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Louis Jules Gruey

Louis Jules Gruey, né le à Jancigny (Côte d'Or), mort le à Besançon (Doubs), est un astronome et mathématicien français spécialisé en mécanique céleste, fondateur et premier directeur de l'observatoire de Besançon.

Louis Jules Gruey
Description de l'image Portrait Louis-Jules Gruey bibliotheque observatoire Besancon.png.
Naissance
Jancigny (France)
Décès
Besançon (France)
Nationalité Française
Domaines Astronomie, mathématiques
Institutions Observatoire de Paris, Facultés des Sciences de Toulouse, de Poitiers, de Clermont-Ferrand, de Besançon, Observatoire de Besançon
Diplôme Agrégation de mathématiques (1864)
Renommé pour Fondation de l'Observatoire de Besançon

Biographie

Fils de Louis Gruey, propriétaire cultivateur à Jancigny, et de Reine Mochot, son épouse[1], Louis Jules Gruey intègre l'École normale supérieure en 1859. En 1862, il est admissible à l'agrégation de mathématiques qu'il obtiendra en 1864 (rang : 7e)[2].

En 1871, il Ă©pouse Marie Lucie Mochot[1]. Le couple n'aura pas d'enfant.

Louis Jules Gruey meurt en 1902, mortellement blessé d'un coup de revolver vraisemblablement tiré par son épouse, atteinte de démence[3]. Il est enterré dans son village natal.

Carrière

DĂ©buts dans l'enseignement secondaire

Dès son admissibilité à l'agrégation, Louis Jules Gruey enseigne : au lycée de Nevers tout d'abord (1862/1863), puis au lycée de Dijon (1863/1865)[2].

Conflit avec Le Verrier

En 1865, il est nommé astronome-adjoint à l'observatoire de Paris. Il en profite pour effectuer une thèse de doctorat ès sciences mathématiques "Sur le calcul numérique des perturbations des petites planètes au moyen des quadratures" qu'il soutiendra en 1868 devant un jury composé de Michel Chasles, Charles Delaunay et Victor Puiseux[2].

C'est Urbain Le Verrier qui dirige à cette époque l'observatoire de Paris. Connu pour son caractère autoritaire et ses prises de décision arbitraires, il ne tarde pas à s'en prendre à Louis Jules Gruey. Il répond le à une demande de congé formulée par Gruey : "Vous n'avez rien fait cette année, la moitié de l'éventuel (on dirait aujourd'hui une prime) des six premiers mois vous a été mal acquis. Je ne peux pas vous accorder de vacances." Gruey répond : "Monsieur le directeur, j'ai eu plusieurs fois l'honneur de vous demander des vacances annuelles dont j'ai un besoin si sérieux ; vous avez bien voulu me les refuser constamment. La fatigue du service pénible que j'ai régulièrement fait toute l'année m'oblige à les prendre ; j'obéis, mais à regret, à la nécessité." Le Verrier en profite pour diminuer son traitement. À la suite de quoi, Gruey écrit au ministre : "Je ne me suis jamais plaint de mes appointements qui s'élèvent à 295 frs par mois. Cette somme qui m'interdisait le superflu m'assurait au moins généreusement le nécessaire. J'ai eu l'honneur d'informer Votre Excellence que, par ordre personnel de M. Le Directeur de l'observatoire, elle avait été réduite le mois d'août à 175 frs, c'est-à-dire presque de moitié." Gruey démissionne et doit accepter un emploi dans un lycée[4].

Retour Ă  l'enseignement secondaire

Après sa démission de son poste d'astronome-adjoint à l'observatoire de Paris, Louis Jules Gruey est nommé professeur de mathématiques élémentaires au lycée de Clermont-Ferrand à la rentrée 1869. En 1872, il obtient sa mutation au lycée de Dijon où il restera jusqu'en 1874. C'est au début de cette même année que sa carrière universitaire reprend puisqu'il est appelé à suppléer Félix Tisserand à la faculté des sciences de Toulouse[2].

