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Madinat al-Zahra

Madinat al-Zahra (en arabe : Ù…ŰŻÙŠÙ†Ű© Ű§Ù„ŰČÙ‡Ű±Ű§ŰĄ MadÄ«nat az-Zahrā, littĂ©ralement « ville brillante Â», en espagnol, Medinat Azahara) est le vestige d’une vaste ville palatiale crĂ©Ă©e par le calife Omeyyade Abd-ar-Rahman III al-Nasir (912-961). Construite Ă  partir de 936 elle est situĂ©e Ă  huit kilomĂštres de la pĂ©riphĂ©rie ouest de Cordoue en Espagne dans la rĂ©gion de la Sierra Morena. La ville est alors la capitale d’al-Andalus, car le cƓur de l’administration et du gouvernement est situĂ© dans ses murs. 

Madinat al-Zahra
Image illustrative de l’article Madinat al-Zahra
Vue générale du site
Localisation
Pays Drapeau de l'Espagne Espagne
Protection Patrimoine mondial Patrimoine mondial (2018)
CoordonnĂ©es 37° 53â€Č 17″ nord, 4° 52â€Č 01″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Madinat al-Zahra
Madinat al-Zahra

La ville est construite principalement pour des raisons politico-idĂ©ologiques peu aprĂšs la transformation de l'Ă©mirat de Cordoue en califat (929), transformation qui implique une rupture politique avec Bagdad. La dignitĂ© du calife exige l'Ă©tablissement d'une nouvelle ville comme symbole de son pouvoir, et de lĂ©gitimer le pouvoir du nouveau souverain sur l'Andalousie. À cette fin, la ville comprend d'importantes constructions, entre autres des mosquĂ©es, des salles de rĂ©ception, des bureaux administratifs et gouvernementaux mais aussi des casernes, des bains et des aqueducs. Le complexe palatin inclus de nombreux rĂ©emplois de techniques, sculptures et sarcophages d'origine romaine afin de crĂ©er « une rĂ©fĂ©rence visuelle au savoir des anciens » et d'inscrire le pouvoir califal dans la continuitĂ© historique des pouvoirs prĂ©cĂ©dents.

Emplacement

Madinat al-Zahra est situĂ©e Ă  huit kilomĂštres de la pĂ©riphĂ©rie ouest de Cordoue en Espagne au pied de la Sierra Morena. La ville est orientĂ©e vers le sud sur les pentes de Jebel al-Arus (qui signifie « Colline de la MariĂ©e Â») et elle fait face Ă  la vallĂ©e du fleuve Guadalquivir[1] - [2].

L’emplacement de la ville est choisi principalement en raison de ses qualitĂ©s topographiques qui permettent une construction hiĂ©rarchique afin que la ville de Cordoue et les plaines au-delĂ  du palais soient dominĂ©es physiquement et visuellement par les bĂątiments de la forteresse. De surcroĂźt, le palais est Ă©rigĂ© Ă  un niveau supĂ©rieur tandis que les bĂątiments sont Ă©chelonnĂ©s sur le cĂŽtĂ© de la montagne comme signe de prĂ©Ă©minence sur les hameaux urbains et la mosquĂ©e d'Aljama rĂ©partis sur les plaines en dessous[3].

Madinat al-Zahra est reliée à Cordoue par une grande route qui comprend plusieurs ponts avec des arcs en fer à cheval, dont deux toujours en place (Pont des Noyers), les restes de quatre autres étant encore présents[4].

Il y a en outre deux complexes situĂ©s prĂšs de la ville, l’un d’eux Ă©tant une grande villa bĂątie au centre d’un grand domaine agricole, qui sera plus tard confiĂ©e au trĂ©sorier de l’État. Bien qu'ils manquent de preuve, les archĂ©ologues croient que le deuxiĂšme complexe est une caserne militaire[5].

Architecture

La ville palatiale se distingue du style labyrinthique et chaotique typique de l’urbanisme musulman Ă  cette Ă©poque. Au contraire, elle est inscrite dans un quadrilatĂšre de 1 500 mĂštres sur 700 formant une enceinte rectangulaire d’environ 112 hectares[6].

