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Maison Mantin

La Maison Mantin est une demeure de la fin du XIXe siècle[1] située dans la ville de Moulins, dans l'Allier.

Maison Mantin
La Maison Mantin, du côté de la place Colonel-Laussedat
Présentation
Destination initiale
maison d'habitation
Destination actuelle
musée
Style
Éclectisme (en)
Architecte
Construction
dernier quart du XIXe siècle
Commanditaire
Louis Mantin (d)
Propriétaire
Conseil général de l'Allier
Patrimonialité
Site web
[www.mab.allier.fr www.mab.allier.fr]
Localisation
Pays
RĂ©gion
Division administrative
Commune
Adresse
1 3 place du Colonel-Laussedat
Coordonnées
46° 34′ 01″ N, 3° 19′ 50″ E
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La demeure, qui a l'apparence d'une villa composite, a ouvert ses portes au public en 1910, puis fermée pendant l'entre-deux guerres, est rouverte en en tant que musée[2], après près de trois années de travaux et restauration entrepris par le conseil général de l’Allier.

LĂ©guĂ©e Ă  sa mort en 1905 Ă  la ville de Moulins par Louis Mantin qui n’avait aucun hĂ©ritier, cette maison devait « tĂ©moigner du mode de vie d’un bourgeois de la fin du XIXe siècle Â». Cette maison permet de faire un bond dans le passĂ© et de pĂ©nĂ©trer l’univers d’un bourgeois Ă©rudit et collectionneur qui vĂ©cut il y a plus d’un siècle.

Histoire

La Maison Mantin a été commandée par Louis Mantin, un riche bourgeois de Moulins, qui a souhaité pouvoir montrer ses œuvres d'art et sa collection d'antiquités. La maison a été conçue par un architecte de renom local, René-Justin Moreau ( - ), en collaboration avec son père, Jean-Bélisaire Moreau (1828-1899), également architecte, et construite entre 1894 et 1897[3].

Mantin a légué la maison à la ville de Moulins dans son testament, écrit avant sa mort en 1905. Sa volonté était que la maison soit gardée intacte, afin de montrer aux visiteurs, cent ans plus tard, « un spécimen de maison bourgeoise du XIXe siècle[1] ». Cependant le testament stipule que le legs prendra effet à la condition que le musée Anne de Beaujeu ainsi que la maison soient ouverts au public cinq ans après sa mort.

Contrairement à la croyance populaire selon laquelle la maison Mantin est restée fermée pendant cent ans, celle-ci ouvre ses portes en 1910 comme le musée. Pendant l'entre-deux guerres, les visites sont limitées à cause des problèmes de conservation des collections et finalement la maison est fermée pendant soixante-dix ans[4].

Situation

La Maison Mantin est située en plein cœur de Moulins, 3 place du Colonel-Laussedat, près de la cathédrale, entre le Château des ducs de Bourbon et le musée Anne-de-Beaujeu.

Il ne reste aujourd’hui qu’une partie des bâtiments de l’ensemble castral, dont la construction s’est Ă©talĂ©e sur les derniers siècles du Moyen Ă‚ge. Au sud subsiste le donjon appelĂ© « la Mal-CoiffĂ©e Â», seul vestige du château Ă©difiĂ© par Louis II de Bourbon dans les annĂ©es1360-1370. Au nord, le pavillon bâti par Pierre et Anne-de-Beaujeu entre 1498 et 1503 est l’un des tout premiers exemples de l’architecture Renaissance en France. Entre les deux, des ruines tĂ©moignent de l’ampleur du logis d’habitation construit Ă  la fin du XVe siècle par Anne de Beaujeu. Disparu pour l’essentiel dans un incendie en 1755, le château a Ă©tĂ© vendu par lots dès 1774, puis comme bien national Ă  la RĂ©volution. Laurent Mantin, le grand-père de Louis, acquiert la parcelle en 1828 pour y faire construire sa maison ainsi que sa fabrique de meubles. Louis Mantin choisit par la suite de conserver une partie de l’habitation de son grand-père mais fait raser l’essentiel de la construction pour Ă©difier sa villa. Elle se pare d’un jardin d’environ 2 000 m2, aujourd’hui incorporĂ© au parc qui se trouve en contrebas de la Mal-CoiffĂ©e, ainsi que d’une grande terrasse qui donne accès Ă  l’entrĂ©e principale.

