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Liaisons mécaniques avec frottement

Trop souvent considĂ©rĂ© comme un Ă©lĂ©ment perturbateur pour les calculs, on s’aperçoit trĂšs vite que le frottement est tout simplement indispensable : si les vis de fixation restent serrĂ©es, le clou en place, les Ă©chelles debout et les voitures sur la route, c’est grĂące au frottement. C’est aussi sur ce phĂ©nomĂšne que repose le fonctionnement des freins et embrayages.

Pour rĂ©soudre un problĂšme de statique, sa considĂ©ration systĂ©matique n’est pas obligatoire. Il existe des modĂšles mathĂ©matiques simples, et cependant prĂ©cis qui dĂ©crivent ce phĂ©nomĂšne. Les lois de Coulomb font partie de ces modĂšles. La tribologie est la science du contact qui propose d'autres modĂšles plus pointus Ă  utiliser suivant les exigences de l'Ă©tude.

Contact parfait et contact avec frottement

modĂšle parfait et avec frottement

Dans un contact parfait, l’action mĂ©canique transmissible par obstacle entre 2 solides ne peut ĂȘtre en tout point que normale au contact (perpendiculaire au plan tangent commun du contact). Pour que cette action mĂ©canique puisse prendre une autre direction, il y a nĂ©cessitĂ© d’une composante tangentielle qui ne sera pas transmise par obstacle mais par frottement ou adhĂ©rence.

La force résultante transmise dans ce contact se projette suivant une composante normale, dite effort presseur, et une composante tangentielle dite force de frottement.

Il n'est pas toujours nécessaire de distinguer ces composantes lors d'une étude statique (voir lois de Coulomb ci-dessous).

On a deux types de contacts : réparti et engendré.

Adhérence et glissement

Si on considÚre deux corps en contact ponctuel avec frottement, il y a 2 situations à observer selon que le glissement entre les deux corps est avéré ou pas.

Si les corps ne glissent pas, la droite d’action transmissible peut s’écarter de la normale de contact jusqu’à une limite fixe (en rouge sur la figure). Le domaine ainsi dĂ©limitĂ© prend la forme d’un cĂŽne dit « cĂŽne de frottement d’adhĂ©rence ». Le demi angle au sommet est appelĂ© angle d’adhĂ©rence. L'Ă©tude du cas Ă  la frontiĂšre du cĂŽne est appelĂ© Ă©quilibre strict.

Si la vitesse relative entre les corps devient non nulle, alors la droite d’action prend une inclinaison fixe (violet). On dĂ©finit de mĂȘme le « cĂŽne de frottement de glissement ».

En gĂ©nĂ©ral, le cĂŽne de glissement est inclus Ă  l’intĂ©rieur du cĂŽne d’adhĂ©rence. Chacun a fait l’expĂ©rience de pousser une armoire et de s’apercevoir qu’il est moins dur d’entretenir son glissement, une fois qu’elle a dĂ©collĂ©. C’est aussi cette diffĂ©rence qui explique le broutement des chaises qu’on traĂźne, le sifflement des freins, ou la gĂ©nĂ©ration du son des violons et autres instruments Ă  archet. À une bien plus grande Ă©chelle, les sĂ©ismes en sont les consĂ©quences.

Pour certains couples de matériaux, le coefficient d'adhérence est au contraire plus faible que le coefficient de frottement, celui-ci augmentant plus ou moins notablement avec la vitesse de glissement. Ce comportement est recherché pour la conception de nombreux mécanismes industriels afin d'introduire une certaine sécurité intrinsÚque et surtout de limiter les vibrations ; voir à ce sujet le wikilivre de tribologie et plus spécialement les chapitres consacrés à la modélisation des actions de contact, aux embrayages, aux freins, etc.

Lois de Coulomb

Dans les deux situations prĂ©cĂ©dentes, la direction de l’action transmissible est connue :

  • soit parce que le glissement est avĂ©rĂ© ;
  • soit parce que l'Ă©quilibre est avĂ©rĂ© ; l'Ă©tude statique permet alors la dĂ©termination prĂ©alable de toutes les actions mĂ©caniques.

Nous pouvons Ă©crire alors une relation entre l’effort presseur (composante normale N) et l’effort de frottement (composante tangentielle T) : elle doit vĂ©rifier les lois de Coulomb.

  • Cas du glissement avĂ©rĂ© :
    • oĂč est appelĂ© coefficient de frottement de glissement.
    • le sens de T est tel qu'il s'oppose au glissement.
  • Cas d'Ă©quilibre avĂ©rĂ© :
    • oĂč est appelĂ© coefficient de frottement d’adhĂ©rence.
    • si l'inĂ©galitĂ© n'est pas vĂ©rifiĂ©e, c'est que l'hypothĂšse d'Ă©quilibre doit ĂȘtre remise en question (glissement).
    • Le sens de T est normalement induit par l'Ă©tude. Dans le cas de l'Ă©quilibre strict, il est arbitrairement choisi pour s'opposer au glissement probable des deux piĂšces.

Étude de cas

En considĂ©rant un pavĂ© posĂ© sur une surface plane. Si le sol est bien Ă  niveau alors l’équilibre du pavĂ© est possible et les forces poids et rĂ©action du sol s’annulent (voir statique).

Pour dĂ©placer ce pavĂ©, on exerce une force latĂ©rale . Tant que le pavĂ© reste en place, son Ă©quilibre est toujours vrai ; ce qui impose la relation d’équilibre entre les trois forces (Principe fondamental de la statique). On remarque alors que l’action du sol n’est plus normale au contact. Il y a donc nĂ©cessairement du frottement.

