Macronymphie
La macronymphie est l'élongation naturelle, chez certaines femmes et en général après la première grossesse, des petites lèvres qui peuvent atteindre 20 cm de longueur. On donne aussi à cette déformation anatomique, quoique improprement, les noms de « velamen vulvae » (« voile de pudeur »), « tablier génital » ou « tablier de la femme ».
Historique
Cette hypertrophie labiale constitutionnelle est signalée depuis le Moyen Âge dans certaines ethnies d'Afrique de l'Est. Elle est notamment désignée sous le nom de « tablier hottentot » dans la littérature ethnographique. Comme l'hypertrophie clitoridienne (en), cette anomalie décrite comme une « caroncule de dinde » est perçue à tort comme un symbole de concupiscence ; elle est un des motifs des circoncisions féminines qui découlent souvent de l'affabulation selon laquelle elles vont annihiler ou modérer les pulsions sexuelles des femmes[1].
Cette particularité a notamment servi à étayer les théories de l'anthropologie raciale, comme celles de Georges Cuvier fasciné par la macronymphie de la tristement célèbre Saartjie Baartman.
L'anthropologie contemporaine, combattant le racisme scientifique, a suggéré que cette hypertrophie est issue d'une élongation artificielle des petites lèvres (en), mais il s'agit bien d'un trait génétique qui est de plus exacerbé par l'accouchement[2]. Cependant, de nombreuses sociétés africaines pratiquent des élongations artificielles du clitoris et des petites lèvres, pratiques souvent associées à des manœuvres de dilatation du vagin et qui « se situent généralement dans le cadre de la préparation à la vie sexuelle »[3].
Une légère macronymphie est présente dans toutes les populations de femmes et un nombre croissant d'entre elles recourent à la labiaplastie pour réduire leurs petites lèvres jugées trop longues ou trop flasques[4]. L'artiste Jamie McCartney (en) dénonce ce désir de « vagin parfait » en 2008 dans son œuvre Great Wall of Vagina qui expose la diversité plastique des vulves féminines[5].
Galerie
- Hypertrophie labiale
- Femmes khoisanes présentant un « tablier hottentot »
- La Vénus de Willendorf semble présenter une macronymphie
Notes et références
- Sami Awad Aldeeb Abu-Sahlieh, Circoncision masculine, circoncision féminine. Débat religieux, médical, social et juridique, L'Harmattan, , p. 231
- (en) Ronald Singer, The biology of the San, Le Cap et Pretoria, , p. 125
- Michel Erlich, La femme blessée. Essai sur les mutilations sexuelles féminines, L'Harmattan, , p. 21
- Alain Froment, Anatomie impertinente. Le corps humain et l’évolution, Odile Jacob, , p. 212
- (en) Robert Crooks, Karla Baur, Our Sexuality, Cengage Learning, (lire en ligne), p. 54