MĂ©langes occitaniques
Mélanges occitaniques est une revue régionaliste et royaliste légitimiste bimensuelle d'expression française et occitane publiée du au .
MĂ©langes occitaniques | |
Pays | France |
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Langue | Français |
Périodicité | Semestrielle |
Genre | Politique Littérature |
Date de fondation | 1831 |
Date du dernier numéro | 8 février 1834 |
Ville d’édition | Montpellier |
Directeur de publication | MM. Aimé Chambon, puis Alexandre Garnier |
En plus des écrits et des documents polémiques ou de réflexion politique, les Mélanges occitaniques consacrent de nombreux articles aux événements des régions languedociennes, y compris le Limousin, le Rouergue[1] et la Haute-Auvergne[2], ainsi que des nouvelles de la révolte des canuts Lyon en 1831 avec un appel à une souscription pour leurs familles[3].
Origines du projet
Le prospectus de la deuxième édition du Tome 2 (1831), l'intitule : Mélanges occitaniques, recueil politique, religieux, philosophique et littéraire. In-8° d'un quart de feuille. Imprimerie Marius Olive, à Marseille. À Montpellier, chez Tournel; à Marseille, rue de Noaille. Ce journal s'imprime à Montpellier.
On peut lire en tête du tome cinquième l'avis suivant : « Un an s'est écoulé depuis le jour où nous conçûmes l'heureuse idée de créer à Montpellier un organe de l'opinion royaliste ; les Mélanges occitaniques entrèrent les premiers dans cette lice où l'on voit aujourd'hui combattre les journaux de toutes les provinces. Dénoncer au public les actes illégaux ou arbitraires ; apprendre aux hommes faibles que la soumission n'est pas le seul devoir du citoyen, qu'il a des droits sacrés et que ces droits il se doit à lui-même et à ses concitoyens de les faire respecter ; venger la religion des outrages d'une impiété ignorante ; ôter leur masque à ces hypocrites de liberté, qui pendant quinze ans se jouèrent de la France ; les opposer eux-mêmes à eux-mêmes ; comparer leurs discours d'autrefois à leurs discours d'aujourd'hui, leurs actions à leurs promesses, et les attacher ainsi démasqués au poteau de la publicité ; séparer de leur cause à jamais jugée la sainte cause de la liberté ; montrer enfin aux esprits prévenus tout ce qu'il ya d'idées généreuses et vraiment libérales dans cette opinion royaliste si longtemps calomniée ; telle fut la noble tâche que s'imposèrent les fondateurs des Mélanges. »[4]
Opposés à la politique libérale issue des Trois Glorieuses, la revue se présente comme un « phare tutélaire » du catholicisme et de la royauté. Elle aborde de manière critique les grands sujets de son époque, traite de politique et de religion, d'histoire contemporaine et régionale. Elle réserve surtout une grande part à l'actualité du Languedoc grâce aux nombreuses correspondances des responsables locaux adressées à la rédaction.
La première livraison contient une " poésie contre la peine de mort, au Peuple du "; par Alphonse de Lamartine.
Projet Ă©ditorial
Le Mélanges occitaniques plaident pour ce que nous appelons une autonomie régionale du Languedoc: " Armoiries de la province du Languedoc. (...) Il est temps que le pays soit émancipé de la tutelle humiliante de Paris. La France se doit à elle-même de secouer un joug si dégradant, et c'est parce qu'elle l'a compris qu'elle répète chaque jour par la voix de cent de ses journaux: La révolte des Parisiens au mois de n'aurait eu aucun résultat heureux pour les ennemis de la France, si quarante-cinq ans de servilité n'avaient pas accoutumées Français à recevoir sans mots dire, toutes les constitutions et tous les pouvoirs qu'il plaît à la capitale de lui expédier par les diligences. Il est temps que le pays soit émancipé de la tutelle de Paris. Plus de despotisme, plus d'arbitraire, plus de centralisation. À ce cri de liberté, les provinces se sont réveillées grandes et fières comme aux temps de leur ancienne splendeur. La Province de Languedoc n'a pas été la dernière à entrer dans cette honorable lutte de la France contre Paris. (...) C'est dans cette pensée que désormais nous décorerons le frontispice de notre journal de l'écusson de la province. (...)"
Les responsables de la publication sont traduits par le Procureur général devant la cour d'assises de Montpellier en 1831 comme " coupables de propos diffamatoires et d'incitation à la haine, commis envers la Garde nationale de cette ville".
