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MĂĽnchenbryggeriet

Münchenbryggeriet (anciennement Münchens bryggeri, dans les deux cas la brasserie de Munich) est un centre de congrès et de conférences situé sur la rive nord de l'île Södermalm au centre de Stockholm en Suède.

MĂĽnchens bryggeri, pignon Ă  Ă©chelons sur la rue Torkel Knutssonsgatan en 2009.

Les locaux abritaient jusqu'en 1971 une brasserie. La production de bière y avait commencé en 1857 dans des locaux précédemment occupés par une usine textile. Après un incendie majeur en 1893, la brasserie fut reconstruite rapidement en style renaissance. La façade qui donne sur le lac Mälar fait aujourd'hui partie du paysage urbain de Stockholm. Le bâtiment a été menacé de démolition en 1971, le propriétaire des lieux, le brasseur suédois Pripps (aujourd'hui marque du groupe danois Carlsberg), ayant décidé de transférer sa production à Bromma. Après les élections de 1976, il fut néanmoins décidé de conserver le bâtiment, qui abrite aujourd'hui un centre de congrès et de conférences, ainsi que des bureaux.

De la fabrique textile à la brasserie mécanisée

La brasserie de Munich sur les rives du lac Mälar dans les années 1860, avant l'incendie de 1893.
Les Ă©curies en 1906, avec la future rue Eolsgatan sur la droite

C'est en 1740 que la corporation des brasseurs fonde une manufacture de vĂŞtements sur le site aujourd'hui occupĂ© par la brasserie de Munich. Il est alors tout Ă  fait exceptionnel qu'une corporation possède une fabrique de vĂŞtements, mais en le roi avait incitĂ© la bourgeoisie Ă  se lancer dans la production industrielle. La corporation se voit attribuer un privilège pour la fabrication de vĂŞtements le et se porte peu après acquĂ©reur du terrain situĂ© sur les rives du lac Mälar[1]. Pendant la première annĂ©e d'activitĂ©, elle dispose de deux mĂ©tiers Ă  tisser et de 30 employĂ©s. L'activitĂ© culmine dans les annĂ©es 1760, avec douze mĂ©tiers Ă  tisser et 150 employĂ©s. L'usine est dirigĂ©e Ă  partir de 1751 par Jakob Hongelin, puis par son fils Jakob Vilhelm Hongelin. Faisant face Ă  un contexte difficile, elle doit fermer ses portes en 1803, mais l'activitĂ© redĂ©marre sous la direction de Johan Christian Fougt. Pendant quelques dĂ©cennies, l'usine connaĂ®t une nouvelle pĂ©riode faste, et Ă  partir des annĂ©es 1840 elle est rejointe sur les lieux par une fabrique de carrelage[2].

Lorsque le grossiste C. C. Brusell & Co rachète le terrain en 1855, il prend possession d'une fabrique de textile et de carrelage équipée d'une machine à vapeur. Les locaux sont alors transformés en brasserie. Aucune brasserie de Stockholm n'avait auparavant été équipée d'une machine à vapeur. C'est cette mécanisation qui est à l'origine de la transformation des brasseries en véritables industries modernes. Le choix du nom Münchens Bryggeri a pour objectif de promouvoir l'image du produit phare, la Münchener, très populaire à cette époque. La fabrication et la vente commencent en .

Pour la brasserie, l'emplacement est idéal car la fabrication de bière requiert d'importantes quantités de glace. On utilise alors directement la glace du lac Mälar pour refroidir la bière pendant la fermentation et le stockage. Dès ses débuts, la brasserie de Munich prospère, la production y augmentant régulièrement. Elle s'accroît progressivement avec la construction de nouveaux bâtiments sur le terrain[3].

La production de bière est alors saisonnière : il se vend plus de bière en Ă©tĂ© qu'en hiver. Une grande partie des emplois saisonniers sont occupĂ©s par des femmes originaires de DalĂ©carlie. Stockholm est en effet au XIXe siècle la cible d'une migration massive en provenance de cette rĂ©gion de l'ouest de la Suède. C'est un travail difficile : une palette de 100 bouteilles pèse 90 kg et doit ĂŞtre soulevĂ©e Ă  une hauteur de 125 cm par deux femmes. Le travail, qui inclut aussi les tâches de nettoyage, remplissage des bouteilles, pose des bouchons et Ă©tiquetage est toutefois le mieux payĂ© des emplois de manutention ouverts aux femmes.

Photographies historiques

  • VĂ©hicules de transport devant la brasserie en 1896.
    VĂ©hicules de transport devant la brasserie en 1896.
  • VĂ©hicule de transport en 1895.
    VĂ©hicule de transport en 1895.
  • VĂ©hicule de transport en 1903.
    VĂ©hicule de transport en 1903.
  • L'intĂ©rieur de la brasserie en 1905.
    L'intérieur de la brasserie en 1905.

