Louis-Robert Pelletier
Louis-Robert Pelletier, né à Paris le et mort le , fusillé par les Allemands dans le Bois de l’Orme, à Châtenay-Malabry, est un journaliste et militaire français, héros de la Résistance, mort pour la France.
Nom de naissance | Louis-Robert Pelletier |
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Alias |
Gerbert |
Naissance |
24 place Dauphine, Paris |
Décès |
(Ă 52 ans) Chatenay-Malabry, France |
Activité principale |
Militaire, homme de lettres, journaliste politique, officier de renseignement, résistant |
Distinctions |
Médaille de la résistance à titre posthume |
Conjoint |
Marthe Pelletier (Roux) |
Descendants |
Etienne Pelletier, Robert Pelletier |
Langue d’écriture | Français |
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Genres |
Romancier, poète, journalisme |
Ĺ’uvres principales
Chants celtiques, Les Chacals derrière le Soldat
Compléments
Membre des réseaux SSMF/TR, SR Kleber Agent P2, Commandant au 2ème Bureau
Biographie
Louis-Robert Pelletier est issu d’une famille de l’Oise par son père, Julien Pelletier, commissionnaire aux Halles de Paris, descendant de maître des postes de Noailles, et d’une famille de Côte d’Or par sa mère Victorine Imbert, dont le père était tonnelier et la mère marchande de marée aux Halles. Par son père, il descend d’un colonel d’Empire d’une famille de Versailles, Louis Armand Groizard (1776-1824), qui avait épousé une fille de petite noblesse corse, Elisabetta Cristofini (1785-1850), d’une famille de notables de Bastia apparentée à la mère de Napoléon, Laetitia Ramolino.
Entre 1910 et 1940, Il fait une brillante carrière d’abord comme militaire, en tant qu’officier à Verdun, puis lors de la Guerre du Rif. Il devient écrivain, homme politique, membre du parti socialiste, puis du parti communiste, journaliste, rédacteur en chef, agent de renseignement au 2e Bureau. Engagé dans la résistance, membre du réseau du Colonel Mermet, le commandant Pelletier est arrêté par les Allemands en 1940, torturé, jugé, condamné à mort et fusillé en 1941.
Formation intellectuelle et littéraire
Aux alentours de 1900, ses parents s’étant retirés dans leur maison du Chemin de Saint Augustin sur les hauteurs de Nice, Louis-Robert Pelletier passe ses premières années dans cette ville, jusqu’au lycée. Il apprend le russe, au contact des élèves Russes sur la Côte d’Azur.
Puis il part faire ses études universitaires à Lyon pour passer une licence d’histoire et présenter l’agrégation. Il est alors élève de Camille Jullian, professeur d’Antiquités nationales au Collège de France. En 1909, il s’installe à Paris, 93 rue du Bac, où il partage un appartement avec le fils d’un avocat.
En 1910-1914, débutant une carrière littéraire, il fréquente le Groupe de Puteaux, accueilli par la famille Duchamp – Villon, et L’Abbaye de Créteil, fondée par le poète Mercereau. Il se lie d’amitié avec les éditeurs Figuière et Barzun, qui publient ses premiers recueils de poésie.
En 1914-1918, son courage et son audace au combat lui valent plusieurs blessures et décorations. Il termine la guerre au grade de capitaine. Du fait de sa connaissance de la langue russe, il est officier de liaison avec les troupes russes du front. Démobilisé, il s’engage de nouveau, en 1919, et part faire la guerre du Rif, au Maroc. Il se voit décerner la Médaille militaire, la Croix de saint-Georges et la Légion d’honneur.
