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ML-1

Le ML-1 était un réacteur nucléaire expérimental construit dans le cadre du programme d'énergie nucléaire de l'armée américaine (en anglais : Army Nuclear Power Program) entre 1961 et 1965. Il était destiné à fournir de l'énergie nucléaire depuis un camion pouvant accompagner les troupes d'un endroit à un autre, afin d'alimenter les centres de commandement et de communication, les hôpitaux d'évacuation, les dépôts et les systèmes de radar et d'armes[1].

Maquette grandeur nature d'un ML-1 à la station nationale d'essais des réacteurs (en anglais : National Reactor Testing Station) dans l'Idaho. Le réacteur réel a été testé à proximité.

Contrairement aux sept autres réacteurs de ce programme, il n'utilisait pas une turbine à vapeur, mais le fluide de refroidissement (de l'azote à une pression de 2 170 kPa) entraînait une turbine à gaz à cycle fermé (en anglais : closed-cycle gas turbine). Il avait été conçu pour produire 3,3 MW thermique et une puissance mécanique de 400 kW sur l'arbre de sortie, pour une température de sortie de 649 °C[2].

Bien que le concept de la turbine à gaz à cycle fermé utilisant de l'azote ait été éprouvée, le système n'a pas répondu aux attentes. Il a donc été abandonné et le développement du ML-1 s'est terminé en 1965, après plusieurs réaménagements importants et seulement quelques centaines d'heures de tests en tout. Des concepts similaires ont été plus récemment proposés dans le cadre du programme du réacteur à lit de boulets (en anglais : Pebble-bed reactor, ou PBMR) en tant que dérivés de celui-ci.

En 1964, une analyse économique avait conclu que le coût global de l'achat et de l'exploitation du ML-1 sur une période de 10 ans serait environ dix fois supérieur à celui d'une centrale diesel comparable à des coûts de carburant normaux[3].

Concept

Schéma simplifié du ML-1

Le concept de base d'une turbine à gaz à cycle fermé utilisant de l'azote (un gaz relativement inerte), avec une source de chaleur à fission nucléaire interposée entre le compresseur et la turbine à gaz, était, et reste encore, très convaincant.

Ainsi, le Commission de l'énergie atomique américaine a réalisé qu'un tel réacteur pourrait répondre aux besoins de l'armée. L'armée étant intéressée, le processus de conception et de fabrication avait pu commencer.

Conception et fabrication

La conception du ML-1 était motivée par les exigences du client (l'armée américaine) qui souhaitait une turbine transportable par avion (ayant un poids faible et étant de la taille d'un conteneur de fret). Cette contrainte avait conduit les ingénieurs d'Aerojet-General Nucleonics, l'entrepreneur principal du projet, à faire des choix de conception inhabituels.

Le concept ne comportait pas de blindage encombrant, mais nĂ©cessitait une zone d'exclusion du personnel de 150 m durant son fonctionnement. Il incorporait des dispositifs d'amĂ©lioration de l'efficacitĂ©, tels que des rĂ©cupĂ©rateurs. L'isolation avait Ă©tĂ© spĂ©cifiĂ©e pour permettre de maintenir les valeurs thermiques dans les limites optimales. Un système de contrĂ´le sophistiquĂ© et un cĹ“ur complexe avaient Ă©tĂ© mis en place. Une toute nouvelle turbine Ă  gaz avait Ă©tĂ© conçue pour l'application. Le fluide fournissant le travail mĂ©canique, l'azote, Ă©tait comprimĂ© Ă  9 fois la pression atmosphĂ©rique (910 kPa).

La spécification du concept avait atteint ses objectifs : la centrale fonctionnait (sur le papier) et elle était transportable conformément aux exigences de l'armée.

