Massacre de Tuzla
Le massacre de Tuzla est un bombardement opĂ©rĂ©, le sur la ville du mĂȘme nom, par l'ArmĂ©e de la rĂ©publique serbe de Bosnie durant la guerre de Bosnie-HerzĂ©govine. Au cours de l'attaque, soixante-et-onze civils sont tuĂ©s et prĂšs de deux cents autres sont blessĂ©es, essentiellement des adolescents et jeunes adultes.
Massacre de Tuzla | |
Tuzla, Massacre MĂ©morial-Kapija | |
Localisation | Tuzla, Bosnie-Herzégovine |
---|---|
Cible | civils |
CoordonnĂ©es | 44° 32âČ 17âł nord, 18° 40âČ 34âł est |
Date | 25 mai 1995 |
Type | Assassinat de masse |
Morts | 71 |
Blessés | 200 |
Auteurs | Armée de la république serbe de Bosnie |
Des poursuites ont été engagées dans les années et ont débouché sur une condamnation pour crime de guerre.
DĂ©roulement
Au soir du , date de la « fĂȘte de la jeunesse » instaurĂ©e par Tito[1], l'armĂ©e serbe bombarde le centre de Tuzla en visant notamment des terrasses de cafĂ©s[2]. Les tirs proviennent d'un canon 130 mm[3] situĂ© sur le mont Ozren[4]. Ils constituent « des reprĂ©sailles Ă la double frappe aĂ©rienne effectuĂ©e quelques heures auparavant par des avions de l'Otan sur un dĂ©pĂŽt de munitions prĂšs de Pale, [âŠ] « capitale » des Serbes de Bosnie [âŠ] »[5] en raison de l'absence de rĂ©ponse Ă l'ultimatum lancĂ© la veille par la FORPRONU « exigeant un cessez-le-feu immĂ©diat autour de la capitale bosniaque ainsi que la restitution d'armes lourdes ou leur Ă©vacuation au-delĂ d'un rayon de 20 kilomĂštres, comme le prĂ©voit la « zone d'exclusion » instaurĂ©e en fĂ©vrier 1994 »[6].
Les Nations Unies qualifient l'attaque menée par les serbes de « barbarie médiévale »[7]. Soixante-et-onze personnes sont tuées et prÚs de deux cents sont blessées[2] - [8] - [7]. Les victimes sont des civils, ùgées pour la plupart de dix-huit à vingt-cinq ans[9]. Le lendemain, de nouvelles frappes ont lieu sur la ville[5].
Poursuites judiciaires
En , Novak ÄukiÄ, un officier serbe bosniaque de la VRS au moment des faits, est arrĂȘtĂ© Ă Banja Luka puis livrĂ© Ă la justice bosnienne[10]. Son procĂšs dĂ©bute en . Le , la Cour dâĂtat de Bosnie-HerzĂ©govine (en)[n 1] le dĂ©clare coupable de crime de guerre considĂ©rant qu'en sa qualitĂ© de commandant militaire, il avait ordonnĂ© Ă ses troupes de procĂ©der Ă une attaque indiscriminĂ©e sur le quartier de Kapija en violation du droit international[12]. Les juges prononcent une peine de vingt-cinq annĂ©es d'emprisonnement[13] - [14] - [15]. En , l'appel est rejetĂ© ; le verdict de premiĂšre instance est confirmĂ© de facto[16].
L'exĂ©cution de la peine est finalement suspendue en aprĂšs que la Cour constitutionnelle de Bosnie-HerzĂ©govine (en) ait jugĂ© qu'il y avait eu violation de l'article 7, paragraphe 1 de la Convention europĂ©enne de sauvegarde des droits de l'homme. En , une division d'appel de la Cour d'Ătat opĂšre une rĂ©duction du nombre d'annĂ©es d'emprisonnement en condamnant dĂ©finitivement Novak ÄukiÄ Ă vingt ans[17]. Avant de commencer Ă purger sa peine, il s'enfuit en Serbie, Ă©tat dont il a Ă©galement la nationalitĂ©. Un accord de coopĂ©ration est passĂ© entre les deux pays afin que la Serbie s'acquitte de l'exĂ©cution du verdict[18]. En , Serge Brammertz, alors Procureur du TPIY, juge prĂ©occupant que les autoritĂ©s serbes n'aient toujours pas entrepris de dĂ©marches en ce sens[19].
En puis en , des expertises mĂ©dicales ordonnĂ©es par les juridictions serbes concluent que Novak ÄukiÄ ne peut comparaĂźtre en raison du risque d'aggravation de son Ă©tat de santĂ© et du traitement qu'il suit[18].
Hommages
PlutĂŽt que d'ĂȘtre sĂ©parĂ©es par religion, les victimes sont enterrĂ©es ensemble dans le complexe commĂ©moratif de Slana Banja[20]. En , un musĂ©e commĂ©moratif est ouvert ; l'ONG Balkan Investigative Reporting Network fait don Ă la municipalitĂ© d'archives dont celles portant sur le procĂšs de Novak ÄukiÄ[21].