Le grand incendie

La nuit de Pâques 1893, alors que des travaux d'amĂ©nagement sont en cours, un violent incendie dĂ©truit la brasserie de Munich[3]. En seulement une annĂ©e, de nouveaux locaux sont construits, mĂŞme si la reconstruction de la nouvelle brasserie ne prend fin qu'en 1903. L'incendie est finalement un bienfait pour la brasserie de Munich. Les nouveaux locaux sont en effet plus modernes et plus adaptĂ©s Ă  l'activitĂ© que ceux de ses concurrents, et elle peut s'agrandir, devenant avec le tournant du siècle la plus grande brasserie de Suède avec 350 employĂ©s et une production annuelle de 150 000 hectolitres de bière, ce qui reprĂ©sente Ă  l'Ă©poque un dixième de la production nationale et un quart de la production de la capitale.

Après l'incendie, la reconstruction est dirigée par l'architecte Hjalmar Kumlien et l'ingénieur Alvin Jacobi[4]. C. F. Qvennerstedt, directeur de l'usine depuis 1874, s'emploie à utiliser la main d'œuvre de la brasserie pour les travaux de reconstruction. Aucun ouvrier n'est ainsi licencié, et les salaires sont maintenus. Le nouveau bâtiment qui naît des cendres en 1894 est caractérisé par sa longue façade de style renaissance et ses pignons néogothiques. La façade nord, qui donne sur le lac Mälar, est constituée de 1,2 million de briques. Son apparence est aujourd'hui identique à celle qu'elle avait à la fin du XIXe siècle.

Dans les annĂ©es 1890, la brasserie de Munich rachète Ă  l'hospice de Kristinehov un terrain situĂ© 500 mètres plus Ă  l'ouest. LĂ , on construit en 1897 une forge et une Ă©curie, qui aurait renfermĂ© sur trois niveaux des stalles pour 200 chevaux. L'Ă©curie a aujourd'hui disparu, elle a Ă©tĂ© remplacĂ©e au numĂ©ro 2 de la rue Heleneborgsgatan par des immeubles d'habitation construits en 1982.

Cartel et monopole

La cour intérieure, avec la cheminée construite dans les années 1920.
Le portail sur la rue Torkel Knutssonsgatan.

À partir des années 1870, les différents brasseurs de Stockholm tentent de constituer un cartel afin d'augmenter le prix de la bière et d'accroitre leurs profits. À la fin des années 1880, on cherche à regrouper tous les brasseurs au sein d'un consortium. L'année 1889 est ainsi marquée par le rachat d'une série de petits brasseurs et leur revente à une entité qui vient tout juste d'être créée, les brasseries de Stockholm (Stockholms Bryggerier).

En 1910, les brasseries de Stockholm se portent acquéreurs de la brasserie de Munich, et achètent pratiquement simultanément quatre autres brasseurs. Elles se placent ainsi en position de monopole sur Stockholm et sa région. Conformément à un accord de cartel entre les deux groupes, le brasseur Pripp & Lyckholm obtient dans le même temps le monopole de la fabrication et de la vente de bière dans l'ouest du pays.

Dans les annĂ©es 1920, la brasserie de Munich est vigoureusement agrandie et modernisĂ©e. Les anciennes cuves de bois sont ainsi remplacĂ©es par des containers en acier et aluminium et le procĂ©dĂ© de nettoyage est automatisĂ©. On construit Ă©galement une chaudière centrale et une grande cheminĂ©e, toujours prĂ©sente aujourd'hui. Dans les annĂ©es 1930, l'ensemble du processus de production est automatisĂ©, et une dernière rĂ©novation a lieu dans les annĂ©es 1950. Au plus fort de son activitĂ©, la production atteint 60 000 bouteilles de bière par heure.

Dans les années 1920, le monopole des brasseries de Stockholm est remis en cause lorsque trois fabricants de spiritueux se voient autoriser à brasser de la bière légère. Le premier, Birger Jarls bryggeri, est toutefois racheté après seulement deux années d'activité. Le second, Bryggeriet Kronan, est incorporé aux brasseries de Stockholm en 1938. Quant au troisième, Hembryggeriet, il connait des difficultés pendant la Deuxième Guerre mondiale, passe sous le contrôle des brasseries de Stockholm au travers d'une société écran, et est rapidement démantelé. En une dizaine d'années, les brasseries de Stockholm retrouvent donc leur monopole sur la région de Stockholm. Ce monopole se poursuit jusqu’à ce qu'une loi interdise les cartels et que la concurrence s'installe en provenance du reste du pays. Les deux géants de la bière, brasseries de Stockholm et Pripp & Lyckholm, fusionnent toutefois en 1964 pour créer un nouveau groupe, les brasseries Pripps.

