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Les Amours de Mars et de VĂ©nus

Les Amours de Mars et de Vénus (en anglais : The Loves of Mars and Venus) est un ballet de John Weaver[1]. Dans la mesure où c'est sans doute le premier spectacle à raconter une histoire uniquement à travers la danse, la musique et la gestuelle, il est considéré comme le premier ballet moderne. Sa première représentation a lieu au Théâtre de Drury Lane de Londres le samedi 2 mars 1717.

Contexte

Si le ballet existe avant 1717, c'est toujours lors d'un opĂ©ra ou d'une pièce de théâtre, la danse racontant l'histoire de ces spectacles. Les Amours de Mars et de VĂ©nus est un drame dansĂ©, au mĂŞme titre que les pièces reprĂ©sentĂ©es Ă  Londres, dĂ©crit en son temps comme un « divertissement dramatique de la danse Â», « le premier de ce genre produit sur la scène britannique ou dans le royaume[2] ». Seuls danse et mime racontent l'histoire, ce qui inspire les futurs ballets[3].

Argument

Le ballet de Weaver raconte une romance entre Vénus, déesse romaine de l'amour, et Mars, dieu romain de la guerre, et de la vengeance exercée par Vulcain, mari de Vénus. L'argument s'inspire à la fois des sources antiques et de la pièce de Pierre-Antoine Motteux Les Amours de Mars et de Vénus, publiée en 1695. Ce ballet, tout en s'inspirant de la pantomime antique, que Weaver apprécie, s'inscrit dans son époque et recherche la sophistication, comme les comédies de son temps.

Les Amours de Mars et de VĂ©nus se compose de six scènes de danse et de mime. La durĂ©e est estimĂ©e Ă  quarante minutes. Mars apparaĂ®t avec ses soldats et exĂ©cute une danse guerrière. VĂ©nus est reprĂ©sentĂ©e entourĂ©e des Grâces et s'expose dans une passacaille sensuelle, mais quand Vulcain arrive, elle se querelle avec lui dans une danse « du genre pantomime Â». Vulcain se retire dans sa forge pour se venger, avec l'aide de ses ouvriers les Cyclopes. Mars et VĂ©nus se rencontrent et, avec leurs disciples, exĂ©cutent des danses exprimant l'amour et le dĂ©sir. Vulcain achève son plan de vengeance contre les amants. Dans la scène finale, Vulcain et les Cyclopes attrapent Mars et VĂ©nus ensemble et les exposent Ă  la dĂ©rision des autres dieux. Cependant, Neptune intervient et rĂ©tablit la paix, dans une « grand danse » finale.

Spectacle

Aux premières reprĂ©sentations des Amours de Mars et de VĂ©nus, Mars, VĂ©nus et Vulcain sont respectivement dansĂ©s par Louis DuprĂ©, Hester Santlow et John Weaver lui-mĂŞme. DuprĂ©, danseur virtuose français, n'est pas le « grand DuprĂ© » de l'OpĂ©ra de Paris. Hester Santlow est une danseuse et actrice anglaise, dĂ©crite comme « incomparable Â» par un contemporain. Weaver a les compĂ©tences d'un danseur comique, et maĂ®trise la gestuelle comique. Les danseurs de Drury Lane incarnent les suites de Mars et de VĂ©nus, et les comĂ©diens de la compagnie tiennent les rĂ´les des Cyclopes.

Accueil critique

Les Amours de Mars et de VĂ©nus rencontre le succès. Ce ballet est reprĂ©sentĂ© sept fois en une saisons et continue de l'ĂŞtre, au Drudy Lane Theatre, jusqu'en 1724. Colley Cibber, acteur et gĂ©rant anglais, dramaturge et poète, Ă©crit Ă  ce sujet : « Donner donc Ă  la danse une amĂ©lioration ; et pour en faire quelque chose de plus qu'un mouvement sans signification, la fable de Mars et de VĂ©nus, fut formĂ©e en une prĂ©sentation de danses de caractère, dans laquelle les passions Ă©taient si joyeusement exprimĂ©es, et toute l'histoire si intelligiblement racontĂ©e, sans dire un mot. Narration du geste seulement, que mĂŞme les spectateurs pensants lui permettaient un divertissement Ă  la fois agrĂ©able et rationnel[4] ». John Rich parodie ce spectacle[5]. Ce ballet joue un certain rĂ´le dans l'histoire de l'art. Marie SallĂ©, qui expĂ©rimente plus tard la danse narrative, assiste probablement Ă  la reprĂ©sentation. SallĂ© influence le chorĂ©graphe Jean-Georges Noverre lorsqu'il est venu crĂ©er ses ballets d'action. Ainsi, ces danses reprĂ©sentent une transition vers un genre dansĂ© narratif, le ballet anglais devenant rĂ©putĂ© au XXe siècle.

Spectacle du 300e anniversaire

La Weaver Dance Company, plus récemment The Weaver Ensemble, se fonde en 2016, pour construire un spectacle des Amours de Mars et de Vénus à l'occasion du 300e anniversaire de cette œuvre. La musique étant perdue, un pasticcio est reconstitué avec la musique de la scène londonienne du l'époque, avec des œuvres de Jean-Baptiste Lully (1632-1687), Jacques Paisible (c. 1656-1721), Henry Purcell (1659-1695), Gottfried Finger (c. 1660-1730 ), John Eccles (1668-1735), Jeremiah Clarke (c. 1674-1704) et William Croft (1678-1727), en se guidant avec le texte de Weaver.

Le scénario de John Weaver est employé pour reconstituer les gestes et les danses théâtrales en notation Beauchamp-Feuillet au début du XVIIIe siècle comme fondement d'une nouvelle chorégraphie. The Weaver Dance Company présente The Loves of Mars and Venus exactement 300 ans jour pour jour après la première représentation, au Fitzwilliam College Auditorium à Cambridge le 2 mars 2017. D'autres représentations suivent en Angleterre.

Références

  1. Richard Ralph, The Life and Works of John Weaver, Dance Books, , 735 p. (ISBN 0903102862)
  2. John Essex, The Dancing Master,
  3. Moira Goff, Georgians Revealed: Life, Style and the Making of Modern Britain, British Library, , 164 p. (ISBN 0712357149)
  4. B.R.S. ed Fone, Colley Cibber, An Apology for the Life, University of Michigan, , 279 p. (ISBN 0486414728)
  5. Susan Au, Ballet and Modern Dance, Thames and Hudson, , 30–31 p. (ISBN 0500203520)

     

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