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Les Criminels

Les Criminels (titre original en anglais : The Criminal ; titre américain : The Concrete Jungle) est un film britannique réalisé par Joseph Losey et sorti en 1960.

Synopsis

Johnny Bannion, un spécialiste des hold-up est sur le point d'être libéré de prison où il a mis au point un "grand coup" qui doit rapporter une somme exceptionnelle. L'idée lui a été suggérée par un autre prisonnier, Snipe, qui fait désormais partie de sa bande. Lors de sa sortie de prison, Bannion est accueilli par un de ses complices, Carter. L'opération se déroule normalement, mais le comportement de Bannion n'inspire guère confiance et un de ses "amis" le dénonce à la police. À nouveau incarcéré, Bannion apprend que sa maîtresse, Suzanne, a été enlevée et finit par comprendre que l'"ami" en question n'est autre que Carter, et que celui-ci cherche à utiliser Suzanne pour l'obliger à révéler l'endroit où il a planqué le magot. Grâce à ses anciens collaborateurs, passés au service de Carter, Bannion sort de prison à seule fin de leur rendre l'argent volé dont il ne devra toucher, à présent, plus un seul sou.

Fiche technique

Distribution

Commentaire

  • Reynold Humphries note, dans Les criminels, ou la circulation du sens (in : CinĂ©mAction : L'univers de Joseph Losey, Corlet-TĂ©lĂ©rama, ), que le titre du film rappelle ceux d'un certain nombre de rĂ©alisations consacrĂ©es au monde du crime ou de la police : Les Tueurs (The Killers) de Robert Siodmak en 1946, puis celle, Ă©ponyme en anglais, de Donald Siegel en 1964 ; plus tard, The Drivers (1979) de Walter Hill ou Cop de James B. Harris en 1988. « Chaque fois il est question de renvoyer, non seulement Ă  un homme ou des hommes prĂ©cis et reconnaissables, mais surtout Ă  un mĂ©tier. (...) John Bannion (Stanley Baker) lui-mĂŞme est un "professionnel" qui exerce un "mĂ©tier". Ce sont les termes utilisĂ©s par Mike Carter, son contact Ă  l'extĂ©rieur », dit-il.
  • Le crime est dĂ©sormais une entreprise. Telle est la thèse principale du film de Joseph Losey. Or, Ă  cette rĂ©alitĂ©-lĂ , Bannion, en gangster d'une autre Ă©poque, ne s'est pas adaptĂ©. Contrairement Ă  certains de ses "collaborateurs" qui le trahissent par nĂ©cessitĂ©. « Comme Carter le lui signale, l'argent que Bannion a touchĂ© en sortant de prison appartient Ă  cet homme que l'on pourrait appeler le "banquier" ou le "financier". En Ă©change de cette somme, il doit accomplir certaines tâches et, surtout, obĂ©ir. Bannion est un grand naĂŻf : il dĂ©savoue le rĂ´le de l'argent, pourtant central dans sa vie, parce que c'est lui le "cerveau" qui organise les coups. (...) Il oublie que c'est celui qui dĂ©tient le capital qui donne les ordres. » (R. Humphries, op. citĂ©).
  • The Criminal est donc, sous les oripeaux du film noir, un « film politique parce qu'il montre que les valeurs qui vont de soi dans une sociĂ©tĂ© fondĂ©e sur l'argent, le pouvoir et la concurrence, se reproduisent dans n'importe quel contexte et que tous les rapports, sociaux et sexuels, sont concernĂ©s. » (R. Humphries, op. citĂ©)
  • Joseph Losey renoue ainsi, grâce Ă  la libertĂ© permise par le cinĂ©ma anglais, avec l'esprit des films qu'il avait naguère tournĂ©s aux États-Unis et une certaine tradition amĂ©ricaine du film noir. Le cinĂ©ma anglais de Losey est, Ă  ce moment-lĂ , un prolongement de ses films rĂ©alisĂ©s entre 1948 et 1951. D'oĂą l'incomprĂ©hension dont il a souffert lors de sa première pĂ©riode anglaise.
  • Après avoir effectuĂ© un rapprochement entre le film de Losey et The Gangster, film unique du directeur de la photo Gordon Wiles, qui traite Ă©galement de l'Ă©volution de la vie criminelle, Reynold Humphries conclut : « Film de genre, The Criminal ne pouvait ĂŞtre compris, et encore moins apprĂ©ciĂ©, dans le climat superficiel, fermĂ© Ă  toute rĂ©flexion sur le cinĂ©ma et la mise en scène, de la critique anglaise de l'Ă©poque. (...) DĂ©calĂ© par rapport Ă  Hollywood, Losey a tournĂ© un film nettement en avance sur son temps dans le contexte anglais. »

Les Criminels, selon Joseph Losey

  • « J'ai essayĂ© de montrer la vie en prison telle qu'elle Ă©tait vraiment : la corruption des gardiens, les bandes et leurs guerres, le gangstĂ©risme des prisons avec ses règles que l'on ne pouvait violer sous peine de mort, l'incroyable brutalitĂ©, mais empreinte d'humour et d'une certaine compassion. Ce film n'Ă©tait pas cher : il coĂ»ta (...) environ 180 000 dollars. Cela ne s'Ă©tait jamais vu. Ce rĂ©sultat fut obtenu en travaillant très vite et en Ă©conomisant partout oĂą c'Ă©tait possible. » (Entretien avec Michel Ciment, in : Kazan-Losey, entretiens, Éditions Stock, )
  • En rĂ©ponse Ă  une question de Michel Ciment, Joseph Losey admet que le protagoniste principal du film, John Bannion (Stanley Baker), inspirĂ© d'un personnage rĂ©el, « semble en fait plus Ă  l'aise en prison qu'Ă  l'extĂ©rieur ». Il affirme qu'il ne s'agit pas d'un paradoxe. « Je crois que c'est vrai de tous les criminels. Tous. Et je crois qu'on a beaucoup Ă©crit sur le fait que la plupart des gens qui sortent de prison ont une longue pĂ©riode de rĂ©adaptation et, pour certains, ne se rĂ©adaptent jamais. Parfois, ils recherchent l'arrestation par un nouveau dĂ©lit pour retrouver la sĂ©curitĂ© de la prison. C'est un lieu oĂą le code s'applique sans restriction ; les seuls marginaux sont les gardiens. »

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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