Louis Mantin

Portrait de Louis Mantin

Né en 1851, Louis Mantin est issu d’une famille fortunée. Son père et son grand-père dirigeaient une fabrique de meubles et de décoration intérieure très prospère. Après des études de droit à Paris où il exerce quelque temps le métier d’avocat il entame une carrière dans l’administration préfectorale. Ses différentes affectations le mèneront à Gap, Montpellier, Embrun ou encore Limoges.

Après avoir hérité de ses parents dans les années 1880, il demande une mise en disponibilité en 1893, date à laquelle il est également décoré de la Légion d'honneur. Il se consacre dès lors à la construction de sa maison de 1893 à 1895-1896 avant d'y habiter, jusqu'à sa mort en 1905.

Le bâtiment

Le premier projet de conception des architectes de la Maison Mantin était apparenté à une demeure gothique, mais la conception finale a été plus pittoresque, empruntant de nombreux éléments à une villa balnéaire. L'architecte a donné libre cours à son goût pour l'éclectisme : boiseries dans l'étude et la salle à manger ; décor néo-Renaissance de la salle dite « des quatre saisons » avec des moulures en plâtre et des peintures de style Louis XVIII ; salle de bain moderne à vitraux et peintures de style Art nouveau. Le projet est important en ce qu'il ouvre la voie à la tendance « château-villa »[5].

Le rez-de-chaussée

Une entrĂ©e dĂ©corĂ©e sur le thème de la chasse, un salon ainsi qu’un bureau : le rez-de-chaussĂ©e de la Maison Mantin est conforme Ă  ce que l’on trouve dans les maisons bourgeoises de la fin du XIXe siècle.

Vue du salon, rez-de-chaussée (en cours d’aménagement)

Le salon comporte un beau mobilier, majoritairement du XVIIIe siècle, ainsi qu’un lustre imposant Ă©lectrifiĂ© qui conserve trois ampoules tricolores de l’époque de Louis Mantin. Autre particularitĂ©, la vitre au-dessus de la cheminĂ©e qui donne un point de vue direct sur le bureau. Pièce de travail, le bureau s’affirme comme tel par son atmosphère toute diffĂ©rente de celle du salon. Les boiseries cirĂ©es sont omniprĂ©sentes, rappelant l’intĂ©rĂŞt du propriĂ©taire pour ce matĂ©riau. On y trouve un bureau massif en bois sculptĂ© et une bibliothèque. Enfin une cheminĂ©e monumentale, puisant largement dans le vocabulaire ornemental de la Renaissance, prĂ©sente, incrustĂ©e en son centre, la reproduction d’une toile hollandaise en faĂŻence de Delft. La plaque de cheminĂ©e, massive, offre Ă  la vue de tous un M stylisĂ©.

Le premier Ă©tage

On y trouve les chambres ainsi que la salle de bain, lĂ  encore dans la traditionnelle organisation de l’espace propre Ă  la villa bourgeoise. La chambre « des quatre saisons Â» ou « chambre rose Â» a Ă©tĂ© dĂ©corĂ©e Ă  la manière du XVIIIe siècle avec une influence toute particulière du style Louis XV : mobilier, soieries, dĂ©corations peintes. C’était la chambre de la compagne de Louis Mantin, Louise Alaise, qu’il avait rencontrĂ©e en 1880 et avec qui il a vĂ©cu jusqu’à sa mort en 1905. Entrer dans la chambre de Louis Mantin, c’est pĂ©nĂ©trer dans un autre univers qui n’est pas sans rappeler celui du bureau, avec lĂ  encore une prĂ©sence affirmĂ©e de la Renaissance. C’est le cas pour le mobilier de style, pour les vitraux Ă©galement dont la couleur jaune d’argent et les motifs y sont une rĂ©fĂ©rence directe. La dĂ©coration murale exceptionnelle peut d’ailleurs ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme le chef-d’œuvre de la maison. Ces cuirs dorĂ©s, rarement conservĂ©s en bon Ă©tat de nos jours, sont le vestige de cette mode qui avait envahi l’Europe du XVIe au XVIIIe siècle. Ils reprĂ©sentent des scènes mythologiques, historiques, allĂ©goriques ou encore exotiques.