Les Mélanges se font l'écho en 1833 d'une étude publiée par "Fortuné de Chollet, rédacteur au Bird'Oison"[5], en deux volumes in-8°, Paris, Hivert, quai des Augustins, dans laquelle sont recensés les faits contestables depuis l'établissement de la monarchie de Juillet :
- Arrestations illégales dans l'Ouest et le Midi 520.
- Idem avec voies de fait 80.
- Visites domiciliaires illégales 1200.
- Idem de nuit 64.
- Idem sans aucune forme de légalité 300.
- Idem avec violence, vols et cruautés 700.
- Crois abattues, plus de 500.
- Sacrilèges et profanations, environ 600.
- Meurtres, massacres 20.
- Assassinats 16.
L'édition du premier tome a été saisie en 1832. Le , la cour d'assises de la Seine condamne Fortune de Chollet à 2 mois de prison, mille Francs d'amende, et destruction de tous les exemplaires de l'ouvrage intitulé Madame, Nantes, Blaye, etc, pour "Excitation à la haine et au mépris du gouvernement"[6]. Le , nouvelle condamnation de l'ouvrage pour "Offenses envers le roi"[7].
Peu avant, le Aimé Chambon, agent responsable des Mélanges occitaniques, avait été condamné par la cour d'assises du Gard à trois mois de prison et 300 Francs d'amende pour "diffamation publique envers les dépositaires ou agents de l'autorité publique"[6].
Un article diffamatoire envers les agents ou dépositaires de l'autorité publique, à raison de faits relatifs à leurs fonctions, ayant paru, le gérant responsable, M. Aimé Chambon, avocat à Montpellier, a été condamné à trois mois d'emprisonnement et 300 fr. d'amende, par arrêt de la cour d'assises du Gard, en date du , ordonnant en outre la destruction du numéro du journal incriminé. (Moniteur du .)[8]. Les Mélanges cesseront de paraître. Par la suite, Aimé Chambon contribua à créer huit ans plus tard L'Écho du Midi.
Principaux contributeurs
Parmi les contributeurs, on trouve:
- Aimé Chambon, avocat, conseiller général, mort à Lunel, à l'âge de 80 ans.
- "Daudé de La Valette, avocat" (probablement André-Henri Daudé d'Alzon, député de l'Hérault, père d'Emmanuel d'Alzon) fait des critiques des œuvres des philosophes athées du XVIIIe siècle.
- Luglien de Jouenne d'Esgrigny (1806-1888), maire et créateur de la plage du Pouliguen.
- Maurice de Rochemaure[9]
Parmi les lecteurs on trouve
- Emmanuel d'Alzon, fondateur des Assomptionnistes, qui mentionne sa sortie[10], la cite trois fois et publiera des textes où il exalte le territoire, son histoire sacrée et son patrimoine.
Principales contributions
- De l'Angleterre et de notre dignité nationale,
- Histoire des États du Languedoc, 5 paries, 1831.
Réactions, polémiques, postérité
- Edmond Vidal, À Monsieur le rédacteurs des mélanges ocitaniques à Montpellier Lettre signée Vidal, prison de Béziers, . Édité à Hambourg.
Bibliographie
- Mélanges occitaniques, recueil complet en 12 volumes de 420, 420, 416, 328, 420, 424, 420, 420 et XX + XX (tables des matières des tomes 1 à 8, 416, 416, 436 et 448 et XX pages (tables 9 à 12), in-8°, Montpellier, Isidore Tournel aîné, 1831-1834.
- Edmond Biré, La Presse royaliste de 1830 à 1852, Lecoffre, 1901.
- Adrien Jean Quantin Beuchot, Bibliographie de la France, Partie II, 1851, p. 673. no 5519.
- GĂ©rard Cholvy, Histoire de Montpellier, 1984, Toulouse, Privat.
