Lobsang Dolma Khangkar
Lobsang Dolma Khangkar (tibĂ©tain : àœàŸłàœŒàŒàœàœàœàŒàœŠàŸàŸČàœŒàœŁàŒàœàŒàœàœàŒàœàœàœą, Wylie : blo bzang sgrol ma khang dkar) aussi appelĂ©e Lobsang Dolma ou Ama Lobsang Dolma (, Kyirong, Tibet - , Dharamsala, Inde[1]) est un docteur en mĂ©decine traditionnelle tibĂ©taine[2]. PremiĂšre femme devenue mĂ©decin chef du Men-Tsee-Khang, ses filles, Tsewang Dolkar Khangkar et Pasang Gyalmo Khangkar, lui ont succĂ©dĂ© dans la lignĂ©e familiale de mĂ©decins, les Khangkar. C'est aussi l'un des premiers mĂ©decins tibĂ©tains Ă visiter des pays occidentaux, oĂč elle a enseignĂ© et traitĂ© des patients[3].
Naissance |
Kyirong ( Tibet) |
---|---|
DĂ©cĂšs |
Dharamsala ( Inde) |
Domaines | Astrologie et médecine tibétaine |
---|---|
Institutions | Men-Tsee-Khang |
Biographie
Vie au Tibet
Lobsang Dolma est nĂ©e en 1934 Ă Kyirong, une rĂ©gion du Tibet occidental, dans la famille Khangkar. AprĂšs le dĂ©cĂšs de ses frĂšres, elle fut l'unique descendante de Tsewang Sangmo (Lobsang Dechen), sa mĂšre et Dingpon Tsering Wangdu, son pĂšre, mĂ©decin, quâelle assiste dans ses fonctions administratives. En 1955, Ă la faveur dâun enseignement intensif mis en place par Dragtonpa, un des gouverneurs de Kyirong, Lobsang Dolma et son Ă©poux suivent un programme d'Ă©tudes supĂ©rieures de deux ans en grammaire tibĂ©taine sous la direction de Pelbar Geshe RinpochĂ© (1893-1985) dans lâermitage de Rab-nga Riwo Pelbar Samten Phug et le temple de Phagpa Wati Sangpo de Kyirong. Lobsang Dolma se rĂ©vĂšle ĂȘtre une Ă©tudiante brillante. En 1956, les deux Ă©poux reçoivent une formation en astrologie de Pelbar Geshe RinpochĂ©. En 1957-1958, elle reçoit un enseignement sur le bouddhisme tibĂ©tain et la mĂ©decine tibĂ©taine du mĂȘme professeur. Elle recherche Ă approfondir ses connaissances sur cette discipline, et son pĂšre invite Changpa, un mĂ©decin tibĂ©tain Ă la fois pour sa fille et pour rĂ©pondre aux besoins en mĂ©decins dans la rĂ©gion. Ă la demande de son pĂšre, ils confectionnent des mĂ©dicaments qui sont distribuĂ©s gratuitement aux patients[2]. Sa fille, Tsewang Dolkar Khangkar, est nĂ©e en 1960 peu aprĂšs la mort de son pĂšre, le Dr. Tsering Wangdu Khangkar, mais avant la fin des 49 jours de rituel funĂ©raire. Quelques jours plus tard, elle et sa famille se sont exilĂ©s[4].
Fuite en exil
En 1960, elle rejoint la frontiĂšre tibĂ©to-nĂ©palaise, et sâinstalle au NĂ©pal oĂč elle pratique une mĂ©ditation rigoureuse sur Vajrayogini. En 1961, elle rejoint Pathankot, en Inde du nord, avec 2 000 rĂ©fugiĂ©s tibĂ©tains. Elle doit gagner sa vie en participant Ă la construction de routes pendant plus dâun an Ă Palampur (en), Manali, Lalethang, Chalithang et Lahoul. DĂ©but 1962, Lobsang Dolma et dâautres travailleurs tibĂ©tains de Manali se rendent Ă Dharamsala pour recevoir la bĂ©nĂ©diction du dalaĂŻ-lama et de Trijang RinpochĂ©. Ce dernier lui demande de rester Ă Dharamsala, et de rejoindre l'Institut de mĂ©decine et d'astrologie tibĂ©taine (Men-Tsee-Khang) qui vient dâĂȘtre fondĂ© par le gouvernement tibĂ©tain en exil. Cependant, la demande de Lobsang Dolma de rejoindre le centre est rejetĂ©e par lâadministration tibĂ©taine en exil, car Ă lâĂ©poque les femmes nâĂ©taient pas acceptĂ©es dans cette institution, et elle doit reprendre son travail de construction des routes. En 1964, elle sâinstalle Ă Dalhousie avec son mari et tous deux travaillent Ă lâĂcole centrale pour les TibĂ©tains. Les enfants lâappellent alors affectueusement Ama Lobsang Dolma, un surnom qui lui est restĂ©. Lâavis de Trijang RinpochĂ© et une demande de Geshe Bayu lâamĂšne Ă exercer Ă nouveau la mĂ©decine. En 1970, elle dĂ©missionne de son poste Ă lâĂ©cole centrale pour les TibĂ©tains et ouvre une clinique privĂ©e Ă Dalhousie, oĂč sa rĂ©putation grandissante entraĂźne une foule de moines, dâhabitants indiens, et tibĂ©tains[2].
