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M2 Medium Tank

Le M2 Medium Tank est un char moyen de l'armée américaine produit en 1939 par le Rock Island Arsenal, juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Les événements en Europe de l'Ouest ont rapidement démontré que le M2 était obsolète, et il n'a jamais été utilisé en combat. Il a cependant été utilisé à des fins de formation tout au long de la guerre.

Medium Tank M2
Image illustrative de l’article M2 Medium Tank
Char M2 exposé au terrain d’essai d’Aberdeen en 2008.
Caractéristiques de service
Type Char moyen
Service Drapeau des États-Unis États-Unis
Utilisateurs United States Army
Conflits Seconde Guerre mondiale
Production
Année de conception 1936-1938
Constructeur Rock Island Arsenal
Production 1938-1940
Unités produites 18 M2, 94 M2A1
Caractéristiques générales
Équipage 6
Longueur 5,33 m
Largeur 2,59 m
Hauteur 2,82 m
Masse au combat 17,2 t - 21,3 t
Blindage (Ă©paisseur/inclinaison)
Blindage M2 6.4–32 mm
M2A1 6.4–51 mm
Armement
Armement principal 37 mm Gun M3
Armement secondaire 7 x Mitrailleuse Browning 1919 .30-06 Springfield
Mobilité
Puissance 400/340 ch (298/253 kW)
Vitesse sur route 42 km/h
RĂ©servoir 473 l
Autonomie 210 km


Histoire

DĂ©veloppement

Après l’échec des chars convertibles de Walter Christie, les États-Unis tentent une nouvelle fois de dĂ©velopper un char moyen plus conventionnel Ă  partir du , lorsque l’Ordnance Committee recommande de lancer un tel dĂ©veloppement. Celui-ci donne naissance dans un premier temps au T5, un prototype Ă©voquant un char lĂ©ger M2 agrandi[1]. Bien que des voix se soient Ă©levĂ©es au sein du comitĂ© en faveur d’un armement lourd, avec notamment un canon de 75 mm, cette solution se heurte Ă  une fĂ©roce opposition du gĂ©nĂ©ral George Lynch, qui considère une telle arme comme « inutile »[2].

Les premiers essais ont lieu entre novembre et décembre 1937, puis, après quelques modifications, le prototype est expédié au terrain d’essai d’Aberdeen le [3]. Le résultat des tests étant satisfaisant, l’Ordnance Committee recommande le d’accepter le T5 pour le service sous le nom de M2. Ceci est fait peu de temps après, assorti d’une commande de dix-huit exemplaires pour l’année fiscale 1939[4][5].

La première version du T5 n’ayant pas donné entière satisfaction en dépit de ses bons résultats, le travail de développement se poursuit toutefois[6]. Un premier essai, le T5 phase II, qui se distingue de son prédécesseur uniquement par la disposition du moteur, ne dépasse pas le stade du dessin[7]. Le T5 phase III donne en revanche naissance à un nouveau prototype à l’automne 1938, qui est ensuite testé à partir de novembre à Aberdeen. Le nouveau véhicule est similaire au T5 phase I, mais s’en distingue notamment par une modification de l’avant de la caisse, qui devient asymétrique. D’autres changement sont également introduits comme des suspensions ou un échappement différent[6].

Production

La production des dix-huit premiers exemplaires du M2 débute pendant l’été 1939 et s’effectue uniquement au Rock Island Arsenal. En parallèle, cinquante-quatre exemplaires supplémentaires sont commandés pour l’année fiscale 1940[8]. La défaite de la France à la fin du printemps 1940 change toutefois la donne : l’état-major américain se rend compte que l’importance des chars a été sous-estimée et que les seuls véhicules modernes que compte l’United States Army sont les dix-huit M2 déjà produits. La commande des cinquante-quatre autres M2 est alors annulée, l’idée étant de commander à la place mille M2A1[9].

Le Rock Island Arsenal étant inadapté à de telles cibles de production, le gouvernement commence à échanger avec des partenaires privés afin de pouvoir mobiliser les entreprises du chemin de fer et de l’automobile dans la production. Le , William Knudsen quitte la direction de General Motors pour devenir directeur de la production militaire. En juin, il se rapproche de Chrysler pour négocier la mise en production du M2A1 chez le constructeur automobile. Après avoir reçu les plans mi-juin et construit une maquette en bois, Chrysler reçoit le la commande de mille M2A1, ceux-ci devant être produits dans un délai de deux ans[9]. Pour parvenir à remplir ses objectifs, une usine destinée à la production de chars commence à être construite à Détroit, le Detroit Tank Arsenal, dont les capacités de production sont estimées à cent véhicules par mois[10].