La salle de bain, amĂ©nagĂ©e dans une petite tourelle indĂ©pendante, est un modèle du confort que l’on pouvait attendre dans ce type d’habitation Ă  cette pĂ©riode. Louis Mantin y dispose de l’eau courante chaude et froide, d’une baignoire et d’une douche avec thermomètre intĂ©grĂ© ; enfin d’un chauffe-serviette en mĂ©tal encastrĂ© dans le mur. On peut constater l’attention particulière qui a Ă©tĂ© apportĂ©e Ă  cette pièce Ă  travers la finesse des dĂ©cors peints.

Le deuxième étage

Il est largement dĂ©volu au cabinet de curiositĂ©s. De cette pièce, Louis Mantin a fait un musĂ©e Ă©tonnant oĂą il prĂ©sentait Ă  ses visiteurs ses collections. Pièces prĂ©historiques, gallo-romaines et Ă©gyptiennes ; porcelaines, verreries, clĂ©s anciennes, grelots et pistolets, ce lieu qui s’apparente Ă  un musĂ©e Ă©voque les passions nombreuses et Ă©clectiques du propriĂ©taire de la maison.

Dernier espace de visite de la maison, l’observatoire prend place au-dessus de la salle de bain dans la tour attenante. Entre les baies, des mĂ©daillons illustrant le thème de l’animal musicien Ă©voque l’utilisation de cette pièce, qui servait Ă  l’exposition de la vitrine aux oiseaux aujourd’hui prĂ©sentĂ©e dans le cabinet de curiositĂ©s. On remarque au passage une influence japonisante avec la grue, prĂ©sentĂ©e dans la mosaĂŻque du sol, et l’éventail au plafond illustrĂ© d’un soleil levant. Au mur, une inscription latine Ă©voque le passage du temps, vĂ©ritable obsession chez Louis Mantin.

La maison intègre des innovations technologiques de son époque : éclairage électrique, robinets d'eau chaude et froide, douche de tête et toilettes équipées de chasses d'eau[2].

Thématiques

Le mode de vie bourgeois

La bourgeoisie connaît un grand développement au cours du XIXe siècle et acquiert un pouvoir de plus en plus important. En effet, il est aujourd’hui communément admis que la Révolution française est une révolution bourgeoise avant tout. De fait, la place de la bourgeoisie dans la société devient prépondérante et à plusieurs égards, elle remplace l’ancienne classe nobiliaire auparavant dominante. La révolution industrielle dans laquelle les bourgeois investissent leur permet d’amasser des fortunes colossales tandis que sur le plan politique la Restauration leur apporte un droit de vote qui, encore censitaire, leur assure la mainmise sur la politique nationale.

Cette nouvelle importance se retrouve logiquement Ă  l’intĂ©rieur de l’habitation. Ainsi le salon est-il une pièce essentielle oĂą l’on reçoit (on dit selon l’expression consacrĂ©e « tenir salon Â») et qui doit donc ĂŞtre prĂ©cieusement meublĂ©e. Il en va de mĂŞme pour le bureau, espace rĂ©vĂ©lateur de l’intĂ©rieur bourgeois, pièce d’homme par excellence. En effet, dans la culture bourgeoise, seul ce dernier travaille. C’est une des diffĂ©rences majeures d’avec les classes laborieuses qui, elles, ne peuvent se passer du travail fĂ©minin pour subvenir Ă  leurs besoins.

La décoration de la maison atteste également de cette position sociale dominante. Les nombreuses tapisseries qui ornent les murs sont autant de références à la Renaissance, où elles ornaient les murs des palais. C’est une affirmation claire de la part du propriétaire de la richesse de son mode de vie et de son rang social.