MĂ©decin chef du Men-Tsee-Khang
AprĂšs que les mĂ©decins les plus anciens du Men-Tsee-Khang de Dharamsala, Tro Gawo Gyurme Ngawang Samphel RinpochĂ© (Trogawa RinpochĂ©, 1932-2005), Kurung Peltsewa Norlha Phuntsok Dradul (1932-1972), et Yeshi Donden aient dĂ©missionnĂ© de leurs postes, lâadministration tibĂ©taine nomma Lobsang Dolma Ă Dharamsala oĂč elle sâinstalle avec sa famille. Le , Lobsang Dolma rejoint le Men-Tsee-Khang oĂč elle devint le mĂ©decin principal, tandis que son mari, Dozur Tsering Wangyal, rejoint le centre pharmaceutique[2]. Elle est nommĂ©e mĂ©decin chef du Men-Tsee-Khang, et en consĂ©quence, elle se voit confĂ©rer le titre de « mĂ©decin du dalaĂŻ-lama »[5]. Lobsang Dolma sâest rendu Ă lâĂ©tranger Ă plusieurs reprises, elle rencontra notamment Jeffrey Hopkins de lâuniversitĂ© de Virginie aux USA oĂč elle donna des confĂ©rences sur la mĂ©decine tibĂ©taine. En 1978, elle se rend au Vajrapani Institute en Californie pendant 3 mois, et Ă lâuniversitĂ© du Wisconsin oĂč elle donne une formation intensive en mĂ©decine tibĂ©taine durant 2 semaines. Ă lâinvitation de lâInstitut de psychologie jungienne, elle conduit un atelier de 10 jours Ă Zurich. Ă lâinvitation de lâOMS et avec lâaval de lâadministration tibĂ©taine, elle participe au CongrĂšs international des mĂ©decines traditionnelles asiatiques Ă lâUniversitĂ© nationale australienne de Canberra en Australie du 1 au . Elle donnera des cours sur les diagnostics en mĂ©decine tibĂ©taine Ă cette occasion. En 1975, son Ă©poux dĂ©cĂšde, et elle se remarie Ă Norbu Chophel, lâassistant de Trijang RinpochĂ©. Le , elle prend les vĆux de femme laĂŻque auprĂšs de Trijang RinpochĂ©[2].
Mutation vers une pratique médicale privée
Ă la suite de ses absences prolongĂ©es du Men-Tsee-Khang, elle est relevĂ©e de ses fonctions le , et elle construit sa propre clinique privĂ©e, inaugurĂ©e le . Ă la mi-, elle tombe gravement malade, et rĂ©alise des rituels religieux suggĂ©rĂ©s par Ling RinpochĂ©, et sa santĂ© sâamĂ©liore graduellement[2]. Ă lâinvitation de Namkhai Norbu RinpochĂ©, elle participe Ă la premiĂšre convention internationale sur la mĂ©decine tibĂ©taine Ă Venise du 26 au , puis Ă Arcidosso du 2 au . Elle soigne de nombreuses femmes et enfants, et donne des confĂ©rences sur diffĂ©rents problĂšmes pĂ©diatriques et gynĂ©cologiques. Elle se rend alors en Hollande, oĂč elle reste un mois Ă la demande de la Fondation nĂ©erlandaise pour la mĂ©decine tibĂ©taine[2].