Carrière universitaire

Plusieurs suppléances puis nominations vont se succéder dans plusieurs villes universitaires françaises : après sa suppléance en astronomie à Toulouse (1874), il est appelé à remplacer Alphonse Picart en calcul différentiel à la faculté des sciences de Poitiers (1875/1876). En 1875, Émile Alluard, fondateur et directeur de l'observatoire du Puy de Dôme, demande que Gruey soit nommé chargé de cours d'astronomie à la faculté des sciences de Clermont-Ferrand. Grâce à l'appui de Puiseux, ce poste est créé et Gruey l'occupe à la rentrée 1875. Il devient ensuite successivement professeur de mécanique (1876) puis professeur d'astronomie (1878) dans cette même faculté. Enfin, il est nommé doyen de la faculté des sciences de Clermont-Ferrand en [2].

La fondation et les débuts de l'observatoire de Besançon

Pendant ce temps, un décret créant les observatoires de Lyon, Bordeaux et Besançon est signé le . Louis Saint-Loup, professeur de mathématiques appliquées à la faculté des sciences de Besançon, est nommé directeur de l'observatoire de Besançon par arrêté ministériel le . Mais un conflit entre la ville de Besançon et l'État ralentit le projet. De plus, les divergences entre Saint-Loup et la municipalité de Besançon s'avèrent irréductibles : alors que le conseil municipal souhaite la création d'une chaire d'astronomie, Saint-Loup écrit au maire de Besançon à l'automne 1881 qu'un "simple télescope suffit pour tout matériel, l'astronomie étant une activité accessoire à l'observatoire". Il démissionne le . Gruey est immédiatement nommé pour lui succéder. Il obtient également la chaire de mathématiques appliquées en remplacement de Saint-Loup[5].

C'est donc Louis Jules Gruey qui sera le premier directeur effectif de l'observatoire de Besançon, celui qui le fera sortir de terre. Dans ce but, dès sa nomination, il entame une série de trois voyages (le premier en compagnie de l'architecte Bérard chargé du projet) qui lui permettront de visiter successivement les observatoires de Neuchâtel, Genève, Lyon, Strasbourg (alors en Allemagne), Heidelberg, Berlin, Hambourg, Bruxelles, Greenwich, Liverpool, Bâle, Munich et Vienne. Il en revient avec un grand nombre de notes et de croquis [6] et la certitude qu'il faut construire un observatoire constitué de pavillons indépendants afin que ses divers services n'interfèrent pas négativement.

L'observatoire est finalement bâti entre 1883 et 1885. Une chaire d'astronomie est créée spécialement pour Gruey à la faculté des sciences de Besançon le . Ce dernier organise l'observatoire en trois services : un service astronomique qu'il dirige lui-même, un service météorologique et un service chronométrique destiné à qualifier l'importante production horlogère bisontine[5].

Louis Jules Gruey n'aura de cesse de développer l'activité chronométrique de l'observatoire de Besançon. Un poinçon à tête de vipère, le poinçon de l'observatoire de Besançon, sera apposé dès 1897 sur toutes les montres ayant satisfait aux critères chronométriques. Un concours annuel sera organisé à partir de 1898 pour mettre en compétition fabricants et régleurs de montre. Le nombre de dépôts de montres à contrôler ne cessera d'augmenter, concurrençant ainsi les observatoires de Neuchâtel et de Genève[7].

Une des dernières réalisations de Louis-Jules Gruey aura été la construction d'un cadran solaire analemmatique en 1902 qui, bien que purement ornemental, illustre ses travaux de mécanique céleste appliqués aux cadrans solaires[5].

N'ayant aucun descendant, Louis Jules Gruey léguera ses biens à l'observatoire de Besançon. Perçu à la mort de Madame Gruey en 1933, le legs Gruey permettra de financer la construction d'un nouvel instrument et de son bâtiment : l'astrographe triple. Dans le budget actuel de l'observatoire de Besançon, figure toujours une ligne de ressource non négligeable correspondant aux fermages des terres héritées de Gruey.

