AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Manhwabang

Les manhwabangs sont des bibliothÚques et salles de lecture privées de manhwa en Corée du Sud. Elles sont similaires à des comic books room. Elles permettent 24h/24, et 7 jours sur 7, de louer à l'heure et de lire sur place des manhwas. Elles permettent ainsi de lire des manhwa à bon marché (la lecture d'un album coûte environ 20 cents).

Manhwabang
Hangeul 만화방
Hanja æŒ«ç•”æˆż
Romanisation révisée Manhwabang
McCune-Reischauer Manhwapang

Histoire

NĂ©es Ă  la fin des annĂ©es 1950, ces petites Ă©choppes bibliothĂšques privĂ©es connaissent trĂšs vite le succĂšs, en proposant caricatures contre le rĂ©gime et manhwa Ă  faible prix. Elles font vivre du lien social, sont une Ă©chappatoire Ă  un rĂ©gime longtemps non-dĂ©mocratique et leur activitĂ© reprĂ©sente une part importante de l'Ă©conomie du manhwa en CorĂ©e. En effet, la plupart des manhwa proposĂ©s sont des rĂ©ponses anti-communistes au gouvernement autoritaire et totalitaire de la pĂ©riode de la constitution Yusin dans les annĂ©es 1970. Pour ce faire, les manhwa pour adultes, proposent un mĂ©lange entre des discours envers le rĂ©gime et des contenus bien plus sexualisĂ©s et Ă©rotiques. Ces annĂ©es marquent donc un changement profond dans la maniĂšre de produire et de consommer des manhwa. Ceux-ci mettent davantage en scĂšne des personnages, notamment des espionnes, voire les diffĂ©rents dirigeants politiques, de maniĂšre Ă©rotisĂ©e. Ce phĂ©nomĂšne est significatif pour la culture populaire, qui peut se permettre d’évoluer de façons contraires aux exigences des autoritĂ©s[1].

Années 1980-1990

Les manhwabangs connaissent une expansion dans les annĂ©es 1980. Ils s’inspirent des mangas cafĂ© japonais, qui prennent la forme de cubicule pour 1 ou 2 personnes. Ceux-ci permettent d’avoir accĂšs Ă  une connexion Internet, Ă  des mangas, des films et des jeux vidĂ©os, Ă  bas prix. En CorĂ©e du Sud, ces diffĂ©rents services sont plus communĂ©ment scindĂ©s en plusieurs lieux[2].

Cependant, cet essor se voit diminuer lors de la dĂ©cennie des annĂ©es 1990, et est trĂšs Ă©troitement liĂ© Ă  la relation que la bande-dessinĂ©e corĂ©enne et celle japonaise entretiennent. Le trĂšs rĂ©putĂ© magazine japonais, Shonen Jump, possĂ©dait une ligne Ă©ditoriale propice Ă  son expansion, mettant de l’avant de nouveaux artistes et en priorisant les tendances littĂ©raires du moment. L’équivalent corĂ©en, IQ Jump, en voulant suivre cette tendance n’a malheureusement pas rĂ©ussi Ă  populariser de la mĂȘme maniĂšre ses manhwa. Par consĂ©quent, en valorisant les mangas japonais, les nouveaux artistes ont pris peu Ă  peu le dessus sur ceux dĂ©jĂ  Ă©tablis, menant Ă  un vĂ©ritable changement, voire rupture, dans la production et la consommation des manhwa corĂ©ens traditionnels[3].  

Années 2000

Cependant, depuis les annĂ©es 2000, les manhwabangs disparaissent petit Ă  petit, Ă  l’instar des PC bang ou encore des norae bang, qui s’inscrivent davantage dans les besoins des utilisateurs actuels.

Aujourd’hui, les manhwabangs peuvent Ă©galemment prendre la forme de site internet, en donnant l’accĂšs Ă  des versions numĂ©risĂ©es de manhwa, en Ă©change d’un faible coĂ»t pour la journĂ©e de l’emprunt[4].

Face Ă  cette disparition progressive des manhwabangs, ceux-ci en viennent Ă  ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des lieux rĂ©tro ou vintage, notamment puisqu’ils permettent de cĂ©lĂ©brer la pĂ©riode de prospĂ©ritĂ© des manhwa (c’est-Ă -dire des annĂ©es 1970 Ă  1990). « Manhwabang is one of the examples Koreans have recreated to celebrate 7080 manga and visual culture »[5]. Cette nostalgie pour cette Ă©poque a menĂ© Ă  la crĂ©ation de musĂ©es, reconstituant des manhwabangs, afin que les visiteurs puissent se rappeler leur imaginaire d’enfant, et de se replonger dans l’atmosphĂšre qu’offrait ces lieux, un manga entre les mains jusqu’à tard dans la nuit.