RĂ©visionnisme
En , dans un entretien avec le tabloĂŻd serbe VeÄernje Novosti, Novak ÄukiÄ soutient qu'« il mĂ©rite d'avoir son nom sur le monument de Tuzla » et impute l'attaque Ă une bombe cachĂ©e par « sept terroristes islamiques ». La chaĂźne Radio Televizija Republike Srpske, qui avait transmis ce texte, est condamnĂ©e Ă une amende de 6 000 euros par l'Agence de rĂ©gulation des communications de Bosnie-HerzĂ©govine[22].
En , Novak ÄukiÄ assiste Ă un Ă©vĂ©nement organisĂ© par le ministĂšre de la DĂ©fense serbe Ă Belgrade autour du livre The Gate of Tuzla â a Staged Tragedy, Ă©crit rĂ©visionniste d'Ilija BrankoviÄ. La promotion de l'ouvrage est condamnĂ©e par Dunja MijatoviÄ, commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, celle-ci considĂ©rant que le livre « falsifie les faits » de [23] - [24]. Sefik Dzaferovic, membre bosniaque de la prĂ©sidence de Bosnie-HerzĂ©govine[25] et Tanja Fajon, prĂ©sidente du ComitĂ© du Parlement europĂ©en pour la stabilisation et l'association de la Serbie Ă l'Union europĂ©enne[26] figurent Ă©galement parmi les voix qui s'Ă©lĂšvent contre cet Ă©crit.
Articles connexes
- Incident de la colonne de Tuzla en 1992 (en)
Liens externes
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « 25 May 1995 Tuzla massacre » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Cette juridiction, au sein de laquelle existe une section spécialisée dans les crimes de guerre, a été créée avec la coopération du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie afin que les poursuites au niveau national se développent en parallÚle de celles menées sur le plan international[11].
Références
- « Villes martyres », Le Monde,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Remy Ourdan, « Le massacre de Tuzla entraßne de nouveaux raids de l'OTAN Les artilleurs serbes ont ouvert le feu sur deux cafés de la ville bosniaque, faisant soixante et onze morts. Tandis que deux cents « casques bleus » étaient pris en otage à Sarajevo, les Occidentaux répliquaient par de nouvelles frappes aériennes », sur Le Monde.fr, (consulté le )
- « Bosnie-HerzĂ©govine. âNous, on ne veut plus se faire avoir par la guerreâ », sur Courrier international, (consultĂ© le )
- (bs) « Tuzla: Osamnaest godina od zloÄina na Kapiji », sur balkans.aljazeera.net, (consultĂ© le )
- « ScÚnes d'horreur à Tuzla », sur liberation.fr, (consulté le )
- Marc Semo, « Bosnie: l'Otan frappe, les Serbes bombardent les zones de sécurité », sur liberation.fr, (consulté le )
- (en-US) Roger Cohen, « Conflict in the Balkans - The overview: after 2nd Strick from NATO, Serbs detain UN Troops », The New York Times,â (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consultĂ© le )
- Alain Finkielkraut, « Ne pas laisser l'image des morts ensevelir les morts », sur liberation.fr,
- Françoise Wallemacq, « Bosnie-Herzégovine : il y a 25 ans, Sandro, 2 ans, fauché par un obus à Tuzla, avec des dizaines d'autres jeunes », sur rtbf.be,
- « Un ex-général serbe bosniaque inculpé pour crimes de guerre », sur RTL Info, (consulté le )
- « Développement des instances judiciaires nationales », sur icty.org (consulté le )
- (en) Mark Kersten, « Tuzla Bombing Victims Get Justice: ÄukiÄ Convicted of War Crimes »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?), sur www.digitaljournal.com, (consultĂ© le )
- (en) « Bosnian Serb jailed for massacre », sur BBC, (consulté le )
- AFP, « Crimes de guerre : un Serbe condamné », sur Lefigaro.fr, (consulté le )
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- (hr) « ÄukiÄ Novak »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?), sur Sud Bosne i Hercegovine (consultĂ© le )
- (en-US) Milica Stojanovic, « âUnwellâ Bosnian Serb Generalâs Trial Suspended to September 2021 », sur Balkan Insight, (consultĂ© le )
- « Allocution de Serge Brammertz, Procureur du Tribunal pĂ©nal international pour lâex-Yougoslavie et du MĂ©canisme pour les Tribunaux pĂ©naux internationaux, devant le Conseil de sĂ©curitĂ© de lâONU », sur icty.org, (consultĂ© le )
- (en) Tea Hadziristic, « Here we donât live just to live: On Tuzlaâs Kapija Massacre and the Politics of Selective Memory », sur balkanist.net,
- (en) « BIRN Bosnia Gives Archive Material to Tuzla Memorial Centre », sur birn.eu, (consulté le )
- (en) « The State of Serbia Continues to Crime and Hide Novak ÄukiÄ, the Murderer of the Tuzla Youth », sur yihr.rs,
- (en) « MijatoviÄ condemns falsifying facts of war crime at Tuzla Gate », sur fena.ba,
- (en) Mersiha Gadzo, « Serbiaâs defence ministry slammed for promoting revisionism », sur aljazeera.com, (consultĂ© le )
- (en) « Statement by Ć efik DĆŸaferoviÄ, member of the Presidency of Bosnia and Herzegovina »,
- (en) « MEP: No place for denial of crimes in Europe »,