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Lean construction

L'Ă©tendue des connaissances en « gestion de projet Â» Ă©volue sans cesse avec les contraintes, d'une part du marchĂ©, d'autre part des environnements dans lesquels les organisations Ă©voluent. De mĂȘme que le PMI (Project Management Institute) a crĂ©Ă© sa propre version avec l’extension construction du PMBOK projets [1], la philosophie ‘Lean’, venue de l'industrie manufacturiĂšre, peut s'appliquer Ă  la construction; c'est le Lean Construction.

Origines du Lean Construction

Le terme Lean est un qualificatif donnĂ© par une Ă©quipe de chercheurs du MIT au systĂšme inspirĂ© des mĂ©thodes de production de Toyota, tel que prĂ©sentĂ© par James Womack et Daniel Jones dans leur livre ‘La machine qui a changĂ© le monde’[2]. Le Lean Construction ou gestion de projet "LEAN" se traduit par le terme ‘dĂ©graissé’.

Le terme "Lean Construction" a été formulé pour la premiÚre fois par le "International Group for Lean Construction" en 1993[3], mais ce n'est que bien plus tard, au début des années 2010, que Le Lean Construction a émergé en France.

Le Lean Construction transpose les cinq principes de la gestion de la production ‘au plus juste’, tels que dĂ©finis par Womack et Jones, Ă  la livraison des projets:

  • DĂ©terminer la valeur exacte de chaque produit conçu et/ou fabriquĂ©.
  • DĂ©finir la chaĂźne de valeur correspondant Ă  chaque produit (chacune des Ă©tapes de production).
  • Établir des flux de valeur continus (c'est-Ă -dire Ă©liminer les Ă©tapes inutiles, sans valeur ajoutĂ©e ou crĂ©ant des pertes de valeur).
  • Laisser le client orienter la valeur.
  • Viser la perfection.

Cette approche vise à maximiser la valeur et à minimiser les gaspillages, tels que perçus par le client final.

DĂ©finition

S'agissant avant tout d'un courant de pensĂ©e, chacun peut adapter la sĂ©mantique proposĂ©e Ă  sa propre configuration. Voici la dĂ©finition proposĂ©e par Patrick Dupin[4], Auteur en Lean Construction, doctorant Ă  l’UniversitĂ© de Nottingham Trent (GB) et cofondateur du cabinet de conseil Delta-Partners[5] : Philosophie visant Ă  la crĂ©ation de valeur pour le Client par l'Ă©limination des gaspillages, soutenue par des outils collaboratifs de gestion de projets, s’inscrivant dans le cadre d'une dĂ©marche systĂ©matique et rigoureuse d'amĂ©lioration continue[6].

Philosophie

Plus qu'un ensemble d'outils, le « Lean Construction » est, avant tout, une dĂ©marche intellectuelle portĂ©e au niveau universitaire par l'UniversitĂ© de Berkeley en Californie (laboratoire P2SL[7]) et par des entreprises de construction telles que DPR[8], HERRERO[9], TURNER [10] et BOLDT[11] aux États-Unis; HOCHTIEF[12] et ZUBLIN-STRABAG [13] en Allemagne, qui dĂ©veloppent cette dĂ©marche sur l'ensemble de leurs opĂ©rations et en font publiquement la promotion.

Création de Valeur

Des recherches (Glenn Ballard 2008) ont montré que seulement 15 % à 20 % des opérations sur chantier créaient de la valeur pour le Client (ce pour quoi il paie). Ces recherches ont été complétées notamment par Hamzah Abdul Rahman, Chen Wang et Irene Yen Wui Lim [14]

Élimination des Gaspillages

Le corollaire de la crĂ©ation de valeur est l’élimination des gaspillages. L’attente du sĂ©chage du bĂ©ton d’une dalle (plancher) coulĂ© en place est un exemple typique de gaspillage, donc de non-crĂ©ation de valeur pour le Client. Le Client paie le fait d’utiliser une surface en bĂ©ton et non l’action d’attendre qu’elle sĂšche, rendant toute opĂ©ration sous celle-ci impossible Ă  cause des forĂȘts d’étais.