La mosquée Aljama dans la Madinat al-Zahra.

L’organisation du palais est caractĂ©risĂ©e par trois terrasses Ă©tagĂ©es, chacune sĂ©parĂ©e des autres par des murs qui divisent la ville en trois parties. Tout d’abord, la terrasse la plus Ă©levĂ©e est rĂ©servĂ©e au palais califal et reprĂ©sente un signe de pouvoir, tandis que la partie moyenne est dominĂ©e par des parcelles et des jardins de fruits et de lĂ©gumes. Enfin, le secteur infĂ©rieur comprend la mosquĂ©e principale et les foyers[7]. En raison de la ressemblance de la MosquĂ©e de Madinat al-Zahra avec la Grande MosquĂ©e de Cordoue, elle est appelĂ©e sa « petite sƓur Â»[8].

Afin d’amener l’eau abondante nĂ©cessaire pour les parcs et les jardins floraux, Abd al-Rahman III commande la construction d’une canalisation qui parcourt les montagnes et qui traverse les vallĂ©es par des aqueducs9. Celle-ci est considĂ©rĂ©e aujourd’hui comme l'une des rĂ©alisations les plus admirables du calife[7].

Outre ses caractéristiques les plus renommées telles que des mosquées, des salles de réception et des bureaux administratifs et gouvernementaux, Madinat al-Zahra possÚde également des casernes, un hÎtel des monnaies, des fontaines, des marchés, des fabriques d'armes et des magasins d'or et d'orfÚvres entre autres[6].

Pour Susana Calvo Capilla, la rĂ©utilisation massive de matĂ©riaux romains dans le complexe palatin (sculptures de muses et de philosophes, sarcophages, vasques, etc.) relĂšve de l'intention politique[9]. Il s'agit de crĂ©er une rĂ©fĂ©rence visuelle au « savoir des anciens » et d'exalter l'hĂ©ritage hispanique pour lĂ©gitimer le pouvoir du Calife sur Cordoue au moment oĂč il vient de rompre avec Bagdad[10].

C’est avec la construction de Madinat al-Zahra que l'art hispano-mauresque caractĂ©ristique d’Andalousie prend un essor dĂ©cisif. En effet, elle est une pionniĂšre de l’architecture et de l’art islamique occidental de son Ă©poque dont l’influence artistique transcende plusieurs siĂšcles. Par exemple, beaucoup plus tard, dans la construction de l’Alhambra, des Ă©lĂ©ments de la ville palatiale comme l’organisation des suites de piĂšces autour d’une cour ou d’un jardin central sont prĂ©sents. De plus, plusieurs des particularitĂ©s de Madinat al-Zahra, telles que les salles de rĂ©ception royales, sont conçues pour la premiĂšre fois pendant sa construction[11].

Histoire et construction

La construction du palais commence entre 936 et 940 sous le rĂšgne de Abd-ar-Rahman III et mĂȘme si la majeure partie de la ville est Ă©difiĂ©e en treize ans, les travaux se sont rĂ©partis sur une autre quarantaine d'annĂ©es[12]. Cette rĂ©sidence Califale est situĂ©e Ă  l'Ouest de la ville. De 978 Ă  981, l'Ă©mir Almanzor fit crĂ©er son propre palais Madinat al-Zahira (ville resplendissante) Ă  l'Est de Cordoue, dont le nom rĂ©pond Ă  celui de Madinat al-Zahra (ville brillante).

Salon Rico, Madinat al-Zahra

Une lĂ©gende populaire affirme que la ville palatiale prend son nom de la concubine favorite du calife « Zahra Â» et que sa statue est situĂ©e Ă  l'entrĂ©e[13]. Certains croient que Abd-ar-Rahman III a construit la ville pour lui faire plaisir[12]. NĂ©anmoins, ses motivations sont probablement davantage liĂ©es Ă  la politique qu’à l'amour. AprĂšs s'ĂȘtre proclamĂ© calife en 928, il dĂ©cide de construire une nouvelle ville comme symbole de son pouvoir en imitant d'autres califes de l'est, mais surtout afin de montrer sa supĂ©rioritĂ© sur les Fatimides d'Ifriqiya avec qui il entre en conflit pour le contrĂŽle de l'Afrique du Nord. En fait, Zahra en arabe signifie « brillant » ou « en plein essor » ce qui communique des aspirations de pouvoir et de statut, non pas de romance.