Particularités

Tout comme les bibliothĂšques de la 3Ăšme gĂ©nĂ©ration qui cherchent Ă  s’inscrire dans une dynamique de troisiĂšme lieu, les manhwabangs rĂ©pondent Ă  ces critĂšres concernant l’amĂ©nagement et la conception de l’espace en bibliothĂšque, notamment en incarnant la notion de « dividual space »[2]. Cette maniĂšre de concevoir l’espace individuel dĂ©montre une distinction floue et mouvante entre l’urbanitĂ© et la domesticitĂ©. Cette sĂ©paration s’applique au design des plus petits espaces, mais rĂ©sonne aussi avec la maniĂšre de concevoir la ville plus gĂ©nĂ©ralement, aussi bien au Japon qu’en CorĂ©e du Sud. Les manhwabangs doivent ĂȘtre vus comme des « zones liminaires, oĂč les individus peuvent se comporter de maniĂšre privĂ©e et intime, dans un lieu privé»[2]. Cela est d’autant plus rĂ©aliste que les manhwabangs proposent l’accĂšs Ă  de nombreux manhwa pour adultes, comportant des scĂšnes de nuditĂ©. Ces lieux sont davantage frĂ©quentĂ©s par des hommes[2].

On y trouve principalement les productions des petits éditeurs indépendants, qui proposent des revues d'une centaine de pages publiées à des intervalles plus ou moins réguliers et qui ne sont disponibles que dans les manhwabangs. Certains réseaux de manhwabangs distribuent des séries en exclusivité.

Des Ă©tudes[6] dĂ©montrent l’importance significative de ce lieu dans la vie des corĂ©en.nes. On peut en retrouver Ă  l’étranger, notamment Ă  Auckland en Nouvelle-ZĂ©lande, oĂč des manhwabangs prennent vie. Ceux-ci sont souvent combinĂ©s avec d’autres services, tels les PC bang (accĂšs Ă  Internet), les bidio bang (aux vidĂ©os) ou encore les norae bang (le chant). « This kind of agglomeration of services is not common in South Korean cities and seems to reflect a very explicit effort to create a space of familiarity for Korean students, migrants or others in Auckland »[6]. Cela peut leur permettre une forte connexion avec cette part de leur culture.

Depuis , les manhwabangs sont non-fumeurs.

En 2002, on compte de plus de dix mille manhwabangs réparties dans tout le pays (sources KOCCA, 2003).

En 2002, les locations de manhwa dans les manhwabangs représentaient un marché de 514 millions de wons soit 428 millions d'euros. Par comparaison, les ventes de manhwa ne représentaient que 72,36 millions de wons. (sources KOCCA, 2003)

Notes et références

  1. (ko) Jeenee Jun, « Representations of Anti-Communism and Sexuality in Popular Culture during the Yushin Regime in South Korea :Aspects of 1970s Reading Culture as seen through Anti-Communist Adult Comic Books », Korea Journal, vol. 59, no 1,‎ , p. 158–187 (ISSN 0023-3900, lire en ligne, consultĂ© le ).
  2. (en) Sanki Choe, Jorge AlmazĂĄn et Katherine Bennett, « The extended home: Dividual space and liminal domesticity in Tokyo and Seoul », URBAN DESIGN International, vol. 21, no 4,‎ , p. 298–316 (ISSN 1468-4519, DOI 10.1057/udi.2016.10, lire en ligne, consultĂ© le ).
  3. êč€í˜œì‹ , Korean Adaptation of the Japanese Comic Book Industry Model: Weekly IQ Jump from 1988~1999 and its Transitional Significance in the Production and Distribution of the South Korean Comics Industry, SĂ©oul, UniversitĂ© Nationale de SĂ©oul,‎ (lire en ligne)
  4. (en) Brian Yecies et Ae-Gyung Shim, South Korea's Webtooniverse and the Digital Comic Revolution, Rowman & Littlefield, (ISBN 978-1-78660-636-5, lire en ligne)
  5. (en) Shin, R., & Sohn, J., « Manga as Childhood Visual Culture », InSEA Publications,‎ (lire en ligne)
  6. Francis Leo Collins, « Connecting ‘Home’ With ‘Here’: Personal Homepages in Everyday Transnational Lives », Journal of Ethnic and Migration Studies, vol. 35, no 6,‎ , p. 839–859 (ISSN 1369-183X, DOI 10.1080/13691830902957668, lire en ligne, consultĂ© le )

Voir aussi

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.