Lobsang Dolma se rendit en Inde du sud et y visita diffĂ©rents monastĂšres, et institutions des rĂ©fugiĂ©s tibĂ©tains, dont la maison des personnes ĂągĂ©es de Mundgod quâelle aida financiĂšrement et mĂ©dicalement. Ă la faveur de deux visites au NĂ©pal, elle a pu revoir son ancien professeur, Pelbar Geshe RinpochĂ© en 1985. En plus de son activitĂ© clinique Ă Dharamsala, elle exerçait gratuitement dans certaines occasions, Ă Pathankot, Ă Amritsar (Ă la demande de Satwan Singh et Kulwant Singh, des responsables du Temple d'Or, et au Mahesh Chopra Memorial Hospital), Ă Calcutta, Ă New Delhi au Yogi Mahajanâs Ashram, et Ă Jalandhar. En , elle se rend Ă Noubra et Saspol au Ladakh, ainsi quâau camp tibĂ©tain de Puruwala, Ă Mussoorie. En 1986, elle se rend Ă Hamipur. En 1988, elle se rend Ă Kyidrong Samten Ling, Ă Katmandou[2]. Elle a eu au nombre de ces Ă©tudiants ses filles, Pasang Gyalmo et Tsewang Dolkar Khangkar, ainsi que Khyunglung Thogme Thinley Dorje, et Purang Tsewang Namgyal. Elle est citĂ©e entre autres dans Encyclopaedia of Women in India, The World Whosâ Who of Women. Elle est tombĂ©e gravement malade en 1989, et dĂ©cĂ©da le . Sa clinique a Ă©tĂ© nommĂ©e Dr Lobsang Dolma Khangkar Memorial Clinic aprĂšs sa mort, et sa fille la plus ĂągĂ©e, Pasang Gyalmo lâa reprise[2].
Ouvrages de Lobsang Dolma
- Initiation Ă la mĂ©decine tibĂ©taine, 1998, K. Dhondup, confĂ©rences du Dr. Lobsang Dolma Khangkar, traduction en français par Bruno Le Guevel, Ăditions Dewatshang, (ISBN 2909858049)
- (en) Lectures on Tibetan medicine, K. Dhondup, retranscription de conférences du Dr. Lobsang Dolma Khangkar, 1986, LTWA
- (en) Health and harmony through the balance pulse rhythms: the diagnostic art my mother taught me, avec Tsewang Dolkar Khangkar, Yarlung Publications, 1990
- (en) Journey into the mystery of Tibetan medicine: based on the lectures of Dr. Dolma, Livre 1, avec Tsewang Dolkar Khangkar, Yarlung Publications, 1990
Articles
- Gerard N. Burrow, Jeffrey Hopkins, Yeshi Dhonden, and Lobsang Dolma, Goiter in Tibetan Medicine, Yale J Biol Med. 1978, 51 : 441â447.
Notes et références
- Graham Coleman, A Handbook Of Tibetan Culture: A Guide to Tibetan Centres and Resources Throughout the World, Random House, 2016, (ISBN 147355022X et 9781473550223), p. 341-342
- (en) Tashi Tsering, Outsanding Women in Tibetan Medicine in Women in Tibet, Janet Gyatso, Hanna Havnevik, C. Hurst & Co. Publishers, 2005, (ISBN 1850656533), p 177-188
- Heidi Fjeld, Theresia Hofer, Women and Gender in Tibetan Medicine, Asian Medicine 6 (2010â11) pp. 175â216, p. 184
- Tsewang Dolkar Khangkar, Médecin du toit du monde, avec Marie-José Lamothe, Editions du Rocher, 1997, (ISBN 2268024911)
- Tsewang Dolkar Khangkar, Marie-José Lamothe, Médecin du toit du monde, Editions du Rocher, 1997, (ISBN 2268024911), Chapitre « Dharamsala ».
Bibliographie
- Médecin du toit du monde, Tsewang Dolkar Khangkar, Marie-José Lamothe, Editions du Rocher, 1997, (ISBN 2268024911)
- Dolma & Dolkar: mother and daughter of Tibetan medicine, Tashi Tsering Josayma, K. Dhondup, Yarlung Publications, 1990, (ISBN 8171970001)
Voir aussi
Articles connexes
- Tradition, Savoirs traditionnels
- Patrimoine culturel immatériel
- Pharmacopée traditionnelle, Pharmacognosie, Ethnobotanique (Pierre Lieutaghi), Ethnopharmacologie
- Institut Chakpori de médecine tibétaine
- Institut de médecine et d'astrologie tibétaine
- Gyushi
- Tenzin Choedrak (Médecin tibétain)
- Khyenrab Norbu (Médecin tibétain)
- Lobsang Wangyal (Médecin tibétain)
- Nida Chenagtsang (Médecin tibétain)
- Gyalpo Dawa (Médecin tibétain spécialiste des plantes de la médecine tibétaine)
- Kallawaya (Groupe de médecins traditionnels itinérants des Andes)