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Makala (film)

Makala est un documentaire français réalisé par Emmanuel Gras et sorti en 2017. Le film reçoit le Grand prix de la Semaine de la critique au Festival de Cannes 2017.

Makala

RĂ©alisation Emmanuel Gras
Pays de production Drapeau de la France France
Genre documentaire
Durée 96 minutes
Sortie 2017

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Présentation

Ce film documentaire a été tourné dans la région sud du Katanga, autour de Kolwezi, en République démocratique du Congo, en région très majoritairement chrétienne, dans les années 2015. Il accompagne un jeune du monde rural, pendant plusieurs semaines, de manière strictement chronologique, dans ses occupations, et ses rencontres, sans qu'aucun commentaire soit fourni.

Synopsis

Kabwita Kasongo, un jeune Congolais pauvre, marié et père de trois filles, habite une case sommaire en adobe dans un village rural traditionnel et veut améliorer sa maison avec un toit de qualité. Pour cela, il projette d'acheter une quinzaine de tôles ondulées dans la ville voisine. C'est pourquoi il entreprend de se consacrer, comme de nombreux pauvres de la région, à la fabrication de charbon de bois (makala en swahili).

Cette tâche immense consiste d'abord à abattre un arbre monumental (autorisé) à l'aide d'une hache élémentaire, à transporter et déplacer de gros blocs de bois et des branches volumineuses au prix d'efforts surhumains, puis de le transformer à la hache en une multitude de petits blocs de bois et de petites bûches. Après de longs jours de lutte harassante contre le géant végétal, il dispose le bois en un imposant dôme de plusieurs mètres cubes qu'il doit ensuite recouvrir soigneusement d'une bonne couche de terre. Puis il aménage quelques trous dans le dôme et met le feu à l'ensemble qui va se consumer lentement pour former le précieux makala. Enfin, Kabwita éteint chaque bûchette noircie en crachant dessus des gorgées d'eau.

La deuxième Ă©tape est encore plus Ă©puisante : le transport de sacs de charbon depuis son village jusqu'Ă  la grande ville oĂą les vendre. Il charge alors le charbon dans six ou huit gros sacs chargĂ©s de 20 kilos de matière et les installe sur un vĂ©lo de fortune, soigneusement disposĂ©s de manière Ă  charger un maximum de charbon, d'un poids probablement compris entre 100 et 200 kilos. Le vĂ©lo, Ă©quipĂ© d'une solide bĂ©quille et d'une tige verticale qui actionne le guidon, ne peut ĂŞtre couchĂ© Ă  terre, car il serait impossible Ă  relever. ChargĂ© Ă  bloc, il ne peut ĂŞtre dĂ©placĂ© qu'en le poussant Ă  pied, en luttant Ă  la fois contre le poids du chargement, les cĂ´tes et le risque que le vĂ©lo chute Ă  terre.

Kabwita se lance alors dans un pĂ©riple surhumain de 50 kilomètres, muni d'un simple bidon d'eau, presque sans nourriture. Il est filmĂ© de très près par le camĂ©raman et on assiste en gros plan Ă  son calvaire pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, au milieu des chemins de brousse et des champs, puis des grandes pistes de terre saturĂ©es de camions, d'autobus, de 4x4, de motos de poussière, et de quelques autres pauvres pousseurs de vĂ©los, dans un pays oĂą la sĂ©curitĂ© et le code de la route sont juste un rĂŞve. Au pĂ©ril de sa vie, marchant Ă  quelques centimètres des vĂ©hicules lancĂ©s Ă  toute allure, on le voit Ă  bout de force, incapable de franchir une cĂ´te ; puis il subit le racket d'individus malintentionnĂ©s qui lui retiennent un sac de charbon — sorte de laisser-passer pour franchir une frontière imaginaire —, et Ă  la merci de voyous qui peuvent l'attaquer Ă  tout moment. Un jour, alors que son vĂ©lo est appuyĂ© sur la bĂ©quille sur le bord de la route et que le jeune homme s'offre un peu de repos Ă  l'ombre, un camion percute le vĂ©lo qui s'Ă©crase dans le fossĂ© en Ă©ventrant un ou deux sacs. DĂ©sespĂ©rĂ©, il obtient toutefois la solidaritĂ© de passants qui l'aident Ă  remettre pĂ©niblement sur pied le vĂ©lo endommagĂ© et lourdement chargĂ©.

Puis vient l'heure, une fois qu'il arrive enfin en ville, de la vente du charbon sur le marchĂ© de la capitale, saturĂ©e de population et de bruit. Mais le commerce est difficile car les clients marchandent âprement les prix — qu'il voudrait vendre entre 3 500 et 4 500 francs le sac — au mĂ©pris du travail fourni. Une fois l'ensemble des sacs vendus, Kabwita se rend dans une Ă©choppe pour acheter les prĂ©cieuses tĂ´les. Mais Ă  11 500 francs l'unitĂ©, il pourrait Ă  peine en acheter une au lieu des quinze espĂ©rĂ©es. RĂ©signĂ©, il se rend dans une Ă©glise sommaire oĂą des fidèles en transe, se livrent, sous les injonctions d'un prĂ©dicateur, Ă  des prières enflammĂ©es. Il implore alors Dieu de lui donner la force de vivre.

Le réalisateur filme ce labeur démesuré, exténuant et mutique de la grande pauvreté, tel un véritable chemin de croix.

Fiche technique

Distribution

  • Kabwita et Lydie Kasongo, dans leurs propres rĂ´les

Commentaires

  • « Est-on face Ă  une esthĂ©tisation du malheur ? ou Ă  un bouleversant exercice de compassion ? La question reste flottante, et le soleil continue de brĂ»ler au purgatoire. »[1]
  • « Le film pose avec splendeur la question de la valeur travail et des ressorts classiques et universels de l'exploitation de la condition ouvrière. Mais ici, aucune vellĂ©itĂ© de rĂ©volte. C'est la foi chrĂ©tienne qui maintient l'espoir. »[2]
  • « Makala se construit en « bel objet Â» cinĂ©matographique sur le dos de son sujet, offrant une photographie coquette et dĂ©politisĂ©e de la misère du monde. »[3]

RĂ©compenses

Bibliographie

Références

  1. Emmanuel Raspiengeas, Positif, n° 677, Juillet-Août 2017.
  2. Dominique Martinez, « Actualité du cinéma », Positif, no 682,‎ (lire en ligne [PDF])
  3. Camille Bui, Cahiers du cinéma, n° 739, décembre 2017.

Liens externes

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