En 1011, au tout début de la Guerre civile en al-Andalus, la cité palatiale est prise par les troupes berbÚres qui soutiennent Sulayman ben al-Hakam (Omeyyade) contre le calife Hicham II qui s'y installent pour préparer le siÚge de Cordoue (1013). La prise de la cité donne lieu à des pillages, des massacres. La cité est abandonnée aprÚs la guerre civile (1031).

Aujourd’hui, pour arriver aux vestiges de la ville situĂ©s au nord-est de Cordoue actuel, il faut prendre un itinĂ©raire diffĂ©rent : cinq kilomĂštres sur la route de Palma del RĂ­o suivi d’une ascension de trois kilomĂštres pour arriver au mur nord de Madinat al-Zahra, oĂč se trouvent les pavillons, les ateliers et les hangars dans lesquels les restes trouvĂ©s dans les fouilles sont conservĂ©s et restaurĂ©s[4].

En 1923, le site archĂ©ologique de Madinat al-Zahra est dĂ©clarĂ© monument national[14]. Depuis le , le site est inscrit sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’UNESCO dans la catĂ©gorie des biens culturels (n° rĂ©f 5978)[15].

Protection

La ville califale de Medina Azahara est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2018[16].

Notes et références

  1. Torres BalbĂĄs 1960, p. 133.
  2. (en) « Madinat al-Zahra | Medina al-Zahra | Moorish city just outside Cordoba | Andalucia.com », sur www.andalucia.com (consulté le )
  3. (en) Jerrilynn D. Dodds, Al-Andalus : the Art of Islamic Spain, New York, The Metropolitan Museum of Art, , 431 p. (lire en ligne), p. 29-30
  4. Torres BalbĂĄs 1960, p. 138.
  5. (en) Anderson, G. et Rosser-Owen, M, Revisiting Al-Andalus : Perspectives on the Material Culture of Islamic Iberia and Beyond., Leiden, Koninklijke Brill NV, , p. 5
  6. Terrasse, Henri, Islam D’Espagne. Une rencontre de l’Orient et de l’Occident., Paris, Librairie Plon, , 301 p., p. 73-74
  7. Torres BalbĂĄs 1960, p. 140.
  8. (en) Barrucand, Marianne et Bednorz, Achim, Moorish Architecture in Andalusia, Cologne, Taschen, , p. 64
  9. Susana Calvo Capilla, p. 1.
  10. Susana Calvo Capilla, p. 25.
  11. Vallejo Triano, Antonio, « AmĂ©nagements hydrauliques et ornementation architecturale des latrines de Madinat al-Zahra : un indicateur de hiĂ©rarchie sociale en contexte palatial », MĂ©diĂ©vales,‎ , n° 70, p. 79
  12. Terrasse, Henri, Islam D’Espagne. Une rencontre de l’Orient et de l’Occident, Paris, Librairie Plon, , 301 p., p. 73
  13. Torres BalbĂĄs 1960, p. 134.
  14. (en) Alhambra Valparaiso Ocio y Cultura S.L. www.mezquitadecordoba.org, « Medina Azahara Guide Visits », sur www.mezquitadecordoba.org (consulté le )
  15. (en) UNESCO World Heritage Centre, « Madinat al-Zahra - UNESCO World Heritage Centre », sur whc.unesco.org (consulté le )
  16. « Deux nouveaux sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial », sur UNESCO, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • (es) Leopoldo Torres BalbĂĄs, La mezquita de CĂłrdoba y las ruinas de Madinat al- Zahra, Madrid, Plus Ultra, , 160 p.
  • * (en) Susana Calvo Capilla, « The reuse of classical antiquity in the palace of Madinat Al Zahra », Muqarnas, Leiden et Boston,‎ , p. 1-25 (lire en ligne)

Articles connexes

Artefacts remarquables

Liens externes

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