- Bernard Rulof, Wine, Friends and Royalist Popular Politics: Legitimist Associations in Mid-Nineteenth-Century France, Université d'Oxford, 2009
Notes et références
- "M. le maire de Rodez a achevé d'exaspérer notre population, par une mesure éminemment impolitique. Il obtint du ministère l'(autorisation de transférer l'Hôtel-Dieu à l'hôpital général. Le jour de l'exécution, malgré les gendarmes et les vétérans, une foule immense de femmes s'opposa fortement à la translation du mobilier. L'autorité du maire fut méconnue, son écharpe déchirée, on maltraita même sa personne. Le peuple dit que la révolution a assez fait en les plongeant dans la misère; mais qu'elle ne parviendra pas à les mener à l'hôpital. Nous ne regardons pas l'Hôtel-Dieu comme tel : c'est là que la classe moyenne se fait soigner, moyennant fort peu d'argent." 1831. Volume 4, p. 46. "Une pétition couverte de plus de 800 honorables signatures n'eut pas plus de succès, et les ordres pour la translation furent donnés sans délais. A l'instant, le mouvement fut général dans la ville, le tocsin sonna, les tambours de la garde nationale furent enlevés de leurs dépôts et rappelèrent le peuple. Une immense foule de femmes et d'ouvriers encombraient les alentours de l'Hôtel-Dieu pour s'opposer à l'enlèvement des meubles. Le maire fut accueilli par l'expression du plus violent mécontentement, aux sifflets, aux huées, succédèrent les insultes et les outrages; on lui jette de la boue, des cendres, des ordures plus dégoûtantes encore; son visage en est couvert... Bientôt les coups de poing du peuple souverain tombent comme la grêle sur le maire de Juillet, qui, pour échapper à de plus graves excès, montre son écharpe et demande que l'on respecte au moins les nobles couleurs, mais sur le champ, l'écharpe est arrachée, foulée aux pieds, mise en pièces et chacun en emporte un lambeau à son chapeau ou à sa coiffe, comme pour dire : et moi aussi j'étais là . Le maire fut en outre renversé et foulé aux pieds. Il crut ensuite de son devoir de convoquer le Conseil municipal, afin de donner sa démission. Il lui fut répondu que le conseil n'ayant pas été consulté pour cette translation, c'était lui seul qui avait placé la ville dans une aussi cruelle position, et lui seul qui devait aviser aux moyens d'en sortir. On l'engagea, dans l'intérêt de sa sûreté personnelle, à faire publier qu'il ferait surseoir à toute translation. Cependant, l'effervescence croissait de plus en plus. La garde nationale convoquée ne s'était pas rendue à l'appel. Le peuple s'était fait ouvrir les portes de l'hospice, et avait rapporté à l'Hôtel-Dieu le mobilier qui avait été enlevé. Le maire vaincu fut obligé de reconnaître la souveraineté populaire; il fit publier que l'Hôtel-Dieu ne changerait pas de local et tout rentra dans l'ordre." 1831. Volume 4, p. 74.
- "Aurillac 29 juillet. Des troubles excessivement graves ont éclaté hier dans cette ville, quinze cartouches ont été distribuées à chaque soldat. Des sommations ont été faites. Les troupes ont reçu l'ordre de détruire le mausolée élevé aux victimes de Juillet. (...)" 1833. Volume 11, p. 29. Ces événements donneront lieu à un retentissant procès devant la Cour d'Assise de Saint-Flour relaté à part Procès des Républicains d'Aurillac et du journal Le Patriote du Puy-de-Dôme en Novembre 1833
- 1831. Volume 4, p. 93-94, 97-98, et sq.
- Préface du Tome V faisant le bilan au bout d'un an de parution.
- L'auteur qui est dit "Poète de la nouvelle école", publie Anti-Justification, satire à Barthélémy, en première page du Journal Le Revenant, n°277, le 3 octobre 1832..
- Catalogue alphabétique des ouvrages condamnés, relevés de toutes les publications officielles en exécution de la loi du 26 mai 1819, Paris, 1836, Au bureau du Journal du Palais.
- Annexe au Dictionnaire des hérésies de Pluquet, édition par Jacques Paul Migne, p. 1397.
- Fernand Drujon, Catalogue des ouvrages écrits et dessinés de toutes natures poursuivis, supprimés ou condamnés, Mélanges, mémoires, n°345. 1879.
- Joseph-Marie Quérard, La France littéraire, volume 8, p. 96.
- « L’on va publier, à Montpellier, un journal sous le titre de Mélanges Occitaniques. Si vous ne le connaissez pas déjà au Correspondant, je vous donnerai des détails sur son esprit, son but, etc. quand j’aurai été à Montpellier » lettre du 9 janvier 1831 à d’Esgrigny in Lettres, t. A, p. 183.