Maître viennois de Marie de Bourgogne
Le Maître viennois de Marie de Bourgogne est un enlumineur anonyme, actif en Flandre durant les années 1460 à 1480. Il doit son nom au Livre d'heures de Marie de Bourgogne, actuellement conservé à la Bibliothèque nationale autrichienne à Vienne. Il faut le distinguer d'un autre maître anonyme, auteur des peintures d'un livre d'heures également exécuté pour Marie de Bourgogne et conservé à Berlin, appelé de ce fait « Maître berlinois de Marie de Bourgogne ».
Période d'activité |
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Influencé par |
Biographie
L'artiste a été fortement influencé par Juste de Gand, auteur du Retable de la Crucifixion de la cathédrale Saint-Bavon de Gand. Pendant un temps, on a proposé de l'identifier à ce dernier. Toutefois cette hypothèse n'a pas rencontré l'adhésion des historiens de l'art car les dates d'activité des deux peintres ne correspondent pas. Par ailleurs, le Maître viennois de Marie de Bourgogne a collaboré à plusieurs reprises avec le copiste Nicolas Spierinc, qui résidait à Gand. Ces éléments font donc pencher pour une origine gantoise. Mais le maître a aussi pu entretenir des relations avec un atelier brugeois, comme en témoigne sa collaboration avec Loyset Liédet[1].
Il a parfois été identifié avec Alexander Bening, mais cette hypothèse n'est plus retenue. Sa proximité avec Hugo van der Goes fait qu'on voit en lui un membre de son atelier, ou de celui de Joos van Wassenhove[2]. A tel point qu'il a parfois été identifié à ce dernier[3][4].
Éléments stylistiques
Le peintre s'attache à représenter l'espace en jouant sur ses différents plans, grâce à sa maîtrise de la perspective. Il cherche à restituer, de manière convaincante, la profondeur du champ visuel en le dilatant à l'extrême. Il joue ainsi sur les différents plans de la composition, par un traitement estompé des scènes principales repoussées à l'arrière-plan et traitées en perspective atmosphérique, d'une part ; et un rendu minutieux - voire illusionniste dans sa maîtrise du trompe-l'œil - des divers objets (feuillages, fleurs, fruits, étoffes, joyaux...) ou êtres (insectes, animaux, personnages) peints sur les marges, au premier plan, d'autre part. La page de manuscrit devient ainsi une surface à trois dimensions :
- une zone neutre comportant le texte ;
- un avant-plan rapproché du spectateur, constitué de bordures dont les représentations détaillées semblent posées sur le parchemin, où elles projettent leur ombre et vont même parfois jusqu'à se superposer (par exemple, les ailes d'une mouche posée sur des pétales de fleurs) ;
- la scène principale enfin, dont l'exécution impressionniste accentue l'éloignement en profondeur[5].
L'une des techniques caractéristiques de l'enlumineur consiste à placer ses scènes derrière une fenêtre pour créer une illusion de profondeur : le premier plan, traité avec minutie, se rapproche du spectateur, dont le regard traverse une baie pour parvenir au second plan, qui semble d'autant plus éloigné que ses contours sont estompés. Pour cette raison, l'historien de l'art Otto Pächt a qualifié cette trouvaille d'« effet-fenêtre »[6].
L'artiste manifeste aussi un intérêt prononcé pour les expressions et les mouvements des personnages, qui semblent pris sur le vif[7].
Œuvres attribuées
Manuscrits
La Déposition de croix, fol. 111 v°.
- Livre d'heures de Marie de Bourgogne, en collaboration avec Liévin van Lathem, Simon Marmion (1 miniature) et l'atelier de Willem Vrelant, Vienne, Bibliothèque nationale autrichienne, Cod. 1857[8] ;
- Heures d'Engelbert de Nassau, Oxford, Bibliothèque bodléienne, Ms. Douce 219-220[9] ;
- Heures Voustre Demeure, 23 grandes miniatures en collaboration avec le Maître du Livre de prières de Dresde, Simon Marmion et Liévin van Lathem, Madrid, Bibliothèque nationale d'Espagne, Vit. 25-5[10] avec des miniatures découpées conservées au Kupferstichkabinett Berlin (20 miniatures, 78B13) et 1 au Philadelphia Museum of Art (Inv.343) ;
- Liber Floridus pour Philippe Conraud, abbé de Saint-Pierre de Gand, 60 miniatures par l'artiste ou son atelier, Chantilly, Musée Condé, Ms.724 (1596)[11] - [12] ;
- Histoire d'Alexandre de Quinte-Curce, 74 miniatures dont 10 miniatures réalisées par le maître, en collaboration avec Loyset Liédet pour Charles le Téméraire, Paris, Bibliothèque nationale de France, Fr. 22547[13] ;
- Livre de prière de Charles le Téméraire (1 miniature, en collaboration avec Liévin van Lathem), Los Angeles, J. Paul Getty Museum, Ms. 37[14] ;
- Heures Trivulzio, 1 miniature (la Crucifixion, f.94v.), en collaboration avec Liévin van Lathem et Simon Marmion, La Haye, Bibliothèque royale (Pays-Bas), SMC1 ;
- Bréviaire de Rouge-Cloître, 1 miniature, 1477, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Ms. IV 860.
