Lorica segmentata
Lorica est le nom des défenses corporelles (souvent nommées, en français, « armures ») dans la Rome antique.
Segmentata est le nom donné à la cuirasse segmentée utilisée par la légion romaine.
Histoire
Cette cuirasse articulée est apparue au début du Ier siècle dans les régions rhénanes, et s'est répandue ensuite dans tout l'Empire[1]. Elle se compose de bandes de fer horizontales fixées ensemble par des courroies de cuir et enveloppant le torse, ainsi que de plaques de protection sous la nuque et la gorge, et de bandes de protection sur les épaules. Son succès s'explique sans doute par le fait que sa fabrication ne demandait qu'environ 70 heures, c'est-à-dire trois fois moins que pour fabriquer une lorica hamata (une cotte de mailles). Elle était également un peu plus légère. Munie de charnières sur les côtés, elle s'ouvrait et s'enfilait comme une veste, qu'on fermait sur le torse. La découverte de plusieurs spécimens en Grande-Bretagne a permis d'établir une typologie comme suit :
- Le type Corbridge A tire son nom du lieu au sud du mur d'Hadrien où l'on trouva plusieurs exemplaires dans un coffre[2]. Ce type est un assemblage de 40 plaques assemblées par des charnières et des boucles en bronze. Son poids varie entre 9,5 et 12 kg, en fonction de l'épaisseur des plaques et si elles sont étamées ou non[3].
- Le type Corbridge B est une variante du précédent, avec 38 plaques.
- Le type Newstead, trouvé en Écosse, date probablement de l'époque des Antonins. Il est formé de plaques moins nombreuses et plus larges que le type Corbridge, et est donc plus simple à fabriquer. Ayant moins de charnières, notamment aux épaules, il est également plus robuste[4].
La lorica segmentata a été employée jusqu'au début du IIIe siècle, concurremment à la cotte de mailles qui finit par la supplanter.
Représentations dans l'art
La colonne Trajane contient plusieurs représentations de légionnaires en lorica segmentata, et constitue une des sources de documentation sur cette protection.
Les légionnaires romains en portent quasi systématiquement dans la bande dessinée Astérix de René Goscinny et Albert Uderzo, ce qui est un anachronisme puisqu'elles n'apparaissent que plus de cinquante ans après la guerre des Gaules. De surcroit, leur dessin est simplifié, particulièrement aux épaules.
Notes et références
- (Peterson 1992, p. 16)
- (Peterson 1992, p. 19)
- (Peterson 1992, p. 22)
- (Peterson 1992, p. 34)