Maître de la Petite Passion
Le Maître de la Petite Passion est un peintre gothique anonyme du Moyen Âge actif à Cologne. Ses œuvres ont été créées entre 1400 et 1420.
Il porte son nom de convention d'après l'une de ses œuvres, une suite de peintures de scènes de la passion du Christ[1].
Éléments de style
Les œuvres du Maître de la Petite Passion sont considérées, avec celles réalisées à Cologne également par le Maître de la Véronique et celles du Maître de la Sainte Parenté l'Ancien comme des représentants principaux du style doux, version rhénane du gothique international, influencé par l'art français, bourguignon et italien[2]. Le Maître de la Petite Passion, plus jeune que le Maître de la Véronique, est contemporain du Maître de la Sainte Parenté l'Ancien qui lui est probablement plus jeune[3].
Son style se caractérise par une composition calme, équilibrée, qui semble parfois un peu fatiguée, comme dans les fragments du Triptyque. On trouve aussi en arrière-plan un ciel bleu-foncé étoilé, aussi bien dans le Triptyque que dans le Martyre de saint Ursule, mais aussi dans le Martyre des Dix Mille On retrouve l'art du Maître de la Petite Passion dans des tableaux de peintres qui lui ont succédé. Il est possible qu'il ait dirigé un atelier important où ses élèves ont repris son style, avant le passage, avec notamment Stefan Lochner, vers un réalisme se rapprochant de la peinture flamande.
Œuvres
L'œuvre du Maître n'est pas très étendu. Il se compose de :
Triptyque avec scènes de la Passion
Du Triptyque avec scènes de la Passion, seule sont conservés les volets. Ils sont au Wallraf-Richartz Museum (WRM 38-43). L'intérieur des volets est partagé en trois panneaux. Le volet gauche, de haut en bas, contient trois doubles scènes : le mont des Oliviers et l'arrestation, le Christ devant Pilate et la flagellation, le couronnement d'épines et le portement de croix. Le volet droit, de haut en bas, contient trois sènes simples : la crucifixion, la descente de la croix, la mise au tombeau. Chacun des six panneaux mesure environ 32,5 × 35 cm. Les figures du premier groupe sont plus petites et plus animées que celles du second. La technique et le coloris sont les mêmes[4]. L'extérieur des volets en partagé en deux panneaux. Les deux panneaux du bas, se faisant face, contiennent l'ange de l'annonciation et la Vierge. Au dessus, une Vierge adorant l'enfant Jésus (dans une collection privée). Ces panneaux sont plus haut, de dimension 49 × 35 cm.
Martyre de saint Ursule devant la ville de Cologne
Sur cette peinture, conservée au Wallraf-Richartz-Museum (WRM 51) et qui est aux dimensions 60 × 179 cm, figure l'une des plus anciennes vue de Cologne. On constate que cette vue de Cologne ne fait voir, à peu de chose près, que des églises[5]. Et en effet, au Moyen Âge Cologne comptait environ 360 bâtiments religieux[5]. On remarque surtout le chœur de la cathédrale gothique et son clocheton doré, ainsi que les églises Saint-Martin (Groß St. Martin), Saint-Séverin, et l'église Sainte-Marie-du-Capitole. Les deux clochers de Saint-Séverin qui étaient terminés en 1411 figurent déjà dans le plan, en revanche, la tour de l'hôtel de ville, achevée en 1414, est absente. Le tableau peut donc être daté entre 1411 et 1414[3]. D'après von Baum[6], le tableau devait à l'origine être complété, dans la partie supérieure, d'un panneau de même taille qui contenait d'autres épisodes du cycle. Le style de la représentation imite les descriptions de villes telles qu'on les rencontre dans les enluminures françaises[6].
Autres tableaux
- Scènes de la vie de saint Antoine. 53,1 × 66,8 cm, toile. Cologne, Wallraf-Richartz-Museum, WRM 53. Il s'agit d'Antoine le Grand et non pas d'Antoine de Padoue.
- Martyre des Dix Mille. 52,2 × 67 cm, toile. Cologne, Wallraf-Richartz-Museum, WRM 52. Les deux tableaux faisaient partie d'un panneau plus grand : le Martyre en constituait la partie supérieure gauche, les Scènes de saint Antoine la partie supérieure droite[7] d'où il résulte une largeur totale, bordure comprise, d'au moins 136,4 cm.
- Saint Laurent et saint Étienne. Cologne, Wallraf-Richartz-Museum, WRM 46.
Stange ajoute à cette liste un panneau avec trente-cinq scènes de la vie du Christ disposées en 5 rangées de 7 scènes (musées de Berlin). Ces petits tableaux, au coloris délicat, sont très proches de ceux du second groupe de la Petite Passion[4].
Notes et références
- Meister der Kleinen Passion.
- Lüken 2000, p. 130.
- Budde 1986, p. 50-55.
- Larousse, Maître de la Petite Passion.
- Köln als Modellstadt.
- Baum 2008, p. 35-47.
- Baum 2008, p. 50-62.
Bibliographie
- Ulrich Thieme et Felix Becker (éditeurs), Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, vol. 37, Leipzig, E. A. Seeman, , « Meister der Kleinen Passion », p. 180.
- « Maître de la Petite Passion », Dictionnaire de la peinture, sur Encyclopédie Larousse en ligne, Éditions Larousse.
- Alfred Stange, Kritisches Verzeichnis der deutschen Tafelbilder vor Dürer, vol. I-III, Munich, Bruckmann, coll. « Bruckmanns Beiträge zur Kunstwissenschaft », 1967-1978 (OCLC 422113660).
- Frank Günter Zehnder, Altkölner Malerei, Cologne, Stadt Köln, coll. « Kataloge des Wallraf-Richartz-Museums, vol XI », .
- « Meister der Kleinen Passion (n° 70086101) », Deutsche Fotothek.
- Sven Lüken, Die Verkündigung an Maria im 15. und frühen 16. Jahrhundert, Gœttingue, Vandenhoeck & Ruprecht, coll. « Rekonstruktion der Künste » (no 2), , 594 p. (ISBN 978-3-525-47901-8, lire en ligne).
- K. Kwastek et Tobias Nagel, « Köln als Modellstadt », Bild der 15. Woche - 14. bis 20. April 2008, Museen Köln
- Rainer Budde, Köln und seine Maler, 1300-1500, Cologne, DuMont, , 288 p. (ISBN 978-3-7701-1892-2, OCLC 14992867).
- (de) Katja von Baum, Malerei auf textilem Bildträger im 15. Jahrhundert in Köln, vol. 2 : Catalogue (Inaugural Dissertation), Bamberg, Otto-Friedrich-Universität, (lire en ligne).