Le ML-1 avait ensuite été fabriqué conformément aux spécifications, bien que l'on ait découvert plus tard que certains matériaux non conformes étaient présents (l'alliage d'acier inoxydable spécifié pour certaines tuyauteries, de nuance 316L, avait une composition insuffisante en chrome en plusieurs endroits, ce qui le rendait sensible à la corrosion ) même si cela n'était pas immédiatement apparent dans le produit livré.

Tests de validation

Le ML-1 a fonctionné comme centrale électrique pour la première fois le 21 septembre 1962, ne produisant que quelques kilowatts d'électricité. Il a atteint sa pleine puissance le 28 février 1963[1]. Le 4 mars, après le premier essai de 100 heures à pleine puissance, on a découvert que du gaz de refroidissement fuyait dans l'eau du modérateur. La centrale a alors été démontée et reconstruite, puis remise en service au printemps 1964[1].

Le ML-1 a fonctionné (quoique jamais comme spécifié, n'atteignant qu'une puissance de pointe de 66% de la puissance électrique prévue), mais il a rencontré de nombreux problèmes majeurs tout au long de sa route. Des arrêts soudains étaient monnaie courante, souvent dus à des lectures de capteurs erronées, tandis que les vrais problèmes mécaniques, ceux concernant les composants non nucléaires du système, n'étaient souvent pas détectés avant que des dommages importants ne se produise. A tort ou à raison, des hauts gradés de l'armée en sont venus à le considérer comme un « citron », et les coupes budgétaires dues à la guerre du Vietnam ont définitivement mis fin au projet en 1965.

Analyse

Adams[4] fait valoir que la conception et la mise en œuvre du ML-1 étaient défectueuses en raison de la décision de construire une turbine à gaz à cycle fermé utilisant de l'azote, qui était très évolué, hautement efficace et facilement transportable, avant même la création de toute autre version fonctionnelle du concept.

Adams estime que les concepteurs du ML-1 ont pris plusieurs décisions incorrectes[4] :

  • L'ajout d'un rĂ©cupĂ©rateur inutile, juste pour amĂ©liorer l'efficacitĂ©.
  • L'utilisation d'une source de chaleur par fission Ă  tube d'eau basĂ©e sur une calandre qui n'Ă©tait pas encore Ă©prouvĂ©e dans le « monde rĂ©el ».
  • L'utilisation d'une pression de neuf atmosphères Ă  l'entrĂ©e du compresseur, ce qui Ă©conomisait de l'espace mais nĂ©cessitait une turbine sur mesure plutĂ´t qu'une turbine conçue pour les pressions atmosphĂ©riques.
  • L'ajout d'une feuille isolante dans la tuyauterie de gaz pour amĂ©liorer l'efficacitĂ© (la feuille s'est ensuite cassĂ©e et a contaminĂ© la boucle fermĂ©e avec ses dĂ©bris, causant des problèmes de dĂ©contamination pour les ingĂ©nieurs).
  • L'utilisation de composants uniques et de conception toute nouvelle au lieu d'utiliser des aĂ©ronefs Ă©prouvĂ©s dans le commerce ou des turbines dĂ©rivĂ©es de la production d'Ă©nergie.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « ML-1 » (voir la liste des auteurs).
  1. Lawrence H. Suid, The Army's Nuclear Power Program: The Evolution of a Support Agency, Contributions in Military Studies, Number 98, (ISBN 978-0-313-27226-4)
  2. Wayne, « ML-1 nuclear power plant initial power tests », American Nuclear Society 9th Annual Meeting, Salt Lake City, UT (United States), Aerojet-General Nucleonics,‎
  3. United States, « AEC Authorizing Legislation: Hearings Before the Joint Committee on Atomic Energy, Congress of the United States. 84th-93rd Congress », United States. Congress. Joint Committee on Atomic Energy,‎ , p. 414 (lire en ligne, consulté le )
  4. Adams, « ML-1 Mobile Power System: Reactor in a Box », Atomic Insights, USA, Adams Atomic Engines, Inc., (consulté le )

Liens externes

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