Le Singe et le Chat
Le Singe et le Chat est la dix-septième fable du livre IX de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678.
| Le Singe et le Chat | |
|   illustration de Gustave Doré | |
| Auteur | Jean de La Fontaine | 
|---|---|
| Pays |  France | 
| Genre | Fable | 
| Éditeur | Claude Barbin | 
| Lieu de parution | Paris | 
| Date de parution | 1678 | 
| Chronologie | |
Texte de la fable
Bertrand avec Raton, l'un Singe et l'autre Chat,
Commensaux d'un logis, avaient un commun Maître.
D'animaux malfaisants c'était un très bon plat ;
Ils n'y craignaient tous deux aucun, quel qu'il pût être.
Trouvait-on quelque chose au logis de gâté[N 1],
L'on ne s'en prenait point aux gens du voisinage.
Bertrand dérobait tout ; Raton de son côté
Était moins attentif aux souris qu'au fromage.
Un jour au coin du feu nos deux maîtres[N 2] fripons
Regardaient rĂ´tir des marrons.
Les escroquer[N 3] était une très bonne affaire :
Nos galants[N 4] y voyaient double profit Ă  faire,
Leur bien premièrement, et puis le mal d'autrui.
Bertrand dit à Raton : Frère, il faut aujourd'hui
Que tu fasses un coup de maître.
Tire-moi ces marrons. Si Dieu m'avait fait naître
Propre Ă  tirer marrons du feu,
Certes marrons verraient beau jeu.
AussitĂ´t fait que dit : Raton avec sa patte,
D'une manière délicate,
Écarte un peu la cendre, et retire les doigts,
Puis les reporte Ă  plusieurs fois ;
Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque.
Et cependant[N 5] Bertrand les croque.
Une servante vient : adieu mes gens. Raton
N'était pas content, ce dit-on.
Aussi ne le sont pas la plupart de ces Princes
Qui, flattés d'un pareil emploi,
Vont s'échauder en des Provinces
Pour le profit de quelque Roi.
— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Le Singe et le Chat, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 378
Notes
- dévasté, mis en mauvais état
- Dans l'organisation des métiers sous l'ancien régime, de compagnon on passait "maître" après avoir exécuté un ouvrage de son métier qu'on appelait le chef-d'œuvre
- voler avec fourberie
- homme élégant et de compagnie agréable
- pendant ce temps