Soutenu par des outils collaboratifs

Le Last Planner System TM[15], outil phare de la démarche Lean Construction, force la collaboration entre les différents acteurs et parties prenantes du projet.

Démarche Systématique et rigoureuse

Les résultats proviennent de la récurrence et de la rigueur avec laquelle la démarche est appliquée comme montré par Glenn Ballard en 2002 [16]

Amélioration Continue

Le dĂ©veloppement d'une dĂ©marche "Lean" peut prendre des mois, des annĂ©es, voire des dĂ©cennies. Toyota a dĂ©butĂ© le sien en 1962 et n'a toujours pas fini. « Lean is a Journey, not a destination » [17]. Ou en français “ Le Lean est un voyage, pas une destination” : phrase emblĂ©matique du mouvement Lean, illustrant le caractĂšre infini de la dĂ©marche. On peut tendre Ă  la perfection, mais jamais l’atteindre.

Les « Gaspillages Â» en gestion de projets

On peut maximiser les bĂ©nĂ©fices d’un projet (sa valeur pour le client final et les autres parties prenantes) en minimisant les pertes associĂ©es aux mĂ©thodes traditionnelles de gestion de projet. Le tableau suivant, adaptĂ© des Ă©crits rĂ©cents de Greg Howell, Lauri Koskela [18] et Hal Macomber[19], (trois promoteurs importants de la gestion de construction ‘LEAN’), de Norman Bodek, (un gourou de l’utilisation de la ‘Toyota Way’), ainsi que des Ă©crits de Patrick Dupin, fait le parallĂšle entre les pertes liĂ©es Ă  la production d’un produit et celles liĂ©es Ă  la gestion d’un projet.

Les 7 pertes en PRODUCTION (Gestion d’un flux matĂ©riel)Les 10 pertes en gestion de PROJETS (Gestion de flux matĂ©riel + humain)
SurproductionSous-utilisation des talents
AttentesAttente d'intrants
Transfert des matiĂšresTransfert de l'information
Manutention superflueInformation superflue
Inventaire déficientComportements déficients (n'écoute pas, ne communique pas)
Mouvements excessifs (perte de flux)Perte de bonnes idées
Produit défectueuxRéalisations non appréciées par le Client (perception)
+ 8 DĂ©brouille, + 9 RĂ©sistance au changement et 10 Non-gestion des perceptions

(adapté de Claude Emond[20])


Les gaspillages liĂ©s Ă  la gestion d’un projet de construction proviennent de la nĂ©cessitĂ© de gĂ©rer Ă  la fois un flux de matĂ©riel, de matĂ©riaux, et un flux humain. MĂȘme si les mĂȘmes principes « logistiques » peuvent s’appliquer d’un chantier Ă  l’autre, il faut les re-penser Ă  chaque chantier.

Les deux principes de base et les quatre outils principaux

D’aprĂšs une idĂ©e originale du Lean Construction Institute, dĂ©veloppĂ© par l’IGLC (International Group for Lean Construction):

  • Un projet peut se gĂ©rer comme un « systĂšme de production », en contrĂŽlant chacune de ses Ă©tapes pour en maximiser la valeur et en minimiser les pertes (Production Control).
  • Un effort particulier doit ĂȘtre rĂ©servĂ© Ă  la conception, et Ă  l’adaptation en cours de rĂ©alisation, de ce systĂšme de production temporaire « unique et diffĂ©rent » pour chaque projet, en collaboration avec toutes les parties prenantes (Work Structuring).

La conception doit faire l’objet d’une attention particuliĂšre pour rĂ©duire les adaptations en cours de chantier et promouvoir la collaboration entre toutes les parties prenantes.