En 1920, rentré à Paris, il rencontre épouse Marthe Roux (1890-1981) qu’il a connu par ses amis Duchamp et Mercereau. Venant de l’Ardèche, née à Paris, elle est la fille d’Albert Roux (1844-1893), un journaliste du Petit Journal. Ils ont deux fils, Étienne (1922-1944) et Robert (1929-2014). Ils se marient le 2 avril 1921 (Paris 5e). Les témoins du mariage sont Alexandre Mercereau, homme de lettres et Yvonne Villon née Duchamp (mariée à Jean-Joseph Crotti en 1916). Le couple s’installe dans l’appartement où vivait Louis-Robert Pelletier, 93 rue du Bac (Paris 7e).
Durant quelques années, le couple connaît une vie aisée, recevant les personnalités qui forment l’entourage professionnel et politique de Louis-Robert -ainsi ils sont invités chez Joseph Caillaux dans sa villa d'Arcachon-ainsi que les nombreux amis artistes de Marthe (Brancusi, Picasso, Paul Fort, Julio Gonzalez, Derain, Gleizes, Mercereau).
Formation intellectuelle
Homme de lettres, polémiste
Dans les années 1910, Louis-Robert Pelletier se lance dans une carrière d’homme de lettres, écrit des poèmes (Les Chants celtiques) et un roman, paru en 1925, Les Chacals derrière le soldat, qui dénonce l’affairisme de colons et militaires au Maroc. Membre du Collège bardique des Gaules, il fonde la revue L’Étendard Celtique.
Avec ses amis les éditeurs Eugène Figuière et Henri-Martin Barzun, il participe à la publication des écrits des cercles cubistes animés par le groupe de Puteaux (Walter Pach, Frantisek Kupka, Raymond Duchamp-Villon, Albert Gleizes, Marcel Duchamp, Jean Metzinger, Francis Picabia, Fernand Léger, Robert Delaunay) et l’Abbaye de Créteil (René Arcos, Albert Doyen, Georges Duhamel, Albert Gleizes, Jules Romains, Maurice Robin, Alexandre Mercereau et Charles Vildrac).
Il fonde les revues politiques La Revue des Nations et La Paix, dans lesquelles il écrit sous son nom ainsi que sous le pseudonyme de Louis Surville et se spécialise sur les questions des Balkans.
Homme politique et journaliste
Secrétaire du député socialiste Albert Thomas, Louis-Robert Pelletier participe au Congrès de Tours et entre au Parti communiste français, fondé en 1920, dont il devient secrétaire de la section du 5ème arrondissement. En 1922, il est chargé de rédaction de la rubrique La Semaine internationale et du Bulletin communiste.
Certainement aidé par sa connaissance de la langue russe, il entre au journal L’Humanité, journal sous le contrôle de Boris Souvarine, du comité directeur de la SFIC (Internationale communiste), où collabore Bernard Lecache, futur fondateur de la Ligue contre l’antisémitisme (1927). Socialiste de conviction, Louis-Robert Pelletier se bat en duel contre Léon Daudet, le directeur de L’Action française Durant l’année 1923, il est agent de renseignement au Deuxième Bureau, auquel il rapporte des informations miliaires à Berlin. Cependant, son activé parallèle au sein du Parti communiste attire l’attention des Renseignements Généraux qui le mettent sous surveillance, par des agents qui le prennent en filature ; son comportement étant jugé suspect, son dossier est transmis à la Sûreté générale. Dans le même temps, ayant appris que Pelletier s’était fait recruter par les services de renseignements soviétiques. Souvarine le somme de choisir entre le journal et l’espionnage. Devant son refus, il soumet la décision à Trotski, qui tranche catégoriquement : les responsables du Parti ne peuvent pas travailler en même temps pour l’espionnage soviétique. Pelletier est exclu de L’Humanité. En 1925, entré comme chargé de mission au cabinet de Joseph Caillaux, ministre des Finances, il participe, en 1926, à la conférence de Washington sur la réduction des dettes de guerre. En représentation du directeur de cabinet, il se rend à Londres pour discuter des réparations dues par l’Allemagne avec le cabinet de Churchill, aboutissant à un accord signé en avril 1926. Après son expérience ministérielle, Pelletier revient au journalisme, fonde la revue La Paix et écrit dans plusieurs journaux dont Paris-Soir, dont il devint le rédacteur en chef.
