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Maxime Cervulle

Maxime Cervulle, nĂ© en 1983[1], est professeur en sciences de l’information et de la communication Ă  l'UniversitĂ© de ParisVIII Vincennes - Saint-Denis.

Maxime Cervulle
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Biographie

Maxime Cervulle est co-directeur du Centre d’études sur les mĂ©dias, les technologies et l’internationalisation (CEMTI). Il est Ă©galement co-directeur de la Mention de Master Culture et communication, responsable du parcours de Master « MĂ©dias et rapports sociaux de classe, race, genre » et membre du Conseil scientifique du GIS Institut du Genre[2]. Ses thĂšmes de recherche principaux sont les enjeux de diversitĂ© et les questions de genre dans les mĂ©dias et les arts, mais aussi l'Ă©tude des publics et de la rĂ©ception des contenus mĂ©diatiques.

Il travaille dans une perspective inspirée par les Cultural Studies. Il a ainsi écrit avec Nelly Quemener un manuel présentant ce champ de recherche d'origine britannique : Cultural studies : théories et méthodes, publié en 2015 aux éditions Armand Colin et réédité en 2018 dans une version augmentée[3]. La présence de lacunes dans la bibliographie[4], l'absence de traductions de textes majeurs issus de cette tradition de pensée, ou de traditions connexes, l'ont conduit à participer activement à la traduction d'ouvrages universitaires en lien avec les Cultural studies, les études de genre ou la sociologie du racisme. Il a ainsi traduit l'ouvrage de Judith Butler, Défaire le genre, et contribué à faire connaßtre en France l'un des pionniers des Cultural studies, Stuart Hall, en compilant deux anthologies de ses textes[5] - [6].

En 2021, il dirige avec Sarah LĂ©cossais pour le Collectif 50/50 une enquĂȘte intitulĂ©e « CinĂ©galitĂ©s » qui analyse le genre, l’origine ou encore la catĂ©gorie socioprofessionnelle des personnages de 115 films français sorites en 2019, parmi lesquels figurent les cent films ayant disposĂ© des plus importants budgets et les cent films ayant rĂ©alisĂ© le plus d’entrĂ©es en salle[7]. Le rĂ©sultat de l'enquĂȘte montre une forme de dĂ©calage entre les personnages prĂ©sent Ă  l'Ă©cran et la sociĂ©tĂ© française[8].

Dans le blanc des yeux et le concept de « blanchité »

Il est l'un des premiers Ă  avoir importĂ© et expliquĂ© le concept de blanchitĂ©, dans son livre Dans le blanc des yeux : diversitĂ©, racisme et mĂ©dias publiĂ© en 2013 et rĂ©Ă©ditĂ© en 2021[9] - [10]. Le concept de blanchitĂ© est la traduction du concept de « whiteness », elle est proposĂ©e par Judith Ezekiel en opposition Ă  la traduction par le concept blanchitude[11]. Issu d'un champ de recherche anglophone appelĂ© Whiteness Studies ou Critical White Studies, le concept de blanchitĂ© renvoie selon lui « aux modalitĂ©s dynamiques par lesquelles, en certains contextes sociohistoriques, certains individus ou groupes peuvent ĂȘtre assignĂ©s (selon un processus d’allo-identification) ou adhĂ©rer (selon un processus d’auto-identification) Ă  une ‘identitĂ© blanche’ socialement gratifiante »[12]. L'auteur retrace l'histoire de ce concept et la diversitĂ© de ses usages dans des approches plus ou moins matĂ©rialistes, ou plus ou moins libĂ©rales. C'est Ă  ce titre qu'il propose dans l'ouvrage une critique de la notion de "privilĂšge blanc". Il Ă©voque aussi l'analyse de Toni Morrison, qui montre la formation littĂ©raire d'une « identitĂ© blanche imaginaire » prĂ©sentĂ©e comme neutre et universelle[13].

Pour l'auteur, c'est en interrogeant la notion de « diversité » au cinéma et à la télévision, et la naturalisation de l'absence de diversité, qu'il en est venu à donner une place centrale à la question de la blanchité dans ses travaux[14]. Son livre Dans le blanc des yeux propose ainsi de reconsidérer les débats relatifs à la diversité dans les médias et au cinéma au prisme des apports des travaux sur la blanchité, ce qui le conduit à critiquer certains des termes élémentaires de la politique de diversité menée en France depuis 2005, par exemple la notion de "minorités visibles", qui redouble la stigmatisation. Il est l'auteur d'une thÚse sur ce sujet, qu'il a soutenu en 2011 à l'université Panthéon-Sorbonne[15] sous la direction de Bernard Darras[16] - [17].

