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Le Watzmann

Le Watzmann (en allemand : Der Watzmann) est une peinture à l'huile de Caspar David Friedrich réalisée en 1824 et 1825, à l'époque du romantisme. Il représente le massif du Watzmann depuis Berchtesgaden au nord-est. Il s'agit d'une des plus grandes œuvres du peintre. Il a été acquis en 1937, dans des circonstances problématiques (voir ci-après) par la Alte Nationalgalerie de Berlin où il est actuellement exposé.

Le Watzmann
Artiste
Date
1824-1825
Type
Technique
Dimensions (H Ă— L)
136 Ă— 170 cm
Mouvement
Propriétaire
Martin Brunn (d)
No d’inventaire
A II 895, NG H 4
Localisation

Contenu et interprétation

Bien qu'il n'ait jamais sĂ©journĂ© dans les Alpes, Caspar David Friedrich montrait un grand intĂ©rĂŞt pour les massifs montagneux. Sa reprĂ©sentation du Watzmann Ă©tonnamment proche de la rĂ©alitĂ© s'inspire d'une Ă©tude Ă  l'aquarelle que son Ă©lève Johann August Heinrich avait rĂ©alisĂ©e en 1821, un an avant sa mort en Italie. Friedrich connaissait Ă©galement la reprĂ©sentation du Watzmann de Ludwig Richter, actuellement exposĂ©e Ă  la Neue Pinakothek de Munich, qui dĂ©livre un point de vue « idyllique et magique », que beaucoup de collègues artistes de l'Ă©poque du romantisme considĂ©raient comme essentiel ce que Friedrich rejetait. Le point de vue de son tableau est situĂ© au nord est de la montagne, le soleil est au sud ouest et Ă©claire le versant ouest. La stricte composition de Friedrich est constituĂ©e de triangles, qui reprĂ©sentent des sommets toujours plus hauts dans la profondeur du paysage. Les points culminants sont deux pics ensoleillĂ©s. L'Ă©clairage, du noir le plus profond des crevasses au premier plan sur la gauche, au blanc pur du plus haut sommet attire l'Ĺ“il vers le haut, vers le divin. Dans le centre de l'image, une petite « Ă®le » de roche stratifiĂ©e est animĂ©e d'une couverture d'herbe, de petits arbres et arbustes qui fait contraste avec la mer de rochers inertes. Ă€ cet effet, Friedrich a utilisĂ© un dessin qu'il avait rĂ©alisĂ© en 1811 lors d'un voyage dans le Harz et qui est aujourd'hui perdu[1]. Selon Wieland Schmied, le conservateur de la Nationalgalerie (dĂ©cĂ©dĂ© en 2014), des esquisses du Riesengebirge sont intĂ©grĂ©es dans le tableau[2]. Ludwig Richter comparait la peinture paysagère avec la musique dans laquelle la « fantaisie, la totalitĂ© de l'esprit humain sont stimulĂ©es et se dĂ©ploient dans les belles contrĂ©es[3].

Caspar David a dĂ©passĂ© cette vision romantique, en exigeant selon sa conception ambitieuse de la peinture une image qui veut reprĂ©senter la grandeur et l'inaccessibilitĂ© de l'essence divine ; il a Ă©crit : « L'art n'est pas l'artiste mais ce Ă  quoi il doit aspirer ! L'art est infini, le but de tous les artistes, toutes les connaissances, tous les savoirs »[4] L'historien de l'art, connaisseur de l'Ĺ“uvre de Friedrich, Helmut Börsch-Supan voit dans le Watzmann de Friedrich un symbole de Dieu « comme souvent au dĂ©but XIXe siècle ». « La glace Ă©ternelle du glacier est un Ă©quivalent de l'Ă©ternitĂ© de Dieu. »[5] Friedrich n'a jamais sĂ©journĂ© dans les Alpes ; il transformait plusieurs dessins et esquisses de diffĂ©rents massifs et s'inspirait aussi d'autres artistes.

Provenance

Le tableau a appartenu après 1832 au sĂ©nateur Carl Friedrich Pogge de Greifswald, puis, plus tard, par hĂ©ritage, Ă  Adolf Gustav Barthold Georg von Pressentin (1814–1879) de Rostock. Après la mort de ce dernier, il est devenu la propriĂ©tĂ© du collectionneur d'art juif Martin Brunn de Berlin, qui, sous la pression nazie, a Ă©tĂ© contraint de le vendre pour 25 000 reichsmarks Ă  la Nationalgalerie afin de pouvoir financer la fuite de sa famille aux États-Unis. Hitler accorda 10 000 marks pour le tableau dans l'intention de l'exposer Ă  son domicile sur l'Obersalzberg près de Berchtesgaden, Ă  proximitĂ© du massif du Watzmann, mais l'État considĂ©ra le produit de la vente comme le soi-disant « PrĂ©lèvement sur le patrimoine juif » ((de)Judenvermögensabgabe)[6]. En 2002 la Fondation PreuĂźischer Kulturbesitz s'entendit avec les hĂ©ritiers ; la DeKaBank a achetĂ© le tableau par l'intermĂ©diaire de la Fondation artistique des Länder ((de)Kulturstiftung der Länder) a un prix lĂ©galement infĂ©rieur Ă  celui du marchĂ© et l'a mis Ă  disposition de la Nationalgalerie de Berlin sous forme d'un prĂŞt de longue durĂ©e[7].

Lien interne

Notes et références

  1. Helmut Börsch-Supan, Karl Wilhelm Jähnig: Caspar David Friedrich, Gemälde, Druckgraphik und bildmäßige Zeichnungen, Munich 1973, no 264, 317 et 402
  2. Wieland Schmied, Caspar David Friedrich, Cologne, 1975, p. 104 et suivantes.
  3. Ludwig Richter le 30 janvier 1825 dans: (de) Lebenserinnerungen eines deutschen Malers, Francfort-sur-le-Main 1885, p. 368
  4. Sigrid Hinz (Hrsg.) : Caspar David Friedrich in Briefen und Bekenntnissen, Berlin 1968, p. 83
  5. (de)Helmut Börsch-Supan, Karl Wilhelm Jähnig: Caspar David Friedrich, Gemälde, Druckgraphik und bildmäßige Zeichnungen, Munich 1973, no 330
  6. (de) Page internet Cicero Online du 29 juillet 2000
  7. (de)Article du Berliner Morgenpost du 10 juin 2008

Source de la traduction

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.