La domesticité

Intimement liée au mode de vie bourgeois, la domesticité connaît un développement exponentiel au cours du XIXe siècle avant de péricliter durant ses dernières années. Pour les employeurs, avoir un domestique est un changement de statut manifeste au sein de la société. Cela montre la réussite sociale, aussi l’on retrouve très souvent un domestique employé par un couple de petits bourgeois qui n’a pas forcément d’importants moyens mais qui cherche par là à affirmer sa place dans le corps social.

Des poignĂ©es se situant Ă  l’intĂ©rieur de la maison et reliĂ©es Ă  des cloches au niveau du toit pouvaient ĂŞtre utilisĂ©es par les domestiques de la maison. De larges corridors ainsi qu’une porte de service permettaient un dĂ©placement fluide et non dĂ©rangeant pour Louis Mantin. Son testament renseigne sur quelques-uns d’entre eux : « Je lègue Ă  chacun de mes domestiques au moment de mon dĂ©cès une annĂ©e de gages en plus de leurs gages de l’annĂ©e courante, […] Ă  Jean Simonnet, mon jardinier, la somme de deux mille francs outre ses gages de l’annĂ©e courante, […] aux Ă©poux Melin mes serviteurs au MoĂ»tiers une somme de mille francs outre leurs gages de l’annĂ©e courante et […] Ă  l’ouvrière Marie Maurillon ma lingère une somme de cinq cents francs. Â»

Le cadre de vie

L’intérieur bourgeois est une succession de pièces bien distinctes et ayant chacune une fonction. Les pièces de représentation sociale viennent sur l'avant, celles de la vie quotidienne avec ses services sur l'arrière. Sous les combles, des chambres sans confort sont réservées à la domesticité.

Le salon

Le salon de Louis Mantin

Les pièces de réception bénéficient d'un soin tout particulier. Salons et salle à manger prennent une allure ostentatoire à la mesure du désir de paraître de son propriétaire : cheminée de marbre, dorures, stucs et moulages au plafond, grands miroirs aux murs, et partout des pompons, des galons, des glands, sans compter les innombrables bibelots qui encombrent les meubles : napperon sur le piano, vases, vide-poches, coussins... Après le repas, les convives se dirigent vers le salon où la maîtresse de maison, pour faciliter la conversation, a fait disposer des tables en petits cercles.

Le bureau 

Le bureau

Dans l'univers bourgeois, une vaste bibliothèque est un signe d'appartenance au milieu des notables de la ville. Les auteurs anciens restent la rĂ©fĂ©rence. La crĂ©ation contemporaine est abordĂ©e via les journaux comme le Siècle, le Figaro, la Revue des deux mondes ou La Mode. La bibliothèque de Louis Mantin est riche d’ouvrages aux thèmes très variĂ©s malgrĂ© le peu d'espace qu'elle occupe : littĂ©rature (Charles Baudelaire, François-RenĂ© de Chateaubriand, Alphonse Daudet, Jean de La Fontaine, Émile Zola, Pierre Loti, François Rabelais…), sciences et arts, droit, histoire, gĂ©ographie et voyages, journaux et pĂ©riodiques, biographies, sciences mĂ©dicales, sciences dites occultes, archĂ©ologie, religion, almanachs et annuaires…

La chambre

Lieu de pouvoir sous l’Ancien régime, elle gagne en intimité au XIXe siècle jusqu’à n’être réservée qu’à ses occupants. Les dimensions, logiquement, se sont modifiées. Plus petite, sa fonction est notablement différente selon que l’on parle d’une pièce masculine ou féminine. Cette distinction est une caractéristique du milieu bourgeois qui seul peut bénéficier d’un espace suffisant pour s’offrir le luxe de la séparation. En effet, chez les ouvriers et les paysans la place coûte cher et les classes laborieuses ne peuvent se permettre des dépenses inutiles, occupant parfois une seule pièce pour toutes les activités. Les fonctions, dans un intérieur bourgeois, diffèrent. La chambre de la femme est plus qu’un simple espace de repos. Elle est un lieu où elle lit, où elle écrit (raison pour laquelle on y retrouve très souvent un secrétaire) et où elle peut s’adonner à ses passe-temps. En dehors de cet espace qui lui appartient en propre, sa vie est très réglementée, majoritairement dédiée au paraître. Elle affirme ainsi par sa culture, ses activités et sa tenue le rang et la fortune de son mari. La chambre de l’homme est quant à elle beaucoup moins polyvalente et sert avant tout au repos.