« Homo exoticus »

Son premier ouvrage Homo exoticus Ă©crit avec Nick Rees-Roberts (en) propose une analyse critique des conflictualitĂ©s de classe, de race et de genre dans la culture visuelle gay, qui s'inscrit dans la lignĂ©e des cultural studies et des thĂ©ories queer[18]. Il est considĂ©rĂ©, d'aprĂšs le site web de l'universitĂ© de Bristol, comme la premiĂšre publication acadĂ©mique en français Ă  combiner thĂ©orie queer et critique postcoloniale[19]. Les auteurs livrent dans cet ouvrage une analyse, non exhaustive, des politiques et des reprĂ©sentations gay en France, marquĂ©es par une volontĂ© assimilationniste et l’universalisme rĂ©publicain. Mais ces politiques ignorent les enjeux de classe et de race qu’implique la lutte pour l’égalitĂ©, et finissent par rejeter Ă  la pĂ©riphĂ©rie les groupes ethniques et les minoritĂ©s sexuelles[18]. Ils situent l'« Homo exotique » dans le cadre d'une rĂ©ponse critique Ă  l'hostilitĂ© ouverte du gouvernement Sarkozy envers les immigrĂ©s et aux incertitudes postcoloniales plus larges[19]. Un gouvernement marquĂ© par l'affaire FrĂ©dĂ©ric Mitterrand, ministre de la culture accusĂ© de pĂ©dophilie en 2009, aprĂšs avoir racontĂ© ses rencontres avec de jeunes garçons thaĂŻlandais dans un livre autofictionnel : La mauvaise vie. Le livre de Maxime Cervulle et Nick Rees-Roberts s'ouvre sur l'analyse de cette affaire[18]. Ils Ă©tudient les reprĂ©sentations et les discours de la pornographie gay française ou du cinĂ©ma d'auteur, comme celui de GaĂ«l Morel ou de François Ozon, qui font des corps de l’ouvrier maghrĂ©bin ou du jeune de banlieue un objet de fantasmes et d’excitation[18]. Le cinĂ©ma d'auteur ou pornographique dĂ©montre la place centrale des rapports sociaux de race et de classe dans la fabrique des fantasmes[20]. Ils dĂ©noncent la prĂ©dilection pour le garçon arabe chez les gays[19] qu'ils qualifient d'Ă©rotisme postcolonial[20], qui contraste avec la vie gay en France qui exclut clairement les sans-papiers et les Ă©trangers[21]. Maxime Cervulle reprend le concept d'homonationalisme, dĂ©veloppĂ© par la thĂ©oricienne queer amĂ©ricaine Jasbir Puar, pour analyser le comportement occidental qui cherche Ă  imposer ces valeurs Ă  des pays jugĂ©s homophobes en dĂ©veloppant parfois des discours racistes ou xĂ©nophobes. Il s'exprime Ă  ce sujet aprĂšs la polĂ©mique de l'affiche de la marche LGBT de 2011 ou encore au sujet d'un dĂ©bat sur Pink TV posant la question : faut-il boycotter les pays homophobes[21] ? Il dĂ©fend le droit Ă  d'autres formes de sexualitĂ© et d'identitĂ© que celle du consommateur gay occidental[22]. Il a traduit un ouvrage de Jasbir Puar qui aborde la question de l'homonationalisme aux Etats-Unis dans le contexte d'aprĂšs 11 septembre.

Autres activités

En 2008, il co-organise le premier Festival international du film porno de Paris (Paris Porn Film Fest), l'objectif est de diffuser en salle, accompagnés de débats, des films qui remettent en cause les normes habituelles de représentation des sexualités. La majorité des films programmés proposent des points de vue féministes ou queers et sont réalisés par des femmes[15].

Publications

Pour une liste de ses publications plus complĂšte voir le site du CEMTI[23].

Ouvrages

  • Maxime Cervulle et Nick Rees-Roberts (en), Homo exoticus. Race, classe et critique queer, Armand Collin et Ina Ă©ditions, 2010.
  • Maxime Cervulle, Dans le blanc des yeux, DiversitĂ©, racisme et mĂ©dias, Amsterdam, 2013. Seconde Ă©dition augmentĂ©e en 2021.
  • Maxime Cervulle et Nelly Quemener, Cultural Studies, ThĂ©ories et mĂ©thodes, Armand Collin, 2015.

Ouvrages collectifs

  • Collectif, Penser Ă  gauche, Figures de la pensĂ©e critique aujourd'hui, Amsterdam, 2011
  • Anne Isabelle François (dir.), Maxime Cervulle (dir.) et Patrick Farges (dir.), Marges du masculin : exotisation, dĂ©placements, recentrements, L'Harmattan, coll. "IdentitĂ©s, Genres, SexualitĂ©s", 2015.
  • Maxime Cervulle et Nelly Quemener, Queer, dans Juliette Rennes (dir.) EncyclopĂ©die critique du genre, La dĂ©couverte, 2016.
  • Maxime Cervulle (dir.), Nelly Quemener (dir.), Florian Voros (dir.), MatĂ©rialismes, culture & communication, Tome 2, Cultural studies, thĂ©ories fĂ©ministes et dĂ©coloniales, Presses des Mines, 2016.
  • Stuart Hall, Maxime Cervulle (dir.), IdentitĂ©s et cultures 1, Politiques des Cultural Studies, trad. Christophe Jaquet, Amsterdam, 2017.
  • Stuart Hall, Maxime Cervulle (dir.), IdentitĂ©s et cultures 2, Politique des diffĂ©rences, trad. Florian Vörös et AurĂ©lien Blanchard, Amsterdam, 2019.
  • Maxime Cervulle, dans Malek Bouyahia (dir.), Franck Freitas-EkuĂ© (dir.) et Karima Ramdani (dir.), Penser avec Stuart Hall, La dispute, 2021