Dans ce contexte, la gestion de projet « LEAN CONSTRUCTION» se matérialise par quatre outils importants :

SystĂšme du dernier planificateur

Last Planner System (LPS - marque dĂ©posĂ©e du Lean Construction Institute) : Le LPS est un « systĂšme de contrĂŽle de la production », dans lequel le ‘dernier planificateur’, celui qui rĂ©alise le travail, (d’oĂč Last Planner) est le mieux placĂ© pour informer sur la possibilitĂ© d’un travail planifiĂ©. Cette remontĂ©e d’information est cruciale pour la garantie d'exĂ©cution d’une tĂąche considĂ©rĂ©e. Si celle-ci est planifiĂ©e dans le planning global (devrait ĂȘtre faite) et que le chantier a vĂ©rifiĂ© qu’elle pouvait l’ĂȘtre, alors il n’y a pas de raison (sauf alĂ©as) pour qu’elle ne puisse pas ĂȘtre rĂ©alisĂ©e. Pour ce faire, le Last Planner s’appuie sur 4 piliers :

  • La planification participative : celui qui fait le travail est celui qui fait les promesses (estimĂ©es en temps et en coĂ»ts, qualitĂ© Ă  livrer et jalons Ă  respecter). Si une promesse ne peut ĂȘtre tenue, alors elle ne doit pas ĂȘtre faite. Ce qui implique que chaque acteur a la capacitĂ© de dire « NON JE NE PEUX PAS»
  • Une dĂ©finition, en mode collaboratif, des intrants et des extrants livrĂ©s par chaque responsable de lot, est requise pour chaque lot de travail (pour Ă©viter les attentes inutiles dues Ă  une mauvaise comprĂ©hension des requis et interdĂ©pendances).
  • Le ‘dernier planificateur’ est directement responsable du suivi et du contrĂŽle de son travail. Si une promesse ne peut ĂȘtre tenue, un arbre des causes (5 pourquoi) sera Ă©tabli afin de traiter les sources de pollutions et de dĂ©synchronisations et Ă©viter qu’elles ne deviennent rĂ©currentes.
  • Des rĂ©unions frĂ©quentes de partage de ‘ce qu’il reste Ă  faire’ en temps rĂ©el sont de mise afin de s’adapter, collectivement et au mĂȘme rythme, aux changements inĂ©vitables en cours de projet (l’impact des changements sur les intrants et extrants est alors connu de tous, et ce en continu).

Gestion de la chaĂźne critique

Theory Of Constraints (TOC) [21] de Dr Eliyahu M. Goldratt [22]: Cette approche, largement utilisĂ©e en industrie, vise Ă  gĂ©rer les nombreux goulots d’étranglement (bottlenecks) et les temps d’attente. Il s’agit d’appliquer les principes suivants:

  • La contrainte dĂ©termine souvent le niveau des ressources.
  • La planification, la rĂ©alisation et les promesses de livraison se font en tenant compte des ressources disponibles et/ ou allouables au projet
  • La durĂ©e du projet est dĂ©terminĂ©e selon les ressources disponibles, et non Ă  partir d’une date d’achĂšvement dĂ©sirĂ©e souvent thĂ©orique et irrĂ©aliste.
  • Les ‘marges de manƓuvre’ (buffers) sont extraites de chaque tĂąche pour mieux les identifier et les gĂ©rer.
  • Le flux humain est primordial. Il doit ĂȘtre pensĂ© de maniĂšre ordonnĂ©e et prĂ©visible en fonction des trois points prĂ©cĂ©dents.
  • La gestion des ‘marges de manƓuvre’ extraites de chaque tĂąche va dĂ©terminer si le chantier est en avance ou en retard et la date prĂ©visionnelle de fin pourra ĂȘtre mieux cernĂ©e (voire calculĂ©e par la projection de la tendance).
  • L’ingĂ©nierie simultanĂ©e est favorisĂ©e (fast tracking). C’est la base d’une dĂ©marche de flux tirĂ© (PULL), plutĂŽt que poussĂ© (PUSH) par augmentation des ressources (crashing).

