Il prétend dans son Arithmétique de 1574 avoir pris part à d’importantes affaires depuis longtemps, en France et ailleurs, et semble avoir particulièrement apprécié la comptabilité des marchands italiens, très nombreux à Lyon. Outre son état de maître d’école et de précepteur, il semble donc avoir fréquenté les marchands, comme comptable ou changeur.

Antoine Du Verdier précise qu’avant de s’adonner à l’arithmétique il avait écrit quelques « tragédies et histoires », qui auraient été jouées au théâtre par la troupe des Enfans sans soucy, mais dont aucune n’a été imprimée ni conservée.

Une seconde époque de sa vie se joue à Paris, où il publie entre 1574 et 1588 plusieurs traités touchant à l’arithmétique commerciale, l’astronomie et les instruments de mathématique. Sa devise savante grecque « O Theos Kai Kronos », et les pièces liminaires qui précèdent son Arithmétique de 1574, signées des poètes de premier plan que sont Jean Dorat et Jean-Antoine de Baïf, ont fait supposer à Nathalie Z. Davis qu’il avait été impliqué à cette époque dans les travaux de l’Académie de Baïf, puis de celle du Palais (devant lesquelles il aurait pu également présenter les instruments qu’il décrit en 1588). On peut supposer, en tout cas, qu’il n’était pas venu là parler d’arithmétique commerciale, les applications pratiques de cette science y étant jugées indignes d’intérêt. Mais de cette implication dans l’Académie on n’a encore aucune trace archivistique.

Son Arithmétique de 1574 inclut un portrait gravé sur bois, à l’âge de 42 ans[4]. Il a également inclus dans ce volume un sonnet destiné à inculquer de bons préceptes à ses enfants, reproduit dans plusieurs anthologies de la poésie du XVIe siècle :

Enfans, après avoir la marâtre Nature
Coupé le fil des ans à mon cours limité,
Si par fort, ou émus de bonne volonté,
Vous contemplez un jour cette mienne figure,
Voyant la bouche close, & des yeux l’ouverture,
Le front tout découvert, & le poil remonté,
Jugez & soutenez qu’en tout j’ai résisté,
Au trop parler, peu voir, honte & fortune dure.
Que cela vous incite Ă  parler sobrement.
Voyez beaucoup, le veoir meuris le jugement ;
Souffrez plutôt la mort, qu’au front une infamie ;
Résistez à fortune, & qu’elle n’ait pouvoir
De vous faire passer rien outre le devoir :
VoilĂ  le seul tombeau auquel je porte envie.

Ĺ’uvres

Illustration du compas optique, 1588.
  • Les trois journĂ©es d’HĂ©lie le Prophète, tragĂ©die perdue[5].
  • Les deux journĂ©es d’Amon & Thamar, Ĺ“uvre perdue. Thème repris plus tard par Nicolas ChrĂ©tien[6].
  • L’ArithmĂ©tique de Milles Denorry... contenant la rĂ©duction tant de toutes espèces de monnoyes… que des aulnes, brasses, cannes, palmes, poids et autres mesures d’un paĂŻs Ă  l’autre... avec la manière universelle des remises, traictes et retours des changes... Paris : Gilles Corbin, [1574]. 4°, [4]-128 f., illustrations. DĂ©dicace Ă  Claude de Pigeon, maĂ®tre des comptes de la maison de la princesse Élisabeth d'Autriche, Ă©pouse de Charles IX de France. Contient aussi un poème nĂ©o-latin de Jean Dorat et un sonnet de Jean-Antoine de BaĂŻf. Contient encore un sonnet de Norry Ă  la gloire de la France et un autre du mĂŞme dĂ©diĂ© Ă  ses enfants, transcrit plus haut. Paris BIUSG. New York : Columbia University Library, Special Collections. Sur cet ouvrage, voir Davis 1958 p. 3-5 et Davis 1960 p. 39-42, qui expose le contexte de l’œuvre, dans ses liens Ă  l’usure, la religion, la gĂ©omĂ©trie, etc.
  • Les Quatre premiers livres de l'univers, de M. de Norry, ausquels est traitĂ© du nombre, ordre et mouvement des cieux, la description tant poĂ©tique qu'astronomique des quarante huict images cĂ©lestes, des sept planettes, leurs proprietez, grandeurs et influences. Ensemble une table Ă  la fin du livre, servant Ă  l'intelligence des principaux termes astronomiques. – Paris : Gilles Beys, 1583. 4°, 60 f., figures. DĂ©dicace au duc d’Épernon. Paris BNF, Paris Arsenal. Dans cet ouvrage Ă©crit en vers, l’auteur dĂ©fend les thĂ©ories anti-coperniciennes. Voir une analyse dans Busschaert 1999.
  • L'Usage et praticque du compas Ă  huict poinctes sur les 48 problèmes des six premiers livres d'Euclide... par M. Denorry... - Paris : pour Guillaume Linocier, 1588. 8°, [4]-20 f., figures. Paris BIUSG. Exemplaire numĂ©risĂ© sur Internet Archive.
  • L’usage du compas optique... par M. Denorry... – Paris : Guillaume Linocier, 1588. 8°, 10 f. avec planche dĂ©pliante. DĂ©dicace Ă  Charles Robineau. Paris BIUSG : 3 exemplaires pas tous identiques. Un exemplaire numĂ©risĂ© sur Internet Archive. L'instrument avait Ă©tĂ© fabriquĂ© par Philippe Danfrie (le jeune).