- Bréviaire de Marguerite d'York, à l'usage de Sarum, 6 miniatures en collaboration avec son atelier, Cambridge, St John's College, Ms. H.13
- Heures de William Lord Hastings de Madrid, 1 grande miniature, Musée Lázaro Galdiano, inv.15503
Manuscrits attribués à l'atelier
- Registre de la guilde de Saint Anne, 1 grande miniature, 1477, Château de Windsor, Royal Collection, RCIN1047371[15]
- Heures à l'usage de Saint-Pol-de-Léon, BNF, Latin 1385[16]
- Feuillet détaché d'un graduel (Mort de la Vierge et Assomption), passé en vente chez Sotheby's le 18 juin 1991 (lot 37)
- Compilation de traités de dévotion, Bodleian Library, Ms.Douce 365[17] (attribution contestée : attribuée parfois à Alexander Bening ou au Maître des Traités de morale)
Tableau
- La Conquête de Jérusalem par Titus, prédelle d'un retable aujourd'hui disparu provenant de la Cathédrale Saint-Bavon de Gand, Musée des beaux-arts de Gand[18].
Dessins
- Marie et Joseph à l'auberge, British Museum, 1883,0714.78[19]
- La Pentecôte, Beaux-Arts de Paris, Masson 664
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Otto Pächt, The Master of Mary of Burgundy, Londres, Faber and Faber,
- (en) Anne H. van Buren, « The Master of Mary of Burgundy and His Colleagues: The State of Research and Questions of Method », Zeitschrift für Kunstgeschichte, no 38. Bd., H. 3/4, , p. 286-309 (lire en ligne)
- (en) Scot McKendrick et Thomas Kren, Illuminating the Renaissance : The Triumph of Flemish Manuscript Painting in Europe, Los Angeles, Getty Publications, , 591 p. (ISBN 978-0-89236-704-7, lire en ligne), p. 126-157 et 227-229
- Bernard Bousmanne et Thierry Delcourt (dir.), Miniatures flamandes : 1404-1482, Paris/Bruxelles, Bibliothèque nationale de France/Bibliothèque royale de Belgique, , 464 p. (ISBN 978-2-7177-2499-8), p. 278-282
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- J. Paul Getty Museum
- (nl + en) RKDartists
- (en) Union List of Artist Names
- (en) « Notice du Grove Art Online », sur Oxford Art Online
- (nl) « Weense Meester van Maria van Bourgondie », sur Lexicon van Boekverluchters (consulté le )
Notes et références
- Bousmanne et Delcourt 2012, p. 280-281.
- (de) Bodo Brinkmann, Die flämische Buchmalerei am ende des Burgunderreichs : der Meister des Dresdener Gebetbuchs und die Miniaturisten seiner Zeit, Turnhout, Brepols,
- (de) Eberhard Schenk zu Schweinsberg, « Das Gebetbuch für Graf Engelbert II. von Nassau und seine Meister », Nassauische Annalen, vol. 86, , p. 139-157
- McKendrick et Kren 2003, p. 127.
- J.J.G. Alexander, Le maître de Marie de Bourgogne : Un Livre d'heures d'Engelbert de Nassau, Draeger & Vilo, , p. 6 à 29 (non paginé).
- Pächt 1948, p. 26-28.
- Miniatures flamandes, p. 278-280.
- Notice de l'ÖNB
- Notice de la Bodleian
- Notice de la BNE
- Notice de l'IRHT
- (en) Thomas Kren, « A Flemish Manuscript in France, The Chantilly Liber Floridus », Quand la peinture était dans les livres. Mélanges en l’honneur de François Avril, Turnhout, Paris, Brepols, Bibliothèque nationale de France, 2007 (Ars Nova, 15), p. 128-138
- Notice de la BNF
- Notice du Getty
- Notice de la RC
- Notice de la BNF
- Notice de la Bodleian
- Notice du musée des beaux-arts de Gand
- Notice du BM