Ayant quitté Paris, en 1936, il installe sa famille à Meaux et fait des allers-retours pour travailler à Paris, où il est journaliste à L’Humanité puis à Paris Soir où il devient rédacteur en chef.
Militaire et agent de renseignement
En 1914, il s’engage comme volontaire. Son courage au combat lui vaudra quatre blessures, sept citations et la Légion d’honneur. La guerre terminée, il reste dans l’armée et combat au Maroc en 1920-1921 à la tête d’une unité de tirailleurs marocains. Au Maroc, il rencontrera des différends avec le maréchal Lyautey et critiquera la politique coloniale dans son roman, Les Chacals derrière le soldat (1925).
Après son expérience ministérielle, il revient au journalisme professionnel. Il fonde une nouvelle revue, La Paix, et signe des articles dans de nombreux quotidiens, dont La République, Le Journal et Paris-Soir, fondé en 1923, dont il est le rédacteur en chef. En 1936, en tant que spécialiste des questions militaires, Pelletier enseigne les méthodes d’espionnage à l’École militaire, puis entre au 2e Bureau de l’état-major de l’armée où il s’engage comme officier volontaire lors de la déclaration de la guerre. Germaniste, spécialiste des questions militaires et des relations franco-allemandes, il se rend outre-Rhin. Il enseigne en outre les méthodes d’espionnage à l’École militaire et entre au 2e Bureau (renseignements) de l’état-major des armées. C’est dans ce même service qu’il sert, comme officier volontaire, en 1939-1940.
RĂ©sistant, Mort pour la France
Louis-Robert s’est engagé dans la résistance dès la défaite de 1940, au grade de commandant. Pour son réseau clandestin de renseignement, dirigé par le colonel Mermet, replié à Châteauroux, il recueille des renseignements sur les mouvements de troupes allemandes. Lors de l’exode, il part avec sa famille pour Pougues-Les-Eaux où ses parents dirigent un hôtel. Il est contacté par la baronne Alix de Terline, qui assure la liaison entre les réseaux clandestins et à qui il remet des notes sur les déplacements de troupes allemandes. Elle sera arrêtée par les Allemands juste après Pelletier et également emprisonnée au Cherche-Midi.
De retour à Paris, il est dénoncé par son chauffeur militaire Dupré, et arrêté en novembre 1940 au café de la Potinière, rue La Boétie, près du Cercle militaire. Incarcéré à la prison du Cherche-Midi, il est torturé durant les interrogatoires. Il est ensuite transféré à la prison de Fresnes. Son procès à lieu devant la Cour de justice de Paris. Il est condamné à mort pour espionnage. L’Abbé Stock tente de demander sa grâce à Hitler, mais elle est refusée. La dernière nuit, il écrit des lettres à sa femme, ses parents, ses fils et au maréchal Pétain. Au matin du 9 août 1941, assisté par l’aumônier allemand l’abbé Stock, il est fusillé au lieu-dit L’orme mort, dans la Vallée aux Loups près de Châtenay-Malabry.
Hommages
Premier résistant fusillé, Mort pour la France, Louis Robert Pelletier est titulaire de la Légion d’honneur, de la croix de guerre et de la croix de Saint-Georges. Au Panthéon, son nom figure sur la plaque d’hommage aux écrivains et journalistes morts pour la France.
Déclaré "Mort pour la France", chevalier de la Légion d'Honneur, Louis Robert Pelletier a reçu la Croix de Guerre 1914-1918 (avec 7 citations), la Médaille des engagés volontaires, la Croix de Saint-Georges de 2e classe et, à titre posthume, la Médaille de la Résistance.