Équipes intĂ©grĂ©es

Integrated Project Teams- IPT: Le client, les consultants, fournisseurs, entreprises, ouvriers, ainsi que les utilisateurs, constituent tous l’équipe de projet et fonctionnent en mode intĂ©grĂ© :

  • Les conditions du projet et les changements sont passĂ©s en revue pour mieux les anticiper et tenir les ‘promesses’. Les progrĂšs du projet sont gĂ©rĂ©s Ă  travers une sĂ©rie de « conversations » comparables au ‘scrum’ en Agile Scheduling.
  • L’équipe doit penser Ă  s’adapter collaborativement et collectivement plutĂŽt qu’à optimiser son seul pĂ©rimĂštre.

Le systùme de livraison de projet ‘LEAN’

Lean Project Delivery System (LPDS - marque déposée du Lean Construction Institute)

  • Un projet est processus de crĂ©ation de valeur.
  • L’aval (les entreprises et consultants spĂ©cialistes) doit ĂȘtre impliquĂ© dans la planification en amont (conception). C’est l’intĂ©gration multidisciplinaire (LPS et IPD).
  • Le contrĂŽle de projet vise l’exĂ©cution Ă  100 % d’élĂ©ments concrets dans un temps donnĂ© (EVR) et l’évaluation ‘de ce qui reste Ă  faire’, plutĂŽt que de s’appuyer sur la dĂ©tection de variations au plan aprĂšs coup.
  • L'optimisation fiabilise les flux sur chantier et entraĂźne une augmentation de productivitĂ© (LPS et TOC).

Notes et références

  1. http://marketplace.pmi.org/Pages/ProductDetail.aspx?GMProduct=00101025801,
  2. (en) James P. Womack, Daniel T. Jones et Daniel Roos, The Machine That Changed the World, , 336 p. (ISBN 978-0-7432-9979-4)
  3. (en) Mastura Jaafar et Abdul Rashid Abdul Aziz, New Management Approaches in Construction (Penerbit USM), Penerbit USM, , 241 p. (ISBN 978-983-861-712-3, lire en ligne)
  4. (en) « Patrick Dupin », sur academia.edu (consulté le ).
  5. « Leader du Lean construction », sur Leader du Lean construction (consulté le ).
  6. « Lean Construction - Delta Partners », sur www.delta-partners.fr (consulté le )
  7. (en) « P2SL Project Production Systems Laboratory », sur berkeley.edu (consulté le ).
  8. http://www.agc.org/galleries/conmark/Reed%20Presentation.pdf
  9. « Herrero Builders | LEAN IPD Commercial General Contractor San Francisco », sur www.herrero.com (consulté le )
  10. « Lean Construction », sur turnerconstruction.com (consulté le ).
  11. http://www.agc.org/galleries/conmark/Brink%20Presentation.pdf
  12. http://www.hochtief.com/hochtief_en/7147.jhtml
  13. http://p2sl.berkeley.edu/2009-03-26&27/Gehbauer%20=%20Report%20from%20Germany.pdf
  14. « academicpub.org/fce/paperInfo.
 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
  15. |http://www.thechangebusiness.co.uk/Last_Planner
  16. (en) Glenn Ballard, « Managing work flow on design projects : a case study », sur academia.edu, Wiley Online Library, (consulté le ).
  17. « Lean Knowledge Work », sur Harvard Business Review, (consulté le ).
  18. |https://aaltodoc.aalto.fi/bitstream/handle/123456789/2150/isbn951385566X.pdf?sequence=1 |http://usir.salford.ac.uk/9386/1/2004_Making_do_the_eighth_category_of_waste.pdf |http://usir.salford.ac.uk/9581/1/2010_Improving_info_flow_in_prod_mgmnt_syst_with_web_services.pdf
  19. |http://www.agc.org/galleries/conrm/AGC%20CRM%20IPD%20and%20Lean%20Construction%20Presentation.pdf |http://www.iglc2004.dk/_root/media/13105%5F079%2Dhowell%2Dmacomber%2Dfinal.pdf
  20. http://www.reformingprojectmanagement.com
  21. http://gmg.download.files.s3.amazonaws.com/download/TOC_Brochure_14012004.pdf
  22. (en) « Goldrattschools », sur goldrattschools (consulté le ).

Voir aussi

Sources et bibliographie

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