Le problĂšme reste alors entier : Peut-on connaĂźtre l’intensitĂ© de la force permettant de faire bouger le pavĂ©, quand la seule donnĂ©e est le poids du pavĂ© ?

On remarquera aussi que le point d'application de modifie la position de la réaction au sol. Plus est appliqué haut, plus l'appui au sol se fait vers l'avant. Dans le cas d'un objet trÚs haut, une armoire par exemple, il se peut que la réaction du sol soit portée à l'extérieur (ce qui n'est pas possible, puisque cela impliquerait des actions locales de signe opposé). L'équilibre n'étant plus possible, alors il y a basculement.

Valeurs des coefficients d’adhĂ©rence et glissement

La valeur de ces coefficients n’est pas modĂ©lisable et ne peut s’établir que par la mesure. On trouvera de nombreuses valeurs directement applicables dans le wikilivre de tribologie.

Selon les lois de Coulomb, qui constituent un premier modĂšle simpliste mais souvent suffisant, ces valeurs ne dĂ©pendent que de la nature des matĂ©riaux mis en prĂ©sence et de l'Ă©tat de leurs surfaces ; elles sont indĂ©pendantes des formes des surfaces de contact, de leurs dimensions, des pressions de contact et de la vitesse de glissement. La complexitĂ© du modĂšle doit ĂȘtre adaptĂ©e au besoin. La tribologie indique l'ensemble des facteurs Ă  considĂ©rer si un modĂšle trop simple ne convenait pas.

La diffĂ©rence entre le coefficient de frottement et le coefficient d'adhĂ©rence Ă©tant souvent faible, les deux valeurs peuvent ĂȘtre confondues. Voici quelques valeurs numĂ©riques pour les coefficients d’adhĂ©rence (glissement) :

  • Acier / acier : 0,2 (0,15)- 0.3
  • Acier / glace : 0,02 (0,02)
  • Acier / bronze : 0,1 (0,05)
  • Acier / garnitures de freins : 0,4 (0,25) (pression maxi 20 MPa, T° < 200 °C)
  • Pneu / route sĂšche : 0,8 (0,5)
  • Pneu / route mouillĂ©e : 0,5 (0,35)

RĂ©solution de problĂšmes avec frottement

Dans un problĂšme de statique, la considĂ©ration du frottement ne doit pas ĂȘtre prise en compte si le phĂ©nomĂšne est considĂ©rĂ© comme nĂ©gligeable. Avec un coefficient infĂ©rieur Ă  0,1 les droites d’action sont peu dĂ©viĂ©es (par rapport au modĂšle parfait), de ce fait le rĂ©sultat final est peu perturbĂ©.

Cependant le frottement doit ĂȘtre considĂ©rĂ© quand on souhaite dĂ©terminer son influence sur le problĂšme Ă©tudiĂ©, oĂč lorsque le modĂšle parfait n’apporte pas de solution possible (pavĂ© qu’on pousse mais qui cependant reste immobile). Dans ce cas 2 types d’étude sont Ă  envisager :

1- HypothĂšse de liaison avec frottement d’adhĂ©rence : l’étude est menĂ©e dans un premier temps pour dĂ©terminer l’ensemble des forces. L’hypothĂšse de liaison avec frottement accorde des libertĂ©s supplĂ©mentaires aux directions des droites d’action. Puis dans un deuxiĂšme temps, on vĂ©rifie que les liaisons avec frottement sont dans une situation compatible avec les lois de Coulomb (droites d’action Ă  l’intĂ©rieur des cĂŽnes d’adhĂ©rence). Si ce n’est pas le cas, l’équilibre n’est pas possible. Il faut alors revoir la gĂ©omĂ©trie du problĂšme.

2- HypothĂšse d’équilibre strict : Quand les donnĂ©es sont insuffisantes, il est intĂ©ressant de poser l’hypothĂšse de glissement (contradictoire avec la notion d'Ă©quilibre). On fixe ainsi arbitrairement la direction de certaines actions mĂ©caniques. Le rĂ©sultat correspond alors Ă  la situation limite au-delĂ  de laquelle l’équilibre n’est plus possible. Cette hypothĂšse est aussi naturelle quand il s’agit de calculer les performances d’un systĂšme de freinage ou d’embrayage, dans ce cas les accĂ©lĂ©rations sont souvent supposĂ©es nulles ce qui Ă©limine les considĂ©rations inertielles.

Le tracĂ© du cĂŽne de frottement est inĂ©vitable dans les deux cas; Or la caractĂ©ristique donnĂ©e est le coefficient de frottement (tangente de l’angle). Cela est possible sans calcul en utilisant la mĂ©thode suivante (qui s’appuie sur les relations dans le triangle rectangle : tan = cĂŽtĂ© opposĂ© / cĂŽtĂ© adjacent) :

Méthode de tracé du cÎne de frottement
  1. monter de 1 unité sur la normale de contact,
  2. tourner de la valeur du coefficient,
  3. tracer le bord du cĂŽne.

Cette mĂ©thode est plus prĂ©cise que celle qui consiste Ă  calculer l’angle puis le reporter, car les valeurs usuelles de coefficient sont voisines et les rapporteurs d’angle souvent limitĂ©s en prĂ©cision au demi degrĂ©.

Voir aussi

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