RĂ©alisations, distinctions et publications

RĂ©alisations

  • L'oculaire triple : il permet d'observer Ă  la lunette mĂ©ridienne aussi bien le Soleil que la Lune et les Ă©toiles[8]
  • Le strĂ©phoscope universel : il s'agit d'une boĂ®te contenant plusieurs accessoires permettant de rĂ©aliser des expĂ©riences de mĂ©canique sur l'effet gyroscopique[8]

Distinctions

  • Officier de l'Instruction publique (1873)[9]
  • Officier de la lĂ©gion d'honneur (1895)[9]
  • Commandeur de la lĂ©gion d'honneur (1900)[9]

Principales publications

  • Sur le calcul numĂ©rique des perturbations des petites planètes au moyen des quadratures, Paris : Gauthier-Villars, 1868, 67 p.
  • Sur le bolide du , enquĂŞte et Ă©tude gĂ©omĂ©trique, Clermont-Ferrand : F. Thibaud, 1878, 59 p.
  • ThĂ©orie Ă©lĂ©mentaire des gyroscopes, Clermont-Ferrand : F. Thibaud, 1879, 112 p.
  • Visites Ă  divers observatoires Ă©trangers, Besançon, 1883, 24 p.
  • Notice historique sur l'observatoire de Besançon, MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© d'Ă©mulation du Doubs, Besançon, 1883, 6 p.
  • Le StrĂ©phoscope universel, Paris : impr. de Chaix, 1883, 32 p.
  • Leçons d'astronomie rĂ©digĂ©es conformĂ©ment au programme de la licence, Paris : A. Hermann, 1885, III-356 p.
  • Exercices astronomiques Ă  l'usage des Ă©lèves des facultĂ©s et des observatoires, Paris : A. Hermann, 1889, 346 p.
  • Observatoire astronomique, chronomĂ©trique et mĂ©tĂ©orologique de Besançon – Description des terrains, pavillons, instruments et services, Besançon : impr. Millot Frères et Cie, 1892, 63 p.
  • Erreurs de division des cercles de la lunette mĂ©ridienne, Besançon : P. Jacquin, (1900), 16 p. et album de diagrammes

Notes et références

  1. Archives numérisées de la Côte d'or
  2. Anne-Marie Decaillot-Laulagnet, Édouard Lucas (1842-1891) : le parcours original d'un scientifique français dans la deuxième moitié du XIXe siècle, thèse en histoire des mathématiques, Université Descartes-Paris V, 1999
  3. Laurent Poupard, Historique de l'observatoire de Besançon, Note interne du service de l'inventaire de Franche-Comté, Besançon, 2005
  4. Philippe Véron, article "Gruey", in "Dictionnaire des astronomes", non publié, article communiqué par Françoise Le Guet-Tully
  5. François Vernotte et Laurent Poupard, L'observatoire de Besançon et la mesure du temps, in "La (re)fondation des observatoires astronomiques sous la IIIe République. Histoire contextuelle et perspectives actuelles", Pessac : Presses Universitaires de Bordeaux, 2011, pp. 169-192
  6. Louis Jules Gruey, Visites à divers observatoires étrangers, Besançon, 1883, 24 p.
  7. Jean Davoigneau, Laurent Poupard, François Vernotte et Françoise Le Guet-Tully, L'observatoire de Besançon : les étoiles au service du temps, N° 349 des Parcours du patrimoine, Lyon : Éditions Lieux-Dits, 2009
  8. Françoise Huguet et Boris Noguès, «Les professeurs des facultés des lettres et des sciences en France au XIXe siècle (1808-1880)», juin 2011 [en ligne] http://facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/
  9. Caroline Barrera, "Notice de Louis Jules Gruey", dans Base PASTEL, Université fédérale de Toulouse, 13 mars 2013. Accès : http://poolcorpus.univ-jfc.fr

Liens externes

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