Traductions

  • Eve Kosofsky Sedgwick, ÉpistĂ©mologie du placard (1990), trad. : Maxime Cervulle, Amsterdam, 2008.
  • Terkel Studs, Race. Histoires orales d’une obsession amĂ©ricaine, trad. : de Maxime Cervulle, Myriam Dennehy et Christophe Jaquet, Amsterdam, 2010.
  • Jasbir K. Puar, Homonationalisme, Politique Queer aprĂšs le 11 septembre, trad. : Maxime Cervulle et Judy Minx, Amsterdam, 2012.
  • Raewyn Connell, MeoĂŻn HagĂšge (dir.) et Arthur Vuattoux (dir.), MasculinitĂ©s, Enjeux sociaux de l'hĂ©gĂ©monie, trad. : Claire Richard, ClĂ©mence Garrot, Florian Vörös, Marion Duval et Maxime Cervulle, Amsterdam, 2014.
  • Florian Vörös (dir.), Cultures pornographiques, Anthologie des porn studies, trad : Maxime Cervulle, Marion Duval, ClĂ©mence Garrot, Lee Lebel-Canto, Fred Pailler et Nelly Quemener, Amsterdam, 2015.
  • Judith Butler, DĂ©faire le genre, trad. Maxime Cervulle, Amsterdam, 2016.

Autres

Notes et références

  1. « Catalogue SUDOC » (consulté le )
  2. « Un Haut Conseil Ă  l’égalitĂ© entre femmes et hommes
 Ă  la composition sexiste ! », LibĂ©ration,‎ , p.26 (lire en ligne).
  3. Cultural Studies, (lire en ligne)
  4. Sonya Faure, « « Whiteness studies » | Interview Maxime Cervulle : « Etudier les avantages que confĂšre le fait d’ĂȘtre perçu comme blanc » », LibĂ©ration,‎ , p.18 (lire en ligne)
  5. Stuart Hall (Ă©dition Ă©tablie par Maxime Cervulle), IdentitĂ©s et cultures, vol. 1 Politiques des Cultural Studies, Paris, Éditions Amsterdam,
  6. Stuart Hall (Ă©dition Ă©tablie par Maxime Cervulle), IdentitĂ©s et cultures, vol. 2, Politiques des diffĂ©rences, Paris, Éditions Amsterdam,
  7. CĂ©cile Bouanchaud, « DiversitĂ© Ă  l’écran : une enquĂȘte souligne la faible part des « non blancs » et des femmes de plus de 50 ans », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  8. « Maxime Cervulle : "Il y a dans les films une forme de décalage avec la société française" », sur France Inter,
  9. Aude Lorriaux, « C’est quoi la « blanchitĂ© » ? », 20 minutes,‎ (lire en ligne)
  10. « Maxime Cervulle : biographie, actualités et émissions France Culture », sur France Culture (consulté le )
  11. Maxime Cervulle, Dans le blanc des yeux, Paris, Amsterdam, , 212 p. (ISBN 978-2-35480-239-4), p. 72
  12. Maxime Cervulle, « La conscience dominante. Rapports sociaux de race et subjectivation », Cahiers du genre,‎ , p. 37-54 (lire en ligne)
  13. Juliette Cerf, « Le “racisme anti-Blancs” serait-il une notion piĂšge ? », TĂ©lĂ©rama,‎ (lire en ligne)
  14. Frantz Durupt, « A l’EHESS, rĂ©flexions sur la question «blanche» », LibĂ©ration web,‎ (lire en ligne)
  15. « « Casser les clichĂ©s du film X » », Le Parisien,‎ (lire en ligne).
  16. « Maxime Cervulle », sur R22.fr (consulté le )
  17. « L'écran blanc », sur SUDOC
  18. Nelly Quemener, « Homo Exoticus », Genre, sexualitĂ© & sociĂ©tĂ©,‎ (lire en ligne)
  19. (en) Aliya Mughal, « French attitudes to race and homosexuality tackled in new book », sur bristol.ac.uk, (consulté le )
  20. Florian Bardou, «Je pensais que le milieu gay serait Ă©pargnĂ© par le racisme. J’ai vite dĂ©chanté», sur slate.fr, (consultĂ© le )
  21. Jean Birnbaum, « Le nouveau nationalisme est-il gay ? », Le monde,‎ (lire en ligne)
  22. Eric Loret, « Interview: «On assiste depuis plusieurs annĂ©es Ă  une vĂ©ritable exotisation de l’homophobie» », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne)
  23. « Chercheurs Permanents, Maxime Cervulle », sur CEMTI (consulté le )

Liens externes

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