Manao Tupapau
Manao Tupapau est un des tableaux que Paul Gauguin a peint lors de son premier voyage Ă Tahiti en 1892.
Artiste | |
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Date | |
Type | |
Technique |
huile sur toile |
Lieu de création | |
Dimensions (H Ă L) |
45 Ă 38 cm |
Mouvements | |
Propriétaire | |
No dâinventaire |
1965:1 |
Localisation | |
Inscriptions |
ManaĂČ tupapaĂș P. Gauguin 92 |
Description
Il y reprĂ©sente au premier plan sa compagne polynĂ©sienne TĂ©ha'amana (appelĂ©e aussi Tehura) nue et allongĂ©e. Elle est couchĂ©e Ă plat ventre, sur des draps blanc cassĂ© recouvrant eux-mĂȘmes un parĂ©o bleu aux motifs floraux jaunes. Au second plan, nous apercevons un Ă©trange personnage habillĂ© de noir : le tĆ«pÄpaâu (revenant, fantĂŽme)[1]. Il est de profil et semble entrer dans cette chambre. Le fond du tableau est composĂ© de diverses taches aux coloris violacĂ©s : il semble se tramer quelque chose de mystĂ©rieux.
Analyse
La jeune Tahitienne joue un rĂŽle-double dans la scĂšne. Nue, c'est le cĂŽtĂ© Ă©rotique qui ressort. Elle a 13 ans quand Gauguin la prend pour Ă©pouse Ă la suite d'un arrangement, il a alors 43 ans. Il rappelle Ă Gauguin l'Ăve qu'il tente de dĂ©couvrir. Le peintre met en valeur le corps des tahitiennes qu'il voit comme trĂšs diffĂ©rent de celui des europĂ©ennes. Par sa façon de peindre, il souhaite s'Ă©loigner des canons de beautĂ© du classicisme. InspirĂ© de La VĂ©nus d'Urbino de Titien et de l'Olympia d'Ădouard Manet, les attributs de la fĂ©minitĂ© (seins et pubis) ne sont pourtant pas montrĂ©s : lĂ commence le mystĂšre. Le mystĂšre de la femme.
C'est donc Ă©galement une atmosphĂšre magique qui se propage dans cette chambre. Le peintre fait allusion Ă la croyance mÄâohi concernant les tĆ«pÄpaâu qui hantent l'obscuritĂ©. Pour les faire partir, les Tahitiens ont gardĂ© la coutume de toujours s'endormir avec une lampe allumĂ©e.
Entre le premier plan bien distinct et le second plan flou et ancrĂ© dans l'imaginaire, Gauguin nous fait voir le point de rencontre entre ces deux mondes, qui ici, se confondent. Le titre du tableau Manao Tupapau, Ă©crit en tahitien, peut ĂȘtre traduit d'ailleurs par « Elle pense au revenant » ou par « Le revenant pense Ă elle » : une ambigĂŒitĂ© qui dĂ©montre ce point de tension. On est dans un monde mais en mĂȘme temps dans un autre. La femme renvoie au symbole de fertilitĂ©, de naissance. Gauguin reprend le thĂšme qu'a prĂ©cĂ©demment abordĂ© Gustave Courbet : celui de L'Origine du monde. Le personnage mystĂ©rieux dans le fond du tableau reprĂ©sente lui, la mort qui vient reprendre cette Ăve. Gauguin nous transcrit une mĂ©taphore du cycle de la vie. Il poursuivra cette idĂ©e dans "D'oĂč venons-nous ? Que sommes-nous ? OĂč allons-nous ?" qu'il peindra en 1898 vers la fin de sa vie.
Galerie
- Reclining Nude, pastel, 1894â95, National Gallery of Art
- Manao Tupapau (Watched by the Spirits of the Dead), lithograph, 1894, Brooklyn Museum
- Manao Tupapau (The Spirit of the Dead Watching), woodcut (Noa Noa suite), 1893â94, Museum of Fine Arts, Boston
- Manao Tupapau (The Spirit of the Dead Watching), woodcut, 1894â95, Museum of Fine Arts, Boston
- Manao Tupapau (Watched by the Spirits of the Dead), woodcut, 1894â95, Art Institute of Chicago
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Spirit of the Dead Watching » (voir la liste des auteurs).
- (ty) « Dictionnaire en ligne tahitien/français », sur Académie tahitienne (consulté le )
Liens externes
- Devika Ponnambalam, I Am Not Your Eve, Bluemoose, , 225 p. (ISBN 9781915693051, lire en ligne).