Les progrès techniques

L’éclairage 1900 est conservé

C’est un aspect omniprĂ©sent dans la maison de Louis Mantin. Il dĂ©montre Ă  la fois une aisance certaine comme un intĂ©rĂŞt marquĂ© pour les innovations de son temps. En cela, il s’intègre Ă  la foi dans le progrès vĂ©hiculĂ© par la Belle Époque, progrès grâce auquel l’homme voit ses conditions de vie s’amĂ©liorer considĂ©rablement. En termes de modernitĂ©, l’électricitĂ© constitue Ă  cette Ă©poque une nouveautĂ© de taille. Les annĂ©es 1880-1890 correspondent Ă  un moment charnière puisqu'elles voient apparaĂ®tre ses premiers dĂ©veloppements dans la sociĂ©tĂ© industrielle et civile. En effet, depuis la fin du 18e, l’électricitĂ© connaĂ®t sans cesse de nouvelles innovations, autorisant peu Ă  peu une comprĂ©hension et une maĂ®trise qui donnent lieu Ă  de vĂ©ritables applications techniques. En 1881, se tient l’exposition internationale de l’électricitĂ© Ă  Paris suivie de la construction du Palais de l’électricitĂ© pour l’exposition universelle en 1900. Ă€ partir de 1880, les rĂ©seaux locaux se multiplient en premier lieu pour l’éclairage public avant de servir aux particuliers comme c’est le cas chez Louis Mantin. En effet une usine Ă  charbon, installĂ©e dans les jardins bas dès 1892, servait initialement Ă  l’alimentation des cafĂ©s de la place d’Allier. Louis Mantin, construisant sa maison Ă  proximitĂ©, dĂ©cide de se relier au système afin d’en bĂ©nĂ©ficier.

Moderne Ă©galement, le système de chauffage au sol que l’on retrouve dans toute la villa. Système ingĂ©nieux, il fonctionne grâce Ă  l’air chaud naturellement distribuĂ© Ă  tous les Ă©tages par un calorifère Ă  charbon. RenĂ© Moreau, l’architecte de la maison, avait dĂ©jĂ  eu l’occasion d’installer ce système auparavant. Dans le bureau est toujours prĂ©sente une partie de l’installation « tĂ©lĂ©phonique Â», sans que l’on sache si celle-ci Ă©tait simplement domestique (interphone) ou bien externe.

L’hygiène

Qui dit modernité dit également propreté. Depuis la fin du XVIIIe siècle, une véritable prise de conscience autour de la propreté et des soins du corps a lieu. À partir du milieu du XIXe siècle, l’importance du courant hygiéniste met encore l’accent sur le lien entre une meilleure hygiène et une espérance de vie accrue. Dans ce cadre, l’ensemble salle de bain et cabinet de toilette se répand dans les intérieurs bourgeois. Cette combinaison explique le passage du petit meuble de toilette encore utilisé fin XVIIIe à l’ensemble salle de bain et cabinet de toilette qui se répand dans les intérieurs bourgeois dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

La salle de bain, chez Louis Mantin, est étonnante de modernité. Il y dispose de l’eau courante, encore une exception à l’époque, d’un système de robinetterie élaboré et, comble du luxe, d’un chauffe-serviette encastré dans le mur fonctionnant grâce à l’eau chaude. Nouvelle preuve de ce souci pour l’hygiène, un caillebotis est installé au sol sous lequel une feuille de plomb permet la récupération des projections d’eau.

Enfin, les commoditĂ©s installĂ©es Ă  chaque Ă©tage affirment, lĂ  encore, le confort rĂ©solument moderne dont dispose la villa.