Toutefois, alors que ces préparatifs sont en cours, les évènements européens conduisent à abandonner le M2. La commande déjà prévue est alors remplacée par une commande de mille M3 : même si celui-ci n’existe alors pas encore, il bénéficiera grandement des infrastructures industrielles mises en place pour le M2. Finalement, cent vingt-six M2A1 sont tout-de-même commandés au Rock Island Arsenal afin de servir de véhicules d’entraînement. La production débute en et s’arrête prématurément en après que quatre-vint-quatorze exemplaires aient été produits : à cette date la production du M3 est en effet suffisamment élevée pour que le M2 n’ait plus d’intérêt, même à des fins d’exercice[10].

Histoire opérationnelle

Le M2 et le M2A1 n’ont jamais Ă©tĂ© utilisĂ©s au combat, car rapidement considĂ©rĂ©s comme mal conçus : bien que plus gros et plus lourds qu’un char lĂ©ger, ils ne sont ainsi pas mieux blindĂ©s et armĂ©s que les dernières versions de ceux-ci, comme le M2A4. Par ailleurs, l’invasion de la France montre que le M2A1 est largement obsolète par rapport aux chars qui parcourent les champs de bataille europĂ©ens, notamment le Panzer IV et son canon de 75 mm[11].

La crĂ©ation de l’Armored Force le libère par ailleurs l’arme blindĂ©e des tutelles de l’infanterie et de la cavalerie. N’étant plus contraint par les exigences de George Lynch et John Knowles Herr (en), le gĂ©nĂ©ral Adna Chaffee, qui a pris le commandement de la nouvelle branche, exige immĂ©diatement un char armĂ© d’un canon de 75 mm[12]. Le M2 et le M2A1 restent par consĂ©quent cantonnĂ©s Ă  des fins d’entraĂ®nement pendant toute la durĂ©e de leur carrière opĂ©rationnelle. Les deux modèles sont officiellement dĂ©clarĂ©s obsolètes Ă  la fin de l’annĂ©e 1942 et retirĂ©s du service[10].

Caractéristiques

Protection

Le blindage est constituĂ© de plaques en acier Ă  surface durcie assemblĂ©es par rivetage avec des rivets en acier au nickel. Dans l’ensemble, le niveau de protection reste assez faible : si l’épaisseur de blindage maximale Ă  l’avant est de 25 mm, ce chiffre ne concerne que la zone rĂ©duite autour de la transmission finale, le reste de la caisse Ă©tant bien moins protĂ©gĂ© avec Ă  peine mm par endroits[8].

Armement

L’armement principal projetĂ© est sujet Ă  des fluctuations dans les premiers temps du projet. Après avoir considĂ©rĂ© un, puis deux canons de 37 mm M2A1. Le choix pour la production de sĂ©rie se porte sur un seul canon de 37 mm, mais d’un nouveau modèle Ă  plus haute vĂ©locitĂ©, le M3[1].

L’armement secondaire est composĂ© de pas moins de neuf mitrailleuses de 7,62 mm : une coaxiale, deux en proue, quatre dans des sabords latĂ©raux, dont deux couvrent l’arc avant et deux l’arc arrière, et deux Ă  usage antiaĂ©rien sur le dessus de la caisse[1] - [13]. L’intĂ©rĂŞt de cette profusion de mitrailleuses n’est pas sans poser question, toutes ne pouvant pas ĂŞtre utilisĂ©es en mĂŞme temps : les six mitrailleuses de la caisse sont ainsi Ă  la charge de seulement deux membres d’équipage. Leur fonctionnement est par ailleurs parfois problĂ©matique : les deux mitrailleuses de proue sont fixes et nĂ©cessitent de bouger tout le vĂ©hicule pour pouvoir ĂŞtre pontĂ©es ; en l’absence de pĂ©riscopes, les quatre mitrailleuses de sabord sont pratiquement inutilisables, leurs servants ne voyant presque rien au-dehors ; les mitrailleuses antiaĂ©riennes ne sont guère plus pratiques en raison de la conception de leur montage, qui rend très improbable la possibilitĂ© de toucher un avion[13].

