Lobsang Tenzin (ermite)
Lobsang Tenzin aussi Lobzang Tenzin et Lobsang Tenzing (tibétain : བློ་བཟང་བསྟན་འཛིན, Wylie : blo bzang bstan 'dzin), né en 1931[1] à Phenpo au Tibet et mort le à Dharamsala en Inde, est un résistant, ancien prisonnier, yogi et ermite tibétain connu pour sa maîtrise du toumo.
Biographie
Notable de son village et combattant de la liberté de la région de Pempo, Lobsang Tenzin est arrêté par les Chinois lors du soulèvement tibétain de 1959 et emprisonné[2].
Il apprit seul la pratique de toumo, dite de la chaleur interne, en méditant dans une grotte dans les hauteurs de Dharamsala, où la température est de 16 °C[3].
Il eut la vision d'une lumière intense, résultat de sa pratique, et découvrit une sensation de forte chaleur interne dont il put contrôler le mouvement, et devint insensible au froid[2].
Il poursuivit cette pratique durant un an, aboutissant à un état de félicité durable[2].
Au début des années 1980, à plus de 40 ans, le 14e dalaï-lama lui conseilla de faire du toumo sa pratique principale. Il va trouver le khyentsé-lama de Manali[2] qui l'enseigne à des disciples en utilisant la technique du drap mouillé[3]. D'un mètre sur 2, plongé dans l'eau froide et dégoulinant, les moines s'en couvrent le corps presque nu et méditent. Une vapeur apparaît en 3 à 5 minutes, et le drap est asséché en 45 minutes. Les moines répètent l'opération trois fois par nuit, parfois à une température inférieure à 0 °C[3].
Le Dr Herbert Benson de l'université Harvard a invité pour l'examiner à Boston aux USA en 1985 accompagné d'un traducteur, Karma Guéleg[2].
Se demandant comment un résistant tibétain avait pu développer cette capacité, Victor Chan obtint une explication de Karma Guéleg. En prison, Lobsang Tenzin eut 2 prises de conscience. D'une part, il comprit que sa souffrance dans les geôles chinoises résultait d'un lien karmique du fait des atrocités qu'il leur avait infligées. D'autre part, il comprit que s'il réagissait par la haine et le désir de vengeance, il deviendrait fou. Ne pouvant contrôler les tortures, les souffrances physiques que lui infligeaient les Chinois, il adopta une attitude neutre, voire positive envers ses bourreaux, ce qui lui permit de dormir, son esprit lui offrant un refuge. Il sublima sa haine en pardonnant aux Chinois, développant même une réelle compassion à leur égard. Pour Karma Guéleg, le pardon qui l'aida à survivre en prison sans trop de dommage psychologique lui permit d'accélérer sa progression spirituelle[2].
Stephanie Faber a rendu visite aux ermites tibétains de la région de Triund et a consacré un chapitre à Lobsang Tenzin[4] - [1].
Il a été écrit qu'il est mort à Dharamsala en Inde, trois ou quatre mois après son retour de Boston[5] - [6].
Selon une autre source, il est mort le après une brève maladie. Il resta en état de méditation quelques jours après sa mort (thukdam)[7] - [N 1].
Publication
- (en) Lobsang Tenzin, Biography of a Contemporary Yogi, Ven. Lobsang Tenzin. Cho Yang, Dharamsala, 3 (1990): 102-111[8].
Références
- (de) Stephanie Faber, Tibetisches Tagebuch, Heyne, 1996, (ISBN 3453097440), p. 88—120
- Victor Chan, le 14e dalaï-lama, Savoir pardonner, traduction Philippe Beaudoin, 2005, Les Presses du Châtelet, (ISBN 2845921586) Pocket, 2007 (ISBN 2266163388), p. 62-66
- Herbert Benson, EspritScience : Dialogue Orient-Occident avec Dalai Lama, Howard E. Gardner, Daniel Goleman, Robert A.F. Thurman, éd. Claire Lumière, 1993, 2e ed, 1999, (ISBN 978-2-905998-28-6 et 2905998288), p. 66-68
- Bertrand Odelys, Dharamsala, Chroniques tibétaines, préface du dalaï-lama, Albin Michel, 2003, (ISBN 2226142592 et 9782226142597)p. 408
- Sharon Begley (en), (2008). Train Your Mind Change Your Brain: How a New Science Reveals Our Extraordinary Potential to Transform Ourselves. New York City: Ballantine Books. (ISBN 978-0-345-47989-1), p. 217.
- (en) Richard J. Davidson, Anne Harrington, Visions of Compassion, p. 11
- Losang Tenzin, Autobiography of a Contemporary Yogi "In the Autumn of 1988, Lob-sang Ten-zin left Dharamsala to attend a teaching given by His Holiness the Dalai Lama in Manali. While there for whatever reason, he fell ill but did not consult a doctor preferring to cure himself through meditation as he had done before. After the teaching he returned to his hermitage above Dharamsala, but his condition did not improve. A fellow hermit asked a doctor to visit him and he confirmed Lob-sang Ten-zin's own feeling that his ailment could not be cured by medicine. He died in Dharamsala on one of the major holy days of the Buddhist calendar that commemorates the Buddha's descent from the Heaven of the Thirty-Three, where he had been teaching his mother. A true yogi he remained in meditation for a number of days after his death."
- (en) Donald S. Lopez Jr., Buddhism and Science: A Guide for the Perplexed, University of Chicago Press, 2009, (ISBN 0226493245 et 9780226493244), p. 252
Notes
- Like a Waking Dream: The Autobiography of Geshe Lhundub Sopa (Geshe Lhundup Sopa,Paul Donnelly), p. 34 "when the Buddha came back down to earth from the Heaven of the Thirty Three, where he was visiting and teaching his mother who had been born there as a god. It falls on the twenty—second day of the ninth month of the Tibetan calendar."
Articles connexes
- Liste de prisonniers d'opinion tibétains
- Gu-Chu-Sum Mouvement du Tibet (association d'anciens prisonniers politiques tibétains)