Sa famille dans la RĂ©sistance
Son épouse et ses enfants se sont réfugiés à Lyon, où ils apprennent son exécution. Étienne, son fils aîné, né à Paris en 1922, était étudiant en préparation à Saint-Cyr avant la guerre. Dès l’été 1940, il assiste son père dans ses activités de renseignements. Arrêté pour espionnage le 10 octobre 1940, incarcéré à la prison de Nevers, il est libéré le 11 novembre 1940 et peut rejoindre sa famille à Lyon. Il s’engage avec sa mère et son jeune frère dans le mouvement « Les Petites Ailes », devenu en novembre 1941 « Combat». Le 19 mai 1941, il est arrêté par la police française pour propagande antinationale et interné avec Marthe Pelletier au fort Montluc (Villeurbanne). Son frère Robert (« Bobby ») est, lui, appréhendé par un officier français en flagrant délit de distribution de tracts gaullistes, puis enfermé au refuge de mineurs délinquants de l’Antiquaille: à douze ans, il est certainement le plus jeune interné pour fait de résistance. Libéré en 1942, Étienne devient agent de liaison du réseau « Alliance* » dans la région lyonnaise, sous le pseudonyme de « Frappe ». Sa mère et son frère, eux aussi relâchés, soutiennent ses activités. Dénoncé par un traître infiltré, il est de nouveau arrêté le 21 septembre 1943 : déporté au camp de concentration du Struthof puis à la forteresse de Rastatt (Bade), il est exécuté par les Allemands le 24 novembre 1944 avec un groupe de ses camarades, sur les bords du Rhin. Les jeunes gens sont exécutés deux par deux, d’une balle dans la nuque puis jetés dans le fleuve Étienne Pelletier a reçu à titre posthume la croix de guerre, la médaille de la Résistance et la Légion d’honneur. Marthe Pelletier est titulaire de la Légion d’honneur et de la médaille de la Résistance. Robert Pelletier fils, « Bobby », est titulaire de la médaille des Combattants volontaires de la Résistance et des Internés et officier de la Légion d’honneur. Pour son engagement après guerre pour faire condamner Dupré, traître majeur, la référence au livre qu'on a lu et qui donne beaucoup de détails serait bien.
Pour Léone même si un autre article va suivre écrire ici que son salon était fréquenté par les plus grands artistes et sa collection une des plus importantes de l'époque. On peut évoquer aussi la relation très proche de la grand mère avec Modigliani, d'où le tableau.
À la libération, Marthe apprend la mort de son fils Étienne, fusillé en novembre 1944. La même année, ses beaux-parents étaient décédés à Pougues-les-Eaux. Restée seule à Lyon avec son fils Robert, elle obtient une pension de veuve de militaire. Durant les années suivantes, elle se consacre sans relâche à bâtir le dossier d’accusation du traître Dupré, qui avait dénoncé son mari ainsi que d’autre résistants, obtenant sa condamnation à mort et son exécution, au terme d’un long procès[1].
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Pelletier Louise, Le salon du 270 Boulevard Raspail de Léone Ricou : un chapitre oublié de la vie littéraire et artistique parisienne de 1900 à 1925, mémoire de master I, Université Paris Sorbonne, Institut national d'Histoire de l'Art, 2016
- Pelletier Louis-Robert, Les Chacals derrière le soldat, Editions A. Delpeuch, 1925
- Pelletier Louis-Robert, lettres écrites depuis la prison, 1940-1941, collection Pelletier et Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne
- Krivopissko Guy, La vie à en mourir, Lettres de fusillés (1941-1944), coll. Points
- Boris Souvarine, Sur Lénine, Trotski et Staline. Entretien avec Brenko Lazitch et Michel Heller. Paris : Les Éditions Allia, 1990, 60 pp. Traduit du russe par Régis Gayraud.http://classiques.uqac.ca/classiques/souvarine_boris/Sur_Lenine_Trotski_Staline/Sur_Lenine_Trotski_Staline_texte.htm.
- L'abbé Franz Stock
- Baronne de Terline
- Joël Drogland Des Maquis du Morvan au piège de la Gestapo : André Rondenay, agent de la France Libre. Éditions Vendémiaire