Ljuba (peintre)
Ljubomir PopoviÄ, dit Ljuba, nĂ© Ă Tuzla en Bosnie-HerzĂ©govine le et mort Ă Belgrade (Serbie) le , est un peintre français d'origine serbe (ex Yougoslavie).
Naissance | |
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Nom dans la langue maternelle |
ĐŃĐ±ĐŸĐŒĐžŃ ĐĐŸĐżĐŸĐČĐžŃ |
Nom de naissance |
Ljubomir PopoviÄ |
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Biographie
Ljubomir PopoviÄ, dit Ljuba, naĂźt le Ă Tuzla (Royaume de Yougoslavie), dans le territoire de lâactuelle Bosnie-et-HerzĂ©govine. Sa mĂšre Spasenija est fille dâun prĂȘtre orthodoxe tandis que son pĂšre Aleksa est un riche marchand. Ă la veille de la Seconde Guerre mondiale, ils sâinstallent Ă Valjevo, en Serbie, oĂč Ljuba fait toute sa scolaritĂ©.
En 1953, le lycĂ©e terminĂ©, il part Ă Belgrade, avec lâintention dâapprendre le mĂ©tier de peintre Ă lâAcadĂ©mie des arts appliquĂ©s. ArrivĂ© trop tard pour lâexamen dâentrĂ©e, il sâinscrit Ă la FacultĂ© dâhistoire de lâart et, parallĂšlement, Ă un atelier de dessin sur le motif. LâannĂ©e suivante, il est reçu au concours de lâAcadĂ©mie des arts appliquĂ©s. De cette Ă©poque datent les Ă©tudes de nu grandeur nature ainsi que les premiĂšres peintures Ă lâhuile, avec des ĂȘtres Ă©tranges plongĂ©s dans une atmosphĂšre Ă©touffante et angoissante.
Ă partir de 1957, Ljuba poursuit ses Ă©tudes Ă LâAcadĂ©mie des Beaux-Arts, grĂące au soutien du professeur Marko ÄelebonoviÄ qui lâaccepte dans sa classe. AprĂšs le dĂ©part de ÄelebonoviÄ pour Paris, Ljuba termine ses Ă©tudes dans la classe de ÄorÄe AndrejeviÄ Kun puis se perfectionne, pendant deux annĂ©es supplĂ©mentaires, dans « lâatelier de MaĂźtre » de Milo MilunoviÄ. Lors de la traditionnelle exposition dâĆuvres dâĂ©lĂšves, qui clĂŽt la derniĂšre annĂ©e dâĂ©tudes, Ljuba se lie dâamitiĂ© avec le peintre Leonid Ć ejka (en), fondateur du mouvement Mediala (sr). En 1960, les tableaux de Ljuba font partie de la IIIe exposition de Mediala, Ă la Galerie GrafiÄki kolektiv.
Ă lâautomne 1963, Ljuba quitte dĂ©finitivement Belgrade pour Paris, en emportant avec lui un carton de dessins et cinq toiles roulĂ©es. GrĂące Ă une lettre de recommandation du professeur ÄelebonoviÄ, il rencontre Ginette Signac, fille du peintre Paul Signac, qui va lâintroduire dans le milieu artistique parisien. Câest elle qui le prĂ©sente Ă RenĂ© de Solier, historien et critique, passionnĂ© dâart fantastique. En 1971, celui-ci Ă©crira le texte de la premiĂšre monographie sur Ljuba, Ă©galement premiĂšre monographie sur un peintre yougoslave jamais sortie en France.
Par lâintermĂ©diaire de RenĂ© de Solier, Ljuba fait connaissance du galeriste Marcel Zerbib, adepte du surrĂ©alisme et protecteur des peintres proches de ce mouvement. Il lui achĂšte les tableaux apportĂ©s de Belgrade, lui trouve un atelier et organise des expositions personnelles Ă Paris et Ă Bruxelles. En frĂ©quentant Marcel Zerbib, Ljuba entre en contact avec de nombreux acteurs de la scĂšne intellectuelle parisienne. BientĂŽt Ă©criront sur lui AndrĂ© Pieyre de Mandiargues, Alain Jouffroy, RenĂ© Etiemble, Patrick Waldberg, Alain Bosquet, Gustav RenĂ© Hocke (de), etc. Au dĂ©but des annĂ©es 70, il entame une collaboration et une amitiĂ© avec la galeriste Thessa Herold qui dureront jusquâĂ la fin de ses jours.