Variantes expérimentales

Deux variantes d’essai sont dĂ©rivĂ©es du T5 : le T5E1 sert Ă  tester un moteur Diesel Guiberson de 400 hp Ă  partir du tandis que le T5E2 vise Ă  expĂ©rimenter un armement plus lourd, en l’occurrence un obusier de 75 mm M1A1[14]. Les essais de ce dernier, qui se dĂ©roulent entre le et le seront dĂ©terminant dans la conception du char M3[15].

Un exemplaire du M2A1 est par ailleurs utilisĂ© pour expĂ©rimenter le concept de blindage appliquĂ©. Des plaques pouvant aller jusqu’à 76 mm d’épaisseur lui sont ajoutĂ© pour amĂ©liorer la rĂ©sistance aux projectiles antichars. Elles ont cependant l’inconvĂ©nient d’ajouter plus de quatre tonnes Ă  la masse totale du vĂ©hicule, rĂ©duisant fortement sa mobilitĂ©[10]. En matière d’armement, un autre M2A1 est testĂ© avec un lance-flammes E2 Ă  la place du canon, le liquide inflammable Ă©tant stockĂ© dans des rĂ©servoirs montĂ©s sur la plage arrière[7].

Annexes

Données techniques

Tableau récapitulatif des dimensions
T5 (phase I) M2 M2A1
Longueur hors tout 5,33 m[7]
Largeur hors tout 2,59 m[7]
Hauteur 2,84 m[7] 2,82 m[7]
Masse en ordre de combat env. 15 t[16] 17,2 t[7], 19 t[8] 21,3 t[7]
Pression au sol 9,6 psi[16] 18,8 psi[8] 15,3 psi[17]
Tableau récapitulatif des caractéristiques motrices
T5 (phase I) M2 M2A1
Motorisation Moteur en Ă©toile Continental[16] Moteur en Ă©toile Wright[8] Wright R975 EC2[17]
Puissance 268 hp Ă  2400 t/m[16] 350 hp[8] 400 hp Ă  2400 t/m[17]
Puissance massique 16 hp/t[16] 18,4 hp/t[8] 19 hp/t[17]
Suspension Ressorts en volutes[16]
Type de carburant Essence[16]
Contenance des réservoirs 473 l[16]
Vitesse maximale sur route 50 km/h[16] 42 km/h[8] 42 km/h[17]
Autonomie sur route 201 km[16]
Tableau récapitulatif du blindage
T5 (phase I) M2
Avant 3,2-25,4 mm[8]
Plancher 6,35 mm[8]
Caisse toit 9,53 mm[8]
Tableau récapitulatif de l’armement et de l’équipement
T5 (phase I) M2 M2A1
Armement principal 2 canons de 37 mm M2A1[16] 1 canon de 37 mm M3[8]
Munitions armement principal 200 obus[7]
Armement secondaire 8 mitrailleuses de 7,62 mm (2 en proue, 4 latérales et 2 antiaériennes)[8]
Munitions armement secondaire 12 250 cartouches de 7,62 mm[7]
Radio

Bibliographie

  • (en) Peter Chamberlain et Chris Ellis, British and American Tanks of World War II : The complete illustrated history of Britsh, American and Commonwealth tanks, gun motor carriages and special purpose vehicles 1939-1945, New-York, Arco Publishing Company, .
  • (en) Richard Pierce Hunnicutt, Sherman : A History of the American Medium Tank, Presidio Press, (ISBN 0891410805).
  • (en) Steven J. Zaloga, Early US Armor : Tanks 1916-40, vol. 245, Oxford, Osprey Publishing, coll. « New Vanguard », (ISBN 9781472818072).

Articles connexes

  • List of U.S. military vehicles by supply catalog designation (en)
  • List of U.S. military vehicles by model number (en)

Liens externes

Notes et références

  1. Hunnicutt 1976, p. 30.
  2. Zaloga 2017, p. 39.
  3. Hunnicutt 1976, p. 31.
  4. À cette époque l’année fiscale du budget fédéral débute le , l’année fiscale 1939 commence donc le .
  5. Hunnicutt 1976, p. 32, 36.
  6. Hunnicutt 1976, p. 33.
  7. Chamberlain et Ellis 1969, p. 106.
  8. Hunnicutt 1976, p. 36.
  9. Hunnicutt 1976, p. 43.
  10. Hunnicutt 1976, p. 44.
  11. Zaloga 2017, p. 40-41.
  12. Zaloga 2017, p. 41.
  13. Zaloga 2017, p. 40.
  14. Hunnicutt 1976, p. 34-35.
  15. Hunnicutt 1976, p. 35.
  16. Hunnicutt 1976, p. 32.
  17. Hunnicutt 1976, p. 40.
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