Le collectionnisme

Courant existant depuis l’AntiquitĂ© oĂą l’on amassait dĂ©jĂ  les Ĺ“uvres d’art, il prend une nouvelle ampleur Ă  partir de la Renaissance avec le cabinet de curiositĂ©s que vont constituer tous les puissants d’Europe. Pièce vouĂ©e Ă  l’exposition, on y trouve pĂŞle-mĂŞle toutes sortes d’objets tour Ă  tour prĂ©cieux ou Ă©tranges. Les collections sont organisĂ©es selon deux grands axes : les naturalia ou choses de la nature et les artificialia ou objets crĂ©Ă©s par l’homme. D’autres catĂ©gories viennent complĂ©ter les collections d’amateurs : les antiquitĂ©s et les objets exotiques ou exotica rapportĂ©s massivement par les voyageurs et les marins. Au XIXe siècle, les bourgeois, agissant par mimĂ©tisme, constituent eux aussi leur cabinet de curiositĂ©s. Les objets rĂ©unis dans la maison Mantin sont très Ă©clectiques tant au niveau des thèmes que des Ă©poques reprĂ©sentĂ©es (objets archĂ©ologiques, chinoiseries, animaux naturalisĂ©s, vaisselles), illustrant des centres d’intĂ©rĂŞts aussi divers que variĂ©s.

Le don / la notion de patrimoine

La pratique du don est courante déjà depuis l’Antiquité grecque et romaine. Elle se manifeste ensuite au Moyen Âge et à l’époque moderne, contribuant au très fort développement de l’Église durant cette même période. Au XIXe siècle, cette pratique connaît un nouvel essor. C’est le moyen, d’une part, d’enrichir le patrimoine de la ville ; ainsi les dons sont à l’origine de nombreux musées (Fabre à Montpellier par exemple, ou les nombreux dons à la ville de Paris de Cognacq-Jay, Jacquemart-André, Nissim de Camondo, ou encore le duc d’Aumale à Chantilly). D’autre part, cela permet aussi au donateur de s’inscrire dans l’Histoire, de perpétuer le souvenir de son nom et de son œuvre ou de sa collection. Cette recherche de postérité est souvent liée à l’absence de descendance. Elle s’inscrit aussi dans la volonté de léguer au plus grand nombre des objets exceptionnels, avec la vocation didactique développée par les sociétés savantes auxquelles les grands collectionneurs appartiennent souvent.

La collection

Le musée contient un labyrinthe vertigineux de tableaux, livres, photographies, objets miniatures, céramiques, minéraux, sculptures et objets rares et insolites recueillis par Louis Mantin lors de ses voyages dans différentes parties du monde. La collection riche et l'ornementation de la maison lui donnent un caractère unique[1].

Information touristique

L'entrée de la Maison Mantin est commune avec celle du musée Anne-de-Beaujeu et la visite ne peut se faire qu'accompagnée d'un guide-conférencier. Après l'entrée, une salle de projection permet de visionner une vidéo de présentation.

Notes et références

  1. « La restauration de la Maison Mantin est achevée », Patrimoine de France (consulté le ).
  2. (en) « Time-warp mansion opens its doors after century in the dark », CNN, International Edition (consulté le ).
  3. La Maison Mantin, une demeure d'atmosphère, op. cit., p. 41.
  4. « Découvrez la Maison Mantin »
  5. (en) « 100 ans d’architecture à Moulins, René Moreau, architecte », Musée du Bâtiment (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • La Maison Mantin, une demeure d'atmosphère, Moulins, MusĂ©e Anne-de-Beaujeu & Maison Mantin - Bleu autour, 2011, 132 p., ill. (ISBN 9782358480314)
  • Maud Leyoudec « Le musĂ©e de Moulins a 100 ans ! Â» in Études bourbonnaises, bulletin de la SociĂ©tĂ© bourbonnaise des Ă©tudes locales, .
  • Dossier de presse prĂ©sentant la Maison Mantin.
  • « Regard sur La Maison Mantin » Carnet d'Aquarelles - , auteur et Ă©diteur FrĂ©dĂ©rique ROUER
  • CĂ©line Maltère, Le Cabinet du Diable (roman), La Clef d'argent, coll. « LoKhale », (prĂ©sentation en ligne).
    La fiction est suivie d'un article de Maud Leyoudec: « La Maison Mantin, un héritage révélé ».

Articles connexes

Liens externes

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