Pièces liminaires

Milles de Norry a écrit des pièces liminaires dans les ouvrages suivants :

  • Le Premier [- Second, - Tiers] livre des chansons Ă  quatre [- cinq] parties composĂ©es et mises en musique par M. Jean de Castro, escrites en Anvers par Jean Pollet Lillois demeurant audit Anvers, 1571. 4 ou 5 vol. manuscrits dans une reliure prĂ©cieuse en vĂ©lin dorĂ©. Paris BNF (Mss.) : partie de Superius en ms. fr. 25536, partie de Bassus en n.a.f. 1818. Voir la description des manuscrits dans Brooks 1992 (et p. 107-108 sur Norry). Dans ce recueil, une chanson lui est dĂ©diĂ©e par le possesseur du volume, le marchand lyonnais Justinien Pense :
Je ne veux pas mon precepteur / Du Thebain estre imitateur / Qui comme espris d’une manie / Avecq son luth musicien impatient / Osta la vie au doux-sonnant Threicien / Fils d’Appollon et d’Uranie.
  • Les XXIIII livres de l’Iliade d’Homère, [...] trad. du grec en vers françois, les XI premiers par M. Hugues Salel, [...] et les XII derniers par Amadis Jamin [...] avec le premier & le second de l’OdissĂ©e d’Homère par Jacques Peletier du Mans... – Paris : Lucas Breyer, 1577. 3 parties en 1 vol. 8°. Il Ă©crit ici un sonnet au dĂ©but de la seconde partie.
  • Les Ĺ’uvres poĂ©tiques de Jacques de Courtin de CissĂ©, gentilhomme percheron. – Paris : pour Gilles Beys, 1581. 8°, [8]-96 f. Il Ă©crit un sonnet Ă  l’auteur, commençant par Cypris de milles fleurs sur les rives d’AlphĂ©e...
  • Il Ă©crit en poème en l’honneur de Jean Dorat au dĂ©but des Poematia de cet auteur (Paris : Guillaume Linocier, 1586, 3 parties en un vol. 8°).

Notes

  1. Archives Municipales de Lyon : GG 87 pièce 4.
  2. Idem, CC 150.
  3. Idem, CC 275-1.
  4. Portrait reproduit dans Brooks 1992 p. 108.
  5. Citée par Du Verdier vol. 5, p. 74-75.
  6. MĂŞme source.

Références

  • Jeanice Brooks. « Jean de Castro, the Pense partbooks and musical culture in sixteenth-century Lyons ». In Early music history 11 (1992) p. 91-149.
  • Catherine Busschaert. « Milles de Norry, mathĂ©maticien et poète ». In Sciences et religions : de Copernic Ă  GalilĂ©e (1540-1610) ; actes du colloque international, Rome, 12-, organisĂ© par l'École française de Rome en collab. avec l'École nationale des chartes et l'Istituto italiano per gli studi filosofici. - Rome : École française de Rome, 1999. (p. 375-384). Texte consultable sur en ligne.
  • Natalie Zemon Davis. « Mathematicians in the sixteenth-century French Academies : some further evidence ». In Renaissance News 11 (1958) p. 3-10.
  • Natalie Zemon Davis. « Sixteenth century French arithmetics on the business life ». In Journal of the History of Ideas 21 (1960) p. 18-48.
  • Antoine Du Verdier. La Bibliothèque... Lyon : 1585. RĂ©Ă©d. Paris, 1772, Ă©d. Rigoley de Juvigny.

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