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MĂ©thode syllabique

La mĂ©thode syllabique, couramment appelĂ©e « b.a. – ba Â», est une mĂ©thode d'apprentissage de la lecture consistant Ă  identifier les lettres prĂ©sentes dans un mot, afin de pouvoir les combiner en syllabes pour arriver Ă  la formation d’un mot. Il s’agit d’un mĂ©canisme associatif. Une fois que la relation entre le phonème – Ă©lĂ©ment sonore distinctif du langage –  et le graphème – s, c, ss, sc, ç sont des graphèmes correspondant au phonème [s] –  est maĂ®trisĂ©e, l’enfant apprend Ă  lire les assemblages de graphèmes sous forme de syllabes ou de mots. Les scientifiques prĂ©fèrent employer les termes « grapho-phonologique Â», « combinatoire Â», « dĂ©codage-encodage Â», « mĂ©thode synthĂ©tique Â», « mĂ©thode alphabĂ©tique Â» ou encore « mĂ©thode phonique Â» pour parler de cette mĂ©thode d’apprentissage de lecture. Dans les mĂ©dias, elle est souvent opposĂ©e Ă  la mĂ©thode globale proposĂ©e dans les annĂ©es 1970 mais qui n'a dans les faits jamais Ă©tĂ© rĂ©ellement appliquĂ©e par les enseignants.

Utilisation de la méthode syllabique dans une école de Gorée (Sénégal).

La méthode Boscher (utilisée depuis le début du XXe siècle) est de type alphabétique. La méthode Borel-Maisonny (utilisée depuis les années 1950 et régulièrement remise à jour) est également une approche syllabique, mais aussi phonétique et gestuelle, associant un geste à chaque son. La méthode du Sablier, apparue au Canada dans les années 1970 est aussi de ce type, dans lequel on peut également classer Au fil des mots. Actuellement, il existe de nombreuses méthodes comme Taoki et compagnie[1], Lecture Piano ou encore Je lis, j'écris, Lire avec Léo et Léa. La méthode des alphas qui a pour but d'apprendre à l'enfant à associer les sons et les lettres d'une manière ludique sans passer par des textes écrits, est généralement utilisée comme méthode d'entrée dans la lecture, avant l'emploi des méthodes précédentes. En France, cette dernière est ainsi couramment utilisée en moyenne et grande section de maternelle, ainsi qu'en début de CP.

MĂ©thode

Histoire de la méthode

Déjà chez les Grecs et Latins les bases de la méthode syllabique étaient utilisées. Leur méthode consistait à faire apprendre aux élèves l’alphabet, puis vérifier cet apprentissage avec une évaluation. Ensuite, les élèves devaient apprendre des syllabes simples, puis plus complexes, sur lesquelles ils étaient également évalués. Cette méthode était assez contraignante pour les élèves, comme pour les professeurs.

La mĂ©thode syllabique a Ă©tĂ© mise au point par le pasteur Stuber en 1762. C'est une des premières mĂ©thodes de l'Ă©cole moderne (xixe siècle). Par la suite, d'autres mĂ©thodes sont apparues : globale, mixte, phonĂ©tique, libre, Ă©pellation etc. Avec la multiplication des mĂ©thodes, de nombreux dĂ©bats concernant la supĂ©rioritĂ© entre celles-ci sont apparus.

Les années 1880 représentent un tournant dans l’éducation avec la mise en place de la méthode syllabique. En effet, il était nécessaire que les enfants soient de bons lecteurs capables de comprendre leur lecture, mais également qu’ils soient capables de transmettre leur nouvelle culture à leurs parents.

Description de la méthode

La méthode syllabique consiste à décoder des signes écrits représentés par les lettres. Les élèves commencent d’abord par apprendre l’alphabet, puis ils associent les lettres entre-elles afin de former de syllabes puis des mots. Les progrès des élèves sont mesurables en nombre de leçons étudiées. La complexité des mots (des graphèmes qui les composent) augmente au fil des leçons.

Critiques et soutiens

Efficacité comparée des méthodes globale ou semi-globale et de la méthode syllabique

Depuis les années 1920, la méthode syllabique et la méthode épellative étaient déjà au cœur de débats. Dans les années 1950, des manuels destinés aux enseignants essayaient d’opposer les méthodes entre elles.

Une Ă©tude du National Reading Panel, menĂ©e en 1998-1999, qui prend en compte 38 enquĂŞtes, affirme que l'enseignement par la mĂ©thode syllabique est plus efficace du point de vue du dĂ©chiffrage mais aussi de la comprĂ©hension, qualitĂ© habituellement attribuĂ©e Ă  la mĂ©thode globale, en particulier dans les milieux dĂ©favorisĂ©s.

En 2007, le neuroscientifique Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France, publie Les Neurones de la lecture[2] où il affirme notamment que « l’inefficacité de la méthode globale d’enseignement est confirmée par l’expérimentation directe ». Il ajoute : « c’est l’imagerie cérébrale qui mit en évidence l’effet le plus spectaculaire : l’hémisphère droit s’activait pour la lecture globale, alors que l’attention portée aux lettres activait bien la région classique de la lecture, l’aire occipito-temporale ventrale gauche. Autrement dit, l’apprentissage par la méthode globale mobilisait un circuit inapproprié, diamétralement opposé à celui de la lecture experte. »

DĂ©bats en France

Gilles de Robien a déclaré en 2005, quand il était ministre de l’Éducation nationale, qu'il fallait « abandonner une fois pour toutes la méthode globale »[3]. Certains enseignants dénoncent cette mesure qu'ils estiment en contradiction avec la liberté de choix pédagogique d'une part, et d'autre part, le caractère démagogique de cette annonce, l'opposition globale/syllabique étant, pour eux, devenue stérile[4].

Selon un sondage de [5], 7 % des enseignants de CP déclarent utiliser une méthode purement syllabique, 76 % déclarent utiliser, en partie, une méthode purement syllabique, et 16 % déclarent ne pas utiliser une méthode purement syllabique (sans préciser s'il s'agit d'une méthode mixte, globale ou autre). 1 % ne se prononce pas.

Le , Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, déclare dans une interview que « entre quelque chose qui ne marche pas – la méthode globale – et quelque chose qui fonctionne – la syllabique –, il ne peut y avoir de compromis mixte. Ce sujet ne relève pas de l'opinion, mais de faits démontrés par la recherche. C'est très clair »[6].

Liens externes

Références

  1. Académie de Lille - Inspecteur de circonscription de Béthune 4 - Analyse des méthodes de lecture janvier 2019 - Analyse des méthodes de lecture les plus utilisées
  2. Dehaene, Stanislas., Les neurones de la lecture, Paris, Odile Jacob, , 478 p. (ISBN 978-2-7381-1974-2 et 2738119743, OCLC 300400391, lire en ligne)
  3. https://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-814457@51-813045,0.html Le Monde 19/09/2006
  4. L'ukase ministériel sur la méthode globale, va-t-il pouvoir résoudre les difficultés des élèves en lecture ?
  5. Les enseignants de CP et l’apprentissage de la lecture – Sondage IFOP-SOS éducation - septembre 2006
  6. L'Obs, « Calcul, lecture et grammaire : les leçons de Blanquer aux enseignants de primaire », L'Obs,‎ (lire en ligne, consulté le ).
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