Mesure à dix-sept temps
La mesure à dix-sept temps est une mesure irrégulière très rare. Les dix-sept pulsations sont organisées en diverses combinaisons de mesures binaires et ternaires[note 1], ce qui entraîne un nombre variable de temps forts et de temps faibles. Il s'agit, la plupart du temps, d'une carrure de plusieurs mesures comptant au total dix-sept temps plutôt que d'une seule mesure.
On peut la trouver dans la musique classique et contemporaine mais également dans la musique pop et rock actuelle.
Historique
Dans le répertoire de la musique pour piano, la 6e pièce, Andante epico des Douze esquisses pour piano, op.1 (1911) d'Alexeï Stantchinski, est notée à
au-dessus de groupes de quatre mesures à
+
+
+
:
Le compositeur a précisé cette indication de mesure pour clarifier la carrure inhabituelle de cette esquisse[1].
Notation
Dans un article de la revue Contrechamps, Bernd Alois Zimmermann note ce souvenir d'un concert d'Eliott Carter : « Je me souviens que Carter, après avoir lu une critique qui déplorait la complexité de ses partitions en mentionnant une mesure où l'on comptait dix-sept temps, me dit plaisamment : « Vous savez, je n'attends pas du public qu'il vienne à mes concerts pour compter jusqu'à dix-sept ». Avec la musique de Carter, la difficulté n'est pas tellement liée à l'écoute de ce qui est écrit, mais plutôt au fait de ne pas entendre ce à quoi on s'attend[2] ».
Il convient de signaler que les deux dernières mesures du Klavierstück IX pour piano de Karlheinz Stockhausen sont notées à
, soit une mesure théoriquement équivalente à
.
Œuvres employant des mesures à dix-sept temps
Musique classique
- 21e des Vingt-quatre préludes pour piano, op.11 (1896) d'Alexandre Scriabine, où le musicologue Georges Conus met en évidence une organisation symétrique à dix-sept temps (
)[3] - La 2e mesure de Talea (1986) de Gérard Grisey, pour flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano, est une mesure silencieuse notée à
…
Musiques pop et rock
Musique de film
- Thème de Valley of the Dolls d'André Previn, composé pour l'adaptation cinématographique du roman de Jacqueline Susann, enregistré par Dionne Warwick sur une succession régulière de mesures à
+
+
+
+
. Plutôt qu'une mesure de 17 temps, il s'agit d'une carrure de 5 mesures contenant 17 temps.
Bibliographie
Monographies
- Manfred Kelkel, Alexandre Scriabine : Un musicien à la recherche de l'absolu, Paris, Éditions Fayard, , 412 p. (ISBN 2-213-60365-0)
Articles
- Bernd Alois Zimmermann, « Souvenirs sur Eliott Carter », Contrechamps, no 5-7, Librairie L'age d'homme,
Notes discographiques
- (de + en) Ekaterina Derzhavina (trad. J.M. Berridge), « Alexey Wladimirowich Stanchinsky, Piano Works », p. 11–18, Vienne, Günter Hänssler PH17003, 2017.
Notes et références
Notes
- Pour rappel : une mesure « binaire » est basée sur une unité de durée comme la blanche (mesure notée sur 2), la noire (mesure notée sur 4) ou la croche (mesure notée sur 8), etc. avec un nombre égal à 2 ou l'un de ses multiples pour le nombre d'unités par mesure — ainsi,
,
et
,
et
, etc. sont des mesures binaires.Une mesure « ternaire » présente un nombre égal à 3 (ou l'un de ses multiples) unités de durée par mesure — ainsi,
,
et
,
et
, etc. sont des mesures ternaires.Une mesure « binaire » se compose d'un temps « fort » suivi d'un temps « faible », ou d'une succession régulière de temps « fort » et « faible ».Une mesure « ternaire » est composée d'un temps « fort » suivi de deux temps « faibles », ou d'une succession régulière de temps « fort », « faible » et « faible ».
Références
- Derzhavina 2017, p. 16.
- Bernd Alois Zimmermann 1985, p. 137
- Manfred Kelkel 1999, p. 296
- « Crystalline », bjork.fr (consulté le )
- « Hollow », bjork.fr (consulté le )
- « Moon », bjork.fr (consulté le )