Marie-Louise Bouglé
Marie-Louise Françoise Bouglé, née à Argouges le [1] et morte à Paris 13e le [1], est une féministe française.
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Décès |
(Ă 53 ans) 13e arrondissement de Paris |
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Militante pour les droits des femmes |
Biographie
Marie-Louise Bouglé est la benjamine d'une famille de onze enfants. Son père est briquetier[2]. Elle quitte l'école à 10 ans. Orpheline à 11 ans, elle rejoint sa sœur à Paris. Le jour elle travaille comme vendeuse. Le soir, elle apprend la sténo, la comptabilité, l'anglais, l'espagnol, l'allemand et suit des conférences dans des universités populaires.
Elle devient secrétaire-comptable et caissière dans un restaurant en échange de repas gratuits[3].
Constitution d'une bibliothèque féministe
En 1910, elle assiste à une conférence de Cécile Brunschwicg. Elle découvre les mouvements féministes et adhère à l'Union française pour le suffrage des femmes (UFSF). Après la guerre 14-18, elle prend conscience de l'importance de documenter, centraliser et rassembler les documents sur les mouvements féministes et pacifistes. En 1921, Marie-Louise Bouglé commence à constituer une bibliothèque chez elle. En 1923, sa bibliothèque est constituée de 12 000 documents, qu'elle ouvre au public deux soirs par semaine.
Elle retrouve les descendants des féministes du XIXe siècle. Elle contacte les héritiers de Léon Richer, Caroline Kauffmann, obtenant des legs. Elle récolte et rassemble la correspondance personnelle et les photos de ses amies et de ses collègues, les manuscrits de leurs notes destinées à des biographies inachevées de femmes célèbres et de leurs études consacrées aux conditions de travail des femmes.
La réputation de sa bibliothèque s'accroît. Elle fait des échanges avec d'autres bibliothèques féministes étrangères[2].
Conservation de la bibliothèque et du fonds documentaire
Après son mariage en 1933, Marie-Louise Bouglé se consacre entièrement à son travail de bibliothécaire et d’archiviste de documents féministes. Elle quitte sa petite chambre du 10e arrondissement pour s'installer elle et sa bibliothèque dans le 13e arrondissement de Paris.
Après sa mort prématurée en 1936, l'association des amis de la bibliothèque de Marie-Louise Bouglé est constituée. Elle est présidée par son mari, André Mariani et animée par Henriette Sauret. La présidence d’honneur revient à Cécile Brunschvicg[4].
Le principe d’une dation à la seule bibliothèque féministe de l’époque, celle de Marguerite Durand a été écarté par Marie-Louise Bouglé de son vivant en raison de divergences idéologiques entre elle et Marguerite Durand. Les proches de Marie-Louise Bouglé tentent de trouver un lieu de dépôt pour ce fonds dont aucune bibliothèque ne veut sous prétexte qu’il est dénué d'intérêt historique.
En 1942, André Mariani décide de léguer le fonds à la Bibliothèque nationale. Finalement, c'est la Bibliothèque historique de la ville de Paris qui en hérite, en 1946. Un premier inventaire est publié par Maïté Albistur dans une thèse parue en 1982[3].
Aujourd'hui, les 6 686 ouvrages de Marie-Louise Bouglé sont consultables à la bibliothèque, et les archives des personnalités féministes recueillies par Marie-Louise Bouglé sont petit à petit décrites sur le portail des bibliothèques patrimoniales de la Ville de Paris[2].
Ce fonds et la bibliothèque Marguerite-Durand conservent des archives essentielles de l'histoire de la première vague du féminisme en France[5].
Description du fonds
Deux thèmes majeurs caractérisent le fonds Marie-Louise Bouglé, le suffragisme et le pacifisme. L'intérêt de ce fonds réside également dans le grand nombre d'images (photographies, affiches, cartes postales) insérées dans les dossiers[3].
- les archives d'une trentaine de personnalités féministes de la première moitié du vingtième siècle : dossiers de travail, correspondances, brouillons de leurs écrits
- 331 titres de périodiques de 1833 à 1940
- 1 148 dossiers biographiques de femmes, de féministes, parfois d'hommes célèbres étudiés dans leurs relations avec les femmes, constitués de coupures de presse
- documentation de 14 grands congrès féministes de 1882 à 1937
Le fonds Hubertine Auclert comporte 380 lettres de 1879 Ă 1914 qui concernent essentiellement les luttes suffragistes, ainsi que 450 articles d'Hubertine Auclert.
Le fonds Louise Bodin est constitué de la correspondance entre Louise Bodin et Colette Reynaud de 1917 à 1921.
Le fonds Jeanne Bouvier rassemble les manuscrits de ses œuvres publiées et le Dictionnaire des femmes, encyclopédie non publiée.
Le fonds Marthe Bray contient des documents de propagande suffragiste.
Le fonds Ferdinand Buisson concerne les actions en faveur du droit de vote des femmes pour la période 1898-1913.
Le fonds Céline Renooz est composé principalement de mémoires inédites, d'ébauches de textes et d'une très volumineuse correspondance. On y trouve aussi rassemblée et ordonnée une documentation qui reflète les sujets de prédilection et la personnalité de Renooz.
Notes et références
- « Acte de décès no 2775 (vue 20/21) du registre des décès du 13e arrondissement de Paris », sur Archives de Paris (consulté le ) - Note. Dans l'acte de décès on mentionne le lieu et la date de sa naissance.
- Christine Bard dir., Annie Metz, Valérie Neveu, Guide des sources de l'histoire du féminisme : de la Révolution française à nos jours, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, , 442 p. (ISBN 2-7535-0271-4), p. 156
- Maïté Albistur, « Une nouvelle demeure de Clio ou les archives Marie-Louise Bouglé », Matériaux pour l'histoire de notre temps, vol. 1, no 1,‎ , p. 27–28 (DOI 10.3406/mat.1985.403984, lire en ligne, consulté le )
- Christine Bard, « Les gardiennes de la mémoire - Archives du Féminisme », Archives du Féminisme,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Annie Metz, « Mises en ligne », Archives du féminisme, bulletin n°28, 2020, p. 15.
Sources
- Maïté Albistur, Inventaire des archives Marie-Louise Bouglé déposées à la Bibliothèque municipale de Paris, le , Thèse de 3e cycle de l’université de Paris vii, 1982.
- Maïté Albistur, « Une nouvelle demeure de Clio ou les archives Marie-Louise Bouglé », Matériaux pour l'histoire de notre temps, 1985, vol. 1, no 1. [lire en ligne]