La carriĂšre internationale de Ljuba est marquĂ©e par un grand nombre dâexpositions particuliĂšres et collectives, la publication de treize monographies, une riche filmographie et une quantitĂ© dâarticles dans des revues littĂ©raires et artistiques. Ljuba Ă©tait Ă©galement prĂ©sent dans lâespace culturel de son pays dâorigine. GrĂące Ă son soutien a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e la Galerie Moderne Valjevo qui fĂȘte en 2019 plus de trente ans dâactivitĂ©s.
Il meurt le , Ă Belgrade, deux mois seulement aprĂšs le vernissage de sa derniĂšre exposition parisienne. Il est enterrĂ© Ă Valjevo, en haut dâune colline qui surplombe la maison de son enfance.
Ćuvre
La peinture de Ljuba est le plus souvent qualifiĂ©e de surrĂ©aliste, de fantastique ou de symboliste. Ljuba y a ajoutĂ© une quatriĂšme dimension, la « peinture intĂ©grale », liĂ©e au mouvement Mediala crĂ©Ă© Ă Belgrade dans les annĂ©es 60, par Leonid Ć ejka. Cependant, il ne sâest jamais identifiĂ© Ă aucun groupe, mouvement ou Ă©cole ni subi lâinfluence dâun autre peintre. Ljuba a toujours Ă©tĂ© Ă lâĂ©coute de son inconscient. Ses tableaux ne sont jamais la transposition purĐ” et simple de la rĂ©alitĂ©, ils peuvent exprimer des idĂ©es mĂ©taphysiques, spirituelles ou abstraites. Tout en absorbant des savoirs dâorigine diverses, il poursuivait son propre fil conducteur vers le but quâil sâĂ©tait fixĂ© Ă lâĂ©poque de son compagnonnage avec Ć ejka. Selon ses propres mots, la peinture intĂ©grale serait celle qui rĂ©unit un point de vue philosophique sur le destin de lâhomme dans le monde, une capacitĂ© dâĂ©coute des vibrations les plus fines de lâĂąme et une maĂźtrise parfaite du mĂ©tier.
Les tableaux de Ljuba bouleversent le spectateur par leur charge Ă©rotique, par la prĂ©sence dâĂȘtres Ă©nigmatiques, susceptibles de se mĂ©tamorphoser, de se dĂ©doubler, de sâenchevĂȘtrer ainsi que par une abondance de formes dont on n'est jamais sĂ»r si elles appartiennent au monde organique ou minĂ©ral, si elles proviennent de la rĂ©alitĂ© ou des contrĂ©es au-delĂ de la conscience. Une approche plus approfondie dĂ©voile un sens inouĂŻ des harmonies chromatiques, une structure complexe caractĂ©risĂ©e par des perspectives multiples et inattendues, des rapports savamment Ă©tablis entre la reprĂ©sentation gĂ©nĂ©rale et les dĂ©tails minutieusement exĂ©cutĂ©s. Lâunivers somptueux et inquiĂ©tant que Ljuba a matĂ©rialisĂ© sur ses tableaux montre autant une personnalitĂ© hors norme quâune riche culture picturale et une grande soif de connaissances les plus diverses.
Notes et références
Source
Catalogue de l'exposition Galerie de l'Académie Serbe des Sciences et des Arts (Belgrade-Serbie)
Voir aussi
Bibliographie
- 1971 : Ljuba, René de Solier, Le musée de poche, Paris
- 1974 : Ljuba, Alain Bosquet, La Connaissance, Bruxelles
- 1978 : Ljuba, Textes collectifs, Belfond, Paris
- 1979 : LâArt visionnaire, Michel Random, Fernand Nathan, Paris
- 1981 : Ljuba, Anne Tronche, Alpine Fine Arts Collection, New York
- 2003 : Ljuba, Sarane Alexandrian, Le Cercle d'Art, Paris
Filmographie
- 1974 : Ljuba de Michel Lancelot, INA, France
- 1976 : LâArt visionnaire de Michel Random, France
- 1978 : L'Amour monstre de tous les temps (court métrage documentaire) de Walerian Borowczyk, France