La production de bière déménage à Bromma

Avec le transfert de la production de bière vers la nouvelle brasserie Pripps à Bromma, marque la fin d'une époque pour la brasserie de Munich[3]. En 2001, Pripps, qui est passé entretemps dans les mains du groupe norvégien Ringnes, est racheté par le brasseur danois Carlsberg et est fusionné avec un autre brasseur suédois, Falcon. La nouvelle entité prend le nom de Carlsberg Suède. En raison des difficultés dans le secteur, Carlsberg Suède prend à l'automne 2003 la décision de fermer la brasserie de Bromma.

Menaces de démolition et protestations

Dans les années 1971-72, des petites industries, des bureaux et des associations emménagent dans les locaux de la brasserie[3]. La salle de danse Mälarsalen, qui est ouverte en 1972 à l'initiative de Hans Ryberg, connaît un large succès populaire. Musikbryggeriet, l'une des dernières salles de concert de Stockholm dédiées au rock progressif, s'installe dans les années 1974-1977 près des anciennes écuries, dans le prolongement de la rue Högalidsgatan (aujourd'hui rue Münchensbacken). Elle est dirigée jusqu'en 1976 par le musicien Bill Öhrström, puis par une association. La ville de Stockholm achète les locaux en 1974 avec l'intention de les démolir et de les remplacer par des logements. Cette transformation significative du paysage urbain suscite une importante vague de protestation conduite par Hans Ryberg, le directeur de la salle de danse Mälarsalen.

Plus de 20 000 personnes, parmi lesquelles Astrid Lindgren, Evert Taube, Tage Danielsson, Povel Ramel et Per Anders Fogelström, signent une pĂ©tition contre la dĂ©molition. Astrid Lindgren dĂ©clare que "si ce lieu qui inclut la merveilleuse Mälarsalen n'existait pas, il faudrait l'inventer". Le musĂ©e de la ville de Stockholm (Stockholms stadsmuseum) et la direction nationale du patrimoine (Riksantikvarieämbetet) se rangent du cĂ´tĂ© des protestataires. MalgrĂ© tout, le conseil municipal de Stockholm vote la dĂ©molition de la brasserie par une majoritĂ© d'une voix.

Le bâtiment doit finalement son salut aux élections générales de 1976. L'opposition conservatrice, qui avait soutenu le mouvement de protestation avant le scrutin, s'empare de la majorité au parlement le . Les travaux de démolition, qui doivent débuter onze jours plus tard, sont annulés[3].

Panorama

La brasserie de Munich sur les rives du lac Mälar en juillet 2012.

La brasserie de Munich aujourd'hui

En 1979, le constructeur immobilier ABV achète Ă  la commune le bâtiment principal de la brasserie et entreprend la rĂ©novation des 46 000 m2 de locaux. Ces travaux, dirigĂ©s par l'architecte Sune Malmquist, se concluent en 1985 pour une facture de 200 million de couronnes.

Aujourd'hui, la brasserie de Munich est un centre de congrès et de confĂ©rences qui inclut aussi, entre autres, l'Ă©cole du ballet royal de Stockholm. La nouvelle salle de congrès a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e en convertissant environ 2 000 m2 des locaux de la brasserie, prĂ©cĂ©demment occupĂ©s par une ferblanterie et une imprimerie, pour rĂ©aliser ce que la centrale de rĂ©servation Konferenspoolen qualifie de "plus beau local de Stockholm". Depuis 1994, elle a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour des confĂ©rences, des congrès, des expositions, des concerts et des retransmissions tĂ©lĂ©visĂ©es, ce qui l'a fait connaĂ®tre d'un large public. La Mälarsalen, qui se trouve toujours au sixième Ă©tage, est la plus grande salle de danse de Stockholm pour le bugg (une danse très populaire en Suède) et le foxtrot.

Notes et références

Notes

  1. (sv) Munthe (1959). p. 260.
  2. (sv) Munthe (1959). p. 261.
  3. (en) About the brewery sur le site officiel de la brasserie de Munich.
  4. (sv) Nilsson (2007). p. 14.

Bibliographie

  • (sv) Gunnar Holmberg. Södermalm - En vägvisare. Norstedt. 1981.
  • (sv) Arne Munthe. Västra Södermalm intill mitten av 1800-talet. 1959.
  • (sv) Staffan Nilsson. Gambrinus palats i norr - om svenska bryggeribyggnader. Företagsminnen nÂş1. 2007.
  • (sv) Nils-Gustaf Stahre, Per Anders Fogelström. Stockholms gatunamn: innerstaden. Liber. (ISBN 91-38-90777-1).
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